Bilan de saison 2019/20 – Deportivo Alavés

Seizième de LaLiga, l’équipe albiazule a rempli l’objectif du maintien, mais le goût était amer. Elle n’avait jamais connu une saison aussi difficile depuis son retour dans l’élite en 2016/2017. Habitué à se maintenir plus tôt, le club basque a validé le ticket pour sa cinquième saison de suite en Liga à la pénultième journée avec seulement trente-neuf points. Trop faible !

Le Deportivo Alavés a clôturé une saison déconcertante, sans doute marquée plus par l’irrégularité de l’équipe et la frilosité de son entraîneur, que par la pandémie du Covid-19. Mené par un Asier Garitano qui n’a jamais pu trouver un équilibre parfait pour enchaîner les résultats, le club d’Álava était loin du niveau exigé par LaLiga. Une situation qui a provoqué son limogeage à quatre journées de la fin de l’exercice après les sévères critiques du big boss de Baskonia-Alavés, Josean Kerejeta, envers les joueurs et leur coach.

Asier Garitano n’a jamais trouvé la clé

On est bien loin du Deportivo Alavés, finaliste de la Copa et neuvième de LaLiga en 2016/2017. Plusieurs fois cette saison, Mendizorroza a perdu son pouls et heureusement que la fin du championnat s’est joué à huis clos sinon, il y aurait eu des suicides collectifs dans les tribunes.

Le projet de continuité qu’Asier Garitano entendait bien mener ne s’est pas concrétisé et son licenciement a répondu à une question logique. L’équipe babazorro ressemblait peu à celle qu’Abelardo avait laissée derrière lui.

Asier Garitano, Deportivo Alavés
Neuf victoires en trente-cinq matchs, bilan décevant pour Garitano sur le banc du Deportivo Alavés. (Crédit image : Unidad Editorial)

L’attitude conservatrice du technicien basque et le peu de spectacle offensif ont amené un blocage qui s’est éternisé durant toute la saison. D’autant plus que la situation s’est gravement dégénéré après la reprise de LaLiga au mois de juin. Garitano n’a pas été en mesure de renverser la vapeur.

« Nous sommes clairement dans une situation d’équipe relégable. Si les joueurs n’avancent pas, l’année prochaine nous serons en Segunda […]. Tout le monde peut être en danger, ce n’est pas une question de coach, ce sont les joueurs qui sont sur le terrain et ce que nous avons vu jusqu’à présent est déprimant ».

Kerejeta a mis tout le monde dans le même sac, mais à chaque fois dans ce genre de situation, la tête de turc reste toujours l’entraîneur. (Source : El Pais)

La relégation, un scénario que le dirigeant glorioso ne voulait même pas envisager puisque le destin d’Alavés en Liga est étroitement lié au club de basket du Baskonia. Les deux entités forment le même groupe du nom de Baskiona-Alavés et les revenus que gagne l’équipe de football dans la première division espagnole, apportent un soutien non négligeable à celle du basket-ball.

Josean Kerejeta, Baskonia-Alavés
Alavés est sous le giron de la famille Kerejeta depuis 2011 et l’ancien basketteur, José Antonio Kerejeta aurait mal digéré une relégation des albiazuls pour le business du Baskonia. (Crédit image : Marca)

De ce fait, avant le déplacement à Valladolid (34e journée), Kerejeta, le patron de cette organisation, n’a pas hésité à fustiger l’attitude de ses joueurs et l’incapacité de l’entraîneur à remédier à la situation. Ainsi, la défaite au Zorrilla a scellé le sort du technicien de Bergara. Alavés venait d’enchaîner un cinquième revers de suite, dont une cinglante défaite au Balaidos (6-0) face à une équipe du Celta, qui elle aussi, cherchait le salut.

Cependant, ce n’est pas seulement cette séquence horrible qui a condamné Garitano. Ses méthodes n’ont jamais été au goût des fans albiazuls, sa tendance conservatrice a coûté beaucoup de points à Alavés et même certains joueurs, comme Aleix Vidal, lui ont ouvertement reproché cette frilosité.

« Ils avaient un joueur en moins, nous aurions dû avoir plus de joueurs offensifs », avait lâché le Catalan le 5 janvier dernier lors du match contre le Real Betis. Une critique ouverte pour son entraîneur qui, après l’expulsion de Zouhair Feddal, avait décidé de le sortir pour faire rentrer un milieu à vocation plus défensive alors que le score était d’un but partout, à dix minutes de la fin.

« Mettre plus de joueurs offensifs est difficile. On devait être un peu prudent, il est important de savoir où vous êtes, quelle équipe vous avez et quelle est votre objectif. Si vous l’oubliez, cela peut vous coûter cher », avait répondu le technicien. Vidal n’est pas surement le joueur le plus exemplaire du vestiaire, mais cette réponse en dit long sur la philosophie de Garitano durant cette campagne. Il a donné l’impression de ne pas vouloir forcer le destin malgré les deux machines à but qu’il avait devant.

Toutefois, la décadence d’Alavés ne peut se résumer uniquement au manque d’ambition de son entraîneur, malgré les prestations de haut niveau de ses deux meilleurs buteurs. Derrière eux, il manquait des joueurs capables de se transcender et de tirer l’équipe vers le haut.

Joselu et Pérez, les références

Avec trente-quatre buts marqués, Alavés a été l’une des mauvaises attaques de LaLiga. Seuls l’Espanyol (vingt-sept), Leganés (trente) et le Real Valladolid (trente-deux) ont fait pire. Et pourtant, la formation gazteiztarra possédait deux buteurs que toute équipe de son niveau aimerait avoir.

Lucas Pérez et Joselu Mato ont largement contribué au maintien de l’équipe avec un total de vingt-deux pions plantés, onze chacun, avec des profils différents. Joselu est plus à l’aise dans le jeu aérien tandis que Lucas offrait plus de mobilité dans la surface avec une meilleure vision de jeu. Un duo qui se complétait parfaitement et qui a permis à Alavés de récolter le maximum de points possible pour éviter la zone rouge.

Lucas pérez et Joselu, Alavés
Goleadores. Pérez et Joselu ont été les seules satisfactions d’Alavés cette saison. (Crédit image : Diario AS)

Si les autres joueurs à vocation offensive, comme Aleix Vidal ou Oliver Burke, étaient mieux inspirés, le parcours aurait été plus facile. Mais le trentenaire prêté par Sevilla, titulaire indiscutable sur le côté droit, n’aura pas pesé à la finition, deux buts marqués, et son comportement dans la trame finale a été plus que douteux.

L’Écossais, quant à lui, n’a pas réussi à s’imposer sur le flanc gauche et a souvent laissé le poste à Luis Rioja, qui a subi le coup de l’adaptation en Liga. Ses efforts pour aider la défense ont été louables, mais en attaque, sa contribution a été faible.

Borja Sáinz et Edgar Méndez ont également tenté de tenir le rôle, mais personne n’a réussi à s’y installer. La défaillance dans ce couloir a été souvent compensée par un Lucas Pérez qui préférait dézoner pour y apporter plus de danger.

Au milieu, Pere Pons était l’option préférée de Garitano pour rafraîchir l’équipe après la longue blessure de Tomás Pina et le départ de Mubarak Wakaso pour le club chinois du Jiangsu Suning en janvier. Sans doute, un meilleur projet sportif l’attendait là-bas.

Les arrivées de Ljubomir Fejsa (Benfica) et de Víctor Camarasa (Real Betis) ont relégué l’ancien de Girona sur le banc, mais le rendement ne s’était pas pour autant amélioré, même si Garitano espérait apporter plus de fluidité dans la circulation du ballon avec le Betico.

Lisandro Magallán, Ajax, Alavés
Prêté par l’Ajax Amsterdam, Lisandro Magallán avait l’occasion de jouer dans une ligue de meilleur niveau, mais ses performances ont été décevantes. (Crédit image : El Intra)

En défense, c’était la catastrophe, surtout dans le sprint final. Vingt-deux buts concédés en onze matchs, dont la moitié en deux matchs seulement (Celta, 6-0 et Barcelona, 0-5). Une fébrilité qui a porté à cinquante-neuf, le nombre de buts encaissés durant toute la campagne, la pire statistique depuis le retour en Liga.

Víctor Laguardia a été le taulier bien que ses performances aient été à un niveau nettement inférieur que lors des saisons précédentes. À côté de lui Rodrigo Ely a vécu une saison dans l’ombre et dans la lumière.

Il a tout de même marqué deux buts importants qui ont apporté des victoires (Athletic 2-1, journée 25 et le Real Betis 1-2, journée 37) mais qui n’ont pas masqué son manque de sécurité et d’autorité. Toujours au niveau de la charnière, le prêt de Lisandro Mágallan n’a pas été aussi une totale réussite.

L’Argentin, cédé par l’Ajax, a été assez irrégulier dans ses performances. Il a réalisé quelques bons matchs, mais aussi, de nombreuses erreurs. Il a été en dessous des deux titulaires et n’a jamais été capable de prendre définitivement la place d’Ely.

Par ailleurs, la vente de Guillermo Maripán à Monaco a beaucoup pesé sur les prestations défensives de la formation d’Álava. Un vide que Ximo Navarro ou encore Rubén Duarte ont peiné à combler.

Un parcours chaotique avec beaucoup de tensions

Durant ses trois précédentes campagnes, Alavés avait montré qu’il était plus qu’un candidat au maintien, comme peuvent l’être certaines équipes, dont la survie dans l’élite tient souvent à un fil. En 2016/17, l’année du retour dans la meilleure liga du monde, il avait réussi à se sauver avec brio et avait disputé la finale de la Copa, deuxième plus grand succès de son histoire.

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La saison suivante, après un début horrible, l’arrivée d’Abelardo en décembre lui a permis de se relancer et de valider le maintien avec facilité. L’année dernière, le parcours durant la première moitié du championnat a été excellent. Cette saison, l’équipe a presque toujours navigué entre la zone tempérée et la limite de la zone rouge, oscillant entre la 11e et la 17e place.

Malgré le fait qu’elle n’a jamais occupé les places interdites, la campagne n’a pas été un long fleuve tranquille. Avant la suspension du championnat, Asier Garitano avait déjà connu deux moments très compliqués qui avaient déjà mis un prix sur sa tête.

Le premier, peu de temps après un début de saison encourageant, quand, à la sixième journée, l’équipe venait de s’incliner 2-0 à San Mamés, après avoir concédé un 3-0 face à la Real Sociedad. Toutefois la victoire immédiate, trois jours plus tard, contre Mallorca (2-0) et les quelques solides prestations au Mendizorroza (sept victoires, six nuls et six défaites) ont chassé les fantômes.

Real Jaén vs Deportivo Alavés, Copa del Rey 2019/2020
Le nouveau format de la Copa a fait des ravages et Alavés a été l’une des première victoire, éliminé sans gloire à Jaén (Crédit image : Marca)

Cependant, tout ce que l’équipe faisait de bien devant son public, était transformé en déchet à l’extérieur, où elle a subi treize de ses dix-neuf défaites. En décembre, est alors arrivée une deuxième traversée du désert avec seulement deux points pris en cinq matchs et une piteuse élimination en Copa contre le Real Jaén (3-1), une équipe de quatrième division.

La seconde partie du championnat a été un peu mieux, ce qui donnait l’espoir d’un maintien un moins compliqué. Alavés est arrivé au confinement avec trente-deux points. Faible, mais rassurant, vu que la zone rouge était à sept unités, ce qui donnait le sentiment que le salut est déjà dans la poche.

L’émotion du capitaine Manu García après la victoire contre le Real Betis, synonyme de maintien.

Cependant, tout a basculé de manière tellement rapide que personne ne s’y attendait. D’abord durant la pause, les négociations étaient difficiles pour la réduction des salaires. Ce qui s’ajoute au stress déjà provoqué par la situation atypique causée par la pandémie.

Le confinement a étouffé le vestiaire au point qu’au retour à la compétition, il est devenu une caricature de lui-même. Sans le niveau physique nécessaire, sans le temps de bien préparer les matchs, la débâcle était quasiment déjà écrite.

Une victoire dans le derby contre la Real Sociedad qui souffrait des mêmes maux, puis l’hécatombe. La défaite à Valladolid a signé le testament de Garitano, et la nomination de López Muñiz pour les quatre derniers matchs a finalement servi à faire réagir l’équipe, totalement coulée.

Quatre points pris, un à Getafe et trois contre le Real Betis, ont permis d’atténuer la chute brutale et de sauver la place dans l’élite. Le dernier match contre le Barça, qui s’est terminé sur un humiliant 0-5, après une pauvre première période, a été le reflet d’une équipe qui, après avoir perdu son caractère compétitif, a clôturé la saison comme une âme en peine.