Après des années de succès dans le club de son cœur, Zinedine Zidane explique dans une lettre ouverte pour ASles raisons pour lesquelles il a fait le choix de quitter le Real Madrid.
« Chers madridistas :
Depuis vingt ans, dès le premier jour où j’ai mis les pieds dans la ville de Madrid et enfilé ce maillot blanc,vous m’avez donné amour. J’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose de très spécial entre nous. J’ai eu le l’immense honneur d’être joueur et entraîneur du club le plus important de l’histoire, mais par-dessus tout, je ne suis qu’un madridista de plus. Pour tout cela, je voulais vous écrire cette lettre pour vous dire au revoiret vous expliquer ma décision de quitter le banc du Real Madrid.
« J’ai essayé de transmettre les valeurs du Real Madrid dans tout ce que j’ai entrepris »
Quand en mars 2019, j’ai accepté de retourner entrainer le Real Madrid après une pause de pratiquement huit mois, c’est parce que le président Florentino Pérez me l’a demandé, évidemment, mais aussi parce que vous me le demandiez chaque jour. Quand j’ai rencontré l’un de vous dans la rue, j’ai ressenti le soutien et l’envie de me revoir avec cette équipe. Parce que je partage les valeurs du madridismo, ce club qui appartient à ses membres, à ses fans, et au monde entier. J’ai essayé de transmettre ces valeurs moi-même dans tout ce que j’ai fait, j’ai essayé d’être un exemple. Passer vingt ans à Madrid a été la plus belle chose qui me soit jamais arrivée et je sais que je le dois exclusivement à Florentino Pérez qui a misé sur moi en 2001, qui s’est battu pour moi, pour me faire venir quand il y avait certaines personnes qui y étaient opposés. Je le dis du fond du cœur, je serai toujours reconnaissant du président pour cela. Toujours.
« Le club ne me donne plus la confiance dont j’ai besoin »
Aujourd’hui, j’ai décidé de partir et je veux en expliquer les raisons. Je pars, mais je ne quitte pas le navire et je ne suis pas fatigué d’entraîner. En mai 2018, je suis parti car après deux ans et demi avec tant de victoires et tant de trophées, j’ai senti que l’équipe avait besoin d’un nouveau dynamisme pour rester au haut niveau. Désormais, les choses sont différentes. Je pars car j’ai l’impression que le club ne me donne plus la confiance dont j’ai besoin, il ne m’offre pas le support nécessaire pour construire quelque chose à moyen ou long terme. Je connais le football et je connais les exigences d’un club comme Madrid, je sais que quand tu n’as plus assez d’envies, il faut partir. Mais ici une chose très importante a été oubliée. Tout ce que j’ai construit au quotidien, ce que j’ai apporté dans la relation avec les joueurs, avec les 150 personnes qui travaillent avec et autour de l’équipe a été oublié. Je suis né pour gagner et j’étais ici pour conquérir des trophées. Mais au-delà de cela, il y a les êtres humains, les émotions, la vie et j’ai le sentiment que ces choses n’ont pas été valorisées, qu’il n’a pas été compris que ça aussi était important pour maintenir la dynamique d’un top club. D’une certaine manière, on m’a même fait des reproches.
Un entraîneur historique et iconique, Zidane quitte Madrid en y laissant une trace indélébile (crédit photo : Eurosport)
Je veux respecter ce que nous avons fait ensemble. J’aurais aimé que ces derniers mois ma relation avec le club et avec le président ait été un peu différente de celle des autres entraîneurs. Je ne demandais pas des privilèges, bien sûr que non, mais un peu plus de reconnaissance. Aujourd’hui, la vie d’un entraîneur sur le banc d’un grand club est d’une durée de deux saisons, pas beaucoup plus. Pour durer plus longtempsles relations humaines sont essentielles, sont plus importantes que l’argent, plus importantes que la renommée, plus importantes que tout.
« Cela m’a fait très mal quand j’ai lu, après une défaite, que le club voulait me virer »
C’est pourquoi ça fait très mal de lire dans la presse que j’allais être viré si je ne gagnais pas le prochain match. C’était quelque chose de blessant pour moi ainsi que pour toute l’équipe, parce que ces messages ont été intentionnellement divulgués aux médias, créant des interférences négatives avec le personnel, créant des doutes et des malentendus. Heureusement, j’avais des joueurs merveilleux qui voulaient mourir avec moi. Quand les choses ont mal tourné, ils m’ont sauvé en signant de grands succès. Parce qu’ils croyaient en moi et qu’ils savaient que je croyais en eux. Bien sûr, je ne suis pas le meilleur entraîneur du monde, mais je suis capable de donner la force et la confiance dont chacun a besoin dans son travail, que ce soit pour un joueur, un membre du staff ou tout autre employé. Je sais exactement ce dont une équipe a besoin. Au cours de ces vingt années à Madrid, j’ai appris que vous, les supporters, voulez gagner, bien sûr que nous le faisons, mais vous vouliez surtout que nous donnions tout, que ce soit l’entraîneur, le personnel, le staff et évidemment les joueurs. Et je peux vous assurer que nous nous sommes donnés à 100% pour le club.
Je profite également de cette lettre pour envoyer un message aux journalistes. J’ai fait des centaines de conférences de presse et malheureusement nous avons très peu parlé de football et je sais que vous aimez aussi le football, que ce sport nous unit. Cependant, sans prétendre critiquer ou vous donner des leçons, j’aurais aimé que les questions ne soient pas toujours orientées vers la polémique, qu’on parle plus souvent du ballon et surtout des joueurs, qui sont et seront toujours les plus importants dans ce sport. N’oublions pas le football, prenons soin du football.
Chers Madridistas, je serai toujours l’un de vous. ¡Hala Madrid!
Trois ans après son dernier sacre en Liga, le Real Madrid a repris la couronne lors d’une saison inédite fortement bouleversée par la crise sanitaire mondiale. Réguliers par moments et fébriles dans d’autres, les Madrilènes sont passés par plusieurs humeurs durant ces onze mois de compétition.
Après les plaies ouvertes de la saison dernière, tant sur le jeu comme sur les résultats, l’idée générale était que le Real Madrid devait faire table rase de la génération qui l’a mis sur le toit de l’Europe durant trois saisons consécutives entre 2016 et 2018. Le retour de Zidane à la tête de la maison immaculée était accompagné d’un grand discours de révolution. Une révolte, qui est arrivée là où on ne l’attendait pas. Avec son groupe de vétérans renforcé de quelques recrues, le technicien français a de nouveau brisé l’hégémonie du Barça sur le championnat espagnol. Un 34e titre soulevé dans un rush incroyable de dix victoires consécutives dans la trame finale.
La révolution tactique et mentale
Il avait tout à perdre. Après un premier passage couronné de succès, Zinedine Zidane a accepté de revenir sur le banc d’un Real Madrid, qui digérait mal la période la plus glorieuse de son histoire récente. Le Français est revenu au mois de mars 2019, terminant une saison catastrophique au niveau du jeu et des résultats. Une troisième place en Liga, une élimination précoce en huitième de finale de la Ligue des Champions et une lourde défaite face au Barça en demi-finale de la Coupe du Roi. Alors que tout le monde s’attendait au grand nettoyage durant le mercato d’été, Zidane a fait ce qui est de plus naturel. Il ne fait aucun doute qu’un renouvellement d’effectif doit se faire naturellement.
Le Belge a été la recrue phare du Real l’été dernier. Venu en quelque sorte pour remplacer Cristiano Ronaldo, sa saison, minée par les blessures, nous aura laissés sur notre faim. (crédit image : La Provence Belgique)
Le Real Madrid a certes injecté du sang neuf dans son effectif, avec les recrutements de Luka Jovic, Ferland Mendy, Rodrygo et d’Eden Hazard, mais ça n’a rien changé sur la confiance que Zidane a montrée à sa vieille-garde. Le changement notable a été la quasi-disparition de Marcelo du onze au profit du jeune latéral français. Sinon, l’ossature de l’équipe était composée des vétérans de la première guerre, renforcée par un Thibaut Courtois décisif dans la seconde partie de la saison, un Mendy plus défensif que Marcelo et un généreux Fede Valverde durant la première partie de la campagne.
Toutefois, le plus grand mérite ne se trouve pas dans cette confiance qu’il a accordée à ses cadres. Il est nécessaire de rappeler que le Real Madrid des trois ligues des champions n’était ni l’équipe la plus organisée au niveau tactique, ni la plus rigoureuse lorsqu’il s’agissait de défendre. C’était une équipe avec un punch extraordinaire dans les moments décisifs, raison pour laquelle, elle n’échouait jamais en finale. Cependant, dès les premiers mois de sa prise de fonctions, Zizou savait pertinemment que ce scénario n’était plus utile pour reconquérir l’Espagne.
Capitaine et taulier de la défense, Sergio Ramos a largement contribué au succès avec onze buts marqués cette saison (Crédit-image : Real Madrid)
Le Real a remporté cette Liga, un trophée qu’il avait du mal à toucher durant cette dernière décennie (troisième titre après ceux de 2012 et de 2017, NDLR). Il l’a réalisée grâce à des valeurs qu’il aurait été difficile d’imaginer qu’elles pourraient émerger de cette équipe. Une discipline tactique illustrée par un pressing haut, qui demandait plus de responsabilité de la part des joueurs, mais surtout plus d’efforts. Dans le développement du jeu, l’équipe a beaucoup moins couru sur les contre-attaques que les années précédentes pour deux raisons : effectuer un repli défensif rapide et appliqué, et limiter les erreurs dans les zones vulnérables.
« Que devons-nous faire après deux mois de confinement ? Tous les concepts d’entraînement sont brisés. Donc la réponse était la créativité. Il ne fallait pas inventer juste pour inventer, mais penser autrement. Nous avons constaté que les joueurs avaient besoin de fraîcheur mentale, alors nous avons travaillé cet aspect. Tout le monde pense que nous avons misé sur le physique, non, c’était sur le mental ».
David Bettoni, l’entraîneur adjoint, explique comment le Real a préparé la reprise de LaLiga après le confinement. (Source : Marca)
Mais avant de penser à cet aspect mental dans la dernière ligne droite du championnat, Zidane a d’abord assuré sa solidité défensive Ensuite, les attaques en transition qui ont été l’une des plus grandes forces de son équipe avec Vinicius, Rodrygo et Benzema, soutenus par Valverde ou Modric. L’héritage du grand Real de Cristiano Ronaldo, remodelé avec une bonne assise défensive, a été l’idée de Zizou pour remporter cette Liga. Toutefois, tout n’a pas été parfait, mais c’était largement suffisant face à des rivaux directs, qui n’ont pas réalisé une saison satisfaisante.
Entre doute et régularité
Bien évidemment, la route vers le titre n’a pas été un long fleuve tranquille. Avec l’arrêt du championnat pendant plus de deux mois à cause de la crise sanitaire, il fallait que l’équipe garde la volonté et la motivation d’aller chercher le sacre. Mais avant cela, la pré-saison a été le premier obstacle, avec un Real Madrid pas au niveau et qui a subi une humiliation (7-2) face à son voisin et rival rojiblanco. Une préparation avec des résultats insuffisants sur le terrain, mais aussi dans une ambiance délétère au niveau du mercato. Le recrutement ne répond pas aux attentes de certains et les cas Bale et James n’ont pas facilité la tâche à Zidane.
La course vers le titre a débuté cet après-midi du 17 août 2019 à Vigo, avec un Karim Benzema qui a démontré qu’il allait être le protagoniste principal de la saison madrilène. (Crédit-vidéo : Bein Sport – Youtube)
Deux joueurs indésirables qui finalement resteront toute la saison dans la maison blanche. Si le cas du Gallois semblait prendre une bonne tournure lors de la première journée face au Celta, la suite de l’aventure n’a pas été heureuse à cause de ses prestations moyennes et son attitude dans le groupe. Madrid prenait ainsi ses premiers points à Vigo à la suite d’une victoire qui laissait entendre que la pré-saison n’était qu’un problème de cohésion et de remise de niveau.
Tout de suite, les doutes se sont installés après deux matchs nuls consécutifs, d’abord à domicile contre Valladolid (1-1) et puis à l’extérieur contre Villarreal (2-2). Le premier gros test de la saison en Liga a été réussi au Sánchez-Pizjuán le 22 septembre grâce à un petit but de Karim Benzema (0-1). Le Real montrait déjà qu’il savait souffrir pour gagner. Une qualité d’un futur champion. Mais la succession des événements n’a pas été en faveur de l’équipe. Dans un premier temps, la cinglante défaite (3-0) trois jours plus tôt en ouverture de la Ligue des Champions contre Paris commençait à faire grincer les dents au niveau de la direction.
« J’aimerai bien continuer ; en ce qui concerne mon avenir, demandez à quelqu’un d’autre ».
À la Une de AS le 22 octobre, jour du match contre Galatasaray en Ligue des Champions. Zidane jouait son avenir dans le chaudron d’Istanbul (Source : Diario AS)
D’ailleurs, le parcours en phase de groupes de la Coupe d’Europe n’a pas été convaincant. Malgré la bonne assise défensive qui se dessinait, le Real semblait limité en attaque. Luka Jovic, la recrue annoncée comme le concurrent de Benzema avait des problèmes d’adaptation. Quant à Hazard, ses quelques kilos de trop et les blessures ne l’ont pas aidé même s’il a fait quelques belles prestations sur les seize matchs qu’il a disputés. Cette latence offensive a été bien illustrée lors de la courte défaite à Mallorca avec une équipe impuissante face au promu des Baléares.
Le match nul contre Valence a été célébré comme une victoire. (Crédit-vidéo : Bein Sport – Youtube).
Le Real a dû se racheter quelques jours plus tard face à Galatasaray en Ligue des Champions avant d’entrer dans une phase de solidarité et de solidité. Parfois dominateur, parfois dans l’abnégation, comme ce nul arraché le 15 décembre dans les ultimes secondes au Mestalla (1-1). Parfois tenu par des bouts de ficelle, comme la courte victoire un mois plus tard à Valladolid sur une tête de Nacho (0-1), les merengues ont fait durer de 15 matchs une série d’invincibilité en Liga, dont un point pris au Camp Nou (0-0), une victoire sur l’Atlético (1-0) et avec seulement 7 buts encaissés durant cette période.
De la crise en octobre à la victoire en Supercoupe d’Espagne en Janvier. Le premier trophée de la saison qui amène enfin de la stabilité dans le management de Zidane. (Crédit image : Marca)
La même période a aussi montré une attitude de groupe dans lequel personne n’a épargné une course et l’effort a été total dans la poursuite du bien commun. La victoire en Supercoupe d’Espagne contre l’Atlético de Madrid en janvier a été l’exemple d’un sens du sacrifice de Valverde. Alors que l’équipe semblait être dans sa plénitude, quelques contre-performances ont rouvert le débat sur son réel niveau : la défaite en quarts de finale de la Coupe du Roi à domicile contre la Real Sociedad (1-4), celle contre Levante (1-0) et contre Manchester City (1-2) à seulement quelques jours de la réception du Barça.
En remportant le clásico au Bernabeù, Madrid a terminé la saison de Liga sans prendre de buts face à l’éternel rival, une première depuis la saison 1974/75 (1-0 / 0-0). (Crédit-vidéo : Bein Sport)
Un clásico gagné non sans difficulté, mais qui a montré que physiquement, le Real Madrid de Zidane était au-dessus de ses adversaires. Une puissance physique qui lui a permis de maintenir un rythme effréné à la reprise du championnat après l’arrêt imposé par la pandémie du coronavirus. Une série de dix victoires d’affilées dans une dernière ligne droite qui se jouait tous les trois jours. Des succès notables, comme celle contre Valence, difficiles comme face l’Athletic, mais aussi dans la souffrance comme à Granada.
Benzema en patron
Le Real a gagné LaLiga avec un total de 87 points et 70 buts marqués. Ce n’est pas la meilleure saison en terme de chiffres, mais il a été l’équipe la plus régulière avec seulement trois défaites concédées dont aucune à domicile. Une régularité qui s’est reposé sur une défense solide qui n’a encaissé que 25 buts, le plus faible du championnat. Une arrière-garde menée par le duo Ramos-Varane et aussi par un Thibaut Courtois qui est monté en puissance au fil des mois. Les performances de Ferland Mendy, la recrue qui a donné le plus de satisfaction cette année, y ont fortement contribué, même si dans le couloir droit, Carvajal a retrouvé sa plénitude dans la période post-covid.
Au milieu, Modric, souvent utilisé de manière latérale, a permis de construire le jeu avec plus de propreté et, surtout avec très peu de pertes de balle. N’oublions pas aussi les excellentes performances de Casemiro et de Kroos, mais aussi de Vinicius dans certains aspects du jeu ainsi que la révélation de la saison Rodrygo Goes. Les deux Brésiliens ont par moment soutenu Benzema, qui a su créer un duo séduisant avec Eden Hazard pendant les rares moments qu’on les a vu jouer ensemble.
Les statistiques de Karim Benzema en Liga. (Twitter : LigActu)
Le Français, lieutenant de Ronaldo quand le Portugais faisait trembler les filets, s’est mué en patron de l’attaque madrilène. Déjà la saison dernière, dans les marécages de la transition post-Cristiano, Benzema était l’un des joueurs qui avait donné le plus de satisfaction dans une équipe du Real méconnaissable. Il a encore prouvé son statut de leader de l’attaque cette saison avec ses 21 buts marqués. Sans aucun doute, le titre du Real Madrid est l’une des grandes œuvres de Benzema. L’attaquant, tant critiqué ces dernières années pour le peu de buts qu’il marque, a signé une saison fantastique. Il est difficile de chercher le mot football dans le dictionnaire et que Karim Benzema n’y apparaisse pas. Un joueur particulier, souvent incompris, mais qui reste après tout celui qui a le plus grand impact dans l’histoire récente du Real Madrid.
Zidane a mené son groupe vers le titre qui lui tient le plus à cœur. En dépit des polémiques qui ont émaillé la fin de saison en raison d’un arbitrage jugé favorable à son équipe, il s’était préparé pour remettre le Real au sommet de l’Espagne. Lui qui a souvent l’habitude de dire que LaLiga est la compétition la plus difficile a peut-être vécu la campagne la plus compliquée de sa carrière d’entraîneur. Raison en est la petite larme d’émotion tirée le soir du sacre. L’émotion était vive, mais la saison n’est pas encore terminée. Après dix jours de repos, Madrid devra se remettre au travail pour surmonter un autre obstacle : le huitième de finale retour de la Ligue des Champions.
Trois mois après s’être arrêté, le championnat espagnol va de nouveau reprendre pour la première et deuxième division. Ce sont des dernières journées aux enjeux multiples qui se présentent, du haut au bas du tableau.C’est le Gran Derbi, de Sevilla, un des matchs les plus beaux d’Espagne, qui va avoir l’honneur de rouvrir le bal et surtout de relancer les hostilités dans un ultime sprint final qui va nous tenir en haleine…
La grande question pour cette fin de saison se pose autour du titre de cette édition 2019/20. Le véritable mano à mano entre Catalans et Madrilènes va évidemment prendre une part importante dans cette fin de championnat. En même temps, c’est une véritable la lutte pour le maintien tandis que la course à l’Europe semble ouverte et est un motif d’espérance pour un bon nombre de clubs. Dans le fond du classement, c’est la situation de l’Espanyol qui préoccupe. Mais à côté, plusieurs équipes sont aussi dans le rouge sportivement et devront lutter coûte que coûte. Entre surprises pour les uns et véritables désillusions pour les autres, ces onze dernières journées du championnat espagnol vont nous faire vivre une course à rebondissements. Le tout en 36 jours… et à huis clos.
Bataille pour le titre : un combat féroce à distance
C’est donc la grande inconnue de cette fin de saison en Espagne. Barça ou Real ? Les médias hispaniques donnent à leur tour leurs pronostics sur le futur champion de cet exercice si particulier. A l’heure actuelle, les blaugranas comptent deux points d’avance sur leur rival historique. Une petite avance qu’ils ont pu reprendre lors de la 27e journée, la dernière avant l’arrêt provisoire du championnat, après leur victoire difficile contre la Real Sociedad et en profitant aussi de la défaite madrilène contre le Betis.
Le 8 mars dernier, Sidnei et Tello offraient un succès de prestige au Betis en battant les hommes de Zidane (crédit : Goal.com)
Rappelons qu’une semaine plus tôt, c’était les Madrilènes qui avaient chiper une énième fois le leadership au FC Barcelona grâce à l’importante victoire lors du Clásico, deux buts à zéro, au Bernabéu. Mais la joie des Merengues a été de courte durée si bien qu’aujourd’hui le combat est le même : reprendre définitivement le trône et le garder jusqu’à la fin.
La Casa Blanca veut également mettre un terme aux deux derniers championnats remportés par le club catalan et soulever le trophée que la capitale n’a plus vu depuis 2017. Madrid va devoir pour cela améliorer son rendement offensif, qui a été un problème récurrent et visible dans certains de ses matchs. Autrement, le club peut toujours espérer s’appuyer sur une solide et hermétique défense qui n’a concédé que seize buts cette saison en championnat. Une arme redoutable pour les coéquipiers de Sergio Ramos.
De l’autre côté, c’est le géant barcelonais qui se dresse. Evidemment, et sans surprise, le danger est et sera toujours Leo Messi. Plus besoin de le décrire. Sur le plan de l’attaque, le Barça se porte très bien cette saison. Les hommes de Setién comptent avec eux le retour de Luis Suárez, qui s’est remis de sa blessure.
Vinícius inscrivant la première des deux réalisations madrilènes dans le plus médiatisé des chocs du monde (crédit : YahooSports)
A l’inverse de son concurrent direct, le Barça connait des difficultés défensives cette saison. Malgré les multiples exploits de Ter Stegen devant ses cages, la ligne de défense a souvent été auteure de performances décevantes. C’est souvent la charnière centrale, composée de Lenglet et Gerard Piqué, qui est pointée du doigt même si les erreurs venant des couloirs sont aussi soulignées. Avec 31 buts encaissés en 27 rencontres de Liga, les Catalans font assurément une de leur moins bonnes prestations sur ces dernières années.
Néanmoins, l’essentiel est là avec cette première place. Dans ce jeu du chat et de la souris, le Barça aura pour but de conserver sa première place et remporter une nouvelle fois le championnat. Le décor est planté, l’enjeu est donc de taille. Le Clásico se jouera donc sur onze journées… mais à distance !
Avant la pause, le Barça avait souffert et s’en était remis à son génie pour signer un court succès contre la Real Sociedad (crédit : Reuters.UK)
Course à l’Europe : l’incroyable méli-mélo des clubs
Entre la Champions League et l’Europa League, les clubs les mieux placés, et même certains plus en retrait, s’arrachent les places de qualification pour les compétitions continentales. Quelques uns rêvent de revivre de grandes soirées en semaine quand d’autres veulent tout simplement continuer d’affirmer leur statut de cador. A chaque journée, le classement se bouscule et donne l’impression qu’une équipe, qui paraissait outsider auparavant, devient sérieuse candidate à l’Europe. Un vrai méli-mélo…
La course à la Champions League
Sur les quatre places pour la Champions League, Barcelone et Madrid devraient en toute logique s’accaparer les deux premières. La bataille intéressante va surtout concerner les deux restantes. En tant que protagonistes, on retrouve le Sevilla FC de Lopetegui, qui semble sur le bon chemin pour retrouver la C1, la surprenante Real Sociedad, le Getafe CF, en cinquième place, et l’Atlético de Madrid juste derrière.
Légèrement plus en retrait, le Valencia CF devra se battre pour batailler en Champions League. Pour les autres, derrière, même si aucune option n’est à exclure, l’obtention d’un billet pour la plus prestigieuse des coupes européennes semble peu probable.
Dans ce noyau de six, il y a des interrogations. Solide depuis de très longs mois, les Andalous vont-ils tenir ? La Real Sociedad ne va t’elle pas craquer sur la fin ? Après la qualification en Europa League, est-ce vraiment possible de voir Getafe en C1 ? Enfin, l’Atlético peut-il vraiment ne pas être dans le top 4 alors que le club y est régulièrement depuis des années ?
Du point de vue de l’effectif, c’est l’Atlético qui est évidemment au dessus du reste. Mais pourtant, sur le terrain, ce n’est pas si simple et la difficulté, notamment offensive, des Colchoneros se fait ressentir après avoir renouvelé une partie importante de l’effectif l’été dernier. Néanmoins, tout reste encore jouable.
Qualifié pour les quarts de LDC, l’Atleti est en difficulté sur le plan national (crédit : Jovem Pan)
La Real Sociedad fait une saison particulièrement surprenante, avec de très bons résultats. Avec un effectif notable, les Basques peuvent rêver de terminer en place pour Champions League, et même de finir sur le podium. L’objectif récemment clamé par la direction sportive. L’animation offensive est un véritable régal à Donostia, visible dans la connexion entre Mikel Oyarzabal et Martin Odegaard. Le milieu de terrain est aussi un facteur notable participant aux nombreux succès de la Real.
En Andalousie, retrouver la C1 fait rêver. Une compétition que l’équipe de Julen Lopetegui n’a plus connu depuis deux saisons. Logés à la troisième place, les coéquipiers du scintillant Lucas Ocampos partent favoris pour conserver leur troisième position. Toutefois, les places sont chères et la bataille est rude. Le Sevilla FC possède une défense qui se tient bien et une attaque pas des plus efficaces mais régulière.
A égalité de points avec la Real Sociedad, Getafe ne doit pas être oublié. Les Azulones confirment leur statut après avoir manqué de très peu une qualification pour la C1 à l’issue de la saison passée. Cette année, beaucoup de conditions sont réunies et le club reste bien classé mais avec une qualité d’effectif inférieure à celle des autres protagonistes. Cependant, cette équipe a tellement créé la surprise qu’il ne faut rien négliger. Pas même une qualification en Champions League pour un club qui, il y a encore trois ans, évoluait en Segunda.
A 38 ans, Jorge Molina reste un joueur moteur de l’attaque de Getafe (crédit : The Guardian)
La course à l’Europa League
Concernant l’Europa League, les équipes qui y seront semble déjà plus annoncées mais on sent également qu’une équipe de derrière peut arriver à tout moment en position pour la C3. Là encore, c’est un sprint final sans relâche qui s’annonce.
En faisant un point sur le classement, ce sont provisoirement, comme dit précédemment, Getafe et l’Atlético qui sont en position pour disputer l’EL. En raison de l’absence de finale de Copa Del Rey cette année, pouvant envoyer son vainqueur en C3, la 7e place sera synonyme de tours préliminaires. Elle est occupée par le club Ché.
Le trio mentionné précédemment, toujours en lice pour jouer la C1, part donc avec une longueur d’avance. Plus en retrait, la bataille se fera aussi entre trois belles équipes : Villarreal, Granada et l’Athletic.
Pour le sous-marin jaune, ce sont quatre points qui les séparent de leur rival valencien. De même pour le club andalou de Granada alors que l’Athletic Club compte cinq unités de retard. Rien d’insurmontable jusque là mais pour espérer atteindre l’Europa League, il faudra remporter les matchs décisifs des prochaines semaines. Cela passe par tuer les matchs bien plus tôt, un défaut qui a coûté, à plusieurs reprises, la victoire à la formation de Javi Calleja cette saison.
Régulièrement habitués à évoluer en Europe, l’Athletic et Villarreal n’y sont pas cette saison et veulent y retourner. Un objectif parfaitement cohérent au vu du riche effectif que possède les deux formations. Rater le coche serait évidemment une déception, mais avec la folie que ces deux équipes peuvent mettre sur le terrain, rien n’est infaisable.
De son côté, El Grana, promu de Segunda, n’a rien à perdre. Déjà demi-finaliste de Copa, les hommes de Diego Martínez tenteront d’aller chercher l’Europe pour le bonheur de leurs formidables supporters.
Villarreal et l’Athletic, deux équipes attendues au tournant dans la course à l’Europe (crédit : El Español)
En revanche, la lutte pour l’Europe ne devrait pas concerner d’autres équipes en dehors du top 10. Osasuna, le Betis, Levante et Alavés possèdent un train de retard sur les places européennes et font souvent preuve d’irrégularité. Mais là encore, étant donné que nous n’avons aucune idée de ce à quoi il faut s’attendre après trois mois sans match, rien n’est irréalisable.
Lutte pour le maintien : entre peur et espoir
Enfin, pour le troisième et dernier échelon majeur de ce classement, c’est la lutte pour le maintien qui va attirer notre attention. Dans ces affrontements pour se maintenir dans l’élite, personne n’a vraiment pris d’ascendant sur les autres. De la décevante saison de l’Espanyol à celle en montagne russe du Real Valladolid, l’incertitude règne et terrifie.
A la première vue de ce classement, ce sont six équipes qui semblent être embarquées dans un objectif commun qui est celui de se maintenir. Seulement trois d’entre elles se sauveront. Pour les équipes du ventre mou, évoquées avant, rien n’empêche de les voir aussi se mêler à cette lutte.
Même si le Real Valladolid semble légèrement plus en avance sur ses autres adversaires direct, la situation n’y est pas forcément très rassurante. En championnat, en 2020, la formation Pucela n’a battu que l’Espanyol et Mallorca. Des victoires contre des concurrents directs certes, mais seulement deux succès. Le club comptait six unités sur le premier relégable à la mi-saison, plus que quatre à l’heure actuelle. Pour l’équipe de Ronaldo, il va vite falloir reprendre le bon chemin, celui du maintien. Rencontre décisive dès ce week-end face à Leganés !
Pour Eibar, la tâche sera également très difficile. Les Armeros ont perdu des confrontations directes extrêmement cruciales et avancent aussi au ralenti avec, là encore, uniquement deux succès. Cependant, il y a de l’espoir dans un effectif qui peut s’enflammer et renverser un match. Les deux victoires de la phase retour du championnat étaient remarquables : une victoire 2-0 contre l’Atlético, et un triomphe de prestige, 3-0, contre Levante. Des matchs qui montrent bien que cette équipe sait se surpasser mais pour qui le public manquera cruellement.
Au terme d’une performance sensationnelle, les Basques avaient vaincu les Colchoneros en janvier dernier (crédit : Goal.com)
La mauvaise surprise c’est la présence du Celta de Vigo, à la 17e place de ce classement. Après leur dernière saison compliquée et un maintien obtenu dans les derniers matchs, les Galiciens sont encore à la peine. Cependant, les Celtistas restaient sur de très bonnes performances avant l’arrêt des compétitions avec seulement un revers en Liga, en 2020 ! Généralement convaincante à domicile et capable de sortir une belle performance à l’extérieur, l’équipe d’Óscar García sera peut-être chamboulée par le huis-clos. Avec un effectif de cette qualité, le Celta peut et doit se maintenir. Pour cela, le club peut espèrer compter sur son héros Iago Aspas…
Dans la zone rouge, la situation évolue assez peu depuis quelques temps, mais l’écart ne s’agrandit pas. Le RCD Mallorca occupe la place de premier relégable mais ne reste qu’à deux points de la 16e place. Le club peut donc surgir à tout moment et sortir de cette zone de relégation, même dans les ultimes journées. Le tout est de pouvoir garder le contact et de maintenir l’écart avec les équipes de devant.
Souffrir avant de pouvoir exulter, l’enjeu du maintien (crédit : Marca)
Avant-dernier mais plein d’espoir, et probablement l’équipe avec le plus d’envie sur le terrain pour le maintien, le CD Leganés. Les Pepineros connaissent une saison compliquée sur le plan sportif mais s’accrochent tant bien que mal. Ce qui est fort dans cette équipe, c’est le mental qu’elle a pour se relever d’une défaite, d’une mauvaise série. Un mental d’acier qui laisse penser que, après avoir renversé des matchs comme celui contre Villarreal (avant l’arrêt de la Liga, NDLR), le maintien ne sera pas si dur à aller chercher. Pourtant, il y a d’autres adversaires qui luttent aussi et une réalité sportive à respecter, mais cette équipe n’a pas à baisser les bras.
Enfin, pour conclure avec la lanterne rouge de notre championnat : l’Espanyol. Un des clubs historiques les plus importants de l’histoire du football espagnol, est au bord du précipice. Avec vingt points, le club catalan réalise un exercice laborieux malgré son effectif plus que correct. Des joueurs de talent mais qui ne répondent pas sur le terrain, qui ne trouvent pas le point concordant pour triompher collectivement. Devant, R.D.T. fait le travail mais pour combien de temps encore ?
Joueur important au Rayo, où il était prêté la saison dernière, Raúl de Tomás avait enchaîné les buts mais n’avait pas pu éviter la relégation du club madrilène…
Le joueur, auteur du transfert le plus cher de l’histoire de l’Espanyol ne peut pas empêcher les prestations défensives catastrophiques qui sont le gros problème de cette équipe. Cette dernière place au classement se justifie également par les problèmes offensifs que l’Espanyol a connu durant toute la première partie de saison, avant l’arrivée de R.D.T.
A six unités du premier non-relégable, les Pericos tremblent et savent qu’obtenir leur maintien pourrait être un moment historique de l’histoire du club. Rien d’impossible, non, mais surtout quelque chose d’extrêmement ardu.
En Segunda : le flou tout aussi présent
Du côté de la Segunda, les lignes se dessinent également petit à petit mais avec douceur et lenteur. Le Cádiz CF va très certainement obtenir un ticket direct pour la promotion en Primera et pourquoi pas décrocher le titre. Le Real Zaragoza est également en embuscade.
Pour les barrages de promotion, ce sont énormément d’équipes qui sont impliquées en plus de celles visibles sur ce classement. Numancia, 16e, compte 38 points et a encore plusieurs raisons de croire à disputer le maintien en étant à seulement huit points d’Elche, et même quatre de Mirandés.
Cependant, toutes ses équipes de milieu de tableau, comme la SD Ponferradina (10e et non visible sur les captures d’écran, NDLR) doivent faire aussi attention à leurs arrières. Effectivement, la zone de relégation n’est pas si loin et donne encore une touche de suspens à cette fin de saison.
Sportivement, Extremadura et le Racing sont en difficulté et ont visiblement peu de chances de se maintenir même si mathématiquement rien n’est acté. Le Dépor, club historique, est dans le rouge aussi et se doit de se rattraper au plus vite alors que le Albacete BP, tout proche d’être promu en Primera l’an dernier, joue plutôt dans les dernières places du tableau cette saison. A tous les étages, cette édition de Segunda est aussi un vrai feuilleton dont le scénario final est bien loin d’être écrit !
Ce qui est sûr, au delà de l’incertitude totale du classement final, c’est que la date du 11 juin 2020 restera assurément gravée dans l’histoire du football espagnol. Avec l’enchaînement des matchs et la chaleur, les clubs devront aussi composer avec le terrible huis clos. Ces trois circonstances combinées à des matchs qui seront cruciaux pour débloquer la situation au classement, ce sprint final va être une bataille acharnée et sans relâche mais où les joueurs vont s’arracher et souffrir. A la fin juillet, le verdict final aura été rendu avec, qui sait, peut-être d’énormes surprises…