Entretien exclusif avec Jérémy Blasco, défenseur central de la SD Huesca

A l’occasion de la finale de Coupe des Pyrénées de ce mercredi 6 septembre, entre Pau et Huesca, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Jérémy Blasco. Dans cette interview, le jeune défenseur central nous donne ses impressions sur les enjeux de ce match amical, mais revient également sur son début de carrière à la Real Sociedad, sa place à Huesca, ses modèles en tant que footballeur, ses objectifs, son quotidien, le niveau du championnat de Segunda, l’ambiance au sein du vestiaire… Une occasion de mieux connaître ce jeune joueur qui gagne en importance dans le dispositif des Azulgranas.

LigActu: Bonjour Jérémy, comment vas-tu ?

Jérémy Blasco : Bonjour à tous, ça va très bien, merci. On est sorti d’un match hier (contre Mirandés) et aujourd’hui on a un peu de repos à l’entraînement.

L : Voilà, une petite séance de décrassage. On est avec toi grâce à Bastien de LALIGA, LALIGA Impulso, à l’occasion d’un match face à Pau pour la Coupe des Pyrénées. On va avoir ce petit entretien pour te présenter et présenter cette rencontre. Du coup, je voulais en savoir un peu plus sur toi. Tu as 24 ans, tu es né à Bayonne et tu joues à Huesca : quels sont tes modèles, quelles sont tes références ? Comment se passe ce début de carrière ?

J : C’est un début de carrière plaisant, d’abord à la Real Sociedad où on monte en deuxième division. On était en troisième division, l’équivalent de la Nationale en France, où on fait une superbe année avec Xabi Alonso. On monte en deuxième division, pour une équipe de réserve c’est un peu compliqué car c’est une équipe jeune, sans expérience. Il y a une première année où on descend, on a un modèle de jeu plutôt intéressant, on joue plutôt bien au football niveau technique, tactique, grosse possession de balle, etc. On met pas mal d’équipes en danger mais notre problème c’est dans les deux surfaces, tant défensivement que offensivement il nous manque cette expérience d’une équipe de deuxième division. Après cela, mon contrat se terminait et je cherche un club en deuxième division pour continuer ma progression et en juillet Huesca s’intéresse à moi. Ils venaient de descendre l’année d’avant et ça fait un an qu’ils étaient en deuxième division. Et pour moi c’est une opportunité, je me dis que c’est un endroit où je vais pouvoir grandir en tant que joueur, me consolider, où la ville est tranquille un peu comme à Pau.

L : C’est l’essentiel dans un début de carrière, surtout avec ton expérience…

J : Oui, en étant jeune, c’est ça… Et puis au final, à la Real Sociedad c’était un cocon très familial, c’est une entité un peu spéciale. C’était aussi la première fois où je sortais de cette commodité, parce que ça faisait 12 ans que j’y étais, je pense que Huesca c’était le bon endroit pour grandir à 23 ans. Voilà, l’année dernière c’est une saison normale en deuxième division. J’ai dû me battre pour gagner ma place, finalement j’ai joué presque une trentaine de matchs donc je suis content de ce que j’ai joué et de comment j’ai joué. Et cette année, mon objectif c’est de faire pareil ou plus.

L : Oui, évidemment. Tu nous parlais un peu de Xabi Alonso et de ton expérience avec le Sanse de la Real Sociedad. Est-ce que le jeu des équipes avec Huesca tu retrouves ça ou c’est un modèle différent ?

J : Je pense qu’ici, avec l’entraîneur qu’on a, c’est un modèle plutôt différent. On est bien plus défensifs qu’avec la Real Sociedad, où depuis tout petit ils t’inculquent le fait d’avoir beaucoup la possession, d’être très peu défensifs car on a toujours la possession, jouer très haut. Et quand on arrive ici… Au final, c’est un peu la catégorie, la deuxième division, qui te demande ça parce que c’est des détails qui font que les matchs se décident. Franchement, ici beaucoup plus dans l’aspect et les automatismes défensifs et tout ça. Du moins avec l’entraîneur actuel. C’est un modèle complètement différent de celui de la Real, c’est pour ça que j’ai mis un peu de temps à gagner ma place l’année dernière car comme je te disais, je sortais de 12 ans où on avait toujours la balle, la possession à passer à être solide défensivement, c’était un peu différent. Mais en Espagne dans la globalité, c’est quand même un football où ça joue beaucoup en ressortant le ballon derrière, c’est très tactique.

L : C’est sûr qu’on peut le voir aussi en première division avec pas mal d’équipes qui essaient d’aller vers l’avant, il y a cette culture du foot espagnol, mais il y a aussi des équipes qui jouent derrière avec des schémas à 3 ou à 2. En tout cas, ton choix prend tout son sens avec une formation vraiment portée vers l’avant, un peu d’élite, car l’école de la Real Sociedad est vraiment top pour ça. Et bien sûr Huesca, un monde totalement différent où tu deviens un défenseur beaucoup plus complet, avoir joué 30 matchs surtout à ton âge c’est pas trop mal en deuxième division. On a bien compris pourquoi tu avais choisi Huesca, tu nous parlais un peu de la vie, comment ça se passe justement le quotidien à Huesca, la vie dans le vestiaire, la routine des entraînements ? Comment ça se passe d’être footballeur professionnel à Huesca ?

J : On est privilégié honnêtement. Le quotidien c’est simple : se réveiller, s’entraîner, depuis 8 heures 30 du matin car on déjeune au centre d’entraînement. Donc, déjeuner là-bas, s’entraîner… regarde aujourd’hui je suis sorti de l’entraînement au moment où on se parle il est 13 heures, et après on mange. Et puis l’après-midi, c’est du repos, y’a certains de l’équipe qui continuent leurs études, dont moi. Je continue aussi mes études à distance, comme l’équivalent de STAPS, je le fais en espagnol. Je fais une petite sieste d’une heure, j’étudie un petit peu et après une heure à sortir, se balader, aller prendre un café avec ma copine ou avec des coéquipiers parfois. Et puis le soir, c’est manger et dormir (rires).

Après un début de carrière au Pays Basque, Jérémy Blasco a fait le choix de se décaler vers l’Aragon pour poursuivre sa progression (crédit : SD Huesca)

L : Une vie assez rangée, avec pourquoi pas des modèles comme Illarramendi ou Rodri qui ont aussi continué leurs études à côté et qui arrivent à avoir maintenant un très bon niveau et de bonnes perspectives pour l’avenir. Je me répète, mais ça prend vraiment tout son sens, cette espèce d’autre cocon que tu essaies de te confectionner, avec Huesca qui est vraiment parfait pour ça. Je parlais de modèles pour ta carrière, comment tu vois la suite de ta carrière ? Y a-t-il des joueurs qui t’inspirent ?

J : Des joueurs qui m’inspirent, c’est un peu compliqué… Enfin, c’est une question un peu compliquée. Actuellement, dans les meilleurs centraux, il y a Ruben Dias qui est très solide. J’aime beaucoup son profil défensivement, très fort dans la sortie de balle, incroyable dans l’agressivité, ce qu’il dégage. Au-delà de comment il joue, surtout ce qu’il dégage avec cette tranquillité et sensation de “il va rien se passer”. Et, quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup Ramos, qui était un chien, ou même l’agressivité de Puyol, pourtant il n’avait pas de taille et…

L : Oui, il transmettait cette garra, cette énergie. On voit dans ce que tu nous dis des petites connexions avec Robin Le Normand, qui est un peu aussi ce genre de défenseurs et qui maintenant est un titulaire incontestable de la Real Sociedad. Pour toi, ça commence à bien rouler aussi. J’ai suivi un petit peu ton début de saison, ça a bien joué, mais début de saison un peu compliqué pour Huesca. Avant de passer au vif du sujet avec ce match contre Pau et l’ambiance autour de cette Coupe des Pyrénées, comment elle est vue cette saison à Huesca et quels sont les objectifs ?

J : L’objectif ici c’est de… Il y a 22 équipes dans le championnat, donc d’abord atteindre la barre qui est je crois de 42 points ou quelque chose comme ça, ou 45 ou 50 points pour se maintenir. Nous voulons atteindre cette barre le plus rapidement possible. Après il n’y a pas réellement d’objectif fixe, l’objectif c’est d’avoir le maintien, si c’est en février tant mieux après on pourra voir s’il se passe d’autres choses, mais d’abord cette barre des 50 points. Et ensuite voir où est ce qu’on va…

L : C’est un championnat extrêmement exigeant avec toutes les semaines des matchs, là il y a la trêve internationale mais pas pour vous. C’est l’occasion d’avoir encore un peu plus de temps de jeu.

J : Ouais, après dans notre championnat, il n’y a pas beaucoup de joueurs qui vont en sélection donc on a du temps de jeu, oui, mais on est pas dévalisés par les sélections en se retrouvant avec 4 ou 5 joueurs par équipe qui partent. Donc on reste un peu dans la même dynamique comme peu de joueurs partent, c’est plutôt les mêmes qui continuent si on est dans une bonne phase par rapport à ce que veut l’entraîneur. Il y a un onze plus ou moins déterminé. Je veux dire qu’il n’y a pas 5 joueurs qui vont partir du XI pour être remplacés par d’autres.

L : Et justement on parlait de ce calendrier un peu frénétique avec ce match amical qui s’est rajouté : la Coupe des Pyrénées. Première édition qui va se dérouler à Huesca contre Pau. Pour un peu montrer toute la connexion entre cette région français qu’est le Béarn, en plus toi tu viens de Bayonne qui est juste à côté, et l’Aragon en Espagne. C’est une riche histoire entre ces deux territoires qui vont un peu se réunifier grâce à cet événement qui aura lieu mercredi. Comment ça se passe au sein du club par rapport à cet événement, qu’est ce qu’on vous a dit et comment le vivez-vous ?

J : Moi je pense que c’est une très bonne initiative d’abord. Je trouvais ça bizarre quand je suis arrivé à Huesca que cette association entre les deux clubs n’existait pas, sachant qu’on peut, en ayant la frontière aussi proche, s’enrichir et apprendre de l’autre pays. Donc ça me paraissait un peu étrange. Mais par exemple à la Real Sociedad je sais qu’il avait des…

L : Des accords.

J : Oui, des accords avec les clubs du Pays Basque français pour s’il y avait des joueurs intéressants qui pouvaient partir. L’Athletic fait ça également à Bilbao. Et je trouvais étrange que Huesca n’ait pas fait ça plus tôt avec Pau, donc je pense que c’est une excellente initiative. Le fait de jouer ce match c’est plutôt intéressant, surtout en début de saison pour les joueurs qui jouent un peu moins et qu’ils essaient d’avoir un peu le temps de jeu qu’ils n’ont pas eu en championnat. Et je pense que le public et les joueurs, on aborde ce match qui est quand même une petite finale avec l’envie de montrer comment est le jeu ici en Espagne, comment est le stade parce que je pense que peu de monde à Pau a traversé la frontière jusqu’ici à Huesca.

L : C’est vrai, c’est vrai.

Le jeune central français est aujourd’hui devenu un titulaire dans la charnière de la SD Huesca et tout semble indiquer que cette saison sera celle de la confirmation (crédit : LALIGA)

J: Il faut essayer de réunir un peu l’ambiance de comment on joue en Espagne, comment ça se passe et je pense que dans le vestiaire, j’ai parlé avec 2 ou 3 joueurs, il y a cette envie de jouer ce match oui.

L : Oui voilà, ça reprend un petit peu cette idée de LALIGA IMPULSO avec cette affirmation et cette ouverture au monde des clubs espagnols. Aujourd’hui on se rend compte qu’avoir des bases à l’étranger permet de toucher d’autres territoires et de factuellement s’enrichir au niveau des infrastructures, des joueurs et des possibilités d’avenir. En plus, en seconde division, c’est un peu rare de jouer des matchs internationaux comme ça. Au niveau de ta famille, comment ça peut se passer également à ce niveau-là ? Est ce que tu as de la famille ou des proches qui vont voyager ? Comment ça se passe au niveau personnel de rencontrer un nouveau club français ?

J : Honnêtement pour moi c’est un petit peu compliqué en semaine, la famille travaille le lendemain (rires), donc un match à 21 heures Huesca… surtout que depuis le Pays Basque il y a au moins 3 heures et demi de route. Mais ouais, ils trouvent ça intéressant, c’est un peu ce que je disais, du fait d’avoir cette chance de pouvoir s’enrichir d’un club à l’autre et de s’ouvrir. Je pense que si le match est télévisé, ils le regarderont bien sûr mais oui, ils pensent que c’est une bonne initiative aussi.

L : Et tu parlais du vestiaire de Huesca, ça parle bien évidemment espagnol j’imagine, mais j’ai vu qu’il y avait aussi quelques joueurs francophones dans l’équipe. Comment ça se passe à l’intérieur ?

J : Je pense qu’on a un groupe très intéressant, tout le monde s’entend bien, on est 3 Français. Je crois que tout le monde d’interagir avec tout le monde, les Français se sont très bien intégrés aussi, ils ont appris la langue. On a un bon groupe et les après-midis parfois on fait quelques plans ensemble, on a des jours repos où parfois toute l’équipe va manger ensemble aussi. (14:38) C’est bien de se retrouver et de passer des bons moments ensemble, surtout que le groupe c’est la base dans un vestiaire et pour avoir cette fluidité sur le terrain dans les bons moments et dans les moments plus difficiles. Je pense que si tout le monde s’entend bien ça permet de consolider ce qui se fait ensuite sur le terrain.

L : Bon, eh bien je pense qu’on a fait un peu le tour de tout cet événement. On se retrouve mercredi 6 pour cette journée de festivités avec un match entre les canteras des U23 de Pau et la réserve de Huesca, et puis toi bien sûr. Tu sais si tu auras des chances de jouer ce match ?

J : Honnêtement je ne sais pas, vu comment est le groupe et que ce week-end on a un match de championnat. D’ailleurs en Ligue 2, il me semble qu’ils coupent avec la trêve ?

L : Oui, il me semble qu’en Ligue 2 ça coupe. Il n’y a vraiment que le championnat espagnol de deuxième division, on se souvient qu’on pouvait vous voir même pendant la Coupe du Monde.

J : Nous on rejoue ce week-end, donc sachant que notre défenseur central qui a joué avec moi (contre le Mirandés) a pris un carton rouge, on en a un blessé aussi… Je sais pas, peut-être que le coach fera tourner, je ne sais pas encore si je jouerai. Mais vu le panorama, je pense que je serai sûrement au repos.

L : Ok, bon, en tout cas tu es sur l’affiche et ça fait plaisir de voir toutes ces connexions entre la France et l’Espagne. Et puis bon, on va te souhaiter la meilleure saison possible sur le plan individuel et collectif. Voilà, si t’avais une attente en particulier de cette saison, ce serait quoi ?

J : Comme je disais, que notre saison soit…

L : Assurer le maintien ?

J : Oui, le mieux serait de pouvoir accéder aux play-offs mais le maintien c’est vraiment la chose primordiale. On va pas se mentir, c’est l’objectif numéro et après plus tôt ça arrivera, plus tôt on pourra envisager autre chose comme je te disais toute à l’heure. Mais l’objectif c’est d’avoir ces 50 points et de ne pas souffrir.

L : Ok. Bon bah écoute, je pense qu’on a tout ce qui nous faut pour cet entretien, c’était un vrai plaisir de faire ça avec toi.

J : C’était un plaisir pour moi aussi.

L’équipe de LigActu tient à remercier Jérémy Blasco pour le temps qu’il a pu nous accorder afin de mener à bien cet entretien. Un grand merci également à Bastien, de LALIGA France, et au club de Huesca pour leur collaboration dans ce projet.

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