Bilan de saison 2019/20 – Granada CF

« Eterna Lucha ». Une devise si bien portée et surtout deux mots qui illustrent à la perfection l’esprit et la volonté des joueurs du Granada CF lors de cette saison. Car oui, quelques mois après avoir fait chavirer le Nuevo Los Cármenes pour la remontée du club en Primera, le stade, cette fois vide, aura été le théâtre d’une qualification européenne historique.

Historique, oui. Le mot juste pour désigner l’exercice mené par les Andalous qui vont vivre leur première saison Coupe d’Europe. En plus d’avoir impressionné l’Espagne et donné une leçon de ce que l’envie dans le football pouvait amener, Granada a également réalisé un fabuleux parcours en Copa del Rey. En atteignant les demi-finales du tournoi, le promu a été la véritable révélation espagnole, faisant également émerger les talents méconnus de certains de ses joueurs. En combinant avec l’expérience et la jeunesse de son groupe ainsi qu’avec un coach plutôt jeune, le Granada CF a assurément écrit une des plus belles pages de son histoire.

Un promu déjà taillé pour jouer le haut de tableau ?

Dauphin du CA Osasuna lors du précédent exercice, Granada a donc pu retrouver l’élite que le club n’avait plus connu depuis 2017 avec cette place de lanterne rouge. A l’issue de cette saison, émergeait déjà la fierté et l’ambition d’une équipe qui se battrait coûte que coûte pour rester en Primera. Mais très vite, la direction s’est activée notamment sur le marché des transferts.

Le Granada CF a ainsi réalisé de très bon coups. L’arrivée gratuite de Roberto Soldado est une véritable réussite, les signatures en prêt de Carlos Fernández, Maxime Gonalons ou Yangel Herrera ne peuvent qu’être saluées. De plus, les recrutements à très bas prix de Darwin Machís ou encore de Domingos Duarte, pour seulement trois millions d’euros, révèlent d’un mercato judicieux et qui a porté ses fruits.

Enfin, El Grana a également su s’appuyer sur ses jeunes, en témoigne la promotion de Carlos Neva en équipe première. Le jeune espagnol aura impressionné beaucoup de monde sur son couloir gauche. Les footballeurs déjà présents au club depuis un bon moment, comme Antonio Puertas, n’auront fait que confirmer.

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Indéboulonnable dans le XI nazarí, le Portugais Domingos Duarte sort d’une saison réussie en défense centrale (crédit : Record)

Parti pour jouer son maintien, comme tout promu, ou presque, dans le football, les objectifs du Granada CF vont rapidement changer. Pour preuve, le club andalou occupait la première place du championnat lors de la dixième journée de championnat, avec vingt points ! Il était encore trop tôt pour tirer des conséquences, mais ce premier quart de saison était une réussite totale.

Malgré un passage à vide en fin d’année 2019, le Granada CF occupe le milieu de tableau à la mi-saison. Quelques semaines plus tôt, le club présidé par Jiang Lizhang enregistre la prolongation de contrat de son entraîneur, Diego Martínez, jusqu’en 2021, étant alors sous contrat jusqu’à la fin de l’exercice 2019/20. Une décision logique et grandement saluée par les supporters, tous très admiratifs de l’Espagnol. Arrivé en 2018, le jeune entraîneur de seulement trente-neuf ans avait promu le club en Primera dès sa première saison, avant de confirmer dans l’élite comme on le constate aujourd’hui.

Tout semble donc être sous contrôle et bien se passer en Andalousie après les dix-neuf journées disputées. A l’hiver, le club de Granada va pouvoir compter sur les prêts de Jesús Vallejo et Gil Dias. Cédé avec une option d’achat (levée par le club en fin de saison, NDLR), Dimitri Foulquier effectue son retour chez la formation nazarí tandis que Antoñín arrive de Málaga.

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Un mercato judicieux et à faible coût, Granada a réalisé de très bons coups (crédit : Spain’s News)

Au cours de la seconde partie de l’exercice, Granada va maintenir un court écart avec les places européennes. Dans le sprint final, plus serré que jamais, l’équipe andalouse va battre des adversaires directs tels que la Real Sociedad (2-3) ou Getafe (2-1) et accrocher des équipes comme le Valencia CF (2-2). Enfin, lors de la dernière journée, l’Europe est toujours indécise pour la sixième et septième place. Largement victorieux (4-0) d’un Athletic terrassé, la tension de l’avant-match fait place à l’allégresse et la joie de retrouver l’Europe.

Avant de pouvoir enchanter les jeudis soir du Nuevo Los Cármenes, les Granadinos devront disputer le second et troisième tour de qualification pour espérer atteindre un barrage qui les enverrait en Europa League. La route est longue, mais quand l’envie et le rêve sont associés, plus rien ne semble impossible…

L’envie et le rêve ont fait bon ménage

Européen. Demi-finaliste de Copa. Comment ne pas dire que la saison du Granada CF est un rêve ? Les attentes fixées en début de saison ont évidemment largement été dépassées. Et pourtant, cela était loin d’être prévisible lorsque l’exercice 2019/20 a débuté.

Granada, dix-huitième budget de Primera División, possédait au début de cette saison un des effectifs les plus faibles de cette Liga. Chose plutôt logique pour un promu. Les bonnes performances sont arrivées d’une équipe, avant tout, redoutable mentalement. Un groupe soudé et uni qui n’a fait que croire à ce qu’il voulait avec des joueurs qui se sont surpassés. L’équipe a su hausser son niveau bien plus haut de que ce qu’on pouvait imaginer.

Dans cette équipe, on pourrait presque y voir du fantastique. Au cours de cette campagne, le Granada CF a démontré que l’argent était loin de faire toute la différence dans le football. En voyant le maintien s’assurer plus facilement que prévu, alors c’est évidemment une vague de joie et de gaieté qui s’est emparée du club et de ses supporters.

Pourtant, au lieu de se relâcher, ayant assuré sa place dans l’élite pour la prochaine saison, Granada a continué de se battre, pour terminer le plus haut possible. Et à force d’y croire, ce qui paraissait être un rêve va en fait devenir une réalité. Mis à rude épreuve au cours de ces mois de compétition, le mental collectif de cette équipe s’est révélé être impressionnant.

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Le parcours notable en Copa est le reflet de cette combinaison entre envie et rêve. Avant d’atteindre la demi-finale, l’équipe de Diego Martínez s’est heurtée à plusieurs adversaires, en apparence plus faibles, qui lui ont posé de sérieux soucis. Intégré au tournoi lors du premier tour, Granada va souffrir et connaître les prolongations à plusieurs reprises. Face à des équipes telles que L’Hospitalet, Badalona et Badajoz, l’équipe andalouse connaîtra des prolongations desquelles elle sortira triomphante.

Dans une édition des plus surprenantes, Granada va se défaire du Valencia CF (2-1) en quarts de finale avant de trébucher sur l’Athletic lors de la demi-finale aller-retour. Battus (1-0) et dominés à l’aller, les Andalous s’imposent (2-1) au retour mais sont éliminés par la règle des buts à l’extérieur malgré leur performance remarquable. Mais le positif à retenir est évidemment dans le contenu. Le Granada CF n’aura jamais baissé les bras, ni cessé de croire à ses rêves et aura surtout eu le mérite d’obtenir ce qu’il méritait, pour le plus grand bonheur de ses formidables supporters.

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Face à son ancien club, Roberto Soldado inscrira un doublé libérateur pour envoyer son équipe dans le dernier carré de la compétition (crédit : Marca)

L’énergie de la jeunesse guidée par l’expérience des vétérans

Des vingt-deux ans de Yangel Herrera aux trente-cinq de Roberto Soldado, il y a un monde. L’un réalise une des premières saisons au haut niveau dans le football professionnel quand l’autre arrive sur la fin d’une carrière où il aura tout connu. C’est ce qu’a réussi à bâtir Diego Martínez : un équilibre parfait entre la jeunesse et les joueurs qui ont déjà un passé d’expérience dans le monde du football.

Le succès du Granada CF passe aussi par là. La révélation de nombreux jeunes joueurs cette saison, tels que Rui Silva ou Carlos Fernández, s’explique en partie par ce qu’ils ont pu apprendre auprès des joueurs plus âgés. En attaque, Roberto Soldado a connu un début de saison compliqué avant de finir en beauté. A trente-quatre ans, ses très belles statistiques (sept buts et cinq passes décisives) ont un lien avec son association réussie à Carlos Fernández.

En défense, Germán Sánchez a su épauler à la perfection Domingos Duarte. Les trente-deux ans de Víctor Díaz ont également été un moteur pour animer l’aile droite du Granada CF. La jeunesse a, de son côté, aussi beaucoup contribué à la qualification en Europe du club andalou. Les contributions de talents tels que Yangel Herrera, Gil Dias et Vallejo prouvent que chaque joueur de ce onze s’est senti impliqué et important pour permettre au club de connaître sa première qualification en coupe continentale.

Granada / Yangel Herrera, de baja y pendiente de pruebas médicas
Prêté par Manchester City, Yangel Herrera a été une des révélations de cette saison du côté du Granada CF (crédit : Mundo Deportivo)

Ainsi s’achève donc une saison historique pour le Granada CF. Européen pour la première fois de son histoire, demi-finaliste de Copa, l’équipe andalouse venait pourtant tout juste d’être promue dans l’élite du football espagnol. En déjouant les pronostics grâce à son mental, son esprit d’équipe et ses belles performances, plusieurs révélations ont émergé dans cette formation. Il sera difficile de retenir tout le monde. Alors que certains vont repartir de leur prêt, d’autres hésitent entre partir pour des clubs de très haut niveau ou bien prendre part à la saison européenne, sans oublier ceux qui savent déjà que quitter ce club n’est pas envisageable. En conservant cet esprit compétitif et cette volonté de toujours aller de l’avant, cette équipe sait assurément qu’elle pourra continuer d’écrire l’histoire du Granada CF. Qui a dit que les rêves n’existaient pas dans le foot ?