Le fiasco espagnol en Ligue des Champions

Pour la première fois depuis la saison 2003/2004 un seul club espagnol, le Real Madrid, sera au rendez-vous des huitièmes de finale de la C1, une véritable anomalie dans l’histoire récente du championnat le plus dominateur d’Europe. Le FC Barcelone, l’Atlético de Madrid et le Sevilla FC n’ont pas réussi à passer le premier tour de la compétition affichant de trop nombreuses carences qui se sont avérées rédhibitoires au plus haut niveau continental.

La désillusion catalane

Les joueurs du Barça devant les fans restés au Camp Nou après la nouvelle déroute européenne. Source: Mundo Deportivo.

L’été euphorique laisse place à un automne fade au goût désormais trop bien connu par les supporters des Blaugranas. Malgré des investissements colossaux lors du dernier mercato, l’histoire se répète et le Camp Nou sera de nouveau ouvert les jeudis pour les joutes européennes du printemps. Pourtant très en forme en Liga, les joueurs du Barça ne relèvent pas la tête en C1. Un mal profond qui en devient même chronique tant les symptômes d’une équipe apathique se constatent à mesure que les saisons passent.

Lewandowski, auteur de 5 buts mais muet en Italie et lors de la double confrontation contre ses anciens coéquipiers, n’y aura rien changé… C’est une équipe malade qui laisse son stade sans le moindre tir cadré lors de son dernier match avant deux ans, travaux obligent. Xavi lui non plus ne semble pas trouver le remède, pourtant fort de ses deux derniers succès probants en championnat contre Villarreal et l’Athletic Club, son Barça s’est comme liquéfié face aux Bavarois, le coup de l’élimination quelques minutes avant la rencontre n’aidant pas.

Cet échec peut s’expliquer par des blessures en cascade suite à la trêve internationale qui ont eu pour effet de laisser une arrière garde en grande détresse, sans Araújo, Christensen, Koundé (absent face à l’Inter). Éric García s’est retrouvé bien seul avec un Piqué lourdement fautif. L’arbitrage peut aussi laisser quelque peu perplexe tant certaines situations, notamment à Milan, étaient loin de faire l’unanimité avec des pénaltys non accordés pour des fautes évidentes à posteriori. Enfin, le choix des hommes est un sujet qui mérite d’être évoqué avec un joueur qui cristallise les débats, Sergio Busquets. Le capitaine au numéro 5 s’est une nouvelle fois montré défaillant. Il n’est plus que l’ombre de lui même, une ombre qui rappelle une gloire passée emprisonnant l’équipe et son coach dans une réalité délirante qui coûte, une fois de plus, très cher. Sans parler des finances, dont l’impact ne sera pas aussi catastrophique qu’annoncé grâce au non versement de certaines primes (élément confirmé par Javier Tebas il y a peu), c’est surtout l’image d’un club et de tout un projet qui se retrouve abimée après seulement quelques semaines.

Le mondial fera sans doute du bien aux têtes : il reste 4 matchs à disputer avant la coupure, trois en Liga et un anecdotique à Plzen pour refermer ce douloureux chapitre. La saison n’est pas morte pour autant, le retour tant raconté du club au plus haut niveau devra se matérialiser par des succès dans les compétitions domestiques et en C3 sous peine d’une crise à laquelle personne n’est préparé.

L’échec du Cholo

Diego Simeone désemparé contre le Bayer Leverkusen. Source: SuperSport.

L’adaptation est une faculté primordiale dans le monde qui nous entoure et plus particulièrement dans le football. L’idéologie cholista n’en est pas exempte, bien au contraire. Des titres en Espagne et en Europe, deux finales perdues sur des détails et surtout une identité bien marquée ont fait aujourd’hui de l’Atleti un grand du continent, néanmoins les doutes se font de plus en plus nombreux et les derniers évènements nous dirigent vers ce qui peut s’apparenter au crépuscule d’une ère impossible à oublier.

À l’instar des culés, les colchoneros vont de déceptions en déceptions en Ligue des Champions ces dernières années malgré un parcours qui n’avait rien d’infamant la saison précédente. L’obsession d’un trophée qui refuse de se donner et semble toujours privilégier le voisin madrilène exalte les rojiblancos à chaque début de saison. Pourtant, la cuvée 2022/2023 aura elle aussi un arrière goût très amer suite à une élimination dès la cinquième journée. Avec un bilan qui pourrait même s’alourdir lors de l’ultime épisode où un résultat négatif à Porto pourrait laisser les coéquipiers de Griezmann sans avenir européen…

Le mercato assez calme malgré la folle rumeur Cristiano Ronaldo a laissé un effectif compétitif entre les mains du Cholo mais les problèmes internes entre l’avenir de Griezmann, désormais résolu, les frasques de Rodrigo de Paul ou encore le dossier João Félix ont laissé des traces sur le plan sportif. Quand le français retrouve peu à peu son meilleur niveau, le portugais s’enlise au fond du banc et est au cœur d’une opposition entre son entraîneur qui n’en veut plus et sa direction qui ne veut pas se désavouer.

Après une victoire acquise dans le temps additionnel lors d’une rencontre totalement folle contre les portugais de Porto les hommes du Cholo Simeone ont essuyé deux revers consécutifs en Allemagne puis en Belgique en y défiant le Bayer Leverkusen et le Club Brugge avant d’engranger seulement deux points lors des réceptions de ces derniers. Au delà d’un bilan comptable qui laisse l’équipe dans une situation très précaire c’est surtout le contenu qui fait tâche avec un jeu de plus en plus décrié et des joueurs qui ne semblent plus performer dans des schémas qui sont désormais connus de tous. Une approche dogmatique qui tourne parfois à la caricature et laisse un maestro en plein doute malgré un potentiel évident quand l’approche change, en témoigne la victoire contre le Celta en Liga un peu plus tôt cette saison. C’est un constat qui ne date pas d’aujourd’hui mais les Godin, Gabi, ou encore Juanfran ne sont plus là et joueurs qui les ont remplacé ne peuvent répéter à l’identique ce qu’ils ont fait. La solidité défensive n’est plus ce quelle était et l’efficacité offensive est en baisse, tant la créativité est impactée par un style qui limite et prend au piège ses instigateurs.

Le cholismo doit évoluer, s’ouvrir au jeu en gardant ses valeurs mentales, tout en mettant chaque individualité au service d’un but commun, car sans changement c’est une bien belle histoire qui pourrait s’arrêter aussi brutalement que la campagne actuelle.

La catastrophe andalouse

Julen Lopetegui, encore à la tête du Sevilla FC après la défaite contre Dortmund. Source: Estadio Deportivo.

La saison des nervionenses semble déjà bien longue. Comme expliqué lors d’un article il y a quelques semaines le calvaire se poursuit malgré le limogeage de Julen Lopetegui et le retour de Jorge Sampaoli. Plus qu’à la peine en championnat où ils se battent actuellement pour le maintien, les joueurs du Sevilla FC devront se contenter d’une troisième place désormais certaine qui leur fera renouer avec leur compétition favorite, l’Europa League.

C’est un club tout entier qui tremble et qui attend avec impatience la trêve du Mondial. Le but doit être de se relancer au mieux avec un mercato lors duquel Monchi devra impérativement se rattraper pour offrir à son coach argentin un effectif plus équilibré et surtout capable de renverser une situation cauchemardesque.

Des attaquants à la peine, une défense totalement orpheline de la paire Koundé / Diego Carlos, une infirmerie toujours remplie, des milieux sans idées et des recrues transparentes, voici le constat actuel que l’on peut dresser alors que le président du club, Pepe Castro pourrait bientôt perdre son pouvoir et voir son prédécesseur Del Nido faire son grand retour. Il était dès lors inutile d’espérer accrocher un billet pour le top 16 européen dans un groupe avec l’ogre Manchester City, le BVB Dortmund et les danois de Copenhague. Les faiblesses de l’équipe ont été mises en lumière lors de matchs souvent à sens unique où un sentiment d’impuissance se faisait très fortement sentir. Une victoire pour deux défaites et deux autres matchs nuls, quatre buts inscrits pour neuf encaissés, tel est le bilan avant un ultime déplacement à Manchester. Une année 2022 décidemment bien difficile pour un club en pleine crise de croissance…

La C3. Source: GOAL.

Les temps ont changé et il n’est plus acquis de voir les clubs espagnols survoler les débats : cette saison en est le triste exemple. Une remise à niveau dès 2023 sera nécessaire pour ne pas mettre en danger le classement UEFA.

Un Clásico riche en enseignements

Le 20 mars dernier le FC Barcelone s’imposait dans un Clásico historique au Santiago Bernabéu sur le score de 0-4, quelques semaines plus tard les madrilènes remportaient leur 35ème Liga et leur 14ème Ligue des champions quand les barcelonais s’effondraient en Europa League tout en bouclant, non sans souffrir, une deuxième place longtemps inenvisageable en championnat.

La forme des deux équipes avant ce choc

Les deux capitaines, Benzema et Busquets se saluant avant la rencontre. Source: LaLiga.

Le Real Madrid n’a pas mis longtemps à digérer la volte-face de Kylian Mbappé, avec un mercato calme tout en réalisant quelques transactions les merengues ont commencé leur saison en accumulant les victoires dans des matchs plus ou moins maîtrisés mais en affichant une confiance déroutante pour leurs adversaires, co-leader du championnat et déjà qualifiés pour les huitièmes de finale en Ligue des Champions, tout roule pour les hommes de Carlo Ancelotti.

De son côté le Barça n’a pas déçu les amateurs du mercato, les promesses étaient grandes et Joan Laporta n’a pas manqué son rendez-vous en réalisant une multitude de mouvements grâce à l’activation de plusieurs leviers économiques. L’équipe a fière allure et n’est en rien comparable à celle de la saison précédente quand Xavi Hernández prenait la suite d’un Ronald Koeman au bout du rouleau. Un trêve internationale, qui ne manquera pas de rappeler celle d’avril dernier, aura tout chamboulé chez les blaugranas, des blessures, un jeu moins fluide et des résultats négatifs contre l’Inter Milan amènent le club vers une crise qui prend dangereusement forme avant un cuisant échec annoncé en C1.

Le déroulé du match

Carlo Ancelotti et Xavi. Source: LaLiga.

Cela faisait longtemps qu’un Clásico n’avait plus été aussi indécis et attendu avant son coup d’envoi. Le duel au sommet entre Benzema, futur Ballon d’or et Lewandowski venu le défier sur ses terres en tant que Soulier d’or européen nous replonge dans les plus belles heures de la rivalité Messi – Cristiano. Kroos et Modric face aux jeunes cracks Pedri et Gavi, Vinicius contre Dembélé et bien plus encore.

La composition de Carlo Ancelotti était facile à deviner, tout comme son plan de jeu tant l’italien avait répété en conférence de presse que cette fois-ci il n’allait pas se risquer à tester des choses mais aller se baser sur ses forces. La titularisation de Fede Valverde pour voir un Real Madrid évoluer en 4-4-2 ne laissait que peu de place au doute. Côté Xavi, la situation n’était pas aussi lisible. La terrible contre performance du mercredi en Ligue des Champions faisait planer le doute sur la présence de certains joueurs sur le terrain, Piqué et Busquets pour ne pas les citer. Finalement, ce dernier a été aligné.

Fede Valverde célébrant son but pour le 2 à 0 du Real Madrid. Source: LaLiga.

Cette image résume bien les évènements de la première heure de ce match, un Real Madrid mieux préparé, plus soudé, confiant et surtout volontaire dominait largement les débats en contrecarrant presque facilement les mouvements adverses. Les joueurs madrilènes récitaient leur football avec deux artistes qui n’en finissent plus de nous surprendre au milieu de terrain, Kroos et Modric. L’Allemand a été époustouflant tant il semblait survoler les débats, toujours bien placé. Il ne perdait aucun ballon ou presque, ses sorties de balle étaient un calvaire pour des Barcelonais totalement dépassés dès l’amorce du contre-pressing, le premier but de la rencontre illustrant ce constat avec le numéro 8 madrilène résistant à Busquets pour donner un superbe ballon à Vinicius dont le tir fut stoppé par Ter Stegen, avant d’être repris par l’inévitable Karim Benzema.

Les minutes passaient et la situation restait la même, jusqu’à un nouveau contre et un ballon détourné de la tête par Éric García qui profita à Vinicius pour donner lieu à une belle combinaison à l’entrée de la surface avant un tir puissant à ras de terre de Valverde. L’Uruguayen était lui aussi très en jambe sur son aile droite aussi fort défensivement que lors des transitions vers l’avant. Le vide laissé par l’absence de Ronald Araújo laissant un trop important avantage physique aux offensives locales.

Sergio Busquets, la tête dans son maillot. Source: LaLiga.

À l’instar de la photo précédente, celle-ci représente à son tour la détresse d’une équipe symbolisée par son capitaine qui ne peut plus masquer le poids du temps qui passe. Le Busquets d’aujourd’hui, toujours vu par certains comme fondamental, n’est plus que l’ombre de lui même et, sombre, tristement, dès que l’intensité augmente. Il était le pari de son coach et n’a cessé de décevoir durant l’heure qu’il a passé sur la pelouse, trop souvent à contre temps, dos au jeu et à la peine au duel, il caractérisait toutes les carences d’un milieu impuissant composé de Pedri et de Frenkie de Jong pour l’accompagner.

Remplacé à la soixantième minute par Gavi, tout comme Raphinha et Balde par Ferran Torres et Alba, sa prestation n’a pas été au goût de son entraîneur qui n’a pas manqué de souligner en conférence d’après match que la dernière demi-heure était d’une bien meilleure qualité.

Le Barça a ensuite, conformément aux propos de son coach, montré un bien meilleur visage avec des joueurs capables répondre à leurs rivaux. L’incorporation de Gavi au milieu de terrain a permis aux blaugranas de faire basculer la domination territoriale en leur faveur ce qui explique la création de multiples occasions et le but inscrit par Ferran Torres pour revenir à 2-1 suite à des récupérations bien plus hautes, d’un débordement de Fati puis d’une déviation de Lewandowski pour la conclusion du numéro 11 espagnol.

La célébration de Rodrygo suite à son penalty transformé pour le 3-1. Source: Real Madrid.

La fin de match aurait pu voir le Barça revenir au score mais Ansu Fati a manqué par deux fois le cadre de justesse, les hommes de Xavi se ruant à l’attaque laissaient des espaces avec une défense exposée, et sur un ultime contre, un penalty fut accordé à Rodrygo après un appel de l’assistant vidéo, qui, n’avait pourtant rien trouvé à corriger quand l’arbitre sur le terrain n’accordait pas de pénalty suite à un contact entre Lewandowski et Carvajal. Benzema sorti, c’est le Brésilien qui s’est occupé de se faire justice lui-même. complétement transfiguré depuis la remontada contre Chelsea, le numéro 21 madrilène est de plus en plus décisif à mesure que les semaines passent.

Le Real Madrid, toujours invaincu, s’adjuge donc le premier Clásico officiel de la saison et reprend la tête d’une Liga qui nous passionne à tous les étages. Supérieurs une grande partie de la rencontre et malgré l’absence de Courtois, les joueurs merengues s’imposent logiquement face à des blaugranas dont les carences étaient trop importantes en dépit d’une fin de match encourageante.

Ce qui attend les deux rivaux jusqu’au Mondial

Fede Valverde et Benzema après l’ouverture du score devant un duo Busquets – Pedri désabusé. Source: LaLiga.

Les vainqueurs du jour devront encore disputer sept rencontres d’ici le Mondial, dont un autre choc le week-end prochain contre un Sevilla FC en convalescence. Une répétition des matchs qu’ils abordent dans la meilleure des formes avec pour mission d’étirer aussi longtemps que possible cette série d’invincibilité en matchs officiels qui dure depuis début mai avec un succès 6 à 0 face à Levante après un derby de Madrid perdu au Metropolitano face à l’Atleti.

En ce qui le concerne le groupe de Xavi, il devra se reprendre impérativement lors des trois prochaines affiches qui, avantage du calendrier, auront lieu au Camp Nou. Les trois prochains adversaires (le Villarreal CF, l’Athletic Club et le Bayern Munich) seront de véritables tests pour mesurer la capacité de réaction de l’équipe et ne pas compromettre de manière presque définitive une saison qui commence à peine. Les journaux ne manqueront pas d’alimenter des polémiques et des choix forts de Xavi sont espérés pour ne pas dire nécessaires. Les mêmes erreurs ne peuvent pas se reproduire chaque semaine…

Economie : LaLiga face à la concurrence

Les années passent et les étoiles s’en vont. C’est ainsi qu’est souvent vu le championnat espagnol à mesure que les fenêtres estivales se succèdent : les départs de Neymar, puis Cristiano Ronaldo et encore plus récemment Lionel Messi ne font que renforcer ce sentiment. Cependant, la réussite sportive avec les titres européens remportés en C3 par le Sevilla FC et Villarreal ainsi qu’en C1 avec le Real Madrid relèvent un caractère compétitif toujours présent.

Nous allons ici nous intéresser à la situation économique de LaLiga via les différentes activités de ses clubs sur les précédents mercatos, puis nous dresserons un comparatif économique detaillé visant à mettre en relief ses différences avec autres membres du « big five ». Il est important de préciser que les données que nous utilisons proviennent exclusivement de LaLiga elle-même.

Evolution des investissements et ventes, et bilans économiques en Liga

Le graphique ci-dessus nous présente les bilans économiques (achats, ventes, balances) des sept derniers marchés des transferts estivaux.

À l’instar de toute la société, les clubs espagnols ont terriblement souffert de la pandémie, c’est ce qui ressort principalement de cette analyse avec des chiffres en constante hausse avant 2020. Les dépenses avaient plus que doublé sur la période 2016-2019 avec des recettes qui elles aussi ont progressé de la même manière, avant de plonger à partir de l’été 2020 puis de s’effondrer en 2021 une fois les pertes établies. Ce n’est que depuis cette fenêtre estivale que les chiffres semblent repartir à la normale avec des sommes légèrement supérieures à celles du début d’étude. Le marché s’est écroulé à hauteur d’environ 80% sur les deux variables prises en compte entre 2019 et 2021, un trou colossal quand on sait à quel point l’économie du mercato est importante pour les clubs.

L’actuelle reprise peut s’expliquer par deux facteurs évidents. Le premier est à mettre à l’initiative du deal CVC dans le cadre de LaLiga Impulso. Et le second est lié aux deux géants, restés en compagnie de l’Athletic Club en dehors de l’accord, avec tout d’abord le Real Madrid et sa stratégie de sobriété qui lui a permis de maintenir ses comptes à flot puis de pouvoir investir, ainsi que du Barça et ses leviers économiques qui n’ont pas manqué de faire couler beaucoup d’encre. Tout ceci évoluant dans le cadre de la reprise économique globale qui a également été permise par l’assouplissement puis la levée des restrictions sanitaires.

LaLiga et Premier League, rivaux économiques au fonctionnement bien différent

La grande rivale de LaLiga est bien sûr la Premier League et ses contrats astronomiques qui
garantissent à ses clubs une puissance économique sans égale. En marge de cette influence qui en devient même prédative au fil des saisons, on notera que le modèle espagnol est inconstablement plus sain comme le démontre cette statistique comparant les pertes cumulées sur les 5 exercices de 2016/2017 à 2020/2021 entre Espagnols et Anglais avec un taux presque 12 fois supérieur chez ces derniers. Plus choquant encore, les clubs de deuxième division anglaise affichent des pertes nettes plus de 58 fois supérieures à celles de leurs homologues espagnols !

En ce qui concerne les investissements nets réalisés sur les joueurs sur la même période, on constate une différence plus de 3 fois supérieure côté anglais en prenant toujours en compte les deux premières divisions des deux pays. Malgré des pertes nettes profondément inégales, la différence entre les investissements des deux premières divisions n’est même pas doublée en faveur des Anglais, ce qui nous amène au troisième point de ce document : « l’équité ».

Ce troisième indicateur met en lumière la contribution totale des actionnaires dans leurs clubs (grossièrement, « combien le boss remet dans la caisse »). La différence est, là encore, sans appel avec 277M d’euros pour LaLiga Santander contre 2376M d’euros pour la Premier League, soit 8.5 fois plus. LaLiga présente le total le plus bas face à ses voisins anglais, italiens, français et allemands. Cette statistique sert à confirmer que le modèle espagnol est bien plus autosuffisant que celui de ses concurrents, elle démontre aussi que l’outrageuse domination britanique n’est possible que par la présence directe des propriétaires des clubs et non pas de ce qu’ils peuvent générer eux-mêmes. Sujet visiblement moins médiatique que certaines « palancas« …

Un retour progressif à la normale pour le marché espagnol grâce à un contrôle strict


Enfin, toutes ces informations nous permettent de mieux comprendre les bilans des mercatos dans les 5 marchés les plus puissants d’Europe au cours des deux dernières saisons. Alors que l’Espagne affichait le bilan le plus faible en terme de dépenses à l’été 2021, elle est remontée d’une place en 2022, doublant l’Allemagne précédement troisième. Les investissements ont presque doublé et la balance avec les ventes s’est réduite de 18M d’euros en l’espace d’un an. Le contrôle financier très strict en vigueur jouant pour beaucoup dans cette évolution. À titre de comparaison, le football anglais affichait une balance négative de 620M d’euros en plein Covid et a même doublé ce déficit cette saison avec un bilan négatif presque aussi élevé que les seules dépenses des clubs de LaLiga avant la pandémie ! Sans les investissements massifs du FC Barcelone et de son rival madrilène pour Aurélien Tchouaméni, le résultat des autres clubs combinés ressort en positif.

Pour conclure, on peut donc voir que la pandémie n’a pas ébranlé le système de LaLiga malgré les pertes occasionnées. En présentant la plus faible part d’augmentation de capitaux parmi ses clubs, elle confirme que son modèle, souvent ignoré et critiqué, est en réalité le plus « fair-play » parmi ses concurrents.

Place aux joutes européennes pour les clubs espagnols

L’Espagne retrouve son terrain de chasse de prédilection, l’Europe. Depuis le début du siècle aucune autre ligue ne peut rivaliser avec LaLiga en terme de succès dans les compétitions organisées par l’UEFA. A l’heure d’une supériorité économique totale des Anglais, les campagnes victorieuses du Sevilla et de Villarreal en C3 en plus de la quatorzième Ligue des Champions remportée par le Real Madrid rappellent la compétitivé maximale des clubs espagnols. Voici un tour d’horizon des clubs engagés dans les trois compétitions du milieu de semaine avec la C1, suivie de la C3, puis de la C4.

Quelques mois ont passé et la plus prestigieuse des compétitions européennes est de retour avec un
quatuor composé du Real Madrid, du FC Barcelone, de l’Atlético de Madrid et du Sevilla FC pour
représenter l’élite du football espagnol.

Le retour du champion

Les Merengues, tenants du titre, se présentent pour cette nouvelle édition avec un carton plein en championnat et un succès en Super Coupe d’Europe. La confiance qui se dégage de l’équipe dirigée par Carlo Ancelotti est maximale malgré la perte d’un joueur fondamental comme Casemiro. Les Madrilènes n’ont pas connu la période estivale la plus mouvementée mais ils en ont tout de même profité pour se renforcer avec un défenseur confirmé, Rüdiger, en plus d’un jeune milieu très prometteur, Tchouaméni. Un premier déplacement à Glasgow pour aller y défier le Celtic dans un groupe plus qu’abordable les attend mardi 6 septembre. Être au rendez-vous des huitièmes de finale apparaît comme une simple formalité pour les coéquipiers du très propable futur Ballon d’or, Karim Benzema.

Karim Benzema, devançant Aurélien Tchouaméni et Ferland Mendy (crédit : site officiel du Real Madrid)

Le chaos sévillan

À la même heure ce mardi, c’est une toute autre aventure qui commencera pour un Sevilla déjà plongé dans une crise pourtant annoncée depuis le début de l’année civile : les hommes de Lopetegui sont au plus mal et le Basque n’est pas sûr de garder son poste. La crise de croissance semble bien réelle pour le multiple vainqueur de la C3 qui peine à confirmer dans la compétition reine. À la suite d’un mercato jugé décevant, on constate que l’effectif andalou semble être déséquilibré avec des profils présents en trop grande quantité et des secteurs dégarnis. La première échéance de cette phase de groupe aura lieu à domicile contre le Manchester City de Pep Guardiola et sa multitude de stars pour ce qui ressemble à un enterrement de l’ère Lopetegui. Dortmund sera le principal concurrent pour une deuxième place nécessaire mais difficile après le nauffrage de la saison passée.

Mis de côté au Real Madrid, Isco a fait le choix de prendre la direction de Sevilla cet été pour se relancer (crédit : Estadio Deportivo)

L’espoir revient en Catalogne

Le Barça fera son grand retour en C1 ce mercredi et aura à coeur de faire oublier la terrible campagne passée durant laquelle trois entraineurs se sont succédés sur son banc avec un reversement en C3 à la clef. Xavi avait laissé entrevoir un futur meilleur sur les derniers mois en Liga avec des succès de taille contre les colchoneros, à Mestalla ou encore au Bernabéu et se retrouve maintenant à la tête d’une équipe tranformée et très largement supérieure à celle dont il disposait avant le mercato. Le travail considérable de la direction Laporta avec l’activation des leviers économiques approuvés par les socios ainsi que la force de persuasion du natif de Terrassa ont permis au club catalan de retrouver une ambition digne de son histoire. Ce 7 septembre marque les débuts d’une campagne qui commence de la plus rude des manières dans le groupe le plus relevé avec le Bayern et l’Inter. Cette première rencontre contre Plzen devrait faire office de préparation idéale avant les chocs à venir.

Dans ce bon début de saison du Barça, Robert Lewandowski carbure en totalisant déjà 5 unités au classement des meilleurs buteurs (crédit : site officiel du FC Barcelona)

L’Atleti part en mission

L’Atlético de Madrid de Cholo reprend ses habitudes européenes au même moment que les Catalans ce mercredi en accueillant Porto pour une revanche de la saison dernière qui avait vu les Colchoneros passer au détriment des Portugais. Les Madrilènes croiseront le fer avec les Allemands du Bayer Leverkusen et les Belges du Club Bruges pour le compte d’un groupe intéressant mais largement à leur portée. Suite à un mercato d’abord calme, puis agité ensuite, l’effectif dont dispose Diego Simeone semble armé pour effacer le souvenir plutôt amer de la saison dernière. C’est du moins ce que semble confirmer une bonne préparation estivale avec des succès de prestige et un début de championnat correct avec 7 points sur 12 acquis contre des adversaires de qualité. L’interminable feuilleton Griezmann sera au centre de l’attention avec un chronomètre qui n’aura jamais été autant scruté dans une campagne où João Félix devra assoir son rôle de leader technique.

Les joueurs de l’Atlético, José María Giménez et Axel Witsel, préparant la rencontre face à Porto (crédit : site officiel de l’Atlético de Madrid)

Les lumières bleues laissent désormais place aux lumières oranges et vertes, ce qui nous amène à evoquer trois clubs : le Real Betis et la Real Sociedad en ce qui concerne la C3, puis Villarreal pour la C4…

Le Betis peut y croire

Bien plus en forme que son éternel rival, le Real Betis, très proche d’intégrer le top 4 la saison dernière, va démarrer une nouvelle aventure en Europe avec comme objectif d’aller le plus loin possible dans une compétition que les Béticos avaient quitté à la dernière seconde contre l’Eintracht, il y a quelques mois. Si le mercato du FC Barcelone n’a pas manqué de faire couler beaucoup d’encre, celui des Verdiblancos est sans doute celui qui s’en rapproche le plus, alliant leviers économiques et inscriptions tardives des nouvelles recrues. Là aussi on retrouve un effectif qui a été amélioré selon les déclarations de son entraineur qui a finalement décidé de prolonger l’aventure. Un début de saison plus que convaincant malgré une défaite au Bernabéu leur permet d’arriver en pleine confiance pour affronter des adversaires tels que Ludogorets, l’EJK Helsinki et l’AS Roma de José Mourinho avec qui Pellegrini aura quelques comptes à régler. La première place du groupe doit être l’objectif dans le but de s’éviter un choc contre un reversé de C1.

Equipe réputée pour sa puissance offensive, le Betis débute cette nouvelle saison avec confirmation et assurance (crédit : site officiel du Real Betis)

La Real veut grandir

Toujours privée de son génial numéro 10, Mikel Oyarzabal, la Real Sociedad d’Imanol arrive pleine de promesses à la suite d’une fenêtre estivale durant laquelle ont signé Kubo, Brais Méndez, Ali Cho ainsi que Sadiq, tout droit débarqué d’Almería pour venir combler le départ pour une somme record d’Isak du côté de Newcastle. Les recrues auront pour objectif de contribuer à la croissance d’une équipe et d’un club qui compte bien faire de cette saison une référence. Un premier choc de taille attend les Txuri Urdin qui se déplaceront à Old Trafford pour y défier le favori du groupe, Manchester United, dans le cadre d’une rencontre déjà capitale dans la quête de la première place d’une poule où évolueront aussi l’Omonia Nicosie et le Sheriff Tiraspol. Le moment ou jamais pour la bande à Robin Le Normand, malheureusement absent pour les 6 prochaines semaines, de se faire remarquer aux yeux du grand public.

Umar Sadiq n’aura eu besoin que d’une poignée de minutes le week-end dernier pour inscrire son premier but sous les couleurs de la Real (crédit : site officiel de la Real Sociedad)

Villarreal pour une première

Enfin, place à l’unique représentant de la communauté de Valence, le Villarreal d’Emery qui avait enthousiasmé une partie de l’Europe en éliminant la Juventus puis le Bayern Munich avant de tomber avec les honneurs contre Liverpool lors de la saison passée. Le sous-marin jaune réalise tout simplement un début de saison historique en ayant préservé sa cage grâce à un Rulli très inspiré lors des quatre premières journées de Liga. Les groguets sont les premiers Espagnols à débuter dans cette compétition et devront faire honneur à la réputation des clubs hispaniques dans un groupe très à leur mesure, composé de l’Austria Vienne, de l’Hapoël Beer Sheva et des Polonais de Lech Poznan.

Au centre de l’image, Johan Mojica, une des dernières recrues bouclées par le sous-marin jaune (crédit : site officiel du Villarreal CF)

Un calendrier très riche attend les clubs mais aussi les fans cette saison avant le début du Mondial en novembre prochain, avec comme but de pouvoir retrouver chacun de ces sept clubs encore en lice en février prochain…

Rédigé par Sacha, de l’équipe LigActu.