Euro 2020 : L’Espagne et la crainte d’une nouvelle déroute ?

Attendu depuis des mois de par sa notoriété sur le continent, et même à l’échelle mondiale, le coup d’envoi de cet Euro atypique est enfin arrivé, censé célébrer ce qui se devait d’être l’édition centenaire de la compétition. Capital, cet évènement est attendu de pied ferme en Espagne, sans ignorer les dangers inquiétants qui pèsent au dessus de sa sélection.

La Roja est à l’aube d’un défi bien plus que sportif, qui compte aussi pour son honneur. Redorer le blason après l’humiliation de 2014 et les échecs de 2016 et 2018, toutes marquées par la transition avec la génération dorée qui a inscrit son nom dans les livres d’histoires. Néanmoins, cette période de changements ne semble pas entièrement achevée aujourd’hui et maintient l’Espagne dans une position instable avant d’affronter la Suède, la Pologne et la Slovaquie en phase de poules de l’Euro. C’est avec de l’envie qu’une sélection largement rajeunie par rapport aux précédentes tentera de briller à nouveau, sous la houlette de Luis Enrique, entre espoirs et craintes. Entre nécessité de triompher et crainte d’un nouvel échec…

Un contexte de préparation angoissant

Difficile de trouver un contexte plus anormal que celui que le football connait depuis une année désormais. Reporté, cet Euro a tout d’une édition qui ne sera pas comme les autres, même jusque dans les sélections. L’Espagne fait partie de ces équipes dont les journalistes ont beaucoup parlé depuis quelques jours. Et pour cause, l’ensemble du staff technique et des joueurs Roja ont dû être placés à l’isolement après que Sergio Busquets ait été testé positif. Chose d’autant plus inquiétante que la nouvelle tombait seulement deux jours après l’amical disputé face au Portugal, terminé sur un terme match nul et vierge.

Réunie depuis le 31 mai avec une liste de 24 joueurs, sur la limite des 26 autorisée par l’UEFA, la convocation de l’équipe nationale espagnole a complètement été chamboulée. La Fédération attend de voir l’évolution du rétablissement du milieu barcelonais, tout en sachant que les chances de pouvoir compter sur le joueur semblent minimes mais pas inexistantes.

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La convocation de la Roja effectuée par Luis Enrique pour cet Euro (crédit photo : @SeFutbol)

Dès lors, plusieurs mesures ont été prises et 6 joueurs ont été contraints de paralyser leurs vacances pour rejoindre l’expédition à Madrid, afin uniquement de se joindre aux entraînements de la sélection parallèlement. Ainsi, Brais Méndez, Carlos Soler, Rodrigo, Pablo Fornals, Raúl Albiol et Kepa ont répondu favorablement à Luis Enrique. Aussitôt, des entraînements de manière individuelle ont été instaurés, malgré la répétition de tests négatifs de la part du reste de l’équipe. On apprendra toutefois dans la nuit du mercredi 9 juin que Diego Llorente a également été testé positif, obligé de quitter momentanément la concentration à son tour, dans un chaos absolu. Deux jours plus tard, les médias de communication officiels de la Roja communiqueront que le défenseur central de Leeds était faux positif, ayant été testé négatif sur les derniers tests PCR réalisés, et serait réintégré au groupe.

Assiégée par les médias, la Selección a dû composer avec un environnement oppressant et presque insupportable par moment. Il faut dire que la formation de Luis Enrique était en proie aux critiques depuis plusieurs jours de par l’unanimité qu’elle génère fortement sur les terres ibériques. La bulle sanitaire et médiatique, presque sacralisée tant elle est importante pour les sportifs, n’aura pas eu l’effet désiré, perturbant ainsi le rythme de préparation de l’Espagne. En effet, la mise en isolement de l’ensemble de La Furia a eu des conséquences sur le match amical programmé contre la Lituanie, le mardi 8 juin. Cette rencontre a finalement été disputée par les joueurs de l’équipe U21, mais officiellement sous le titre de la sélection nationale absolue ! En plus de nombreux records qui sont tombés, le score a surtout été le reflet de la qualité d’une sélection talentueuse, victorieuse 4-0 de la formation lituanienne.

Au final, ces 6 joueurs ont été rejoints par 11 autres en provenance de la sélection U21 pour maintenir les entraînements individuels en parallèle, en prévision d’autres détections de cas positifs. Il faut préciser que l’Espagne aura jusqu’au début de la compétition pour prendre une décision sur le cas de Busquets, et éventuellement le remplacer. La volonté de Luis Enrique et de la sélection est en tout cas de tout mettre en œuvre pour pouvoir compter sur celui qui est le capitaine de l’équipe durant l’Euro. Une fois substitué de la liste officielle, un joueur ne pourra plus participer durant le reste du tournoi. Susceptibles de faire une croix sur ce qui est parfois perçu comme un rêve à tout moment, joueurs et staff font logiquement preuve d’une nervosité nuisible à la préparation de la sélection, aussi source de tensions internes. Pour couronner le tout, la sélection suédoise annonçait de son côté la détection de deux cas positifs à moins d’une semaine d’affronter l’Espagne.

La liste des 17 joueurs ayant travaillé en parallèle de la Roja durant cette préparation à l’Euro (crédit photo : @SeFutbol)

Pendant ce temps, le Ministre de la Culture et des Sports espagnol est monté aux créneaux pour soutenir les joueurs en déclarant qu’ils seraient vaccinés en urgence, avant le début de l’Euro. Mesure officialisée ensuite par la Ministre de la Santé, déclarant que les joueurs seront vaccinés avec le ‘Vaccin Janssen’, pour la plupart des membres de la sélection, à seulement trois jours de leur rencontre d’ouverture. Polémiques et débats se sont alors déclenchés en Espagne, pour ne rien arranger au déroulement de cette préparation. Une partie importante de la population s’est sentie inégale et indignée de voir que les sportifs semblaient privilégiés dans ce dossier.

Dans le même temps, la RFEF se lamentait de ce moment délicat en interne, ne comprenant pas pourquoi le gouvernement n’avait pas vacciné la sélection, avant le début de la concentration. Le président de la Fédération, Luis Rubiales, laissera apparaitre des nouvelles divergences dans les versions en soutenant qu’il avait fait une demande pour vacciner la sélection depuis 2 mois… quand le gouvernement explique avoir eu une première discussion sur le sujet avec lui la semaine précédant le regroupement des joueurs.

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A l’image de Gerard Moreno, l’ensemble des joueurs espagnols ont été vaccinés ce vendredi au siège de la RFEF (crédit photo : @SeFutbol)

C’est d’ailleurs dans cette même ambiance médiatique qu’Aymeric Laporte, grande nouveauté de cette liste, voyait un journaliste l’interroger sur son amour et sa fidélité à réellement défendre le maillot espagnol. Une question qui pèse lourd dans un climat déjà trop anxiogène auquel le défenseur de Manchester City a parfaitement répondu, tout en laissant transparaitre son étonnement : « Je suis enchanté d’être ici, je vais tout faire pour défendre ce maillot ». L’interrogation du journaliste n’a pas manqué de déclencher de nouvelles tensions en Espagne quant à l’utilité et l’objectif d’une telle remarque, sûrement déplacée.

Autre changement qu’il convient de préciser, bien que moins impactant sur la sélection : le changement de la ville hôte de la sélection. A quelques semaines du coup d’envoi de la compétition, l’UEFA a finalement décidé d’attribuer l’accueil de la compétition en Espagne à l’Estadio de la Cartuja, basé à Sevilla, et qui pourra accueillir entre 15 000 et 20 000 spectateurs, annulant par la même occasion l’accord conclu avec l’Estadio San Mamés, de Bilbao. La mairie basque a reçu en échange une somme de compensation pour rembourser une partie des installations et aménagements effectués dans la ville depuis des années à cette occasion. La Roja évoluera donc dans le stade avec lequel la Fédération a conclu un accord commercial puisqu’il est devenu l’enceinte officielle de la sélection mais aussi des finales de Copa pour les prochaines saisons.

Avec un seul match pour régler les détails et permettre aux joueurs de mieux se coordonner, la préparation s’apparente quasiment à un fiasco. Dans une période où le jeu de la Roja est parfois brouillon et où les choix de joueurs ne sont pas encore clairement fixés, la tournure des évènements est bien loin d’être idéale et avantageuse aux Hispaniques, avec un même message qui ne cessait d’être lu partout ces derniers jours : « Alerta en la Selección« . Des zones d’incertitude peut-être trop grandes à quelques jours d’une semaine du début d’un tournoi aussi crucial que l’Euro qui inquiètent et angoissent l’Espagne, d’autant plus face à la mauvaise gestion d’une telle situation qui rappelle étroitement celle de 2018.

Luis Enrique, l’homme de la discorde

Si un homme ne parvient pas à faire l’unanimité au sein de la sélection espagnole, il s’agit bien de son représentant principal : Luis Enrique. Le sélectionneur divise supporters mais aussi médias et journalistes, et la situation ne semble pas être propice à un apaisement. L’Espagne et son football semblent plus fracturés que jamais, bien loin de l’union sacrée qu’est censée incarner une sélection lors de rassemblements internationaux.

Euro 2020 : la liste de l'Espagne avec un retour surprenant !
Luis Enrique disputera son premier tournoi majeur à la tête de la Roja (crédit photo : Onze Mondial)

Cependant, les critiques dont est victime l’ancien entraîneur du Barça ne sont pas récentes et ont des explications, mais s’accroissent depuis un temps avec danger. La liste des joueurs retenus pour disputer l’Euro n’a pas aidé Enrique à se réconcilier avec l’opinion d’une grande majorité des supporters, le maintenant dans une position relativement inconfortable. Les choix déçoivent et ne sont pas compris.

Le principal absent est évidemment et sans conteste le capitaine historique de cette équipe, Sergio Ramos. Le central du Real Madrid a vécu une saison compliquée avec les Merengues, sans cesse touché par les blessures qui ne lui auront permis que de disputer seulement 4 rencontres officielles en 2021. Au-delà de la qualité, c’est le leadership du personnage qui pourrait manquer à une sélection plutôt novice, qui se cherche et appréhende encore les grands moments. Désolé de l’absence de Ramos, Enrique s’est justifié en conférence de presse en assurant que le manque de temps de jeu du leader espagnol avait pesé dans la balance pour prendre cette lourde décision.

Discutée mais compréhensible, la non-sélection de Ramos ne fait pas autant polémiquer que celle de joueurs tels que Mario Hermoso, Iago Aspas, Sergio Canales, Jesús Navas ou encore Nacho, auteur d’une superbe seconde partie de saison, qui ne s’expliquent pas. Le flou du sélectionneur pour apporter une réponse à ses choix ne satisfait pas les supporters et agace même profondément. Autre fait marquant de cette liste : aucun joueur madrilène n’y figure. C’est une première dans une compétition internationale et officielle que dispute l’Espagne, un tremblement de terre médiatique qui n’a pas manqué de faire parler dans les journaux.

Faut-il y voir des raisons personnelles pour Luis Enrique de ne sélectionner aucun joueur du Real Madrid ? L’ancien entraîneur du Barça est en tout cas pointé du doigt et n’a jamais vraiment justifié les absences de Nacho ou Asensio de la liste initiale. La polémique est d’autant plus forte que parmi les joueurs appelés en renfort, aucun ne provient du club blanco. Certains reprochent à Enrique un manque d’objectivité et de neutralité qui nuirait à la sélection, étant trop influencé par son ancien passage au FC Barcelona, et donc qui pourrait se montrer hostile à la sélection de footballeurs de la Casa Blanca. Vrai ou non, plus largement, c’est l’ensemble des choix qui questionne.

Si Luis Enrique a pu faire appel à Aymeric Laporte, nationalisé espagnol sportivement quelques jours auparavant, le sélectionneur n’a pu être épargné des remarques des médias mais surtout des amateurs du ballon rond. Entre ironie et rire nerveux, c’est surtout l’inquiétude et le manque de clarté autour des choix pour composer cette équipe qui font peur au public espagnol. Enfin, le choix de sélectionner 24 joueurs sur les 26 possibles n’est pas forcément partagé.

Initialement présentes sur les réseaux sociaux et dans les journaux, les critiques se sont multipliées et ont pris une autre dimension. Un cap a été franchi au Wanda Metropolitano quand l’Espagne recevait dans un match amical, le vendredi 4 juin, la sélection portugaise. Alors que le speaker annonçait l’ensemble des titulaires et remplaçants du côté espagnol pour cette rencontre, le nom du sélectionneur a copieusement été sifflé par le public. Symbole des fractures et divergences dont Luis Enrique semble être devenu aujourd’hui le responsable. Cet évènement s’ajoute à la liste de ceux qui nuisent à l’environnement médiatique autour de la sélection espagnole, dont l’image s’est beaucoup ternie au cours des derniers jours… Luis Enrique devra en plus faire face à une situation exceptionnelle avec des joueurs ou membres de son staff pouvant potentiellement être amenés à subitement quitter la sélection.

Toutefois, le sélectionneur a tenu à organiser une conférence de presse le jeudi 10 juin afin de clarifier la situation. Evoquant l’actualité sanitaire mais aussi sportive de la sélection, Luis Enrique s’est montré très confiant et rassurant devant les médias tout en reconnaissant que la préparation n’était pas optimale.

De la qualité mais aussi des incertitudes

Dans une sélection nationale espagnole, les bons, voire très bons, joueurs ne peuvent pas manquer. Historiquement, la Roja a toujours été une des meilleures équipes d’Europe en s’appuyant sur un réservoir de footballeurs très qualitatif. L’Euro 2020 ne fait pas exception à la règle, mais l’effectif composé par Luis Enrique amène aussi beaucoup d’interrogations. Si l’occupation de certains postes est clairement définie, d’autres le sont beaucoup moins.

La première incertitude se trouve à un poste aussi crucial que celui du gardien de but. Installé dans les cages hispaniques depuis novembre, Unai Simón sort d’une saison irrégulière avec l’Athletic où il a alterné parades décisives et erreurs. Le but concédé contre le Kosovo venait d’une sortie absolument ratée de sa part, mais Luis Enrique maintient pour le moment sa confiance envers le portier basque. De Gea, lui, est plus expérimenté, mais semble anéanti mentalement depuis un temps et dans la difficulté de se relever, aussi récent perdant de l’Europa League. Enfin, Robert Sánchez est nouveau depuis mars. Auteur d’une saison prometteuse avec Brighton, le natif de Cartagena, semblait pouvoir s’emparer du poste de titulaire selon les rumeurs. Incertitudes pour le staff de la sélection, mais aussi, et logiquement, au sein de la population espagnole. Un remaniement complet des joueurs était sollicité par le public à ce poste, avec notamment les noms de Remiro, Asenjo ou encore Pacheco qui ressortaient à la suite de leur bonne saison dans leur club respectif.

Selección Española de Fútbol on Twitter: "🛑 ¡¡NO PASARÁN!! 😏 Vale, lo  confieso. Me encantan estas fotografías. #SomosEspaña #EURO2020  https://t.co/xXL6WVjNwV" / Twitter
L’expérience de David De Gea sera assurément précieuse pour les autres portiers de la sélection (crédit photo : @SeFutbol)

La défense centrale préoccupe légèrement car, sans Ramos, l’esprit du vestiaire n’est plus le même. Laporte et Pau Torres semblent être les favoris pour jouer, mais Eric García ou Diego Llorente paraissent être à un niveau inférieur pour assurer une titularisation à ce poste. Les couloirs sont bien garnis, avec notamment le positionnement de Marcos Llorente comme arrière droit que beaucoup de supporters auraient préféré voir dans un rôle plus offensif ou au milieu de terrain, comme sous les ordre de Simeone à l’Atlético. A noter, le retour de César Azpilicueta qui n’avait plus joué en sélection depuis la fin 2018. Quant à eux, et sans surprise, Gayà et Alba tiendront le couloir gauche de la défense.

Le milieu est extraordinairement talentueux pour sa part et n’a pas besoin d’être changé quand on y retrouve des joueurs comme Koke, Pedri, Thiago, Busquets ou encore Fabián Ruiz. Pour l’attaque, la qualité ne manque pas même si beaucoup d’autres joueurs auraient pu être appelés. Préféré par le sélectionneur, Morata ne semble toutefois pas faire l’unanimité à la pointe de l’attaque espagnole, d’autant plus après ses nombreuses imprécisions contre le Portugal, et nombreux sont les supporters qui aimeraient davantage voir Gerard Moreno. Enfin, malgré l’absence douloureusement regrettée d’Iago Aspas, les ailiers convoqués rassurent et ont en eux un fort potentiel bien représenté par la jeunesse : Dani Olmo, Oyarzabal, Adama Traoré, Ferran Torres, même si la présence de Pablo Sarabia est quant à elle plus contestée.

Spain humble Germany 6-0 in Nations League
Ferran Torres fait partie des meilleurs ailiers espagnols du moment, en pleine explosion à Manchester City (crédit photo : The Financial Express)

Reste désormais à coordonner cet ensemble pour tenter d’obtenir des résultats satisfaisants, avec la maitrise du jeu. C’est ce qui a parfois manqué à l’Espagne de Luis Enrique avec des victoires poussives, comme en Géorgie, ou bien des faux pas désagréables contre la Grèce et la Suisse. La défaite contre l’Ukraine en octobre avait fait tâche bien qu’il s’agisse du dernier revers de la sélection jusqu’à aujourd’hui. On note depuis une victoire écrasante contre l’Allemagne (6-0) ainsi qu’un succès contre le Kosovo (3-1), dans un bilan plutôt mitigé ou du moins qui ne tend pas forcément à directement rassurer.

Dans une période difficile et mouvementée, l’Espagne se présente donc à l’Euro 2020 où faire un bon parcours, avec la manière, s’est imposé comme quelque chose de vital pour l’histoire du sport hispanique. Avec l’envie de retrouver la gloire passée, le chemin est encore long et semé d’embûches, mais aussi d’incertitudes et de divisions qu’il faudra tenter d’éliminer durant le tournoi. Mais la Roja n’est pas n’importe quelle sélection et sait de quoi elle est elle-même capable. La jeunesse manque peut-être d’expérience mais assurément pas d’envie, et c’est ce qu’il faut retenir. Le défi est clair et important, renaître de ses cendres ou s’effondrer à nouveau.

Bilan de saison 2019/20 – Athletic Club

Tout avait si bien commencé lorsque le mythique Aritz Aduriz avait signé son dernier but d’une chilena inoubliable, contre Barcelone. Alors que cette saison semblait prometteuse pour l’Athletic, le club basque a de nouveau manqué la qualification en Europe, son grand objectif. Avec la qualité de son effectif, l’équipe de Garitano a beaucoup déçu en échouant en seconde partie de tableau au vu des attentes placées en elle. Véritable arme au quotidien, le silence de San Mamés n’aura fait que déstabiliser davantage une équipe qui s’est écroulée sur la fin de saison...

La saison de l’Athletic Club semble paradoxale, avant d’avoir été irrégulière. Avec un groupe de joueurs qui n’a pas évolué par rapport à l’exercice précédent, l’impression reflétée est une amélioration nette du niveau de l’équipe qui ne s’est pourtant pas traduit dans les résultats. Une onzième place, restée en travers de la gorge des supporters, expliquée par un jeu parfois simple et trop peu axé sur l’attaque. Après une première partie de saison réussie, l’Athletic a ralenti en seconde partie d’exercice, remettant ainsi en cause le statut de son entraîneur et de ses ambitions. L’espoir du public rojiblanco n’aura pas pu envoyer une équipe, capable du meilleur comme du pire, en compétition continentale, encore une fois. Et ce malgré la qualité d’une équipe soudée.

Une imperméabilité défensive pour tenter de combler un irréalisme offensif

La défense a été la vraie force de cette campagne pour l’Athletic, avec d’impressionnantes performances. Cinquième meilleure défense du championnat à l’issue de la dernière journée, l’équipe ZuriGorriak a été emmenée par son indéboulonnable charnière centrale composée de Iñigo Martínez et Yeray. L’ancien de la Real Sociedad a été un véritable taulier au mental remarquable qui a su gérer ses coéquipiers de par son assurance.

A ses côtés, Yeray sort d’un exercice maîtrisé. Le canterano basque ne cesse de progresser et son évolution a été nette au cours des matchs, toujours très habile dans son secteur. Moins utilisé, Unai Núñez a aussi su être remarquable dans ses interventions.

Sur les couloirs, Ander Capa et Yuri Berchiche ont également répondu présent tant défensivement qu’offensivement, surtout pour l’ancien Parisien dont le niveau a été exceptionnel. Une ligne de quatre défenseurs déjà bien gardée et des meilleures de Liga qui, avec 38 buts concédés en autant de rencontres, réalise une saison historique.

Enfin, le dernier rempart a assurément été la grande révélation de cette saison pour les Leones. Gardées par Unai Simón et ses 23 ans, les cages basques sont restées inviolées à treize reprises en Liga. Le portier de Vitoria-Gasteiz a fait à merveille son travail, sauvant ainsi son équipe à plusieurs reprises cette saison. Le vivier défensif de l’Athletic pourrait d’ailleurs être une des pioches importantes de La Roja pour les prochains rassemblements.

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Choisi par Gaizka Garitano pour garder les cages de l’Athletic, Unai Simón a surpassé les attentes placées en lui en sortant d’incroyables parades (crédit : Mundo Deportivo)

Cependant, l’Athletic a pêché offensivement. Une faille majeure et impardonnable traduisant un manque cruel de réalisme. Seulement 41 buts inscrits par les Bilbaínos, un total bien trop faible pour une équipe qui désire jouer le haut de tableau.

Pourtant, les occasions n’ont pas manqué pour le club basque qui possède de biens meilleurs chiffres que l’an passé et qui, surtout, a souvent dominé ses rencontres sans pour autant s’imposer. Portée par Raúl García et ses quinze réalisations, qui sort de sa meilleure saison depuis le début de sa carrière en Liga, l’attaque rojiblanca a été trop peu efficace. L’enfant du club, Iñaki Williams n’a marqué qu’à six reprises cette saison tandis que Muniain, certes plus impliqué dans la construction que dans la finition, a inscrit cinq goles.

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Dans ce qui est du 4-2-3-1 de Garitano, l’attaque a parfois été réajustée. Positionné en tant qu’avant-centre lors de la première partie de l’exercice, la Pantera s’est finalement déportée sur l’aile droite pour laisser place à l’ancien Colchonero, qui a convaincu à ce poste. Avec l’émergence du jeune Oihan Sancet en tant que milieu offensif, Iker Muniain s’est parfois retrouvé sur le flanc gauche de l’attaque, prenant ainsi la place d’un Iñigo Córdoba dont la saison a été ratée.

Les apparitions, attendues plus régulières par le public basque, d’Asier Villalibre ont proposé une alternative notable pour le poste de buteur de l’Athletic. Le natif de Gernika profite aussi du départ d’Aritz Aduriz, retraité, pour gagner du temps de jeu. De plus, il faut souligner l’apport des deux latéraux Yuri et Capa qui totalisent cinq buts et six passes décisives à eux deux en Liga.

Athletic de Bilbao: Encouraging scorers for Raúl García and ...
Malgré leur saison à la dynamique opposée, Iñaki Williams et Raúl García s’entendent à merveille sur le terrain et en dehors (crédit : JuniperSports)

Le problème de cette équipe se situe également au milieu de terrain. La charnière, souvent composée de l’infatigable Dani García et du jeune Unai López, a manqué d’implication offensive. Si le second a tout de même délivré quatre passes décisives, le premier réalise à merveille ses tâches défensives mais se montre trop peu présent devant.

Les rôles des deux milieux sont logiquement différents mais, globalement, il y a peu de créativité vers l’avant et une difficulté à conserver la balle et la faire circuler, qui se retrouve dans l’ensemble de l’équipe. Avec un entre-jeu pas assez décisif, l’Athletic s’appuie sur une défense très solide mais doit également se réinventer avec l’arrivées de jeunes et des retours de prêt pour être plus tranchant en attaque.

L’irrégularité, résultat d’une saison à deux visages

Si l’Athletic n’a pas pu atteindre les places européennes, c’est en grande partie à cause de son irrégularité. Bien que le club soit resté durant la seconde partie de saison seulement à quelques unités des places continentales, après les avoir bien occupé durant la phase aller du championnat, il n’y a jamais eu de dynamique concrète sur le long-terme.

En difficulté à l’extérieur, avec seulement quatre succès, l’Athletic a donc du mal à installer une spirale de résultats positifs. Même si les Basques se sont montrés meilleurs en dehors de leur camp lors de cette campagne qu’auparavant, en partie grâce au huis clos, ils n’ont parfois pas su prendre des points vitaux dans des matchs où ils étaient supérieurs. Ce même huis clos s’est également révélé être un obstacle pour San Mamés, enceinte où les Leones sont habituellement réputés pour être solides.

Valencia 0-2 Athletic: Raúl García y el Athletic dejan al Valencia ...
En fin de saison, les zuri-gorriak avaient empoché trois points cruciaux en signant un important succès à Mestalla (crédit : El Español)

Pour beaucoup de joueurs, la saison a été irrégulière, à l’image des performances. Si on a senti un Athletic serein et en forme lors de la première partie de la campagne, il l’a été beaucoup moins ensuite. Avec seulement quatre défaites et sept victoires après dix-neuf matchs, le club occupait la huitième place, à un seul point de l’Europe.

Mais la phase retour va se compliquer. L’Athletic va notamment connaître une série de dix matchs sans victoire dont quatre défaites consécutives mais, étonnement, continue de triompher lors des matchs en semaine en Copa. Défensivement, la solidité sera diminuée : treize buts encaissés en phase aller contre 25 en retour. Les clean-sheets d’Unai Simón en témoignent, neuf sur la phase aller contre quatre dans la seconde partie. Des chiffres notables mais qui prouvent la chute d’une équipe au fur et à mesure du temps.

L’Athletic a donc eu une difficulté à maintenir le même niveau durant toute la saison. Malgré la diminution du rendement défensif, l’attaque s’est montrée plus dangereuse et prolifique sur la deuxième phase du championnat. En bref, mis à part la charnière centrale, le poste de gardien et sûrement Yuri Berchiche, le reste des joueurs a globalement fait une saison irrégulière, du « haut vers le bas », de más a menos.

Effectivement, la saison de cet Athletic est particulière. En plus d’être terriblement irrégulière, cette campagne installe un fait paradoxal. Lors du bilan de cette saison, le constat est frappant. Cette équipe a clairement progressé par rapport à la saison 2018/19 sur le plan individuel individuel mais aussi collectif. On sent une défense plus sereine, un milieu plus impliqué et libre et une attaque peut-être plus créatrice mais moins réaliste.

Leganes Beat Athletic Club
Avec l’expulsion d’Unai Simón a dû s’incliner contre Leganés pour l’avant-dernière journée mais surtout dit au revoir à retrouver l’Europe (crédit : Bleacher Report)

Pourtant, la formation emmenée par son capitaine Muniain n’a pas tellement fait mieux. Avec cette onzième place, les Lions terminent à cinq points de l’Europe quand ils étaient à égalité avec le septième l’an passé. Il est clair que le niveau de la Liga s’est resserré durant ces mois de compétition et que la lutte pour l’Europe a été plus rude. Cependant, les problèmes offensifs évoqués auparavant ont également été un frein bien que l’équipe ait nettement progressé collectivement.

Malgré le très bon parcours en Copa avec l’arrivée en finale, dont le verdict final est toujours attendu, la Liga 19/20 du club basé à Bilbao symbolisera un nouvel échec pour obtenir une qualification européenne.

Gaizka Garitano et l’ombre d’un doute qui plane

Le football évolue vite. Il y a un peu plus d’an et demi, Gaizka Garitano arrivait à la tête de l’Athletic. Nommé en décembre 2018, le technicien basque a la tâche de remonter une équipe qui occupe la zone rouge. Chose promise, chose due. Le club achève la saison en tant que huitième du classement, ayant perdu sa place européenne à la dernière journée au profit de l’Espanyol. Après ses six mois à la tête du club, la satisfaction envers lui est grande et il est donc logiquement prolongé jusqu’en 2020.

Pour cette saison 2019/20, Garitano veut poursuivre sur la même lancée qu’il a finit la précédente campagne. Reprendre ce 4-2-3-1 mais avec quelques évolutions concernant les joueurs. Malgré les quelques échecs tactiques, la première partie de l’exercice est bonne, avant de se dégrader en partie à cause de son coaching.

Bilbao : Gaizka Garitano prolonge d'une saison
En 72 matchs sur le banc des Lions, Garitano comptabilise 33 succès (crédit : Foot Mercato)

Le natif de Bilbao va essuyer les critiques à plusieurs reprises. Son manque de rotation est décrié, tout comme la tactique qu’il aura tenté de mettre en place au début de l’année. Principalement utilisé de janvier à février, le 5-3-2 instauré se révèle être un échec : l’Athletic ne gagne plus, subit et manque énormément de rigueur. Il faudra mystérieusement attendre que le 4-2-3-1 revienne de façon permanente pour revoir des succès.

Garitano compose ses XI avec un bloc fixe, ne faisant que très peu tourner et accordant peu de confiance à son banc, certes de qualité moindre à certains postes. Dans des moments de difficulté, les supporters rojiblancos n’ont pas toujours compris pourquoi des profils tels que celui d’Ibai Gómez n’avaient pas été sollicités pour débloquer la situation.

Enfin, son coaching en général est jugé trop frileux. A plusieurs reprises, le coach basque a cherché à défendre et assurer le score au lieu d’essayer de tuer le match, cela même lorsque le score affichait un match nul. Pourtant, avec lui, l’Athletic a déjà pu réaliser de bonnes performances lorsque ses choix étaient justes.

Garitano: “We must keep a cool head” | Athletic Club
Dans sa zone technique, l’entraîneur rojiblanco est très tonique et expressif (crédit : Athletic Club)

Du côté du public, on espère évidemment que Garitano offrira plus de temps de jeu à la jeunesse et n’hésitera pas à remanier son bloc dans les moments compliqués. Récemment, sa prolongation jusqu’en 2021 a fait débat, du fait qu’il n’atteigne pas l’objectif européen. Toutefois, la direction continue de lui afficher sa plus grande confiance et les supporters ont salué la performance histoire du club en Copa avec lui.

C’est donc une nouvelle saison sans Europe qui s’annonce pour les basques de l’Athletic Club. Après avoir connu la joie et soutenu leur équipe en confiance durant les premiers mois de compétition, les aficionados rojiblancos ont vu leur équipe s’écrouler en seconde partie de saison et manquer ses objectifs. La solide défense du club est un véritable atout, reconnu nationalement, et même au delà des frontières espagnoles, avec des renforts de taille venant du centre de formation, mais l’attaque doit à tout prix trouver un nouveau souffle. Malgré les critiques, Garitano sera donc en charge de mener à bien cette équipe talentueuse tout en résolvant la faille de l’irrégularité et en améliorant son coaching qui a coûté des points, aujourd’hui regrettables de ne pas avoir été pris.

Le bilan de la 28e journée de Liga

Très attendue, puisqu’elle marquait le retour du championnat espagnol pour la première fois depuis mars, cette 28e journée de Liga, entamée par El Gran Derbi, signifiait que la vie reprenait peu à peu son cours. Et ce fut le cas, les dix matchs de cette journée se sont déroulés sans incident majeur avec toujours autant d‘enjeux à tous les étages. Retour sur les rencontres de cette 28e journée de Primera.

Sevilla FC 2-0 Real Betis : le retour du football made in Ocampos

Un derby, deux buts, une victoire sevillista mais surtout une performance sensationnelle pour Lucas Ocampos. Qualifié d’événement mondial par Javier Tebas, ce match que tout le monde attendait depuis plusieurs jours a illustré la situation de deux équipes à la dynamique contraire.

Première rencontre pour illustrer le « nouveau football » et son protocole sanitaire si particulier, ce derby n’aura pas été le meilleur de ces dernières années mais probablement celui qui aura provoqué le plus d’excitation et d’engouement. Dans un triste Ramón Sánchez Pizjuán vide, ce sont d’abord les locaux qui se montrent les plus dangereux avec une frappe d’Ocampos s’écrasant sur la barre de Joel Robles (10′).

Les assauts Blanquirrojos vont se poursuivre avec les coups de tête de Jules Koundé (21′) puis Luuk de Jong (26′) qui frôlent à chaque fois le montant gauche du but du Betis. A l’issue de ce premier acte, les Verdiblancos sont tout simplement inexistants et débordés.

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Lucas Ocampos, sensation de la fin de saison ? (crédit : beInSports)

Au retour des vestiaires, la formation de Lopetegui accélère et vient ouvrir le score (55′) par le biais de son Argentin, sur un pénalty provoqué par Marc Bartra qui avait accroché De Jong sur corner, qui prend Robles à contre-pied. Premier but de ce retour du football en Primera.

Dépassée, la défense du Betis va concéder un deuxième but (61′) dans les minutes suivantes. C’est Fernando qui vient placer sa tête sur un nouveau corner, après que la balle ait subtilement été déviée du pied par Lucas Ocampos. Un second but encaissé sur coup de pied arrêté pour les hommes de Rubi. Dans la dernière demi-heure, le Betis va se montrer plus entreprenant, notamment avec les entrées de Lainez et Joaquín, mais sans véritablement inquiéter Vaclík. Affichant un visage terriblement inquiétant, les Verdiblancos s’inclinent donc dans le derby et permettent au Sevilla FC de consolider sa troisième place.

Résumé du match (11 juin 2020, 22h)

Granada CF 2-1 Getafe CF : l’Europe et le rêve andalou

Dans une des affiches les plus alléchantes de ce week-end, c’est finalement l’équipe madrilène qui s’est inclinée après avoir pourtant mené durant une bonne partie de la rencontre. Une défaite dérangeante pour Getafe mais un succès de prestige pour Granada.

En effet, en début de soirée, sous la chaleur andalouse, ce sont les hommes de José Bordalás (devenu au passage l’entraîneur ayant dirigé le plus de matchs dans l’histoire du Getafe CF, NDLR) qui ouvrent le score avec un golazo magnifique de Timor (19′) après une passe intelligente de Cucurella ! Une enroulée puissante qui achève sa course dans la lucarne de Rui Silva.

Durant la première période, David Soria a à peine à s’employer pour saisir quelques ballons mais rien de bien dangereux. Néanmoins, face aux offensives du Granada, les Azulones reculent et finissent par concéder l’égalisation sur un contre-son-camp de Djené. Le central togolais est surpris de voir le ballon rebondir devant lui pensant que Soria s’en était saisi.

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Toute la joie de David Timor, auteur d’un but somptueux (crédit : Mundo Deportivo)

Paniqués et probablement inquiétés des attaques grandissantes du Granada CF, David Soria et ses coéquipiers vont se faire renverser. C’est Carlos Fernández, à l’issue d’une bonne percée, qui profite d’une boulette inhabituelle du gardien espagnol, qui avait relâché un ballon, pour venir l’allumer et mettre son équipe devant au tableau d’affichage (78′). Au final, la persévérance des Andalous aura payé alors qu’ils ne sont plus qu’à deux points de l’Europe !

Résumé du match (12 juin 2020, 19h30)

Valencia CF 1-1 Levante UD : quand la folie s’empare du money-time

Pour le second derby de cette 28e journée, l’importance de gagner pour le Valencia CF était fondamentale. Au terme d’une rencontre équilibrée et qui s’est enflammée sur la fin, c’est un partage des points à Mestalla.

Relativement calme, le premier acte de ce match n’a permis à aucune des deux équipes de se détacher de l’autre avec beaucoup de déchet technique dans le jeu. Seule la frappe de Carlos Soler (28′) venant fracasser le montant de Aitor Fernández est à signaler parmi les rares offensives de cette première période.

Le match va s’animer après la pause, comme dans la plupart des rencontres de cette journée de reprise. C’est d’abord la frappe de Rodrigo (66′), qui oblige le portier du Levante à s’incliner pour sortir un bel arrêt, qui intervient avant l’expulsion de Roger Martí (73′). L’attaquant Granota avait alors été averti une seconde fois après sèchement tamponné le jeune Hugo Guillamón.

Levante: Toca suplir el gol de Roger en el Levante | Marca.com
L’expulsion de Roger a marqué un tournant du match (crédit : Marca)

Finalement, ce sont les joueurs Chés qui vont marquer en premier (89′) grâce à leur numéro 19, Rodrigo Moreno, venant couper au premier poteau un centre à ras de terre de José Luis Gayà. Mais le match n’est pas terminé, au contraire. Sur l’ultime coup franc du match, Rúben Vezo est accroché par Mouctar Diakhaby à l’entrée de la surface de réparation. Un pénalty donc, aisément transformé par Gonzalo Melero (98′), entré en jeu. Un nul logique sur le fond mais au goût de défaite pour le VCF, dont les supporters ont exprimé leur colère auprès de leur central responsable du pénalty.

Résumé du match (12 juin 2020, 22h)

RCD Espanyol 2-0 Deportivo Alavés : le match du déclic ?

Très vite en infériorité numérique, le Deportivo Alavés a souffert durant toute la rencontre sans même pouvoir tirer une seule fois. Un succès qui fait la joie de l’Espanyol, de nouveau dans l’espoir de pouvoir se maintenir.

C’est une vingtaine de minutes que le match va prendre un tournant différent, jusqu’alors assez calme et équilibré. Sur un ballon en profondeur lancé par la défense barcelonaise, Fernando Pacheco manque complètement sa sortie et se saisit du ballon dans l’arc de cercle de sa surface, se voyant logiquement expulsé (18′). Cette exclusion donne donc l’occasion à Roberto, gardien remplaçant du Deportivo Alavés, de pouvoir s’illustrer à de nombreuses reprises.

Le gardien viendra d’abord réaliser un beau double arrêt face à Wu Lei (29′), puis un nouveau, cette fois-ci en s’illustrant avec un sauvetage réflexe sur le retourné de Adrián Embarba (42′). Impressionnant jusque là, avant de finir par céder sur un coup de tête rageur de Bernardo Espinosa (45+2′), juste avant la pause.

Bernardo Espinosa anotó gol en el triunfo del Espanyol ante el Alavés
Dominant largement la rencontre, l’Espanyol a enfin été récompensé de ses efforts (crédit : Revista Semana)

Et puis, quelques secondes après avoir débuté la seconde période, l’Espanyol va inscrire un second but par Wu Lei qui se présente en face à face devant Roberto (47′). L’attaquant chinois avait été complètement oublié de la défense basque. La fin de match sera plutôt calme malgré les deux tentatives des Pericos (52′ et 80′), respectivement captées et détournées par Roberto, important dans ce match. Le tout avant que Sergi Dader vienne manquer le cadre sur une offrande de RDT (88′). Avec cette victoire, l’Espanyol reprend confiance et peut espérer un déclic dans le but de se maintenir.

Résumé du match (13 juin 2020, 14h)

RC Celta 0-1 Villarreal CF : entre exultation et colère

Proche d’obtenir un point cruellement important pour son maintien, le Celta s’est finalement effondré dans le temps additionnel après avoir longtemps tenu face à une équipe de Villarreal énergique.

La première action du match est à mettre au profit de la formation valencienne avec un premier tir de Gerard Moreno, renvoyé par la défense, et surtout suivi d’un second de Santi Cazorla, bloqué net par Rubén Blanco (15′). Dans la minute suivante, le sous-marin jaune accélère et Vicente Iborra voit sa puissante frappe, venant d’un centre de Mario Gaspar, être détournée par les mains fermes de Rubén (16′).

Les assauts s’enchaînent de la part du Villarreal CF et les Galiciens ne cessent de reculer, se reposant sur leur gardien, comme l’a prouvé la belle incursion dans la surface de Gerard Moreno (35′) mais qui n’a pas pu cadrer. En seconde période, la défense du Celta est mise à mal par le rush de Chukwueze (66′) avant de subir la percée de Carlos Bacca (86′), qui avait pourtant mis à terre Rubén Blanco, voyant son tir raser le poteau.

Samu parachuta al Villarreal en Vigo - Valencia City
Héroïque pendant 90 minutes, Rubén Blanco a finalement dû s’incliner en toute fin de rencontre (crédit : ValenciaCity)

Submergés et sans cesse en train de reculer, le Celta va craquer. Et c’est de Manu Trigueros que va venir la solution. Après une nouvelle intervention du portier galicien dans les pieds de Bacca, Manu Trigueros va finalement récupérer ce ballon et le propulser dans les cages (93′) après qu’il ait été dévié par la jambe de Jeison Murillo. Un résultat qui fait les faveurs du Villarreal CF, exultant, pour la course à l’Europe mais qui enfonce le Celta, abasourdi, dans la lutte pour le maintien.

Résumé du match (Samedi 13 juin, 17h)

CD Leganés 1-2 Real Valladolid : un maintien aux trajectoires différentes

C’était LE match du maintien de cette journée de reprise, dans ce sprint final encore tant indécis, dans lequel deux formations luttent pour rester dans l’élite du football espagnol. Ambitieux mais peu réaliste, le CD Leganés a finalement fini par être puni.

En même temps, il faut dire qu’il y a difficilement pire comme scénario que celui d’encaisser un but dès les premières minutes pour une erreur… Pourtant, c’est une mésentente totale entre le portier Pichu Cuéllar et son défenseur, Chidozie Awaziem, qui a permis à Enes Ünal (2′) d’ouvrir le score. Un ballon qu’aucun des deux protagonistes n’a pris mais poursuivi avant finalement qu’il finisse dans le but.

Voulant repartir de l’avant, Leganés a tenté quelques incursions à l’image de Kévin Rodrigues (11′) ou Guido Carillo (43′) mais avec un cruel manque de précision et de rigueur. Peu présent offensivement, l’équipe de Sergio va doubler la mise grâce à Rubén Alcaraz, tout heureux de marquer (54′) en voyant le ballon boxé par Pichu Cuéllar, atterrir devant lui après qu’un de ses coéquipiers ait manqué sa reprise.

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La gaffe défensive des Madrilènes aura permis à Ünal d’inscrire son cinquième but de la saison (crédit : Pucela Fichajes)

Insistant pour marquer, les Pepineros vont finalement obtenir un pénalty en raison d’une faute de Mohammed Salisu sur Roger Assalé. L’homme des coups de pieds arrêtés et prêté par le Real, Óscar Rodríguez, ne se fera pas prier pour venir tromper Masip (83′). Motivé mais peu transcendant, Leganés s’incline finalement et peut avoir des regrets en sachant que le maintien sera de plus en plus difficile à acquérir.

Résumé du match (13 juin à 19h30)

RCD Mallorca 0-4 FC Barcelona : déjà du lourd pour la reprise

Un match avec un semblant d’incertitude qui s’est en réalité très vite décidé entre deux formations dont l’objectif est le maintien pour les locaux et évidemment, le titre pour les visiteurs a conclu ce samedi soir. Au final, le suspens n’aura pas duré.

C’est seulement après quelques secondes que Arturo Vidal a pu venir crucifier (1′) Manolo Reina d’un cabezazo très bien placé sur un centre millimétré de Jordi Alba. Le travail de Frenkie de Jong sur l’action du but est également à souligner. Mallorca ne baisse pas les bras, comme tout au long du match, et rétorque avec une frappe enroulée de Kubo à l’entrée de la surface mais sortie par les gants de Ter-Stegen (21′).

Avec idées mais sans organisation, les Bermellones perdent rapidement le ballon et encaissent un second but (37′), après plusieurs erreurs, inscrit par Martin Braithwaite d’une puissante reprise, son premier avec le Barça. Le Danois va obtenir une nouvelle occasion de but mais sortie du bout du pied par Manolo Reina (58′) alors que Ante Budimir avait tenté sa chance vers les cages blaugranas quelques minutes plus tôt (48′).

Mallorca 0 - Barcelona 4: resumen, resultado y goles - AS.com
De retour avec un nouveau look, Messi continue d’être demandé par les supporters… même à huis clos ! (crédit : AS)

A son tour, le jeune Ronald Araújo va venir inquiéter les cages majorquines en frappant sur le poteau sur un centre de Sergi Roberto (59′). Enfin, c’est Jordi Alba qui va venir crucifier Manolo Reina après un caviar de Messi en profondeur (78′) suivi d’un nouveau but de ce dernier (90+3′). Une victoire logique mais un score dur pour une équipe de Mallorca qui sera restée motivée et qui devra continuer son combat pour se maintenir.

Résumé du match (13 juin 2020, 22h)

Athletic Club 1-1 Atlético de Madrid : le nul qui n’arrange absolument personne

Attendu comme un véritable duel pour l’Europe, ce partidazo a finalement vu l’Athletic et l’Atlético se neutraliser logiquement en se répondant coup pour coup dans un San Mamés vide et, inhabituellement mais logiquement, muet.

Dominés pendant le premier quart d’heure du match dans ce premier match du dimanche, les Basques subissent dans un premier temps les offensives des Colchoneros. Après avoir alarmé les buts gardés par Unai Simón avec une frappe de Carrasco (12′), l’Atleti recule et concède deux occasions importantes dans le domaine aérien… toutes détournées par l’incroyable Jan Oblak. La première est signée Iñaki Williams (25′) sur un centre de Capa, et la seconde de Yeray après un bon ballon de Muniain (32′).

Avec ce gros temps fort, les Leones en profitent pour ouvrir la marque grâce à leur capitaine Iker Muniain, plaçant un extérieur subtil, aidé par Thomas Partey, sur une passe de Yuri Berchiche (36′). Mais la réplique des Colchoneros ne se fait pas attendre. Après une mauvaise relance de Yeray, Koke et Diego Costa se jouent de la défense basque pour venir remettre les compteurs à égalité (39′) et battre Unai Simón.

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Iker Muniain a célébré son but en hommage des personnes décédées du coronavirus (crédit : Deia)

La deuxième période sera, pour une fois, plus apaisée mais tout de même agitée sur la fin. Renan Lodi et Santiago Arias obligent en effet le dernier rempart de l’Athletic à venir réaliser un double arrêt (79′), premièrement sur le centre-tir enroulé du Brésilien, avant de sauver ses cages en se relevant rapidement pour faire barrage au Colombien de l’Atlético. A l’issue de la rencontre, c’est donc un match nul qui n’avantage ni les Lions pour la course à l’Europa League, ni les Colchoneros pour se qualifier en Champions League.

Résumé du match (14 juin 2020, 14h)

Real Madrid 3-1 SD Eibar : la qualité madrilène a surpassé l’envie basque

Attendu pour répondre à son rival barcelonais, qui avait déroulé la veille, le Real Madrid n’a pas déçu. Une victoire sans trembler au profit de la formation d’Eibar, dans une situation bien différente.

Comme à l’image du Barça, le club madrilène a voulu suivre le même début de match. A savoir une ouverture du score très tôt dans le match, ici grâce à Toni Kroos reprenant sans contrôle un ballon expédié directement dans la lucarne de Dmitrovic (3′). Un but cependant contesté pour une minime position de hors jeu de Karim Benzema, non signalée par l’arbitrage vidéo. Pourtant peu dangereux, le Real va surtout se montrer réaliste et inscrire le second but (30′) du match grâce à Sergio Ramos. Monté aux avants-postes, le capitaine Merengue n’avait plus qu’à pousser le ballon au fond des filets après le service d’Eden Hazard.

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Malgré leur envie forte de lutter, les Armeros ont craqué face à la force collective du Real (crédit : Libertad Digital)

L’addition va s’alourdir avec un troisième but, signé Marcelo, envoyant un ballon flottant, mal dégagé par la défense, dans le petit filet de Marko Dmitrović. Avant la mi-temps, le portier serbe va néanmoins réaliser un bel arrêt (45+2′) sur une reprise de Rodrygo. Le Real va ensuite lever le pied et Eibar va en profiter avec Edu Expósito obligeant Thibaut Courtois à s’employer magnifiquement bien à deux reprises (48′ et 56′). Dans la foulée, Sergi Enrich va même venir déposer un ballon sur la barre du portier belge (58′).

Juste après cela, Eibar va enfin trouver la faille et marquer (59′). C’est Pablo de Blasis qui s’exécute avec une reprise, déviée par le dos de Pedro Bigas, qui viendra tromper Thibaut Courtois sur qui la balle aura doucement rebondi. Après ça, plus grand chose n’empêchera Madrid de sceller le score de ce match et de poursuivre le Barça. Eibar se devra de rebondir vite pour son maintien.

Résumé du match (14 juin 2020, 19h30)

Real Sociedad 1-1 CA Osasuna : le coup d’arrêt txuri-urdin

Avec comme objectif de terminer quatrième pour voir la Champions League lors de la prochaine saison, la Real Sociedad a vu hier ses plans être compliqués par la très bonne équipe d’Osasuna. Tenaces et entreprenants, les Rojillos ont fait caler la Real dès la reprise.

Dans ce que l’on pourrait une surprise de la rentrée, ce sont les Txuri-Urdin qui vont se distinguer les premiers dans une rencontre presque ennuyeuse par moments. Aritz Elustondo récupère un ballon en profondeur de Portu à la suite d’un coup-franc mais bute sur le pied salvateur de Rubén Martínez (25′). Un instant plus tard, Robin Le Normand, fraîchement prolongé avec la Real, touche un centre de Adrián de la main et, par conséquent, concède un pénalty que l’auteur du centre transformera dans la lucarne de Remiro (29′).

Les joueurs de Jagoba Arrasate se montrent entreprenants et s’offrent une nouvelle occasion grâce à Marc Cardona (51′) qui récupère en vitesse un ballon mais qui vient mourir à quelques centimètres. Solide, la défense navarraise va commettre une erreur qui coûte chère, laissant Oyarzabal seul de tout marquage qui ne tremblera pas pour égaliser (60′) qui avait déjà vu une de ses tentatives stoppée par Rubén auparavant (54′).

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Osasuna ne sera pas passé loin d’une belle victoire (crédit : Navarra.com)

En fin de match, Osasuna va avoir trois grosses opportunités de passer devant au tableau d’affichage mais Remiro en sauvera une première (88′) alors que les deux autres ne passeront à rien des cages du gardien basque (90′ et 92′). Un nul qui fige les positions des deux équipes au classement.

Résumé du match (14 juin 2020, 22h)

La buena operación de la journée

Très certainement à mettre au profit de l’Espanyol de Barcelona, cette journée aura permis aux Pericos de revenir à seulement trois points du Celta, premier non-relégable. Avec les défaites de tous les concurrents directs (Leganés, Mallorca, Celta, Eibar), les Catalans font un coup parfait dans l’optique du maintien même s’ils occupent toujours la dernière place du classement.

Le golazo de la journée

Difficile de faire un choix mais c’est la frappe sensationnelle de Toni Kroos qui est très certainement le plus beau but de ce week-end. Limpide et sans contrôle, elle a vu le ballon venir se loger magnifiquement bien dans les cages des Armeros. La frappe de Timor reste, quant à elle, un chef d’oeuvre également.

Cette journée de reprise nous aura permis donc de reprendre contact avec le football espagnol et ses dernières journées qui s’annoncent toujours pleines d’incertitudes. Avec les résultats, on peut, peut-être, déjà penser que cette pause aura très certainement fait du bien physiquement et moralement, ou au contraire casser la dynamique, de certaines équipes du championnat. Ces dix rencontres sont aussi l’occasion d’avoir une vision plus tranchée du huis clos dans les stades, comblé en partie par le public et l’ambiance virtuels mis en place.