Bilan de saison 2019/20 – Getafe CF

La magie du football réside dans les rêves que vivent les passionnés lorsque leur équipe gagne. Chaque supporter a déjà vécu cette sensation devant les performances de son équipe préférée. À Getafe, cette illusion a accompagné le groupe de Bordalás et ses aficionados la saison dernière. Elle s’est prolongé cette année jusqu’à ce que le coronavirus ne vienne leur faire tomber de leur nuage. Le club madrilène est sorti des places européennes dans le sprint final de cette saison atypique, mais continue de rêver d’un autre exploit en Ligue Europa.

Le Getafe CF a réalisé un parcours quasi similaire que la Real Sociedad que nous avons analysé récemment. Tandis que les Basques sortaient le masque à oxygène pour se sauver du naufrage, les Madrilènes, eux, se sont noyés dans LaLiga post-covid. Colocataires des places nobles du classement jusqu’à la suspension du championnat, les Getafenses ont raté le train du déconfinement. Pourtant, ils nous avaient laissé l’eau à la bouche lors de la double confrontation réussie en seizième de finale de la C3 contre l’Ajax, mais la dynamique a été brisée par la longue pause que la pandémie nous a imposée. Il n’y aura pas de Coupe d’Europe pour les azulónes la saison prochaine, du moins via le championnat. Toutefois, cette fin désastreuse n’efface pas le travail que le groupe de Bordalas a réalisé tout au long de ce parcours qui n’a pas connu le même succès que la précédente.

L’ADN d’une équipe

Depuis l’arrivée du technicien d’Alicante sur le banc du Geta, les matchs au Coliseum Alfonso Pérez sont loin d’être une partie de plaisir pour n’importe quel adversaire. Ce petit stade de 13 000 places situé dans la banlieue de Madrid est devenu un champ de mines soigneusement aménagé par José Bordalás. Un piège qui invite le onze adverse au suicide collectif. Noyer le rival avec des lignes de passes directes et des mouvements forcés est la particularité de cette équipe qui a fait sensation en Liga la saison dernière.

José Bordalas, entraîneur du Getafe CF.
Architecte du retour de Getafe parmi les acteurs principaux de LaLiga, Bordalas a façonné son équipe dans une style de jeu efficace à tous les niveaux. (Crédit : Bleache Report)

Néanmoins, le Getafe CF est loin d’être une anomalie. Au contraire, il a été le fruit d’un travail entamé depuis son séjour en deuxième division et qui l’a ramené dans l’élite du football espagnol en 2017. Un travail de confiance entre Bordalás et ses joueurs, imprégné d’une philosophie de jeu qui a reçu des critiques acerbes à cause de sa rugosité et de son manque de spectacle.

Une confiance qui a fait la force de cette équipe l’année dernière et tout au long de l’exercice qui vient de se clôturer et qu’on a notamment vu en Ligue Europa. Mais dans la phase la plus délicate et la plus compliquée de la saison, Bordalás l’a quelque peu rompue.

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Toutefois, nous ne pouvons pas occulter l’atmosphère dans lequel LaLiga a rendu son verdict. Des matchs tous les trois jours, l’anxiété de la crise sanitaire et des rencontres à huis clos. Tout un environnement qui faisait de chaque match était un défi physique et mental. Les équipes les mieux armés dans ces domaines ont terminé leur campagne dans la joie et les autres ont parfois compté sur la chance. Mais la chance ne sourit pas à tout le monde en même temps et Getafe n’aura pas connu une issue heureuse.

Une confirmation qui n’aura pas abouti

Avec un projet déjà consolidé en Liga, Getafe a entamé la saison avec enthousiasme mais aussi avec la pression de la lourde tâche de confirmer les performances de la campagne précédente. De ce fait, la direction sportive a misé sur la continuité. Hormis le départ du Japonais Gaku Shibasaki au Depor, elle a réussi à retenir les deux joueurs qui, probablement, ont été les plus importants de la réussite de la saison dernière : le robuste défenseur central Djené Dakonam et le meilleur buteur de l’équipe, Jaime Mata (onze buts et quatre passes décisives cette saison, NDLR).

Jaime Mata, l'une des pièces maîtresses de l'équipe azulona
Ses 14 buts de la saison dernière et ses belles performances lui ont ouvert les portes de la Roja, Jaime Mata a tardivement connu le haut niveau, mais a été un joueur essentiel dans l’écosystème azulón (Crédit : ESPN)

Maintenir ce qui a fonctionné et l’améliorer avec des pièces très intéressantes qui, à priori, se marient parfaitement, d’où le recrutement de Marc Cucurella. Le Catalan avait réalisé une année spectaculaire à Ipurua et est arrivé dans un système qui lui demandait les mêmes exigences dans un positionnement plus avancé. Une performance qu’il a répétée sans failles. 

Le Barcelonais, en compagnie de Xabi Etxeita, Allan Nyom, David Timor, Enric Gallego ou encore Fayçal Fajr, est venu renforcer l’ossature déjà bien consolidée par des joueurs expérimentés comme Leandro Cabrera, Vitorino Antunes, Jorge Molina, Nemanja Maksimovic ou encore le gardien de but David Soria. Un cocktail intéressant entre vétérans et une jeunesse qui a déjà de la bouteille.

Le recrutement de Marc Cucurella a été une réussite pour Getafe
L’arrivée de Junior Firpo au Barça ont éteint les chances de ce produit de la Masia d’évoluer sous les couleurs azulgrana cette saison, mais l’expérience à Getafe est pour le moment une réussite pour cette tignasse qui rappelle un certain Carles Puyol. (Crédit : Tribuna)

Un mélange qui a de nouveau bercé d’illusions la population de la banlieue sud de Madrid qui, à la suspension du championnat au mois de mars, avait déjà célébré treize victoires, trois de moins que le Real Madrid par exemple. Bordalás connaissait mieux que quiconque ses forces et ses faiblesses. Le Geta ne laissait quasiment jamais passer sa chance contre des équipes du même niveau que lui ou un tout petit plus fort sur le papier. 

Sans doute le match le plus abouti de Getafe cette saison. Cette victoire sensationnelle contre le Valencia CF lors de la 23e journée de LaLiga (Crédit : Bein Sports)

La preuve en est que les sept défaites subies durant cette première partie ont été infligées par seulement cinq équipes, qui au final se sont révélé être les cinq premiers de LaLiga. Le FC Barcelona et le Sevilla FC à deux reprises, l’Atlético de Madrid, Villarreal et le Real Madrid.

Ces revers ont été effacés par des victoires notables, notamment celle contre Valencia qui a chaviré au Coliseum (3-0), mais aussi à San Mamés (0-2) ou encore à Anoeta (1-2), des candidats pour l’Europe que la formation azulona a dominés sur les confrontations directes. Donc, tout était bien parti refaire sensation, mais la longue coupure de trois mois et le rythme effréné de la reprise aura brisé un collectif qui, au fils des matchs, a perdu confiance.

Un cauchemar sans fin

Malgré un début de saison à la trottinette, Getafe a rapidement intégré la zone la plus convoitée du classement. Au coup de sifflet de sa victoire à Vigo (0-1, 12e journée, NDLR), il était déjà européen, un statut qui l’échappera à l’ultime journée après son cinquième revers en onze matchs. À l’aube du confinement, les Azulons s’étaient bien installés à la 5e place du tableau avec 46 points à égalité avec la Real Sociedad qui avait une meilleure différence de buts générale.

Talonné par l’Atléti (45 points) et le Valencia (42 points), Getafe avait bel et bien le droit de rêver d’une participation inédite en Ligue des Champions, une compétition qui l’a échappé l’année dernière dans les ultimes secondes de la saison. Malheureusement, le destin a été très cruel. Même si la faute de la dégringolade n’est pas imputable à l’équipe et à son entraîneur.

Villarreal a définitivement fermé les portes de la C1 pour Getafe qui aura perdu ses automatismes en quelques semaines. (Bein Sports)

Une seule victoire obtenue dans la trame finale de onze matchs et seulement six buts marqués dont un dans les six dernières rencontres, Getafe a tiré la langue sous le rythme intense de la fin de saison. Et pourtant le calendrier qui se dressait semblait être surmontable. Hormis le déplacement sur le terrain du futur champion et la réception des colchoneros, les autres matchs compliqués sur le papier étaient la Real Sociedad et le club castellón.

Les multiples erreurs de concentration ont la clé de voûte de cette mini Liga comme la défaite subie aussitôt face aux Nazaris de Diego Mártinez qui auront carburé pour s’emparer de la 7e place synonyme d’une qualification au troisième tour de la Ligue Europa. Bordalás a négocié cette dernière partie du championnat avec un manque de confiance criant illustré après la défaite contre Villarreal qui a vu la mise à l’écart de certains joueurs clés comme Damián Suárez ou Allan Nyom, qui n’est apparu qu’une fois après.

Levante 1-0 Getafe, LaLiga 2019/20, journée 38
Getafe a terminé la saison sur une défaite à Levante qui l’éjecta définitivement de la zone européenne au profit de Granada (Crédit : LaLiga).

Le technicien azulón a peu fait tourner son onze qui enchaînait des matchs compliqués en plus tous les trois jours tout en sachant que ses principes de jeu demandent un don de soi maximal dans chaque action.. Une gestion qui a fini par provoquer des indisponibilités chez certains joueurs (Antunes, Kenedy et Deyverson). 

Au final, Getafe n’aura ajouté que huit points sur trente-trois possibles dans LaLiga post-covid. Largement insuffisant face à des adversaires comme l’Atléti, Granada et Villarreal, qui se sont transformé en machine de guerre durant cette période. Avec une huitième place derrière les Andalous, le club madrilène est passé du rêve à la désillusion, même si l’espoir d’accrocher l’Europe ne s’est pas encore envolé.

En dépit de cette fin de championnat catastrophique, Getafe maintient toujours une infime chance de qualification en Ligue des Champions. Après avoir brillamment surmonté la phase de groupes de la Ligue Europa, les Getafenses ont créé la sensation en éliminant l’Ajax en seizième de finale. Deux matchs exceptionnels qui ont montré l’art du jeu de Bordalás à l’Europe entière. L’aventure sur le vieux continent continue ce mercredi face à l’Inter Milan, un autre ténor du football italien et européen. Peut-être que la chance lui sourira cette fois.

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