[MD] Raúl García : « Je veux rester à l’Athletic »

Dans une interview consacrée à Mundo Deportivo, Raúl García a reconnu ne pas avoir été au niveau lors de certains moments dans la saison. Dur à cuire sur le terrain, le Navarrais, déjà présent à l’Athletic depuis six saisons, veut prolonger son aventure chez les Leones alors que son contrat prend pour l’instant fin en juin prochain.

–  Tu as été expulsé contre le Real Madrid, en championnat dès la 13e minute, puis en SuperCopa tu as inscris deux buts contre cette même équipe. Presque d’un méchant à un héros. Le football peut-être si différent ?

« Le football fonctionne très souvent comme ça. Les gens voulaient que je prenne ma retraite et que je me retire du football, à cause de mon âge, de mes erreurs et d’autres choses qui n’allaient pas lors de ce premier match. Et puis, en un mois et demi, ils ont changé d’avis et c’est malheureusement ainsi que ça fonctionne. »

– Et comment tu fais pour gérer ces oscillations et changements de niveau que tu as pu avoir ?

« Dans le football d’aujourd’hui, les gens (surtout les supporters) pensent souvent plus qu’ils ne le devraient, mais je vis avec ça depuis longtemps et c’est pourquoi j’accorde surtout de la valeur à mes proches et aux personne qui m’entourent. Je m’attache surtout à ces individus qui ne sont pas seulement là quand les choses vont bien, mais qui me soutiennent aussi quand c’est plus compliqué. Ils sont toujours capables de te dire quelque chose pour te remonter le moral ou te faire comprendre que tu te trompes, que tu ne fais pas les choses correctement. »

– Après cette expulsion à Valdebebas, tu as déclaré t’être excusé auprès de tes coéquipiers. Comment ça s’est passé entre toi et eux ?

« Il y a beaucoup de choses que nous faisons sans toujours y trouver des explications. Je suis une personne qui assume la responsabilité, non seulement personnelle, mais celle des autres. En fait, je suis beaucoup plus préoccupé par l’erreur lorsqu’elle collective que lorsqu’elle est personnelle. Avec mes coéquipiers, on passe beaucoup de temps ensemble, on aime se parler franchement et en face à face. C’est la meilleure façon pour se parler sereinement et se dire les choses. Quiconque doit s’excuser, doit le faire franchement. »

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(crédit photo : Eurosport)

– Comment tu expliques avoir connu un tel passage à vide dans certains moments de la saison ?

« Je ne veux pas dire que j’ai passé un mauvais moment parce les gens se demanderont comment on peut se plaindre s’il ne s’agit que de football. Je parle du point de vue mental. Évidemment, il y a des choses plus importantes que le football, cela ne fait aucun doute, mais sur le plan mental, je suis une personne très exigeante, qui a beaucoup de responsabilités pour son travail et quand les choses ne fonctionnent pas comme je le souhaite, c’est compliqué de s’y faire. Il y a beaucoup de choses à supporter que l’on juge injustes et qui, pourtant, dans le football sont très fréquentes. »

– Quand tu as marqué à Valencia (2-2), tu as à peine célébré le but. Pourquoi ?

« En fait, sur ce but c’est la colère qui sort de moi parce que la saison ne se passe pas comme je le voulais, et parce que je veux vraiment contribuer à aider l’équipe, toujours. Mon état d’esprit et mon moral ne dépendent pas du fait que je joue ou non, mais surtout de savoir si l’équipe se porte bien, que ce soit avec ou sans moi. »

– Toi et l’équipe avez retrouvé votre sourire depuis l’arrivée de Marcelino

« Oui, nous affrontons désormais les matchs et les situations adverses d’une manière différente qu’auparavant. Sur le plan personnel, je dirais que je prends du plaisir à jouer en ce moment, je me sens libéré et j’espère que tout continuera sur cette voie. »

– Gagner un titre avec l’Athletic, qu’est ce que ça représentait pour toi ?

« C’était l’une des choses que je voulais réaliser ici et j’y suis parvenu. J’accorde beaucoup d’importance à l’obtention de titres, et à les obtenir avec différentes équipes. En raison de la situation actuelle, on ne peut pas le célébrer avec tout notre public, ce qui aurait été incroyable, mais on sait que nos supporters aiment que leur équipe se porte bien. C’est très spécial. »

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(crédit photo : New Straits Times)

– Pourquoi est ce que tu n’as pas encore prolongé ?

« Je n’ai pas peur de dire les choses comme je l’ai toujours fait mais je me porte bien ici, je suis content, j’ai toujours le sentiment d’avoir le même rôle depuis mon arrivée. Il faut échanger avec la direction et essayer de parvenir à un accord. Je n’ai aucun doute sur le fait que je veuille continuer ici et j’espère que cet accord arrivera le plus tôt possible. »

– C’est au niveau économique qu’il y a un problème pour trouver l’accord ?

« Ce qui m’intéresse surtout, et c’est là où je suis exigeant, c’est quand il s’agit de performance et d’engagement pour le club. Et en ce sens, depuis que je suis ici, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de doutes sur ça. Pour moi, ce qui est surtout très important c’est mon ressenti actuel, en comparaison de ma première saison ici, qui est toujours le même. »

– Et justement, quel est ce ressenti ?

« Que je suis toujours un joueur important et que je suis très important pour l’équipe. Toute décision prise doit être calquée sur ça, mon rendement sportif avant tout. »

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(crédit photo : Mundo Deportivo)

– Qu’est-ce que Marcelino vous a apporté ?

Je ne sais pas, ce n’est pas facile à expliquer. C’est la question à laquelle nous aimerions tous répondre de manière compréhensible. Je ne veux pas bien parler d’un tel pour qu’on ait l’impression que je parle mal de quelqu’un d’autre. Gaizka (Garitano) a été un entraîneur qui nous a beaucoup apporté et aidé. À un moment donné, il y a eu des critiques assez injustes envers lui, parce qu’il n’a pas été jugé à sa juste valeur. Il y a eu un changement d’entraîneur ensuite, mais c’est le football qui l’a voulu comme ça. »

– Tu penses que ce changement était nécessaire ?

« Cette décision doit et a été être prise par ceux qui se devaient de la prendre. Comme vous pouvez le voir, ce changement nous aide beaucoup aujourd’hui mais mon but n’est pas de dire que nous pensions que Gaizka était le coupable de tous les problèmes. On doit d’abord se remettre en question et ensuite commencer à chercher des solutions, je pense que c’est ce que nous avons fait. »

– Et qu’a fait Marcelino pour relever cette équipe ?

« Il est arrivé dans une situation dans laquelle l’équipe, il est vrai, on voulait que les choses changent au niveau des résultats et en croyant un peu à ce qu’il a amené et ce qu’il nous propose, les choses semblent aller dans le bon sens »

– On dirait que son arrivée t’as libéré, par exemple, dans les duels aériens.

« Oui, et c’est ce que j’apprécie aussi. Quand Aritz (Aduriz) était là, il a également joué un rôle important dans ce domaine aérien, mais nous avons beaucoup partagé ce rôle. C’est à mon tour de prendre cette responsabilité depuis son départ. »

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(crédit photo : Mundo Deportivo)

– Tu apprécies ce repositionnement dans un rôle plus offensif ?

« J’essaie d’aider l’équipe et c’est la façon dont le staff me dit de jouer que j’applique. C’est vrai que j’ai toujours aimé être en contact avec le ballon, j’aime être bien placé dans la surface de réparation, mais je ne pense pas que tout doive se résumer, dans mon jeu, à des duels aériens »

– Concernant ce quart de finale de Copa contre le Betis (1-1, victoire de l’Athletic aux tirs aux buts, le 5 février). Centre de Iñigo Martínez, but de Raúl García et avec Marcelino sur le banc. Si on avait dit ça à des supporters de l’Athletic il y a quelques années…!

« A moi, on me parle seulement d’engagement et de travail, rien d’autre. Malheureusement, on a souvent des étiquettes qui sont inutiles. C’est clair que si je suis ici, c’est parce que je le veux, c’est la même chose pour Iñigo et Marcelino. A partir du moment où j’ai accepté de venir ici, c’est parce que j’ai compris que c’était le meilleur pour moi. Et à ce jour, je peux affirmer que je ne me suis pas trompé. »

– As tu apprécié le fait que le geste que tu as fait avec les joueurs de Alcoyano (en leur offrant un maillot après le match de Copa), fasse parler de toi en bien ?

J’en ai parlé avec leur capitaine mais mon but n’était pas de le faire pour qu’on parle de moi ensuite. J’aurais aimé que ça reste confidentiel, entre les joueurs de Alcoyano et moi, mais leur capitaine m’a dit qu’ils voulaient juste me remercier publiquement. Je ne cherche pas ça, chaque fois que je fais quelque chose, j’essaye de ne pas faire parler de moi, car je n’en ai pas besoin. »

Avec la crise sanitaire, de ce que j’ai entendu, tu as fait plusieurs dons

« Je fais partie de ceux qui pensent que tout le monde peut aider de n’importe quelle manière les autres, pas seulement en matière économique. Si demain j’avais un problème sur le plan personnel ou financier, j’aimerais aussi que les gens m’aident. »

– Le club envisage une nouvelle réduction des salaires, allez-vous, toi et les autres joueurs, l’accepter ?

« C’est un problème au sein du club, et nous sommes tous sur la même longueur d’onde. Nous ne sommes pas deux parties différentes (la direction et les joueurs), mais les mêmes et nous sommes tous là pour aider le club quand il en a besoin »

– Tu penses que l’Atlético va remporter la Liga ?

« L’équipe aujourd’hui est plus complète, en termes de quantité et de qualité de joueurs, que celle de mon passage là-bas (entre 2007 et 2015, NDLR), et en plus, les poursuivants ne sont pas au niveau de l’Atlético cette saison. Ils ont de grandes options de l’être et s’ils continuent dans cette lignée, ils seront champions. »

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(crédit photo : Zimbio)

– Egalement, tu vois Osasuna se maintenir ?

« Je l’ai toujours dit et je ne vais pas me cacher : Osasuna est mon club formateur, celui qui m’a tout donné sur le plan personnel et footballistique. Ils ont la qualité pour se maintenir et j’espère qu’ils y parviendront. Tant qu’il leur arrive du bien, je serai toujours heureux. »

– Et qu’en est-il de ton opinion sur l’Athletic, avec deux potentiels titres en Copa ?

Comme je fais partie des anciens combattants, j’ai appris qu’il n’était pas nécessaire de regarder trop loin et trop vers le futur. Nous travaillons déjà à nous rapprocher de cette finale et nous espérons pouvoir parler, après, de ce que nous aurons accompli. »

[EL LARGUERO] Luis Rubiales : « Face à la SuperLeague, les ligues ont deux options : réduire le nombre d’équipes ou changer de format »

Le président de la Fédération royale espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, a accordé sa première interview de la saison à Manu Carreño, pour El Larguero. Le responsable du football espagnol a répondu à de multiples questions sur le monde du football et son évolution dans cette période de crise. [Interview retranscrite partiellement]

Sur la possibilité d’une création d’une SuperLeague, Luis Rubiales a tenu à souligner que « c’était une question qui devait être abordée et traitée de manière très sérieuse ». De plus, il a déclaré qu’il espérait que «le projet ne soit dirigé et évoqué par l’UEFA et la FIFA. De même, il a aussi expliqué que la Liga actuelle que nous connaissons est une compétition dans laquelle « nous avons 38 matchs » et la création de cette SuperLeague nous amènerait à changer le système du championnat suivant deux option : « Diminuer le nombre d’équipes participantes ou changer le format »

Il a continué en insistant sur le fait que « les ligues doivent aider à réduire le nombre de journées dans une saison ». Dans le cas où ce projet aboutisse, on parlerait d’un format dans lequel serait joué « 33 journées, plus de deux Clásicos, des matchs sur terrain neutre ». Pour le moment, Rubiales a assuré ne pas croire à la création d’une SuperLeague, autrement que par l’UEFA (et non pas par certains clubs). Il en a également profité pour saluer le nouveau modèle de la Champions League, en 2024, qu’il a qualifié de « spectaculaire ».

Sur les demi-finales de Copa en format « aller-retour« 

L’un des changements les plus notables dans le football espagnol actuel a été celui du format des demi-finales de la Copa del Rey, qui se jouent en match aller-retour, contrairement aux matchs des tours précédents qui se jouent sur un match simple. Rubiales a justifié ce format en assurant que l’une des principales raisons était d’éviter « qu’une équipe atteigne la finale de la Copa del Rey sans avoir à jouer un seul match à domicile, ce qui était susceptible de se produire avec une demi-finale sur match simple »

Le nouveau format de la Copa est une réussite pour Rubiales, à tel point qu’il l’a expliqué en déclarant que la coupe nationale espagnole « avait dépassé la Coupe d’Angleterre sur certains points (en terme d’intérêt notamment), alors que la Copa était à des années-lumière » de la FA Cup. Le président de la RFEF s’est exprimé en comprenant qu’il était « impossible » que tout le monde aime la nouvelle Copa del Rey, mais il a tenu à rappeler que, selon lui, « pour l’économie d’une équipe modeste, la venue d’une équipe de Primera est un évènement important ». Une idée qu’il résume avec force : « La Copa est le trophée du peuple, pour les équipes les plus modestes ».

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(crédit photo : RTVE)

Les entraîneurs de grandes équipes comme le Barça ou Sevilla se sont plaints des mauvaises conditions du gazon et des mauvaises conditions sanitaires en Copa. Concernant les déclarations de Koeman et Lopetegui, Rubiales a déclaré : « Je ne partage pas leurs propos, mais je les respecte ». Dans le même ordre d’idées, il a tenu à rappeler que l’équipe nationale espagnole « a joué contre les îles Féroé sur un terrain en gazon artificiel ».

Sur la SuperCopa en en Arabie Saoudite

La compétition se jouait cette année en Andalousie, pour raison sanitaire, mais Luis Rubiales a assuré que « l’année prochaine, elle reviendrait en Arabie saoudite ». La raison pour laquelle la SuperCopa se joue en dehors de l’Espagne est qu’« une partie des revenus, qui sont fondamentaux, revient aux équipes de Segunda B et de Tecera ».

Concernant le retour du public dans les stades, il faut se tourner vers la Copa. Pour ce qu’il est de la finale entre l’Athletic et la Real Sociedad, Rubiales a déclaré que la Fédération n’avait jamais « fait de déclaration faisant de la pression (sur les instances politiques) pour forcer un retour du public« , et que le plus important est de voir et de vérifier « si les mesures pourraient être respectées, en travaillant avec le Ministère des Sports et de la Santé ».

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(crédit photo : Europa Press)

Sur les fréquentes polémiques arbitrales

Si dans le monde du football il y a un problème qui suscite la controverse, c’est bien celui de l’arbitrage. Rubiales n’a pas hésité à défendre la figure des arbitres, puisqu’il a assuré qu’étant «des juges sportifs, personne ne peut se permettre de leur manquer de respect». Il a insisté et souligner que la Fédération croit « à la liberté d’expression » et que c’était précisément pour cette raison que les arbitres « ne peuvent être humiliés et que leur honnêteté ne peut être remise en question ».

De plus, Luis Rubiales a expliqué que bien que ce ne soit pas médiatisé, « les arbitres ont également des sanctions ». La raison pour laquelle une sanction à un corps arbitral n’est pas rendue publique est une question morale et parce qu’il y a un «un règlement interne». Parallèlement aux décisions d’arbitrage, il y a aussi l’aide la VAR, que Rubiales a jugé comme plus souvent responsables de « bonnes que de mauvaises décisions ».

Objectif 2030 : la Coupe du monde

Sans aucun doute, Rubiales était sincère concernant les possibilités pour l’Espagne d’accueillir la Coupe du monde 2030 :  » En toute humilité, nous pensons que nous allons être (avec le Portugal) la candidature la plus puissante ». Sa confiance en cet objectif est si grande qu’il a ajouté que « l’offre ibérique, avec le Portugal, était une offre gagnante ».

Le président a accentué sa clarté en insistant sur le fait que s’il devait parier sur une candidature « pour accueillir la Coupe du monde 2030, je parierais sur la notre ». Rubiales a expliqué comment la dynamique serait : « Il y aurait 16 sites, qui accueilleraient les matchs, et le Portugal aimerait avoir 3 ou 4 sites hôtes. Nous nous devons de donner au Portugal la possibilité de se sentir à l’aise dans ce dossier.

« Luis Enrique est un entraîneur gagnant »

Heureux du résultat obtenu par l’entraîneur actuel de La Roja, Rubiales a assuré que l’équipe travaillait très bien sous les ordres de Luis Enrique. La sélection a atteint un niveau qui lui « permet de regarder n’importe quelle autre équipe droit dans les yeux ». Le secret de Luis Enrique pour parvenir à décrocher de bons résultats ? Rubiales a formulé un élément de réponse en assurant que l’entraîneur « avait réussi à donner de l’espoir aux joueurs ».

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(crédit photo : Mundo Deportivo)

La situation en Liga avec la crise sanitaire de la Covid-19

Le feuilleton des cas positifs à la Covid-19 à Fuenlabrada (en fin de saison passée, NDLR) a été l’un des plus controversés, sur lequel Luis Rubiales a déclaré que la Fédération avait appris la présence d’un cluster au club, seulement le « dimanche (avant le match) alors que d’autres instances étaient au courant depuis samedi qu’il y avait 3 positifs à Fuenlabrada ». En outre, il a assuré que ni eux ni le CSD ne savaient « rien des joueurs qui avaient été testé positifs à Fuenlabrada ». 

Concernant la planification des matchs le lundi et le vendredi (comme le voulait LaLiga, et comme l’a choisi le Conseil Supérieur des Sports, tandis que la Fédération s’y opposait), Rubiales a avoué avoir reçu l’information avec « mauvaise surprise et étrangeté ». En regardant vers l’avenir, le président de la RFEF a assuré que les instances allaient  » travailler pour résoudre les différends à propos des matchs des lundis et vendredis. Ce n’est pas conforme à la loi (qu’il y ait des matchs ces jours là). J’espère que ça sera corrigé car sinon, des problèmes bien plus grands en découleront ». De même, il voulait mentionner à nouveau les déclarations de Irene Lozano, présidente du Conseil Supérieur des Sports, qui avait précédemment déclaré que le CSD ne se mêlerait pas du « sujet des matchs les lundis et vendredis. Initialement, ça ne devait pas se passer comme ça et ça, à la Fédération, nous ne l’avons pas compris. » 

Intégralité de l’interview de Luis Rubiales sur El Larguero, le 11 février 2021

 

 

Bilan de saison 2019/20 – FC Barcelona

Ce sont seulement cinq points qui ont séparé le FC Barcelona du Real Madrid à l’issue de cette saison de Liga. Malgré les résultats bons en apparence, cet exercice s’est révélé compliqué pour le Barça. Les crises sportives, comme internes, ont frappé le club à plusieurs reprises rendant la situation instable, surtout pour les supporters. La saison blanche sur le plan national est un véritable échec même si ces performances ont en grande partie été masquées par le génie de Messi…

Battu en Liga, éliminé en Copa et SuperCopa, le Barça n’ajoutera donc rien à son armoire à trophées sur le territoire espagnol. Pour sauver une saison très compliquée, il restera encore la Champions League. Alors que les murs tremblent entre la direction, le staff et les joueurs, les performances ont été en dessous des attentes pour cette campagne. Maître du football hispanique sur les dernières années, le FC Barcelona souffre aujourd’hui. La succession de Valverde ne semble pas aussi glorieuse qu’on aurait pu l’imaginer. Les prouesses de Messi et Ter Stegen sont, en quelque sorte, l’arbre qui cache la forêt.

Avec Valverde, les syndromes d’une équipe qui n’avançait plus

Un des faits marquants de la saison blaugrana reste évidemment le changement d’entraîneur, intervenu en janvier dernier. Quique Setién, libre depuis son départ du Betis, a remplacé Ernesto Valverde, vivement critiqué pour ses résultats et le jeu proposé avec un tel effectif. Dans cette saison si particulière, on peut donc y voir deux parties importantes, avec des similitudes statistiques néanmoins.

L’exercice 2019/20 débute donc sous les ordres de l’ancien technicien de l’Athletic. Présent depuis l’été 2018, Valverde est déjà sous le feu des critiques, notamment après les deux remontadas subies en Champions League. Après le match nul contre l’Espanyol (2-2), l’élimination en SuperCopa est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Pourtant protégé par le vestiaire, Ernesto Valverde va être démis de ses fonctions le 13 janvier 2020. A son départ, le Barça occupe la première place du championnat occupe la première place, partagée avec Madrid.

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Bartomeu, longtemps convaincu par Valverde, finira par changer d’avis en licenciant le coach tandis que la grande majorité des supporters approuvera cette décision (crédit : FC Barcelona)

Pourtant globalement présents depuis son arrivée, les résultats obtenus dans cette première partie de saison sont nettement moins bons. À ce stade, le Barça a déjà été défait à trois reprises, soit autant de fois que lors de l’exercice précédent. Un constat déjà pesant, à peine atteint la mi-saison. À l’extérieur, l’équipe barcelonaise est friable et perd de nombreux points.

Défensivement, les coéquipiers de Messi connaissent des difficultés également. La défense n’est pas irréprochable sur beaucoup d’actions et après 19 journées, Barcelone a déjà concédé 23 buts. Là encore, ce sont des chiffres inquiétants par rapport aux saisons précédentes. Malgré la qualification pour la phase finale de C1, Ernesto Valverde va être débarqué du club, pour des raisons compréhensibles.

Setién, bon choix ou erreur de casting ?

Après plusieurs jours de réflexion et de préparation, la Junta du Barça tient son nouveau coach. Il s’agit de Quique Setién, ayant auparavant entraîné le Betis et Las Palmas, entre autres. Peu d’expérience au haut niveau, mais la direction est confiante après avoir contacté des anciens joueurs ayant joué sous les ordres du Cantabre, tel que Marc Bartra.

A peine arrivé, Setién affiche des principes de jeu forts et se veut rassurant auprès de supporters qui veulent retrouver une équipe qui se bat et agréable à observer. L’Espagnol est régulièrement comparé à Johan Cruyff, pour sa vision et son ADN du football.

«Ce n’est que lorsque j’ai vu les matchs de Johan Cruyff à Barcelone que j’ai commencé à comprendre comment les choses fonctionnaient vraiment. J’ai beaucoup appris de lui»

Quique Setién, lors de sa conférence de presse de présentation (Tribuna.com)
La présentation de Quique Setién au FC Barcelone - Espagne ...
Dans la foulée du licenciement de Valverde, Quique Setién est nommé au Barça (crédit : Le Figaro)

L’un des moments les plus marquants de ce discours de présentation restera le point souligné par Setién, soutenant que la seule chose sûre, à l’heure de cette conférence de presse, est que son équipe jouera bien. Un message fort et qui veut déjà instaurer du nouveau dans le jeu catalan.

Au cours de la seconde partie de saison, les résultats vont être légèrement mieux. Le Barça va collecter 42 points sur la phase retour de LaLiga, contre 40 avec Ernesto Valverde. La défense va être plus solide et l’attaque tout aussi tranchante. Les chiffres sont quasiment les mêmes qu’avec Valverde, avec là encore, trois revers, moins de nuls, légèrement plus de revers et un peu moins de buts marqués. En bref, la comparaison statistique entre Ernesto Valverde et Quique Setién a un faible intérêt à ce stade en raison de la similarité qu’on y retrouve.

A LIRE AUSSI : Bilan de saison 2019/20 – Real Madrid

Cependant, cette équipe blaugrana va continuer de perdre d’importants points qui lui coûteront le titre. La défaite dans le Clásico (2-0), le difficile match à Mestalla (2-0) sont déjà des rencontres cruciales de perdues. Mais les points lâchés après la reprise, contre Sevilla, le Celta et l’Atlético, mettront hors course une équipe battue par un Real Madrid imperturbable.

C’est d’ailleurs sur ce sprint final particulier que les choses vont s’envenimer. Alors en tête, en possédant deux points d’avance sur Madrid, Barcelone va rapidement perdre le leadership du championnat au profit de son rival éternel. En plus de craquer sur le plan sportif, le Barça va aussi exploser en interne. Les choix de plus en plus incompréhensibles de la direction s’ajoutent à une histoire où le staff et les joueurs seraient, selon les différents médias, en rupture.

La question se pose alors autour de la capacité de Setién à gérer un tel groupe. Lui qui voulait prôner un jeu plus agréable, se retrouverait finalement à perdre le contact avec son effectif. Un nouveau souci à gérer donc. Un peu plus de six mois après son arrivée, Setién semble déjà avoir perdu la confiance de beaucoup de supporters, n’arrivant pas à mettre ses principes en place.

Éliminé dès les quarts de finale de la Copa, par l’Athletic (1-0), Quique Setién est donc remis en question. Le Cantabre reprend néanmoins une équipe qui n’a jamais réellement pu se sentir libérée des critiques qu’elle essuie depuis un certains temps. De plus, le niveau de certains joueurs est pointé du doigt par les fans. Menacé à son poste, Setién ne veut pas jeter les armes et souhaite continuer de se battre et de tenter de stabiliser le jeu tout en continuant de triompher.

La manière de gagner, la grande quête de ce Barça

Dans le football, gagner c’est bien. Avec la manière, c’est mieux. La manière, c’est ce que recherche le Barça. Son identité historique avec des coachs tels que Guardiola ou Cruyff, réputés pour prôner un des plus beaux jeux que le football ait connu. Aujourd’hui, beaucoup des succès barcelonais sont poussifs et difficiles face à des équipes qui défendent bien.

Avec Setién, le Barça joue beaucoup plus sur la possession de la balle. Une méthode pour confisquer le ballon, laissant ainsi peu d’occasions pour les adversaires. Mais la formation blaugrana a parfois des difficultés à inquiéter les autres équipes avec cette possession, faisant beaucoup tourner sans parvenir à s’infiltrer dans le bloc défensif opposé.

Pour Setién, les succès comptent mais l’entraîneur insiste également sur le fait que bien jouer soit une nécessité (crédit : Bein Sports)

Avec le technicien espagnol, Barcelone a parfois connu des matchs difficiles mais a également réalisé d’impressionnantes performances. Les succès à Villarreal (1-4) ou contre Alavés (0-5) nous avaient montré un Barça dominateur, serein et qui avait contrôlé le match.

Dans cette envie de gagner avec la manière, sont aussi inclus les jeunes. Riqui Puig et Ansu Fati ou encore Ronald Araujo commencent à gratter de plus en plus de temps de jeu en équipe première. Une bonne nouvelle pour une grande partie du public qui réclamait une présence plus régulière de leur part avec les pros. Ils apportent de la nouveauté dans le jeu barcelonais pour remplacer des joueurs qui ont beaucoup moins d’impact. Les cas difficiles de plusieurs joueurs ont favorisé l’intégration de cette jeunesse, arrivés de La Masia.

En tout cas, le Barça devra désormais répéter ce genre de performances plus régulièrement, en plus de continuer à gagner. La manière se doit d’être un objectif primordial à retrouver pour une équipe qui l’avait quelque peu délaissée sous Ernesto Valverde.

Messi, sauveur mais aussi préventif

Leo Messi, que dire ? Encore une saison exceptionnelle, comme toujours, et pourtant le génie argentin continue de nous étonner. Avec 25 buts au compteur et 21 passes décisives délivrées, la Pulga a encore frappé. Encore un record battu par l’Argentin : celui du nombre d’assists en une saison de championnat. Avec un peu plus de vingt unités, Messi a battu le record de Xavi, fixé à vingt passes décisives.

Así fue el GOL 700 de LEO MESSI a lo PANENKA! | FC Barcelona ...
Au cours de cet exercice, Messi a inscrit le 700e but de sa carrière. Une réalisation inscrite sur une panenka contre Jan Oblak (crédit : Lionel Messi.eu)

En plus de ça, Leo Messi a de nouveau reçu le trophée Pichichi. Une récompense décernée au meilleur buteur de Liga. Le sextuple Ballon d’Or a terminé máximo goleador du championnat pour la septième fois de sa carrière, battant, là encore, un record jusqu’alors détenu par Telmo Zarra, six fois sacré meilleur buteur (ancien meilleur buteur du championnat, évoluant à l’Athletic dans les années 1940 et 1950). Exceptionnel, donc.

Le problème de cette importance à Messi est d’y créer une dépendance, déjà bien présente pour certains. L’Argentin a sauvé le Barça à de nombreuses reprises cette saison, cachant un peu la difficulté de son équipe à triompher. Certains supporters craignent, plutôt à juste titre, « l’après Messi ». Une crainte compréhensible quand on voit tant l’équipe blaugrana dépend du joueur et trouve relativement peu d’autres alternatives à son génie.

Après cette saison difficile, Messi a quand même voulu tirer la sonnette d’alarme. Au delà de la rumeur indiquant qu’il ne souhaitait pas prolonger plus loin qu’en 2021, l’Argentin sait que son équipe n’a pas bien joué cette saison. D’après les médias, le joueur serait aussi agacé de la gestion du club par la direction.

«On ne voulait pas terminer la saison comme ça. On est une équipe irrégulière, lente, avec peu d’intensité. On a perdu beaucoup de points et le match d’aujourd’hui est un résumé de la saison»

La déclaration de Leo Messi, après la défaite contre Osasuna (1-2)

Malgré les quelques performances très mauvaises de son équipe, le natif de Rosario a beaucoup sauvé son équipe, tout comme Ter Stegen aux cages. Un même constat qu’avait soulevé Malcom, lors de son départ vers la Russie. Pour lui, comme beaucoup de monde, Messi cache beaucoup de problèmes au Barça. Même s’il a déjà poussé quelques coups de gueule, il est difficile d’imaginer Messi ailleurs qu’à sa maison qu’est Barcelone. Néanmoins, le football est tellement imprévisible qu’on ne peut rien affirmer à 100%…

C’est donc avec des incertitudes sur le futur et d’importants soucis, sportifs comme extra-sportifs, que le Barça achève cette campagne 2019/20. Une saison blanche difficile sur le plan national de façon collective mais dans laquelle certaines individualités ont continué de briller ou dans laquelle de jeunes talents se sont révélés. Setién, menacé pour son avenir, a pour but de continuer de faire évoluer ce Barça, notamment dans son jeu, alors que certains cadres se doivent de retrouver un niveau à la hauteur du club dans lequel ils évoluent. Maintenant, cap sur la Ligue des Champions et le match retour contre Naples, début août, afin d’oublier une édition de Liga qui ne se sera pas déroulée comme voulue.

Real Madrid Champion de LaLiga 2019/2020

Bilan de saison 2019/20 – Real Madrid

Trois ans après son dernier sacre en Liga, le Real Madrid a repris la couronne lors d’une saison inédite fortement bouleversée par la crise sanitaire mondiale. Réguliers par moments et fébriles dans d’autres, les Madrilènes sont passés par plusieurs humeurs durant ces onze mois de compétition.

Après les plaies ouvertes de la saison dernière, tant sur le jeu comme sur les résultats, l’idée générale était que le Real Madrid devait faire table rase de la génération qui l’a mis sur le toit de l’Europe durant trois saisons consécutives entre 2016 et 2018. Le retour de Zidane à la tête de la maison immaculée était accompagné d’un grand discours de révolution. Une révolte, qui est arrivée là où on ne l’attendait pas. Avec son groupe de vétérans renforcé de quelques recrues, le technicien français a de nouveau brisé l’hégémonie du Barça sur le championnat espagnol. Un 34e titre soulevé dans un rush incroyable de dix victoires consécutives dans la trame finale.

La révolution tactique et  mentale

Il avait tout à perdre. Après un premier passage couronné de succès, Zinedine Zidane a accepté de revenir sur le banc d’un Real Madrid, qui digérait mal la période la plus glorieuse de son histoire récente. Le Français est revenu au mois de mars 2019, terminant une saison catastrophique au niveau du jeu et des résultats. Une troisième place en Liga, une élimination précoce en huitième de finale de la Ligue des Champions et une lourde défaite face au Barça en demi-finale de la Coupe du Roi. Alors que tout le monde s’attendait au grand nettoyage durant le mercato d’été, Zidane a fait ce qui est de plus naturel. Il ne fait aucun doute qu’un renouvellement d’effectif doit se faire naturellement.

Présentation d'Eden Hazard au Real Madrid avec le président Florentino Pérez
Le Belge a été la recrue phare du Real l’été dernier. Venu en quelque sorte pour remplacer Cristiano Ronaldo, sa saison, minée par les blessures, nous aura laissés sur notre faim. (crédit image : La Provence Belgique)

Le Real Madrid a certes injecté du sang neuf dans son effectif, avec les recrutements de Luka Jovic, Ferland Mendy, Rodrygo et d’Eden Hazard, mais ça n’a rien changé sur la confiance que Zidane a montrée à sa vieille-garde. Le changement notable a été la quasi-disparition de Marcelo du onze au profit du jeune latéral français. Sinon, l’ossature de l’équipe était composée des vétérans de la première guerre, renforcée par un Thibaut Courtois décisif dans la seconde partie de la saison, un Mendy plus défensif que Marcelo et un généreux Fede Valverde durant la première partie de la campagne.

Toutefois, le plus grand mérite ne se trouve pas dans cette confiance qu’il a accordée à ses cadres. Il est nécessaire de rappeler que le Real Madrid des trois ligues des champions n’était ni l’équipe la plus organisée au niveau tactique, ni la plus rigoureuse lorsqu’il s’agissait de défendre. C’était une équipe avec un punch extraordinaire dans les moments décisifs, raison pour laquelle, elle n’échouait jamais en finale. Cependant, dès les premiers mois de sa prise de fonctions, Zizou savait pertinemment que ce scénario n’était plus utile pour reconquérir l’Espagne.

À 34 ans, Sergio Ramos a été comme d'habitude le taulier de la défense madrilène
Capitaine et taulier de la défense, Sergio Ramos a largement contribué au succès avec onze buts marqués cette saison (Crédit-image : Real Madrid)

Le Real a remporté cette Liga, un trophée qu’il avait du mal à toucher durant cette dernière décennie (troisième titre après ceux de 2012 et de 2017, NDLR). Il l’a réalisée grâce à des valeurs qu’il aurait été difficile d’imaginer qu’elles pourraient émerger de cette équipe. Une discipline tactique illustrée par un pressing  haut, qui demandait plus de responsabilité de la part des joueurs, mais surtout plus d’efforts. Dans le développement du jeu, l’équipe a beaucoup moins couru sur les contre-attaques que les années précédentes pour deux raisons : effectuer un repli défensif rapide et appliqué, et limiter les erreurs dans les zones vulnérables.

« Que devons-nous faire après deux mois de confinement ? Tous les concepts d’entraînement sont brisés. Donc la réponse était la créativité. Il ne fallait pas inventer juste pour inventer, mais penser autrement. Nous avons constaté que les joueurs avaient besoin de fraîcheur mentale, alors nous avons travaillé cet aspect. Tout le monde pense que nous avons misé sur le physique, non, c’était sur le mental ».

David Bettoni, l’entraîneur adjoint, explique comment le Real a préparé la reprise de LaLiga après le confinement. (Source : Marca)

Mais avant de penser à cet aspect mental dans la dernière ligne droite du championnat, Zidane a d’abord assuré sa solidité défensive Ensuite, les attaques en transition qui ont été l’une des plus grandes forces de son équipe avec Vinicius, Rodrygo et Benzema, soutenus par Valverde ou Modric. L’héritage du grand Real de Cristiano Ronaldo, remodelé avec une bonne assise défensive, a été l’idée de Zizou pour remporter cette Liga. Toutefois, tout n’a pas été parfait, mais c’était largement suffisant face à des rivaux directs, qui n’ont pas réalisé une saison satisfaisante.

Entre doute et régularité

Bien évidemment, la route vers le titre n’a pas été un long fleuve tranquille. Avec l’arrêt du championnat pendant plus de deux mois à cause de la crise sanitaire, il fallait que l’équipe garde la volonté et la motivation d’aller chercher le sacre. Mais avant cela, la pré-saison a été le premier obstacle, avec un Real Madrid pas au niveau et qui a subi une humiliation (7-2) face à son voisin et rival rojiblanco. Une préparation avec des résultats insuffisants sur le terrain, mais aussi dans une ambiance délétère au niveau du mercato. Le recrutement ne répond pas aux attentes de certains et les cas Bale et James n’ont pas facilité la tâche à Zidane.

La course vers le titre a débuté cet après-midi du 17 août 2019 à Vigo, avec un Karim Benzema qui a démontré qu’il allait être le protagoniste principal de la saison madrilène. (Crédit-vidéo : Bein Sport – Youtube)

Deux joueurs indésirables qui finalement resteront toute la saison dans la maison blanche. Si le cas du Gallois semblait prendre une bonne tournure lors de la première journée face au Celta, la suite de l’aventure n’a pas été heureuse à cause de ses prestations moyennes et son attitude dans le groupe. Madrid prenait ainsi ses premiers points à Vigo à la suite d’une victoire qui laissait entendre que la pré-saison n’était qu’un problème de cohésion et de remise de niveau.

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Tout de suite, les doutes se sont installés après deux matchs nuls consécutifs, d’abord à domicile contre Valladolid (1-1) et puis à l’extérieur contre Villarreal (2-2). Le premier gros test de la saison en Liga a été réussi au Sánchez-Pizjuán le 22 septembre grâce à un petit but de Karim Benzema (0-1). Le Real montrait déjà qu’il savait souffrir pour gagner. Une qualité d’un futur champion. Mais la succession des événements n’a pas été en faveur de l’équipe. Dans un premier temps, la cinglante défaite (3-0) trois jours plus tôt en ouverture de la Ligue des Champions contre Paris commençait à faire grincer les dents au niveau de la direction.

« J’aimerai bien continuer ; en ce qui concerne mon avenir, demandez à quelqu’un d’autre ».

À la Une de AS le 22 octobre, jour du match contre Galatasaray en Ligue des Champions. Zidane jouait son avenir dans le chaudron d’Istanbul (Source : Diario AS)

D’ailleurs, le parcours en phase de groupes de la Coupe d’Europe n’a pas été convaincant. Malgré la bonne assise défensive qui se dessinait, le Real semblait limité en attaque. Luka Jovic, la recrue annoncée comme le concurrent de Benzema avait des problèmes d’adaptation. Quant à Hazard, ses quelques kilos de trop et les blessures ne l’ont pas aidé même s’il a fait quelques belles prestations sur les seize matchs qu’il a disputés. Cette latence offensive a été bien illustrée lors de la courte défaite à Mallorca avec une équipe impuissante face au promu des Baléares.

Le match nul contre Valence a été célébré comme une victoire. (Crédit-vidéo : Bein Sport – Youtube).

Le Real a dû se racheter quelques jours plus tard face à Galatasaray en Ligue des Champions avant d’entrer dans une phase de solidarité et de solidité. Parfois dominateur, parfois dans l’abnégation, comme ce nul arraché le 15 décembre dans les ultimes secondes au Mestalla (1-1). Parfois tenu par des bouts de ficelle, comme la courte victoire un mois plus tard à Valladolid sur une tête de Nacho (0-1), les merengues ont fait durer de 15 matchs une série d’invincibilité en Liga, dont un point pris au Camp Nou (0-0), une victoire sur l’Atlético (1-0) et avec seulement 7 buts encaissés durant cette période. 

Le premier trophée de Zidane depuis son retour sur le banc du Real Madrid a été la Supercoupe d'Espagne gagné face à l'Atlético de Madrid en Arabie Saoudite.
De la crise en octobre à la victoire en Supercoupe d’Espagne en Janvier. Le premier trophée de la saison qui amène enfin de la stabilité dans le management de Zidane. (Crédit image : Marca)

La même période a aussi montré une attitude de groupe dans lequel personne n’a épargné une course et l’effort a été total dans la poursuite du bien commun. La victoire en Supercoupe d’Espagne contre l’Atlético de Madrid en janvier a été l’exemple d’un sens du sacrifice de Valverde. Alors que l’équipe semblait être dans sa plénitude, quelques contre-performances ont rouvert le débat sur son réel niveau : la défaite en quarts de finale de la Coupe du Roi à domicile contre la Real Sociedad (1-4), celle contre Levante (1-0) et contre Manchester City (1-2) à seulement quelques jours de la réception du Barça.

En remportant le clásico au Bernabeù, Madrid a terminé la saison de Liga sans prendre de buts face à l’éternel rival, une première depuis la saison 1974/75 (1-0 / 0-0). (Crédit-vidéo : Bein Sport)

Un clásico gagné non sans difficulté, mais qui a montré que physiquement, le Real Madrid de Zidane était au-dessus de ses adversaires. Une puissance physique qui lui a permis de maintenir un rythme effréné à la reprise du championnat après l’arrêt imposé par la pandémie du coronavirus. Une série de dix victoires d’affilées dans une dernière ligne droite qui se jouait tous les trois jours. Des succès notables, comme celle contre Valence, difficiles comme face l’Athletic, mais aussi dans la souffrance comme à Granada.

Benzema en patron

Le Real a gagné LaLiga avec un total de 87 points et 70 buts marqués. Ce n’est pas la meilleure saison en terme de chiffres, mais il a été l’équipe la plus régulière avec seulement trois défaites concédées dont aucune à domicile. Une régularité qui s’est reposé sur une défense solide qui n’a encaissé que 25 buts, le plus faible du championnat. Une arrière-garde menée par le duo Ramos-Varane et aussi par un Thibaut Courtois qui est monté en puissance au fil des mois. Les performances de Ferland Mendy, la recrue qui a donné le plus de satisfaction cette année, y ont fortement contribué, même si dans le couloir droit, Carvajal a retrouvé sa plénitude dans la période post-covid.

Au milieu, Modric, souvent utilisé de manière latérale, a permis de construire le jeu avec plus de propreté et, surtout avec très peu de pertes de balle. N’oublions pas aussi les excellentes performances de Casemiro et de Kroos, mais aussi de Vinicius dans certains aspects du jeu ainsi que la révélation de la saison Rodrygo Goes. Les deux Brésiliens ont par moment soutenu Benzema, qui a su créer un duo séduisant avec Eden Hazard pendant les rares moments qu’on les a vu jouer ensemble.

Les statistiques de Karim Benzema en Liga. (Twitter : LigActu)

Le Français, lieutenant de Ronaldo quand le Portugais faisait trembler les filets, s’est mué en patron de l’attaque madrilène. Déjà la saison dernière, dans les marécages de la transition post-Cristiano, Benzema était l’un des joueurs qui avait donné le plus de satisfaction dans une équipe du Real méconnaissable. Il a encore prouvé son statut de leader de l’attaque cette saison avec ses 21 buts marqués. Sans aucun doute, le titre du Real Madrid est l’une des grandes œuvres de Benzema. L’attaquant, tant critiqué ces dernières années pour le peu de buts qu’il marque, a signé une saison fantastique. Il est difficile de chercher le mot football dans le dictionnaire et que Karim Benzema n’y apparaisse pas. Un joueur particulier, souvent incompris, mais qui reste après tout celui qui a le plus grand impact dans l’histoire récente du Real Madrid.

Zidane a mené son groupe vers le titre qui lui tient le plus à cœur. En dépit des polémiques qui ont émaillé la fin de saison en raison d’un arbitrage jugé favorable à son équipe, il s’était préparé pour remettre le Real au sommet de l’Espagne. Lui qui a souvent l’habitude de dire que LaLiga est la compétition la plus difficile a peut-être vécu la campagne la plus compliquée de sa carrière d’entraîneur. Raison en est la petite larme d’émotion tirée le soir du sacre. L’émotion était vive, mais la saison n’est pas encore terminée. Après dix jours de repos, Madrid devra se remettre au travail pour surmonter un autre obstacle : le huitième de finale retour de la Ligue des Champions.

Aduriz, une étoile s’éteint dans le ciel basque

« Le moment est venu de se dire au revoir et c’est la fin de ce voyage, inoubliable et merveilleux du début à la fin », tels étaient les derniers mots d’Aritz Aduriz. Le mercredi 20 mai, dans un message poignant, le mythique attaquant de l’Athletic Club annonce qu’il raccroche les crampons et qu’il ne terminera pas une saison qui se prolongera jusqu’au milieu de l’été.

Parti mais revenu, Aritz Aduriz n’aura jamais pu vraiment quitter sa maison. C’est après pas moins de quatorze ans passés chez les Leones que l’avant-centre, natif de San Sebastian, a décidé de tirer sa révérence, laissant ses admirateurs dans le plus grand des regrets. Son aventure, tout au long de sa carrière, n’aura pas été toute rose mais elle aura eu le mérite de s’achever sur une note symbolique. Vu comme un dieu vivant à San Mamés, Aduriz a également vécu des moments sous les maillots de Burgos, Valladolid, Mallorca, Valencia en revenant à plusieurs reprises sur les traces de ses débuts. Des retours réguliers à l’Athletic peut-être synonymes d’une envie profonde de finir par s’y imposer. Retour sur la carrière surprenante et atypique d’un attaquant admiré et respecté.

Aduriz inscrivait en août dernier son dernier but avec l’Athletic, une chilena à jamais gravée dans l’Histoire… (crédit : Depor)

« Globe-trotter » mais avec une âme bilbaína

Aritz Aduriz débute son parcours de footballeur à l’âge de 19 ans, au CD Aurrerá de Vitoria, dans la ville de Vitoria-Gasteiz, ville connue pour le club de foot qui y réside, Alavés. Dans une famille où le ski de fond est un sport régulièrement pratiqué, le football n’a pas tellement la côte. Pourtant, c’est la passion d’Aduriz. Il intégrera le Bilbao Athletic (équipe B de l’Athletic, NDLR) en 2002 avec quelques rares apparitions en équipe première.

Aritz Aduriz, avec le Bilbao Athletic, en 2000 (crédit : Mundo Deportivo)

En 2003, alors âgé de 22 ans, le Basque s’envole pour Burgos où il y réalise une saison correcte. Du côté du Real Valladolid lors de l’exercice suivant, alors en deuxième division, Aduriz prend de l’importance et s’affirme à son poste d’avant-centre. De retour, en 2006, dans le club où il écrira l’histoire dans le futur, le Donostiarra effectuera des premiers matchs satisfaisants, notamment en inscrivant un doublé dans un derby, avant de passer dans l’ombre de Fernando Llorente.

Attristé par le manque de confiance de sa direction, Aritz Aduriz est transféré à Mallorca pour la somme de six millions d’euros. Il y fait des prestations remarquables et se hisse dans les premières places du classement des buteurs. Le tout avant de poser ses valises à Valencia. Là-bas, il ne s’imposera jamais réellement en voyant que Roberto Soldado lui est préféré. En 2012, après avoir sillonné quelques endroits de l’Espagne, l’Athletic décide alors de repêcher l’attaquant. Un transfert critiqué et surprenant à l’époque mais encensé, voire même adulé, à l’heure où cet article est rédigé…

Aduriz et Jordi Alba, dans une équipe différente aujourd’hui, les deux hommes entretiennent une bonne relation (crédit : Zimbio)

Un symbole du football espagnol qui brise la normalité

Dans le monde du football actuel, Aduriz porte un peu cette image de contre-exemple de ce qu’est la normalité pour un joueur offensif. Et cela s’explique par ce cliché de la vieillesse et de l’âge qu’il a su briser. En effet, c’est après avoir passé la trentaine que le Zorro s’est révélé être une véritable machine pouvant atteindre plusieurs records. Une leçon notable dans une société footballistique où les regards se figent de plus en plus sur la jeunesse et ses talents, laissant parfois de côté des joueurs expérimentés qui regorgent encore de véritables qualités.

Après avoir donc été longtemps dans des situations instables, Aduriz a fait ses preuves à l’Athletic et enchaîne les bonnes performances. Au delà de ses frappes et de sa finition redoutées, c’est surtout le jeu de tête qu’il laisse émerger qui est tout simplement exceptionnel. Aritz Aduriz est d’ailleurs le deuxième joueur ayant marqué le plus de buts de la tête, 34, sur les dix dernières saisons de Liga derrière Cristiano Ronaldo et ses 49 unités.

Derrière les deux monstres que sont Messi et l’ex-Madrilène, il est difficile de se faire une place. Cependant, l’attaquant des Lions parviendra à glaner en 2015 et 2016, probablement les meilleurs moments de sa carrière, le trophée Zarra (trophée qui récompense le meilleur buteur espagnol du championnat, NDLR).

Un véritable cabezazo, face au Real, signé Aritz Aduriz ! (crédit : LaLiga)

Au fil des saisons, Aduriz cartonne et fait peur aux défenses de Liga malgré, ou plutôt grâce à son âge, à tel point qu’on le comparera régulièrement au bon vin qui se bonifie avec temps. Ou même parfois, plus surprenant, il est comparé à Benjamin Button. Le personnage principal d’un film qui naît vieux, à 80 ans, et vit sa vie à l’envers.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de la saison 2012/13 à 2016/17, il ne redescendra jamais en dessous de la barre des quatorze buts en championnat, atteignant même les vingt unités en 2016.

Des performances qui lui vaudront une reconnaissance infinie au sein de son club de cœur mais aussi dans l’ensemble de l’Espagne. En effet, en mettant un terme à sa carrière, Aduriz termine ainsi second meilleur buteur espagnol de Liga au 21e siècle avec 158 buts. Il est devancé par David Villa et ses 186 réalisations. C’est aussi le sixième meilleur buteur de Primera sur la dernière décennie.

Aritz Aduriz aura marqué contre 35 équipes différentes en Liga (janvier 2018) (crédit : Marca)

Un des moments où Aritz Aduriz a, sans doute, beaucoup fait parler de lui, c’était au moment de la SuperCopa de 2015, remportée par l’Athletic. En plus d’avoir ramené un trophée au club, le premier du siècle, il avait également signé un triplé au match aller, à San Mamés, et inscrit un but au retour, au Camp Nou !

Un trophée qu’il estime avoir mieux valorisé au fil du temps, se rendant compte de l’importance qu’il a eu auprès des supporters. Probablement, aussi, un des moments dans lequel il a prouvé que l’âge ne le freinait en aucun cas.

« Si on écrivait une histoire, un tel scénario serait impossible. Pour nous, pour tout ce que cela suppose pour l’Athletic le fait de gagner un titre, c’est la plus grande chose qui puisse arriver, surtout face au Barça »

Les déclarations d’Aritz Aduriz, à l’issue de la double confrontation
La SuperCopa, le premier et unique titre d’Aduriz dans sa carrière (crédit : Cadena SER)

Mais si Aduriz sait briller sur la scène nationale, il n’a pas de mal à le faire à l’échelle européenne. En mémoire, vous avez probablement son but contre Marseille : une superbe reprise lobée, à 35 mètres des cages, qui venait battre Steve Mandanda. Encore un but pour démontrer à quel point le goleador de l’Athletic pouvait frapper fort et à n’importe quel moment.

L’Europa League ? C’était probablement la compétition qu’Aduriz aimait le plus. En 49 matchs, il aura inscrit pas moins de 31 buts, le classant ainsi comme le troisième meilleur buteur de l’histoire de cette coupe, à égalité avec Radamel Falcao. Et puis en parlant de performances sensationnelles, Aritz Aduriz est aussi le seul joueur du format actuel à avoir inscrit un quintuplé en Europa League. C’était le 3 novembre 2016, face à Genk, et en images ça donne ça…

Un autre moment phare de la longue carrière d’Aduriz est celui de la qualification en Champions League, la deuxième du club depuis son existence. Lors de la saison 2014/15, l’Athletic parvient à se qualifier pour la phase de groupes de la plus prestigieuse des compétitions en éliminant le Napoli en barrages. Après avoir concédé le nul 1-1 en Italie, les Basques s’imposeront 3-1 au retour, notamment grâce à un doublé de l’attaquant mythique du club. Un match de plus pour écrire des nouvelles lignes de l’histoire de l’équipe rojiblanca.

Ses prestations remarquables en Europe auront largement contribué à augmenter son compteur de buts avec l’Athletic. Aujourd’hui, à l’heure des comptes, en 407 matchs officiels chez les Leones, Aritz Aduriz aura propulsé le ballon à 172 reprises au fond des filets. Une statistique qui fait de lui le septième meilleur buteur de l’histoire de la formation bilbaína.

Une de ses victimes favorites restera Ter-Stegen, un des gardiens contre lequel l’attaquant basque a le plus marqué… lui laissant quelques mauvais souvenirs !

Enfin, Aritz Aduriz a également porté à quelques reprises les couleurs de la Roja. C’est en octobre 2010 qu’il honore sa première sélection, face à la Lituanie, dans un match de qualification à l’Euro 2012. Sa première réalisation avec la sélection espagnole interviendra en novembre 2016. Alors âgé de 35 ans, il devient, et est toujours, le joueur le plus âgé à avoir marqué un but pour la Selección. Le joueur qui a crucifié pas moins de 91 gardiens différents dans sa carrière a aussi disputé une douzaine de matchs avec l’Euskal Selekzioa.

20 buts d’Aritz Aduriz avec le maillot de l’Athletic (crédit : Athletic Club)

Vous l’aurez donc compris, en plus d’être un attaquant redouté des défenses, Aritz Aduriz a aussi inscrit son nom dans l’histoire de l’Athletic, faisant de lui une légende. Notons d’ailleurs qu’il est le seul joueur du club à avoir réussi à marquer deux buts ou plus dans cinq compétitions différentes (Liga, Copa, SuperCopa, Champions League et Ligue Europa).

Un rêve inachevé

Jouer la finale de Coupe du Roi, voire même la gagner, était évidemment important aux yeux d’Aduriz. Mais en se retirant maintenant, El Zorro del Athletic manque surtout les adieux du publics de San Mamés en tant que joueur. Un rêve sur lequel, lui et les supporters doivent faire une croix. Puisque oui, brusquement, tout s’est arrêté.

Le 9 août 2019, Aritz Aduriz avait déclaré qu’il prendrait sa retraite, à l’issue de l’actuelle saison. Une semaine après cette annonce, l’avant centre zuri-gorriak venait crucifier le FC Barcelona dans les ultimes minutes de la rencontre, quelques secondes seulement après être entré en jeu sous une ovation de San Mamés. Le match d’ouverture de cette saison 2019/20 semblait déjà annoncer la couleur pour un footballeur qui n’en finissait décidément plus de surprendre.

Un dernier but digne d’une oeuvre d’art qui laissera un souvenir indélébile du joueur.
Finir sa carrière sur une telle réalisation, signe du destin ou pur hasard ? (crédit : LaLiga)

Mais dans l’après-midi du mercredi 20 mai, Aritz Aduriz publie un communiqué annonçant qu’il raccroche les crampons. Une triste nouvelle précipitée par une opération à la hanche et l’implantation d’une prothèse. En effet, victime d’une blessure à cette partie du corps en novembre dernier, et absent jusqu’en février, Aritz Aduriz avait déjà confié qu’il souffrait et que cette lésion resterait peut-être à vie.

Finalement, ce qui pouvait s’imaginer comme une dernière saison exceptionnelle, sous des cérémonies de remerciements chaleureuses, va presque virer au cauchemar du point de vue des supporters. On peut quand même logiquement supposer qu’un hommage lui sera rendu quand les aficionados viendront repeupler les stades.

Mais pour Aduriz, sa retraite n’est rien en comparaison de la crise mondiale actuelle. Lui qui avait récemment déclaré, au début du confinement en Espagne, qu’il fallait apprendre à redonner la juste valeur aux choses et qu’il fallait relativiser sur certains points. Finalement, peut-être que tout cela n’est pas si grave même si, évidemment, il regrette d’être parti de cette façon.

« Il est clair que j’aurais aimé dire adieu au football en gagnant la finale de Coupe du Roi contre la Real Sociedad, mais je n’ai pas regrets. Je ne peux pas me plaindre alors que des gens meurent et sont malades à cause de ce virus. Avec le coronavirus, le football a cessé d’être important. Et c’est normal. »

Aritz Aduriz dans une interview pour SoFoot
Samedi 22 mai, à San Mamés, Aduriz est applaudi par ses coéquipiers avant de répondre aux questions des journalistes dans un stade bien vide (crédit : Athletic Club)

Cette blessure à la hanche n’était peut-être pas anodine. Contraint de s’arrêter plusieurs mois à cause de cette dernière, elle lui a aussi rappelé qu’il était temps de s’arrêter, que son corps avait donné le maximum pour qu’il lutte, qu’il reste au niveau. Mais maintenant, il fallait mettre un terme à tout cela et Aduriz l’a très certainement compris quand il a choisi d’écouter ce que lui disait son corps.

Après tout, il n’avait pas tellement de choix même si la rumeur d’une éventuelle prolongation jusqu’en 2021 se murmurait ces dernières semaines. Aduriz a fait ce choix qui, au fond, est compréhensible malgré la tristesse qu’il a provoqué. Il abandonne à côté de lui toute une équipe, même une famille, des fans, des amis, un stade, des adversaires, une saison qui tenait encore beaucoup de suspens. Il abandonne ce qu’est réellement le football.

Toute la fierté d’un joueur avec l’âme d’un lion quitte le monde du football (crédit : Fandom)

Un véritable exemple, comme le disent certains joueurs, sur le terrain comme en dehors. Toutes ses marques de respect et d’humilité ainsi que son envie permanente de se battre et de mouiller le maillot laisseront de lui un souvenir inoubliable dans les mémoires d’une très grande partie des fans du football espagnol.

Lui qui estime avoir eu la chance d’avoir pu faire ce dont il avait envie, jouer dans son club de cœur, et qui pense que les premiers hommages qui lui ont été rendus sont plus que ce qu’il méritait. Lors de sa conférence de presse d’adieux à San Mamés, on a senti tout le plaisir, tout l’amour qu’il avait eu avec le maillot de l’Athletic, et plus généralement, dans l’ensemble de sa carrière. En remerciant toutes les personnes qui l’ont aidées à en venir à là, en s’excusant auprès des adversaires avec lesquels il n’a pas été toujours correct, Aritz Aduriz se retire mais ne perd pas le sourire, s’estimant déjà chanceux d’avoir pu faire du football son métier.

C’est donc une page, même plus que ça, un chapitre, qui se tourne dans l’histoire de l’Athletic avec le départ d’un tel élément. Combatif et solide, Aritz Aduriz renvoie aujourd’hui une image d’un joueur qui va dans le sens inverse de la grande majorité des attaquants. L’âge aura même été un tremplin dans sa longue carrière. Une carrière composée de moments magnifiques comme difficiles mais dans laquelle il a pris du plaisir. Pour lui, ce n’était ni le succès, ni les trophées et encore moins l’argent qui comptaient. Ses valeurs étaient bien différentes et simples. L’humilité, le respect, la santé, la gratitude et la gaieté de pouvoir faire au quotidien ce qu’il aimait par dessus tout : jouer au football. C’était ça qui l’importait le plus. Le monde du football perd plus qu’un joueur, il perd un homme passionné et ses valeurs qui, aujourd’hui, semblent s’oublier bien trop facilement.

Eskerrik asko Aritz…

Rubiales dans la tourmente : crise en vue à la Fédération ?

L’actualité de ces dernières semaines se résume évidemment à la crise du Covid-19 qui paralyse le monde entier. En Espagne, comme dans la quasi-totalité des pays du monde, le football professionnel et amateur est à l’arrêt. Luis Rubiales, président de la Fédération Espagnole, critiqué de toutes parts, tente tant bien que mal de gérer cette crise alors qu’une véritable crise institutionnelle semble se profiler.

En ce moment, la RFEF (Fédération Espagnole, NDLR), LaLiga et l’AFE (Syndicat des Joueurs, NDLR) essuient les critiques concernant leur incapacité à collaborer dans des temps aussi difficiles que celui que nous traversons où l’unanimité se fait attendre. Le drame se ressent plus particulièrement autour de Luis Rubiales. L’actuel président de la RFEF ne semble pas être dans la meilleure posture pour aborder les élections qui auront lieu, au plus tôt, fin mai. Impliqué dans des affaires qui dégradent son image, Rubiales tente d’apporter du nouveau dans le football espagnol. Des changements qui divisent en Espagne et qui le fragilisent encore un peu plus, lui, et surtout la Fédération qui donne l’impression d’être également en difficulté.

Roja : Luis Rubiales "con dos cojones" - Furia Liga
Le bilan de l’Espagnol à la tête de la Fédération reste très mitigé (crédit : FuriaLiga)

Des changements pour sauver les meubles ?

Luis Rubiales l’a très bien compris, il ne part pas favori pour remporter les prochaines élections à la présidence de la Fédération. C’est son adversaire principal, Iker Casillas, qui est montré largement en tête dans les sondages. Pour inverser la tendance, Rubiales veut apporter divers changements concernant le football espagnol. Sachant qu’il n’a plus rien à perdre, il souhaite tenter le tout pour le tout.

Commençons par évoquer les deux principales réformes de son mandat à savoir celle de la Copa Del Rey mais aussi de la SuperCopa qui ont toutes les deux pris effet lors de cette saison 2019/20.

La réforme de la coupe nationale a plu aux amateurs de football notamment grâce à la suppression des matchs aller-retour, sauf en demi-finale, et aussi en instaurant que ce serait désormais l’équipe de la plus basse division qui jouera le match chez elle, devant son public. Alors qu’à l’heure actuelle il ne reste plus que la finale à disputer, les médias et supporters espagnols tirent un bilan positif de cette première réforme. Certains ont vu en cette réforme un retour aux valeurs du football qui mettait en avant les équipes les plus modestes. Effectivement, les gros ont chuté dans cette compétition, si bien qu’en demi-finales, nous comptions trois équipes de Primera (Real Sociedad, Granada & l’Athletic) et même le CD Mirandés, équipe de deuxième division. Vous l’avez remarqué, ni le Real, ni le Barça, ni l’Atlético ou ni le Valencia CF n’étaient là, tous éliminés auparavant. Symbole d’une réforme qui aura redonné de l’enjeu à une compétition parfois trop souvent délaissée…

Mirandes: Who are the Plucky Underdogs in the Copa del Rey Semi ...
Les joueurs du CD Mirandés célébrant leur qualification pour les demi-finales après avoir battu le Villarreal CF, le Sevilla FC ou encore le Celta (crédit : 90min)

En revanche, la réforme de la SuperCopa est nettement moins bien passée. Premièrement, c’est le format que Luis Rubiales a décidé de changer en incluant quatre équipes au lieu de deux : le vainqueur de Copa et son finaliste ainsi que le vainqueur de Liga et son dauphin. Beaucoup de médias ont critiqué ce nouveau format qui rajoutait des matchs en janvier, mois où les calendriers sont réputés pour être relativement chargés. Ce qui a également fait tâche, c’est le lieu où s’est déroulé la compétition, à savoir en Arabie Saoudite. Le pays du Golfe Persique a versé 120 millions d’euros à la RFEF pour accueillir la compétition jusqu’en 2022. Inutile d’expliquer qu’il fut difficile, voire impossible, pour les aficionados espagnols d’aller au stade pour voir jouer leur équipe aussi loin de leurs terres.

Un peu plus dans l’actualité, ce qui fait couler beaucoup d’encre et qui fait débatt en ce moment, c’est la récente proposition, cohérente pour certains, loufoque pour d’autres, visant à envoyer le finaliste de Copa del Rey en Europa League. Revenons plus en détail sur cette proposition.

Récemment, les membres de la Fédération se sont réunis afin d’établir une liste des sept équipes espagnoles qui iront en Europe si jamais la saison de Liga est annulée. La RFEF a alors décidé de prendre en compte le classement actuel qui enverrait quatre équipes en Ligue des Champions et trois en Europa League. C’est là où Luis Rubiales veut changer les choses et a proposé d’envoyer le finaliste de Copa en Europe si jamais son vainqueur y est déjà qualifié par le biais du championnat. Si jamais la saison en cours est annulée, cela signifierait que dans tous les cas l’Athletic serait en Europe la saison prochaine, puisque la Real Sociedad est déjà virtuellement qualifiée en Ligue des Champions, et ce quelque soit la résultat de la finale.

Corona Virus Outbreak makes the Copa Del Rey Final waver
Luis Rubiales posant devant le trophée de la Copa, en compagnie de Jokin Aperribay (président de la Real Sociedad) et Aitor Elizegi (président de l’Athletic) (crédit : Eng News 24)

En somme, qualifier le finaliste de Copa reviendrait à supprimer une qualification potentielle via la septième place du championnat qui était synonyme de barrage pour accéder à l’Europa League. Toujours actuellement, c’est le Valencia CF qui en ferait les frais. Il reste désormais à savoir si Rubiales souhaite appliquer ce changement uniquement pour cette saison, si elle est annulée. Rien ne dit que ce changement ne sera pas définitif au cours des futures saisons. Pour cela, il faudra très probablement se mettre d’accord avec LaLiga, ce qui ne sera pas chose facile.

Le natif de Las Palmas aura également aidé les clubs des plus basses divisions dans cette crise du Covid-19 en leur apportant des aides financières. Nous noterons aussi qu’il a œuvré, au début de saison, dans l’histoire des horaires en Liga en s’opposant à ce que des rencontres soient jouées le vendredi et le lundi. Finalement, c’est une balle au centre puisque seuls les matchs du vendredi ont été maintenus. Ceux du lundi ont disparu, au plus grand désarroi de son collègue Javier Tebas.

Des accrochages trop fréquents avec Tebas qui le décrédibilisent

Ce n’est pas nouveau, Javier Tebas, président de LaLiga, et Luis Rubiales ne s’entendent tout simplement pas. Les deux hommes n’hésitent pas à se tacler de temps en temps sur divers sujets où ils sont très souvent en opposition, comme sur l’affaire des matchs du vendredi et lundi ou bien encore, plus récemment, en ce qui concerne la reprise du championnat. Une polémique qui enfle en Espagne et qui fait chuter la côte de popularité des deux dirigeants.

Lors d’une réunion entre le Syndicat des Joueurs, la RFEF et LaLiga, il y a peu de temps, les avis divergeaient. Selon les médias, une fois le championnat repris, la Fédération souhaitait faire jouer toutes les 72 heures et LaLiga toutes les 48 heures. Le but étant de boucler rapidement la saison, tandis que l’AFE demandait de meilleures conditions pour les joueurs. Entre accusations et diffamations, les communiqués des institutions ont fusé en se rejetant la faute et en niant les faits reprochés.

LaLiga Santander: The war between Tebas and Rubiales | MARCA in ...
Luis Rubiales et Javier Tebas, deux hommes que tout oppose (crédit : Marca)

Pour couronner le tout, Luis Rubiales a enregistré et divulgué publiquement les échanges au cours de cette réunion. De quoi remettre de l’huile sur le feu quand l’AFE et LaLiga déclarent ne pas avoir été informés qu’ils étaient enregistrés alors que la Fédération affirme les avoir prévenu… Dans cette affaire, le Syndicat des Joueurs a peu existé, acceptant un coup les 48 heures proposées par Tebas, puis se disant obligé d’accepter les 72 heures de Rubiales. La situation en est donc au point mort.

« Les audios révèlent ce que l’AFE et la Liga voulaient cacher […] En aucun cas ils n’ont été manipulés ou biaisés, comme l’affirme encore une fois LaLiga à tort sans fournir aucun type de preuves »

Luis Rubiales taclant une nouvelle fois LaLiga et assurant que ces audios étaient réels (Mundo Deportivo)

Bien d’autres « petits riens » ont été une source de conflits entre Javier Tebas et Luis Rubiales. Le président de LaLiga s’est d’ailleurs dit surpris que la Fédération n’ait pas pris en compte son avis lorsqu’elle a choisi d’envoyer le finaliste de Copa en Europe, comme évoqué plus haut. Une guerre quelque peu enfantine qui semble ne pas avoir de limites.

Des accusations qui empirent la situation

En plus de cette mésentente avec LaLiga, Luis Rubiales n’est pas au bout de ses peines. En effet, au début du mois d’avril, il a été accusé d’avoir falsifié des documents concernant les futures élections à la présidence de la RFEF. Ces documents, dont on sait peu pour le moment, semblaient avoir un lien sur le nombre de personnes éligibles à voter à la Fédération et auraient pu avoir une influence directe sur le résultat de l’élection. Une affaire qui pourrait bien mettre fin aux espoirs de réélection de Rubiales…

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Suite à cette affaire, Rubiales et son avocat comparaîtront à Madrid le 21 mai prochain (crédit : 20Minutos)

Dans son mandat, l’Espagnol s’est aussi décrédibilisé avec l’ingérence des cas Lopetegui et Moreno. Le premier avait été démis de ses fonctions de sélectionneur à seulement deux jours de l’entrée en lice de l’Espagne au Mondial 2018… pour s’être engagé en tant qu’entraîneur du Real Madrid sans en avoir informé Luis Rubiales.

Et concernant Robert Moreno, histoire plus récente, il avait été renvoyé pour céder sa place à Luis Enrique. Pour rappel, l’ancien coach du Barça avait décidé de quitter son poste de sélectionneur en juin 2019, en raison du décès de sa fille. Il avait été remplacé par son adjoint, auteur de très bons résultats, jusqu’en novembre 2019, qui avait déclaré qu’il était prêt à faire un pas de côté pour qu’Enrique revienne.

En fin d’année dernière, il est renvoyé sans réel motif au lieu de reprendre son poste d’adjoint. Enrique justifiera son licenciement en affirmant qu’il avait trouvé Robert Moreno trop «ambitieux» et qu’il y voyait quelque chose de «déloyal». De son côté, Rubiales avait été soupçonné d’avoir pris une décision sportivement incohérente. Deux dossiers mal gérés qui restent en mémoire des Espagnols, rallongeant la liste des polémiques autour de ce dernier.

Robert Moreno totalise un total de quatre victoire en six matchs (crédit : futbol.com)

Tourmenté, Luis Rubiales désire donc apporter de la nouveauté dans le football espagnol pour, peut-être, essayer d’inverser la tendance grâce à un gros coup de poker et de virer en tête aux élections. Néanmoins, son mandat assez mitigé et ses problèmes en interne nuisent à son image et à celle de la RFEF. Pas toujours exemplaire dans ses fonctions, Rubiales semble avoir perdu la confiance du football amateur en Espagne et donne une trajectoire inquiétante au crédit de la Fédération. C’est également ce que l’on pourrait associer à un début de crise lorsque l’on voit l’accumulation d’histoires fâcheuses qui s’abattent sur la RFEF. Face aux critiques que les institutions essuient, et plus particulièrement la RFEF, le moment de réorganiser l’organigramme du football espagnol est peut-être arrivé…