[EL LARGUERO] Luis Rubiales : « Face à la SuperLeague, les ligues ont deux options : réduire le nombre d’équipes ou changer de format »

Le président de la Fédération royale espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, a accordé sa première interview de la saison à Manu Carreño, pour El Larguero. Le responsable du football espagnol a répondu à de multiples questions sur le monde du football et son évolution dans cette période de crise. [Interview retranscrite partiellement]

Sur la possibilité d’une création d’une SuperLeague, Luis Rubiales a tenu à souligner que « c’était une question qui devait être abordée et traitée de manière très sérieuse ». De plus, il a déclaré qu’il espérait que «le projet ne soit dirigé et évoqué par l’UEFA et la FIFA. De même, il a aussi expliqué que la Liga actuelle que nous connaissons est une compétition dans laquelle « nous avons 38 matchs » et la création de cette SuperLeague nous amènerait à changer le système du championnat suivant deux option : « Diminuer le nombre d’équipes participantes ou changer le format »

Il a continué en insistant sur le fait que « les ligues doivent aider à réduire le nombre de journées dans une saison ». Dans le cas où ce projet aboutisse, on parlerait d’un format dans lequel serait joué « 33 journées, plus de deux Clásicos, des matchs sur terrain neutre ». Pour le moment, Rubiales a assuré ne pas croire à la création d’une SuperLeague, autrement que par l’UEFA (et non pas par certains clubs). Il en a également profité pour saluer le nouveau modèle de la Champions League, en 2024, qu’il a qualifié de « spectaculaire ».

Sur les demi-finales de Copa en format « aller-retour« 

L’un des changements les plus notables dans le football espagnol actuel a été celui du format des demi-finales de la Copa del Rey, qui se jouent en match aller-retour, contrairement aux matchs des tours précédents qui se jouent sur un match simple. Rubiales a justifié ce format en assurant que l’une des principales raisons était d’éviter « qu’une équipe atteigne la finale de la Copa del Rey sans avoir à jouer un seul match à domicile, ce qui était susceptible de se produire avec une demi-finale sur match simple »

Le nouveau format de la Copa est une réussite pour Rubiales, à tel point qu’il l’a expliqué en déclarant que la coupe nationale espagnole « avait dépassé la Coupe d’Angleterre sur certains points (en terme d’intérêt notamment), alors que la Copa était à des années-lumière » de la FA Cup. Le président de la RFEF s’est exprimé en comprenant qu’il était « impossible » que tout le monde aime la nouvelle Copa del Rey, mais il a tenu à rappeler que, selon lui, « pour l’économie d’une équipe modeste, la venue d’une équipe de Primera est un évènement important ». Une idée qu’il résume avec force : « La Copa est le trophée du peuple, pour les équipes les plus modestes ».

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(crédit photo : RTVE)

Les entraîneurs de grandes équipes comme le Barça ou Sevilla se sont plaints des mauvaises conditions du gazon et des mauvaises conditions sanitaires en Copa. Concernant les déclarations de Koeman et Lopetegui, Rubiales a déclaré : « Je ne partage pas leurs propos, mais je les respecte ». Dans le même ordre d’idées, il a tenu à rappeler que l’équipe nationale espagnole « a joué contre les îles Féroé sur un terrain en gazon artificiel ».

Sur la SuperCopa en en Arabie Saoudite

La compétition se jouait cette année en Andalousie, pour raison sanitaire, mais Luis Rubiales a assuré que « l’année prochaine, elle reviendrait en Arabie saoudite ». La raison pour laquelle la SuperCopa se joue en dehors de l’Espagne est qu’« une partie des revenus, qui sont fondamentaux, revient aux équipes de Segunda B et de Tecera ».

Concernant le retour du public dans les stades, il faut se tourner vers la Copa. Pour ce qu’il est de la finale entre l’Athletic et la Real Sociedad, Rubiales a déclaré que la Fédération n’avait jamais « fait de déclaration faisant de la pression (sur les instances politiques) pour forcer un retour du public« , et que le plus important est de voir et de vérifier « si les mesures pourraient être respectées, en travaillant avec le Ministère des Sports et de la Santé ».

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(crédit photo : Europa Press)

Sur les fréquentes polémiques arbitrales

Si dans le monde du football il y a un problème qui suscite la controverse, c’est bien celui de l’arbitrage. Rubiales n’a pas hésité à défendre la figure des arbitres, puisqu’il a assuré qu’étant «des juges sportifs, personne ne peut se permettre de leur manquer de respect». Il a insisté et souligner que la Fédération croit « à la liberté d’expression » et que c’était précisément pour cette raison que les arbitres « ne peuvent être humiliés et que leur honnêteté ne peut être remise en question ».

De plus, Luis Rubiales a expliqué que bien que ce ne soit pas médiatisé, « les arbitres ont également des sanctions ». La raison pour laquelle une sanction à un corps arbitral n’est pas rendue publique est une question morale et parce qu’il y a un «un règlement interne». Parallèlement aux décisions d’arbitrage, il y a aussi l’aide la VAR, que Rubiales a jugé comme plus souvent responsables de « bonnes que de mauvaises décisions ».

Objectif 2030 : la Coupe du monde

Sans aucun doute, Rubiales était sincère concernant les possibilités pour l’Espagne d’accueillir la Coupe du monde 2030 :  » En toute humilité, nous pensons que nous allons être (avec le Portugal) la candidature la plus puissante ». Sa confiance en cet objectif est si grande qu’il a ajouté que « l’offre ibérique, avec le Portugal, était une offre gagnante ».

Le président a accentué sa clarté en insistant sur le fait que s’il devait parier sur une candidature « pour accueillir la Coupe du monde 2030, je parierais sur la notre ». Rubiales a expliqué comment la dynamique serait : « Il y aurait 16 sites, qui accueilleraient les matchs, et le Portugal aimerait avoir 3 ou 4 sites hôtes. Nous nous devons de donner au Portugal la possibilité de se sentir à l’aise dans ce dossier.

« Luis Enrique est un entraîneur gagnant »

Heureux du résultat obtenu par l’entraîneur actuel de La Roja, Rubiales a assuré que l’équipe travaillait très bien sous les ordres de Luis Enrique. La sélection a atteint un niveau qui lui « permet de regarder n’importe quelle autre équipe droit dans les yeux ». Le secret de Luis Enrique pour parvenir à décrocher de bons résultats ? Rubiales a formulé un élément de réponse en assurant que l’entraîneur « avait réussi à donner de l’espoir aux joueurs ».

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(crédit photo : Mundo Deportivo)

La situation en Liga avec la crise sanitaire de la Covid-19

Le feuilleton des cas positifs à la Covid-19 à Fuenlabrada (en fin de saison passée, NDLR) a été l’un des plus controversés, sur lequel Luis Rubiales a déclaré que la Fédération avait appris la présence d’un cluster au club, seulement le « dimanche (avant le match) alors que d’autres instances étaient au courant depuis samedi qu’il y avait 3 positifs à Fuenlabrada ». En outre, il a assuré que ni eux ni le CSD ne savaient « rien des joueurs qui avaient été testé positifs à Fuenlabrada ». 

Concernant la planification des matchs le lundi et le vendredi (comme le voulait LaLiga, et comme l’a choisi le Conseil Supérieur des Sports, tandis que la Fédération s’y opposait), Rubiales a avoué avoir reçu l’information avec « mauvaise surprise et étrangeté ». En regardant vers l’avenir, le président de la RFEF a assuré que les instances allaient  » travailler pour résoudre les différends à propos des matchs des lundis et vendredis. Ce n’est pas conforme à la loi (qu’il y ait des matchs ces jours là). J’espère que ça sera corrigé car sinon, des problèmes bien plus grands en découleront ». De même, il voulait mentionner à nouveau les déclarations de Irene Lozano, présidente du Conseil Supérieur des Sports, qui avait précédemment déclaré que le CSD ne se mêlerait pas du « sujet des matchs les lundis et vendredis. Initialement, ça ne devait pas se passer comme ça et ça, à la Fédération, nous ne l’avons pas compris. » 

Intégralité de l’interview de Luis Rubiales sur El Larguero, le 11 février 2021

 

 

Huis clos jusqu’en 2021, reprise de LaLiga, décisions de l’UEFA : point sur la situation du foot espagnol

Le football espagnol, comme ailleurs, vit ses heures les plus sombres depuis un long moment. Alors que la tendance semble pencher pour un retour du public dans les stades pas avant 2021, LaLiga devrait reprendre prochainement. L’hypothèse de décaler la finale de Copa del Rey de plusieurs mois semble tout proche de devenir réalité et l’UEFA, attendue au tournant pour gérer les qualifications en Europe de la saison prochaine, a donné quelques explications de son côté. Point sur la situation du football en Espagne qui ne présage rien (ou très peu) de positif…

Plus de public dans les stades jusqu’en 2021 ?

C’est la nouvelle qui fait trembler l’Espagne. Bien qu’elle nous paraisse surréaliste, la mesure visant à interdire les spectateurs dans les stades jusqu’à janvier 2021 semble être sur le point d’être officialisée. Javier Tebas a informé les clubs qu’il y a de très fortes chances qu’ils jouent à huis clos le restant de l’année… C’est sous ordre du gouvernement espagnol que cette consigne a été transmise.

L’exécutif de Pedro Sánchez (Président du gouvernement d’Espagne, NDLR) a donné la consigne suivante aux instances du football espagnol : pas de retour des supporters dans les stades avant qu’un vaccin contre le coronavirus ait été trouvé. Et plus généralement, pas de grand rassemblement sans ce vaccin. La date provisoirement fixée serait donc un retour à la normale début 2021. Mais tout dépendra du temps que les scientifiques nécessiteront pour mettre au point un remède et des mesures qui seront mises en place dans le futur par l’Etat espagnol. Sur le territoire ibérique, le nombre de morts quotidien semble diminuer, mais sanitairement la situation n’est toujours pas au mieux alors que l’état d’alerte a récemment été prolongé jusqu’au 9 mai.

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Mestalla, un soir de Champions League… à huis clos lors de la confrontation entre Valencia et l’Atalanta (crédit : EL PERIÓDICO)

Par la même occasion, le président de LaLiga parle d’une « économie de guerre ». Ce dernier conseille aux clubs, de Primera et Segunda, de privilégier les joueurs du centre de formation et les prêts plutôt que les transferts assez coûteux. Précisons d’ailleurs que si la saison se boucle à huis clos, Tebas a estimé les pertes économiques à 350 millions d’euros. Pour certaines équipes, cette période sera difficile à vivre économiquement alors qu’une grande majorité a déjà baissé les salaires de ses joueurs et employés. Les clubs travaillent déjà à réajuster les budgets et à rembourser les abonnés.

LaLiga de retour fin mai ?

C’est le souhait de Javier Tebas : reprendre le championnat le dernier week-end de mai ou bien le premier week-end de juin. Ces dates, qui paraissaient trop prématurées il y a encore un moment, semblent aujourd’hui être correctes et réalisables grâce au huis clos qui sera instauré. Sans public, il est possible de voir la compétition reprendre malgré les avis divergents des joueurs.

Certains estiment qu’il est trop tôt pour reprendre ou que les conditions sanitaires de qualité ne sont pas garanties. D’autres pensent l’inverse et que tout se passera bien si le protocole de LaLiga est appliqué à la lettre. A Villarreal, Gerard Moreno et Pau Torres, coéquipiers, ont tous les deux parlé dans la presse quant à cette reprise avec chacun un avis opposé à l’autre. C’est pour dire comment la nouvelle fait débat.

LaLiga Santander 2019 - 20: Una alerta "desesperada" de Valladolid ...
Javier Tebas a déclaré à maintes reprises que le championnat allait se terminer (crédit : Marca)

Afin que cette reprise arrive aux dates prévues de Tebas, les joueurs, membres du staff et employés de tous les clubs de Primera et Segunda passeront des tests au coronavirus dès le mardi 28 avril et dans les jours suivants. LaLiga a remis la responsabilité de ces tests à un laboratoire privé de qualité qui approvisionne les grandes entreprises de santé. Néanmoins, c’est le gouvernement qui donnera, aux institutions, le feu vert définitif autorisant un retour de la compétition en fonction de l’évolution de la pandémie.

La finale de Copa reportée à l’année prochaine ?

Au centre des attentions au Pays Basque, la finale de Copa suscite également beaucoup d’interrogations. Luis Rubiales l’a répété et le répète encore : il veut jouer cette finale avec du public. Evidemment, une décision en influence une autre. Et si les huis clos sont maintenus jusqu’à 2021, alors cette finale de Copa devrait logiquement suivre la même voie, du moins, si la décision de Rubiales et des deux clubs (la Real Sociedad et l’Athletic, NDLR) reste la même.

Dans la semaine, on a appris que la finale de l’édition 2020 pourrait se jouer jusqu’à une semaine avant… la finale de l’édition 2021 ! Une proposition à l’honneur des clubs mais qui pose une certaine question. Qui dit 2021, dit nouvelle saison, la finale serait donc jouer avec des effectifs différents ? Un point important qui sera à méditer puisqu’il y aurait la possibilité d’avoir une finale avec deux équipes très différentes l’une de l’autre, encore plus que lors de la saison actuelle.

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A défaut de s’être jouée sur le terrain, la finale de Copa s’est « jouée » sur les balcons ! A Bilbao et Saint Sebastien, les supporters de l’Athletic et de la Real ont décoré leur balcon aux couleurs de leur club (crédit : Marca)

Cet affrontement basque historique est notamment associé à deux joueurs importants qui doivent en théorie quitter leur club à la fin de saison. Martin Ødegaard, prêté par le Real, réalise une saison sensationnelle sous les ordres de Imanol Alguacil et est l’un des auteurs de la très bonne saison de la Real Sociedad. En face, c’est Aritz Aduriz. Le vétéran de 39 ans, adulé à San Mamés, est censé se retirer à l’issue de cette saison. Mais pour les supporters Leones, ne pas pouvoir lui rendre d’hommage ni le voir jouer la finale de Copa est inenvisageable alors que l’hypothèse d’une ultime prolongation se murmure discrètement

En somme, ne pas voir jouer ces deux joueurs, piliers dans leur club, parait inimaginable et pourtant… l’avenir n’inspire rien de bon. Il faudra, en plus de cela, ajouter les possibles transferts qui pourront avoir lieu cet été. Les fins de contrat des milieux de l’Athletic, Beñat et San José, sont aussi une contrainte. Dossier énigmatique à suivre.

L’UEFA clarifie la question des Coupes d’Europe

C’était aussi une grande inconnue. Comment gérer les qualifications en Coupe d’Europe si la saison ne se termine pas ? Plusieurs hypothèses ont été émises : prendre l’indice UEFA, le classement actuel, le classement à la mi-saison ou encore les qualifiés de la saison précédente. Ces cas de figures ont tous leurs avantages et leurs inconvénients. Mais l’UEFA a donné quelques pistes à l’issue de sa réunion cet après-midi…

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Tout comme les championnats nationaux, la gestion des Coupes d’Europe est un véritable casse tête… (crédit : Le Parisien)

L’institution européenne a déclaré que les qualifications pour la Ligue des Champions et la Ligue Europe se feraient « en fonction du mérite sportif des compétitions nationales 19/20 ». En bref, cela en reviendrait à dire en fonction du classement. Le « mérite sportif » sera propre à chaque Fédération qui pourra décider de comment attribuer les places continentales.

Par exemple, en Espagne, il est évoqué la possibilité de prendre les six premiers du classement général et d’envoyer le finaliste de Coupe du Roi en C3, comme Rubiales l’a suggéré. Une décision à la guise de chaque fédération européenne donc. Cependant, l’UEFA se garde quand même un droit de veto pour refuser ou autorises un club dans trois cas de figure :

• S’il y a un sentiment d’injustice après la qualification d’un club.
• Si les clubs ont été sélectionnés selon une procédure qui n’était pas « objective, transparente et non discriminatoire« . Et donc pas selon le mérite sportif.
• Si les compétitions n’ont pas été interrompues pour des raisons valables aux yeux de l’UEFA. Comme, par exemple, arrêter un championnat sans que le gouvernement ne l’ait ordonné, etc…

Pour faire simple, l’UEFA a laissé une certaine liberté aux différentes ligues en les autorisant à choisir comment elles attribueraient leurs places européennes mais garde quand même la possibilité de faire barrage si nécessaire. A part reprendre les qualifiés de l’exercice précédent ou se baser sur l’indice UEFA, aucune possibilité n’est réellement écartée.

Ligue des champions 2019-2020 : Lille dans le groupe H avec ...
Selon vous, quelle est la décision la plus logique à prendre ? (crédit : La Voix du Nord)

Et pour ce qui concerne l’édition de la saison en cours, les directives officielles n’ont pas encore été communiquées. Plusieurs moyens pour finir la compétition sont également évoqués à l’UEFA. Mais selon les médias, l’option la plus probable serait de disputer des matchs durant tout le mois d’août, avec des championnats qui se termineraient au plus tard le 31 juillet.


Vous l’aurez donc compris, la situation reste extrêmement floue en ce qui concerne le football espagnol. Chaque jour, nous en apprenons un peu plus sur le futur de la saison mais les informations, parfois, arrivent avec beaucoup de contradictions ou d’hypothèses différentes. Les Espagnols devront attendre pour retrouver l’âme chaleureuse et conviviale des stades lors des matchs de championnat ou encore pour savoir qui sera le vainqueur de la Copa del Rey. Des incertitudes à tous les étages qui font avancer un navire à la dérive dans le brouillard…

Rubiales dans la tourmente : crise en vue à la Fédération ?

L’actualité de ces dernières semaines se résume évidemment à la crise du Covid-19 qui paralyse le monde entier. En Espagne, comme dans la quasi-totalité des pays du monde, le football professionnel et amateur est à l’arrêt. Luis Rubiales, président de la Fédération Espagnole, critiqué de toutes parts, tente tant bien que mal de gérer cette crise alors qu’une véritable crise institutionnelle semble se profiler.

En ce moment, la RFEF (Fédération Espagnole, NDLR), LaLiga et l’AFE (Syndicat des Joueurs, NDLR) essuient les critiques concernant leur incapacité à collaborer dans des temps aussi difficiles que celui que nous traversons où l’unanimité se fait attendre. Le drame se ressent plus particulièrement autour de Luis Rubiales. L’actuel président de la RFEF ne semble pas être dans la meilleure posture pour aborder les élections qui auront lieu, au plus tôt, fin mai. Impliqué dans des affaires qui dégradent son image, Rubiales tente d’apporter du nouveau dans le football espagnol. Des changements qui divisent en Espagne et qui le fragilisent encore un peu plus, lui, et surtout la Fédération qui donne l’impression d’être également en difficulté.

Roja : Luis Rubiales "con dos cojones" - Furia Liga
Le bilan de l’Espagnol à la tête de la Fédération reste très mitigé (crédit : FuriaLiga)

Des changements pour sauver les meubles ?

Luis Rubiales l’a très bien compris, il ne part pas favori pour remporter les prochaines élections à la présidence de la Fédération. C’est son adversaire principal, Iker Casillas, qui est montré largement en tête dans les sondages. Pour inverser la tendance, Rubiales veut apporter divers changements concernant le football espagnol. Sachant qu’il n’a plus rien à perdre, il souhaite tenter le tout pour le tout.

Commençons par évoquer les deux principales réformes de son mandat à savoir celle de la Copa Del Rey mais aussi de la SuperCopa qui ont toutes les deux pris effet lors de cette saison 2019/20.

La réforme de la coupe nationale a plu aux amateurs de football notamment grâce à la suppression des matchs aller-retour, sauf en demi-finale, et aussi en instaurant que ce serait désormais l’équipe de la plus basse division qui jouera le match chez elle, devant son public. Alors qu’à l’heure actuelle il ne reste plus que la finale à disputer, les médias et supporters espagnols tirent un bilan positif de cette première réforme. Certains ont vu en cette réforme un retour aux valeurs du football qui mettait en avant les équipes les plus modestes. Effectivement, les gros ont chuté dans cette compétition, si bien qu’en demi-finales, nous comptions trois équipes de Primera (Real Sociedad, Granada & l’Athletic) et même le CD Mirandés, équipe de deuxième division. Vous l’avez remarqué, ni le Real, ni le Barça, ni l’Atlético ou ni le Valencia CF n’étaient là, tous éliminés auparavant. Symbole d’une réforme qui aura redonné de l’enjeu à une compétition parfois trop souvent délaissée…

Mirandes: Who are the Plucky Underdogs in the Copa del Rey Semi ...
Les joueurs du CD Mirandés célébrant leur qualification pour les demi-finales après avoir battu le Villarreal CF, le Sevilla FC ou encore le Celta (crédit : 90min)

En revanche, la réforme de la SuperCopa est nettement moins bien passée. Premièrement, c’est le format que Luis Rubiales a décidé de changer en incluant quatre équipes au lieu de deux : le vainqueur de Copa et son finaliste ainsi que le vainqueur de Liga et son dauphin. Beaucoup de médias ont critiqué ce nouveau format qui rajoutait des matchs en janvier, mois où les calendriers sont réputés pour être relativement chargés. Ce qui a également fait tâche, c’est le lieu où s’est déroulé la compétition, à savoir en Arabie Saoudite. Le pays du Golfe Persique a versé 120 millions d’euros à la RFEF pour accueillir la compétition jusqu’en 2022. Inutile d’expliquer qu’il fut difficile, voire impossible, pour les aficionados espagnols d’aller au stade pour voir jouer leur équipe aussi loin de leurs terres.

Un peu plus dans l’actualité, ce qui fait couler beaucoup d’encre et qui fait débatt en ce moment, c’est la récente proposition, cohérente pour certains, loufoque pour d’autres, visant à envoyer le finaliste de Copa del Rey en Europa League. Revenons plus en détail sur cette proposition.

Récemment, les membres de la Fédération se sont réunis afin d’établir une liste des sept équipes espagnoles qui iront en Europe si jamais la saison de Liga est annulée. La RFEF a alors décidé de prendre en compte le classement actuel qui enverrait quatre équipes en Ligue des Champions et trois en Europa League. C’est là où Luis Rubiales veut changer les choses et a proposé d’envoyer le finaliste de Copa en Europe si jamais son vainqueur y est déjà qualifié par le biais du championnat. Si jamais la saison en cours est annulée, cela signifierait que dans tous les cas l’Athletic serait en Europe la saison prochaine, puisque la Real Sociedad est déjà virtuellement qualifiée en Ligue des Champions, et ce quelque soit la résultat de la finale.

Corona Virus Outbreak makes the Copa Del Rey Final waver
Luis Rubiales posant devant le trophée de la Copa, en compagnie de Jokin Aperribay (président de la Real Sociedad) et Aitor Elizegi (président de l’Athletic) (crédit : Eng News 24)

En somme, qualifier le finaliste de Copa reviendrait à supprimer une qualification potentielle via la septième place du championnat qui était synonyme de barrage pour accéder à l’Europa League. Toujours actuellement, c’est le Valencia CF qui en ferait les frais. Il reste désormais à savoir si Rubiales souhaite appliquer ce changement uniquement pour cette saison, si elle est annulée. Rien ne dit que ce changement ne sera pas définitif au cours des futures saisons. Pour cela, il faudra très probablement se mettre d’accord avec LaLiga, ce qui ne sera pas chose facile.

Le natif de Las Palmas aura également aidé les clubs des plus basses divisions dans cette crise du Covid-19 en leur apportant des aides financières. Nous noterons aussi qu’il a œuvré, au début de saison, dans l’histoire des horaires en Liga en s’opposant à ce que des rencontres soient jouées le vendredi et le lundi. Finalement, c’est une balle au centre puisque seuls les matchs du vendredi ont été maintenus. Ceux du lundi ont disparu, au plus grand désarroi de son collègue Javier Tebas.

Des accrochages trop fréquents avec Tebas qui le décrédibilisent

Ce n’est pas nouveau, Javier Tebas, président de LaLiga, et Luis Rubiales ne s’entendent tout simplement pas. Les deux hommes n’hésitent pas à se tacler de temps en temps sur divers sujets où ils sont très souvent en opposition, comme sur l’affaire des matchs du vendredi et lundi ou bien encore, plus récemment, en ce qui concerne la reprise du championnat. Une polémique qui enfle en Espagne et qui fait chuter la côte de popularité des deux dirigeants.

Lors d’une réunion entre le Syndicat des Joueurs, la RFEF et LaLiga, il y a peu de temps, les avis divergeaient. Selon les médias, une fois le championnat repris, la Fédération souhaitait faire jouer toutes les 72 heures et LaLiga toutes les 48 heures. Le but étant de boucler rapidement la saison, tandis que l’AFE demandait de meilleures conditions pour les joueurs. Entre accusations et diffamations, les communiqués des institutions ont fusé en se rejetant la faute et en niant les faits reprochés.

LaLiga Santander: The war between Tebas and Rubiales | MARCA in ...
Luis Rubiales et Javier Tebas, deux hommes que tout oppose (crédit : Marca)

Pour couronner le tout, Luis Rubiales a enregistré et divulgué publiquement les échanges au cours de cette réunion. De quoi remettre de l’huile sur le feu quand l’AFE et LaLiga déclarent ne pas avoir été informés qu’ils étaient enregistrés alors que la Fédération affirme les avoir prévenu… Dans cette affaire, le Syndicat des Joueurs a peu existé, acceptant un coup les 48 heures proposées par Tebas, puis se disant obligé d’accepter les 72 heures de Rubiales. La situation en est donc au point mort.

« Les audios révèlent ce que l’AFE et la Liga voulaient cacher […] En aucun cas ils n’ont été manipulés ou biaisés, comme l’affirme encore une fois LaLiga à tort sans fournir aucun type de preuves »

Luis Rubiales taclant une nouvelle fois LaLiga et assurant que ces audios étaient réels (Mundo Deportivo)

Bien d’autres « petits riens » ont été une source de conflits entre Javier Tebas et Luis Rubiales. Le président de LaLiga s’est d’ailleurs dit surpris que la Fédération n’ait pas pris en compte son avis lorsqu’elle a choisi d’envoyer le finaliste de Copa en Europe, comme évoqué plus haut. Une guerre quelque peu enfantine qui semble ne pas avoir de limites.

Des accusations qui empirent la situation

En plus de cette mésentente avec LaLiga, Luis Rubiales n’est pas au bout de ses peines. En effet, au début du mois d’avril, il a été accusé d’avoir falsifié des documents concernant les futures élections à la présidence de la RFEF. Ces documents, dont on sait peu pour le moment, semblaient avoir un lien sur le nombre de personnes éligibles à voter à la Fédération et auraient pu avoir une influence directe sur le résultat de l’élection. Une affaire qui pourrait bien mettre fin aux espoirs de réélection de Rubiales…

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Suite à cette affaire, Rubiales et son avocat comparaîtront à Madrid le 21 mai prochain (crédit : 20Minutos)

Dans son mandat, l’Espagnol s’est aussi décrédibilisé avec l’ingérence des cas Lopetegui et Moreno. Le premier avait été démis de ses fonctions de sélectionneur à seulement deux jours de l’entrée en lice de l’Espagne au Mondial 2018… pour s’être engagé en tant qu’entraîneur du Real Madrid sans en avoir informé Luis Rubiales.

Et concernant Robert Moreno, histoire plus récente, il avait été renvoyé pour céder sa place à Luis Enrique. Pour rappel, l’ancien coach du Barça avait décidé de quitter son poste de sélectionneur en juin 2019, en raison du décès de sa fille. Il avait été remplacé par son adjoint, auteur de très bons résultats, jusqu’en novembre 2019, qui avait déclaré qu’il était prêt à faire un pas de côté pour qu’Enrique revienne.

En fin d’année dernière, il est renvoyé sans réel motif au lieu de reprendre son poste d’adjoint. Enrique justifiera son licenciement en affirmant qu’il avait trouvé Robert Moreno trop «ambitieux» et qu’il y voyait quelque chose de «déloyal». De son côté, Rubiales avait été soupçonné d’avoir pris une décision sportivement incohérente. Deux dossiers mal gérés qui restent en mémoire des Espagnols, rallongeant la liste des polémiques autour de ce dernier.

Robert Moreno totalise un total de quatre victoire en six matchs (crédit : futbol.com)

Tourmenté, Luis Rubiales désire donc apporter de la nouveauté dans le football espagnol pour, peut-être, essayer d’inverser la tendance grâce à un gros coup de poker et de virer en tête aux élections. Néanmoins, son mandat assez mitigé et ses problèmes en interne nuisent à son image et à celle de la RFEF. Pas toujours exemplaire dans ses fonctions, Rubiales semble avoir perdu la confiance du football amateur en Espagne et donne une trajectoire inquiétante au crédit de la Fédération. C’est également ce que l’on pourrait associer à un début de crise lorsque l’on voit l’accumulation d’histoires fâcheuses qui s’abattent sur la RFEF. Face aux critiques que les institutions essuient, et plus particulièrement la RFEF, le moment de réorganiser l’organigramme du football espagnol est peut-être arrivé…