Euro 2020 : L’Espagne et la crainte d’une nouvelle déroute ?

Attendu depuis des mois de par sa notoriété sur le continent, et même à l’échelle mondiale, le coup d’envoi de cet Euro atypique est enfin arrivé, censé célébrer ce qui se devait d’être l’édition centenaire de la compétition. Capital, cet évènement est attendu de pied ferme en Espagne, sans ignorer les dangers inquiétants qui pèsent au dessus de sa sélection.

La Roja est à l’aube d’un défi bien plus que sportif, qui compte aussi pour son honneur. Redorer le blason après l’humiliation de 2014 et les échecs de 2016 et 2018, toutes marquées par la transition avec la génération dorée qui a inscrit son nom dans les livres d’histoires. Néanmoins, cette période de changements ne semble pas entièrement achevée aujourd’hui et maintient l’Espagne dans une position instable avant d’affronter la Suède, la Pologne et la Slovaquie en phase de poules de l’Euro. C’est avec de l’envie qu’une sélection largement rajeunie par rapport aux précédentes tentera de briller à nouveau, sous la houlette de Luis Enrique, entre espoirs et craintes. Entre nécessité de triompher et crainte d’un nouvel échec…

Un contexte de préparation angoissant

Difficile de trouver un contexte plus anormal que celui que le football connait depuis une année désormais. Reporté, cet Euro a tout d’une édition qui ne sera pas comme les autres, même jusque dans les sélections. L’Espagne fait partie de ces équipes dont les journalistes ont beaucoup parlé depuis quelques jours. Et pour cause, l’ensemble du staff technique et des joueurs Roja ont dû être placés à l’isolement après que Sergio Busquets ait été testé positif. Chose d’autant plus inquiétante que la nouvelle tombait seulement deux jours après l’amical disputé face au Portugal, terminé sur un terme match nul et vierge.

Réunie depuis le 31 mai avec une liste de 24 joueurs, sur la limite des 26 autorisée par l’UEFA, la convocation de l’équipe nationale espagnole a complètement été chamboulée. La Fédération attend de voir l’évolution du rétablissement du milieu barcelonais, tout en sachant que les chances de pouvoir compter sur le joueur semblent minimes mais pas inexistantes.

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La convocation de la Roja effectuée par Luis Enrique pour cet Euro (crédit photo : @SeFutbol)

Dès lors, plusieurs mesures ont été prises et 6 joueurs ont été contraints de paralyser leurs vacances pour rejoindre l’expédition à Madrid, afin uniquement de se joindre aux entraînements de la sélection parallèlement. Ainsi, Brais Méndez, Carlos Soler, Rodrigo, Pablo Fornals, Raúl Albiol et Kepa ont répondu favorablement à Luis Enrique. Aussitôt, des entraînements de manière individuelle ont été instaurés, malgré la répétition de tests négatifs de la part du reste de l’équipe. On apprendra toutefois dans la nuit du mercredi 9 juin que Diego Llorente a également été testé positif, obligé de quitter momentanément la concentration à son tour, dans un chaos absolu. Deux jours plus tard, les médias de communication officiels de la Roja communiqueront que le défenseur central de Leeds était faux positif, ayant été testé négatif sur les derniers tests PCR réalisés, et serait réintégré au groupe.

Assiégée par les médias, la Selección a dû composer avec un environnement oppressant et presque insupportable par moment. Il faut dire que la formation de Luis Enrique était en proie aux critiques depuis plusieurs jours de par l’unanimité qu’elle génère fortement sur les terres ibériques. La bulle sanitaire et médiatique, presque sacralisée tant elle est importante pour les sportifs, n’aura pas eu l’effet désiré, perturbant ainsi le rythme de préparation de l’Espagne. En effet, la mise en isolement de l’ensemble de La Furia a eu des conséquences sur le match amical programmé contre la Lituanie, le mardi 8 juin. Cette rencontre a finalement été disputée par les joueurs de l’équipe U21, mais officiellement sous le titre de la sélection nationale absolue ! En plus de nombreux records qui sont tombés, le score a surtout été le reflet de la qualité d’une sélection talentueuse, victorieuse 4-0 de la formation lituanienne.

Au final, ces 6 joueurs ont été rejoints par 11 autres en provenance de la sélection U21 pour maintenir les entraînements individuels en parallèle, en prévision d’autres détections de cas positifs. Il faut préciser que l’Espagne aura jusqu’au début de la compétition pour prendre une décision sur le cas de Busquets, et éventuellement le remplacer. La volonté de Luis Enrique et de la sélection est en tout cas de tout mettre en œuvre pour pouvoir compter sur celui qui est le capitaine de l’équipe durant l’Euro. Une fois substitué de la liste officielle, un joueur ne pourra plus participer durant le reste du tournoi. Susceptibles de faire une croix sur ce qui est parfois perçu comme un rêve à tout moment, joueurs et staff font logiquement preuve d’une nervosité nuisible à la préparation de la sélection, aussi source de tensions internes. Pour couronner le tout, la sélection suédoise annonçait de son côté la détection de deux cas positifs à moins d’une semaine d’affronter l’Espagne.

La liste des 17 joueurs ayant travaillé en parallèle de la Roja durant cette préparation à l’Euro (crédit photo : @SeFutbol)

Pendant ce temps, le Ministre de la Culture et des Sports espagnol est monté aux créneaux pour soutenir les joueurs en déclarant qu’ils seraient vaccinés en urgence, avant le début de l’Euro. Mesure officialisée ensuite par la Ministre de la Santé, déclarant que les joueurs seront vaccinés avec le ‘Vaccin Janssen’, pour la plupart des membres de la sélection, à seulement trois jours de leur rencontre d’ouverture. Polémiques et débats se sont alors déclenchés en Espagne, pour ne rien arranger au déroulement de cette préparation. Une partie importante de la population s’est sentie inégale et indignée de voir que les sportifs semblaient privilégiés dans ce dossier.

Dans le même temps, la RFEF se lamentait de ce moment délicat en interne, ne comprenant pas pourquoi le gouvernement n’avait pas vacciné la sélection, avant le début de la concentration. Le président de la Fédération, Luis Rubiales, laissera apparaitre des nouvelles divergences dans les versions en soutenant qu’il avait fait une demande pour vacciner la sélection depuis 2 mois… quand le gouvernement explique avoir eu une première discussion sur le sujet avec lui la semaine précédant le regroupement des joueurs.

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A l’image de Gerard Moreno, l’ensemble des joueurs espagnols ont été vaccinés ce vendredi au siège de la RFEF (crédit photo : @SeFutbol)

C’est d’ailleurs dans cette même ambiance médiatique qu’Aymeric Laporte, grande nouveauté de cette liste, voyait un journaliste l’interroger sur son amour et sa fidélité à réellement défendre le maillot espagnol. Une question qui pèse lourd dans un climat déjà trop anxiogène auquel le défenseur de Manchester City a parfaitement répondu, tout en laissant transparaitre son étonnement : « Je suis enchanté d’être ici, je vais tout faire pour défendre ce maillot ». L’interrogation du journaliste n’a pas manqué de déclencher de nouvelles tensions en Espagne quant à l’utilité et l’objectif d’une telle remarque, sûrement déplacée.

Autre changement qu’il convient de préciser, bien que moins impactant sur la sélection : le changement de la ville hôte de la sélection. A quelques semaines du coup d’envoi de la compétition, l’UEFA a finalement décidé d’attribuer l’accueil de la compétition en Espagne à l’Estadio de la Cartuja, basé à Sevilla, et qui pourra accueillir entre 15 000 et 20 000 spectateurs, annulant par la même occasion l’accord conclu avec l’Estadio San Mamés, de Bilbao. La mairie basque a reçu en échange une somme de compensation pour rembourser une partie des installations et aménagements effectués dans la ville depuis des années à cette occasion. La Roja évoluera donc dans le stade avec lequel la Fédération a conclu un accord commercial puisqu’il est devenu l’enceinte officielle de la sélection mais aussi des finales de Copa pour les prochaines saisons.

Avec un seul match pour régler les détails et permettre aux joueurs de mieux se coordonner, la préparation s’apparente quasiment à un fiasco. Dans une période où le jeu de la Roja est parfois brouillon et où les choix de joueurs ne sont pas encore clairement fixés, la tournure des évènements est bien loin d’être idéale et avantageuse aux Hispaniques, avec un même message qui ne cessait d’être lu partout ces derniers jours : « Alerta en la Selección« . Des zones d’incertitude peut-être trop grandes à quelques jours d’une semaine du début d’un tournoi aussi crucial que l’Euro qui inquiètent et angoissent l’Espagne, d’autant plus face à la mauvaise gestion d’une telle situation qui rappelle étroitement celle de 2018.

Luis Enrique, l’homme de la discorde

Si un homme ne parvient pas à faire l’unanimité au sein de la sélection espagnole, il s’agit bien de son représentant principal : Luis Enrique. Le sélectionneur divise supporters mais aussi médias et journalistes, et la situation ne semble pas être propice à un apaisement. L’Espagne et son football semblent plus fracturés que jamais, bien loin de l’union sacrée qu’est censée incarner une sélection lors de rassemblements internationaux.

Euro 2020 : la liste de l'Espagne avec un retour surprenant !
Luis Enrique disputera son premier tournoi majeur à la tête de la Roja (crédit photo : Onze Mondial)

Cependant, les critiques dont est victime l’ancien entraîneur du Barça ne sont pas récentes et ont des explications, mais s’accroissent depuis un temps avec danger. La liste des joueurs retenus pour disputer l’Euro n’a pas aidé Enrique à se réconcilier avec l’opinion d’une grande majorité des supporters, le maintenant dans une position relativement inconfortable. Les choix déçoivent et ne sont pas compris.

Le principal absent est évidemment et sans conteste le capitaine historique de cette équipe, Sergio Ramos. Le central du Real Madrid a vécu une saison compliquée avec les Merengues, sans cesse touché par les blessures qui ne lui auront permis que de disputer seulement 4 rencontres officielles en 2021. Au-delà de la qualité, c’est le leadership du personnage qui pourrait manquer à une sélection plutôt novice, qui se cherche et appréhende encore les grands moments. Désolé de l’absence de Ramos, Enrique s’est justifié en conférence de presse en assurant que le manque de temps de jeu du leader espagnol avait pesé dans la balance pour prendre cette lourde décision.

Discutée mais compréhensible, la non-sélection de Ramos ne fait pas autant polémiquer que celle de joueurs tels que Mario Hermoso, Iago Aspas, Sergio Canales, Jesús Navas ou encore Nacho, auteur d’une superbe seconde partie de saison, qui ne s’expliquent pas. Le flou du sélectionneur pour apporter une réponse à ses choix ne satisfait pas les supporters et agace même profondément. Autre fait marquant de cette liste : aucun joueur madrilène n’y figure. C’est une première dans une compétition internationale et officielle que dispute l’Espagne, un tremblement de terre médiatique qui n’a pas manqué de faire parler dans les journaux.

Faut-il y voir des raisons personnelles pour Luis Enrique de ne sélectionner aucun joueur du Real Madrid ? L’ancien entraîneur du Barça est en tout cas pointé du doigt et n’a jamais vraiment justifié les absences de Nacho ou Asensio de la liste initiale. La polémique est d’autant plus forte que parmi les joueurs appelés en renfort, aucun ne provient du club blanco. Certains reprochent à Enrique un manque d’objectivité et de neutralité qui nuirait à la sélection, étant trop influencé par son ancien passage au FC Barcelona, et donc qui pourrait se montrer hostile à la sélection de footballeurs de la Casa Blanca. Vrai ou non, plus largement, c’est l’ensemble des choix qui questionne.

Si Luis Enrique a pu faire appel à Aymeric Laporte, nationalisé espagnol sportivement quelques jours auparavant, le sélectionneur n’a pu être épargné des remarques des médias mais surtout des amateurs du ballon rond. Entre ironie et rire nerveux, c’est surtout l’inquiétude et le manque de clarté autour des choix pour composer cette équipe qui font peur au public espagnol. Enfin, le choix de sélectionner 24 joueurs sur les 26 possibles n’est pas forcément partagé.

Initialement présentes sur les réseaux sociaux et dans les journaux, les critiques se sont multipliées et ont pris une autre dimension. Un cap a été franchi au Wanda Metropolitano quand l’Espagne recevait dans un match amical, le vendredi 4 juin, la sélection portugaise. Alors que le speaker annonçait l’ensemble des titulaires et remplaçants du côté espagnol pour cette rencontre, le nom du sélectionneur a copieusement été sifflé par le public. Symbole des fractures et divergences dont Luis Enrique semble être devenu aujourd’hui le responsable. Cet évènement s’ajoute à la liste de ceux qui nuisent à l’environnement médiatique autour de la sélection espagnole, dont l’image s’est beaucoup ternie au cours des derniers jours… Luis Enrique devra en plus faire face à une situation exceptionnelle avec des joueurs ou membres de son staff pouvant potentiellement être amenés à subitement quitter la sélection.

Toutefois, le sélectionneur a tenu à organiser une conférence de presse le jeudi 10 juin afin de clarifier la situation. Evoquant l’actualité sanitaire mais aussi sportive de la sélection, Luis Enrique s’est montré très confiant et rassurant devant les médias tout en reconnaissant que la préparation n’était pas optimale.

De la qualité mais aussi des incertitudes

Dans une sélection nationale espagnole, les bons, voire très bons, joueurs ne peuvent pas manquer. Historiquement, la Roja a toujours été une des meilleures équipes d’Europe en s’appuyant sur un réservoir de footballeurs très qualitatif. L’Euro 2020 ne fait pas exception à la règle, mais l’effectif composé par Luis Enrique amène aussi beaucoup d’interrogations. Si l’occupation de certains postes est clairement définie, d’autres le sont beaucoup moins.

La première incertitude se trouve à un poste aussi crucial que celui du gardien de but. Installé dans les cages hispaniques depuis novembre, Unai Simón sort d’une saison irrégulière avec l’Athletic où il a alterné parades décisives et erreurs. Le but concédé contre le Kosovo venait d’une sortie absolument ratée de sa part, mais Luis Enrique maintient pour le moment sa confiance envers le portier basque. De Gea, lui, est plus expérimenté, mais semble anéanti mentalement depuis un temps et dans la difficulté de se relever, aussi récent perdant de l’Europa League. Enfin, Robert Sánchez est nouveau depuis mars. Auteur d’une saison prometteuse avec Brighton, le natif de Cartagena, semblait pouvoir s’emparer du poste de titulaire selon les rumeurs. Incertitudes pour le staff de la sélection, mais aussi, et logiquement, au sein de la population espagnole. Un remaniement complet des joueurs était sollicité par le public à ce poste, avec notamment les noms de Remiro, Asenjo ou encore Pacheco qui ressortaient à la suite de leur bonne saison dans leur club respectif.

Selección Española de Fútbol on Twitter: "🛑 ¡¡NO PASARÁN!! 😏 Vale, lo  confieso. Me encantan estas fotografías. #SomosEspaña #EURO2020  https://t.co/xXL6WVjNwV" / Twitter
L’expérience de David De Gea sera assurément précieuse pour les autres portiers de la sélection (crédit photo : @SeFutbol)

La défense centrale préoccupe légèrement car, sans Ramos, l’esprit du vestiaire n’est plus le même. Laporte et Pau Torres semblent être les favoris pour jouer, mais Eric García ou Diego Llorente paraissent être à un niveau inférieur pour assurer une titularisation à ce poste. Les couloirs sont bien garnis, avec notamment le positionnement de Marcos Llorente comme arrière droit que beaucoup de supporters auraient préféré voir dans un rôle plus offensif ou au milieu de terrain, comme sous les ordre de Simeone à l’Atlético. A noter, le retour de César Azpilicueta qui n’avait plus joué en sélection depuis la fin 2018. Quant à eux, et sans surprise, Gayà et Alba tiendront le couloir gauche de la défense.

Le milieu est extraordinairement talentueux pour sa part et n’a pas besoin d’être changé quand on y retrouve des joueurs comme Koke, Pedri, Thiago, Busquets ou encore Fabián Ruiz. Pour l’attaque, la qualité ne manque pas même si beaucoup d’autres joueurs auraient pu être appelés. Préféré par le sélectionneur, Morata ne semble toutefois pas faire l’unanimité à la pointe de l’attaque espagnole, d’autant plus après ses nombreuses imprécisions contre le Portugal, et nombreux sont les supporters qui aimeraient davantage voir Gerard Moreno. Enfin, malgré l’absence douloureusement regrettée d’Iago Aspas, les ailiers convoqués rassurent et ont en eux un fort potentiel bien représenté par la jeunesse : Dani Olmo, Oyarzabal, Adama Traoré, Ferran Torres, même si la présence de Pablo Sarabia est quant à elle plus contestée.

Spain humble Germany 6-0 in Nations League
Ferran Torres fait partie des meilleurs ailiers espagnols du moment, en pleine explosion à Manchester City (crédit photo : The Financial Express)

Reste désormais à coordonner cet ensemble pour tenter d’obtenir des résultats satisfaisants, avec la maitrise du jeu. C’est ce qui a parfois manqué à l’Espagne de Luis Enrique avec des victoires poussives, comme en Géorgie, ou bien des faux pas désagréables contre la Grèce et la Suisse. La défaite contre l’Ukraine en octobre avait fait tâche bien qu’il s’agisse du dernier revers de la sélection jusqu’à aujourd’hui. On note depuis une victoire écrasante contre l’Allemagne (6-0) ainsi qu’un succès contre le Kosovo (3-1), dans un bilan plutôt mitigé ou du moins qui ne tend pas forcément à directement rassurer.

Dans une période difficile et mouvementée, l’Espagne se présente donc à l’Euro 2020 où faire un bon parcours, avec la manière, s’est imposé comme quelque chose de vital pour l’histoire du sport hispanique. Avec l’envie de retrouver la gloire passée, le chemin est encore long et semé d’embûches, mais aussi d’incertitudes et de divisions qu’il faudra tenter d’éliminer durant le tournoi. Mais la Roja n’est pas n’importe quelle sélection et sait de quoi elle est elle-même capable. La jeunesse manque peut-être d’expérience mais assurément pas d’envie, et c’est ce qu’il faut retenir. Le défi est clair et important, renaître de ses cendres ou s’effondrer à nouveau.

[EL LARGUERO] Luis Rubiales : « Face à la SuperLeague, les ligues ont deux options : réduire le nombre d’équipes ou changer de format »

Le président de la Fédération royale espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, a accordé sa première interview de la saison à Manu Carreño, pour El Larguero. Le responsable du football espagnol a répondu à de multiples questions sur le monde du football et son évolution dans cette période de crise. [Interview retranscrite partiellement]

Sur la possibilité d’une création d’une SuperLeague, Luis Rubiales a tenu à souligner que « c’était une question qui devait être abordée et traitée de manière très sérieuse ». De plus, il a déclaré qu’il espérait que «le projet ne soit dirigé et évoqué par l’UEFA et la FIFA. De même, il a aussi expliqué que la Liga actuelle que nous connaissons est une compétition dans laquelle « nous avons 38 matchs » et la création de cette SuperLeague nous amènerait à changer le système du championnat suivant deux option : « Diminuer le nombre d’équipes participantes ou changer le format »

Il a continué en insistant sur le fait que « les ligues doivent aider à réduire le nombre de journées dans une saison ». Dans le cas où ce projet aboutisse, on parlerait d’un format dans lequel serait joué « 33 journées, plus de deux Clásicos, des matchs sur terrain neutre ». Pour le moment, Rubiales a assuré ne pas croire à la création d’une SuperLeague, autrement que par l’UEFA (et non pas par certains clubs). Il en a également profité pour saluer le nouveau modèle de la Champions League, en 2024, qu’il a qualifié de « spectaculaire ».

Sur les demi-finales de Copa en format « aller-retour« 

L’un des changements les plus notables dans le football espagnol actuel a été celui du format des demi-finales de la Copa del Rey, qui se jouent en match aller-retour, contrairement aux matchs des tours précédents qui se jouent sur un match simple. Rubiales a justifié ce format en assurant que l’une des principales raisons était d’éviter « qu’une équipe atteigne la finale de la Copa del Rey sans avoir à jouer un seul match à domicile, ce qui était susceptible de se produire avec une demi-finale sur match simple »

Le nouveau format de la Copa est une réussite pour Rubiales, à tel point qu’il l’a expliqué en déclarant que la coupe nationale espagnole « avait dépassé la Coupe d’Angleterre sur certains points (en terme d’intérêt notamment), alors que la Copa était à des années-lumière » de la FA Cup. Le président de la RFEF s’est exprimé en comprenant qu’il était « impossible » que tout le monde aime la nouvelle Copa del Rey, mais il a tenu à rappeler que, selon lui, « pour l’économie d’une équipe modeste, la venue d’une équipe de Primera est un évènement important ». Une idée qu’il résume avec force : « La Copa est le trophée du peuple, pour les équipes les plus modestes ».

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(crédit photo : RTVE)

Les entraîneurs de grandes équipes comme le Barça ou Sevilla se sont plaints des mauvaises conditions du gazon et des mauvaises conditions sanitaires en Copa. Concernant les déclarations de Koeman et Lopetegui, Rubiales a déclaré : « Je ne partage pas leurs propos, mais je les respecte ». Dans le même ordre d’idées, il a tenu à rappeler que l’équipe nationale espagnole « a joué contre les îles Féroé sur un terrain en gazon artificiel ».

Sur la SuperCopa en en Arabie Saoudite

La compétition se jouait cette année en Andalousie, pour raison sanitaire, mais Luis Rubiales a assuré que « l’année prochaine, elle reviendrait en Arabie saoudite ». La raison pour laquelle la SuperCopa se joue en dehors de l’Espagne est qu’« une partie des revenus, qui sont fondamentaux, revient aux équipes de Segunda B et de Tecera ».

Concernant le retour du public dans les stades, il faut se tourner vers la Copa. Pour ce qu’il est de la finale entre l’Athletic et la Real Sociedad, Rubiales a déclaré que la Fédération n’avait jamais « fait de déclaration faisant de la pression (sur les instances politiques) pour forcer un retour du public« , et que le plus important est de voir et de vérifier « si les mesures pourraient être respectées, en travaillant avec le Ministère des Sports et de la Santé ».

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(crédit photo : Europa Press)

Sur les fréquentes polémiques arbitrales

Si dans le monde du football il y a un problème qui suscite la controverse, c’est bien celui de l’arbitrage. Rubiales n’a pas hésité à défendre la figure des arbitres, puisqu’il a assuré qu’étant «des juges sportifs, personne ne peut se permettre de leur manquer de respect». Il a insisté et souligner que la Fédération croit « à la liberté d’expression » et que c’était précisément pour cette raison que les arbitres « ne peuvent être humiliés et que leur honnêteté ne peut être remise en question ».

De plus, Luis Rubiales a expliqué que bien que ce ne soit pas médiatisé, « les arbitres ont également des sanctions ». La raison pour laquelle une sanction à un corps arbitral n’est pas rendue publique est une question morale et parce qu’il y a un «un règlement interne». Parallèlement aux décisions d’arbitrage, il y a aussi l’aide la VAR, que Rubiales a jugé comme plus souvent responsables de « bonnes que de mauvaises décisions ».

Objectif 2030 : la Coupe du monde

Sans aucun doute, Rubiales était sincère concernant les possibilités pour l’Espagne d’accueillir la Coupe du monde 2030 :  » En toute humilité, nous pensons que nous allons être (avec le Portugal) la candidature la plus puissante ». Sa confiance en cet objectif est si grande qu’il a ajouté que « l’offre ibérique, avec le Portugal, était une offre gagnante ».

Le président a accentué sa clarté en insistant sur le fait que s’il devait parier sur une candidature « pour accueillir la Coupe du monde 2030, je parierais sur la notre ». Rubiales a expliqué comment la dynamique serait : « Il y aurait 16 sites, qui accueilleraient les matchs, et le Portugal aimerait avoir 3 ou 4 sites hôtes. Nous nous devons de donner au Portugal la possibilité de se sentir à l’aise dans ce dossier.

« Luis Enrique est un entraîneur gagnant »

Heureux du résultat obtenu par l’entraîneur actuel de La Roja, Rubiales a assuré que l’équipe travaillait très bien sous les ordres de Luis Enrique. La sélection a atteint un niveau qui lui « permet de regarder n’importe quelle autre équipe droit dans les yeux ». Le secret de Luis Enrique pour parvenir à décrocher de bons résultats ? Rubiales a formulé un élément de réponse en assurant que l’entraîneur « avait réussi à donner de l’espoir aux joueurs ».

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(crédit photo : Mundo Deportivo)

La situation en Liga avec la crise sanitaire de la Covid-19

Le feuilleton des cas positifs à la Covid-19 à Fuenlabrada (en fin de saison passée, NDLR) a été l’un des plus controversés, sur lequel Luis Rubiales a déclaré que la Fédération avait appris la présence d’un cluster au club, seulement le « dimanche (avant le match) alors que d’autres instances étaient au courant depuis samedi qu’il y avait 3 positifs à Fuenlabrada ». En outre, il a assuré que ni eux ni le CSD ne savaient « rien des joueurs qui avaient été testé positifs à Fuenlabrada ». 

Concernant la planification des matchs le lundi et le vendredi (comme le voulait LaLiga, et comme l’a choisi le Conseil Supérieur des Sports, tandis que la Fédération s’y opposait), Rubiales a avoué avoir reçu l’information avec « mauvaise surprise et étrangeté ». En regardant vers l’avenir, le président de la RFEF a assuré que les instances allaient  » travailler pour résoudre les différends à propos des matchs des lundis et vendredis. Ce n’est pas conforme à la loi (qu’il y ait des matchs ces jours là). J’espère que ça sera corrigé car sinon, des problèmes bien plus grands en découleront ». De même, il voulait mentionner à nouveau les déclarations de Irene Lozano, présidente du Conseil Supérieur des Sports, qui avait précédemment déclaré que le CSD ne se mêlerait pas du « sujet des matchs les lundis et vendredis. Initialement, ça ne devait pas se passer comme ça et ça, à la Fédération, nous ne l’avons pas compris. » 

Intégralité de l’interview de Luis Rubiales sur El Larguero, le 11 février 2021

 

 

[MARCA] Iago Aspas : « Je ne partirai pas du Celta, c’est ma maison et je m’y sens bien »

Iago Aspas est au Celta ce que le Celta est à Iago Aspas. Le joueur galicien a manqué à son équipe lorsqu’il était blessé ces dernières semaines et cette absence a fortement pesé pour le club de Vigo. « Je ne veux pas partir d’ici. C’est chez moi et c’est ici que je joue le mieux », a déclaré l’attaquant espagnol à MARCA.

Un match important arrive pour le Celta, pour l’Atlético et aussi pour les rivaux de l’Atlético en Liga qui espèrent un faux-pas colchonero

« Oui, je pense que nous avons une très bonne opportunité pour faire quelque chose. Il est vrai que nous n’avons pas gagné depuis plusieurs matchs, avec des défaites et des nuls, après avoir connu de très bons moments. L’équipe sait qu’elle va jouer sur un terrain compliqué mais ce n’est pas insurmontable. Il y a cinq matchs, nous étions une équipe du niveau de Milan et maintenant nous sommes l’équipe de mon village, c’est pour dire comment les impressions changent. Qu’on perde ou gagne, on reste calme mais nous voulons essayer de retrouver de l’excitation en Liga »

– Pour le Celta, c’est pour retrouver les compétitions européennes qu’il y a nécessité de retrouver de l’excitation en championnat ?

« Bien sûr. C’est vrai que nous sommes en milieu de tableau, mais ce serait une bonne opération de gagner lundi pour prendre des points dans un match compliqué mais pour se reclasser en Liga »

– Comment te sens-tu après la blessure que tu as vécu ?

« Chaque jour, je vais beaucoup mieux. Je n’ai toujours pas retrouvé mon ballon de football sur un terrain mais je me sens mieux. Physiquement, être un mois au repos pour un footballeur professionnel, même si vous vous entraînez et courez beaucoup pendant ces 3-4 semaines, vous perdez le rythme de la compétition, et j’espère le reprendre petit à petit et surtout dans à un match aussi compliqué que celui auquel on s’attend lundi »

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(crédit : WorldNewsEra)

– 9 buts inscrits en 18 matchs. On dit que Celta dépend beaucoup de Iago Aspas et les chiffres le prouvent

« Eh bien, les chiffres sont là, ils le disent, mais je pense aussi que dans certains matchs, avec moi sur le terrain, l’équipe a vécu de mauvais moments, compliqués. Par exemple, lors du match contre Villarreal, on a pas très bien joué, l’esprit n’y était pas. Contre Eibar, sans moi, l’équipe a fait beaucoup pour gagner et l’aurait mérité mais n’a pas réussi. J’espère que maintenant, avec mon retour, nous retournerons sur le chemin de la victoire pour revivre un mois aussi bon que celui de décembre »

– Lundi, vous affrontez l’Atlético, le leader de la Liga

« En réalité, ça a toujours été une équipe très compétitive depuis l’arrivée de Simeone et cette année, ils ont donné une autre tournure au club et à son jeu, également parce qu’ils ont de grands joueurs. De plus, ils ont Suárez, qui marque sur chaque opportunité qu’il a »

– Vous avez déjà pu jouer un peu avec lui à Liverpool

« Oui, une saison. C’était déjà un attaquant né, un gagnant dans les matchs. Il se donne toujours à 200%. Ce que vous voyez de lui sur le terrain, c’est aussi ce que vous verriez à l’entraînement »

– Il vous a aidé lors de ton arrivée à Liverpool, pour s’adapter à une nouvelle compétition, une nouvelle langue ?

« Totalement oui, c’est toujours particulier d’arriver dans un nouveau club quand on vient de l’étranger, surtout sans connaitre la langue qui y est parlée, c’est clair que ce n’était pas facile. Nous étions 6 ou 7 joueurs qui parlaient espagnol et portugais, et nous nous comprenions assez bien. Nous avons créé notre propre « regroupement » pour organiser des dîners et des déjeuners avec les familles »

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(crédit : La Pelotona)

– Vous attendiez-vous à ce que Luis Suárez donne tant à l’Atlético ?

« Il a toujours été un attaquant très adroit devant le but. Je pense que c’était une connerie de la part du Barça de s’en séparer, mais bon ils étaient aussi en galère par rapport à la question de la limite salariale. L’Atlético en a profité, a été très rapide sur le dossier et a donc signé un grand attaquant. Ils ont obtenu de nombreux points grâce à lui et à ce qu’il a proposé »

– Ce qui n’était pas une « connerie », c’était votre retour au Celta. Qu’est-ce qui vous passait par la tête dans ces moments en dehors du Celta ?

« C’est difficile à expliquer parce que chaque fois que vous partez dans un autre club, Liverpool à l’époque, vous le faites avec des ambitions importantes. Ensuite, il y a des circonstances qui ne sont pas celles qu’on a imaginées et puis rien ne se passe comme on s’y attendait. Je suis très heureux d’être chez moi, avec ma famille, ici tout se passe pour moi et c’est vrai que c’est plus facile de profiter de mon football dans mon pays et dans l’équipe de mon cœur »

– Ces derniers étés, il y a toujours eu des rumeurs et on a même parlé du Real Madrid comme destination possible pour vous…

« Il est vrai qu’il y a eu diverses rumeurs et intérêts, mais j’ai toujours été très heureux à la maison, ici. J’ai déjà quitté le club et ça ne s’est pas passé aussi bien que prévu. J’avais besoin de retourner dans ma zone de confort pour me sentir à nouveau footballeur et retrouver toute cette confiance. Au final, je pense que les chiffres sont là pour le prouver sur les cinq ou six dernières saisons »

– Ta carte d’identité dit que vous avez 33 ans, mais dans votre jeu, vous paraissez en avoir 25…

« Je suis né pour gagner, je n’aime pas perdre même dans les matchs d’entraînement. Je suis quelqu’un d’appliqué, que ce soit contre des rivaux, avec des coéquipiers ou même en parlant aux arbitres, j’aime vraiment gagner et avoir le dernier mot. Je me prépare jour après jour pour jouer chaque week-end et je n’envisage pas de mettre un terme à ma carrière prochainement. J’ai commencé à jouer au football de haut niveau un peu tard, et cela me fait rappelle qu’il faut profiter de tout ce dont on peut profiter, chaque match et sans avoir à penser à demain »

– Une marque comme Adidas vous a contacté en tant que sponsor et vous avez accepté

« Oui, je suis très heureux de rejoindre cette grande famille et qu’ils aient misé sur moi depuis plusieurs saisons. Je pense que ça signifie que je joue bien »

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(crédit : Moi Celeste)

– Pour le Celta, la saison semble être étrange...

« Il y a 10 journées, nous étions dans les derniers du classement, il y a 5 matchs, nous étions presque en position européenne et maintenant nous sommes dans le ventre mou du tableau. Coudet est du même style que le Cholo. Sa maxime est de vivre au jour le jour, toujours en nous poussant et nous encourageant à atteindre le meilleur de nous-mêmes »

– Allons-nous voir Aspas au Celta jusqu’à la fin de sa carrière ?

« Oui, il reste encore deux saisons sur le contrat et j’espère qu’il pourra être prolongé. Je n’ai pas l’intention de bouger d’ici »

– J’ai lu dans les journaux que vois étiez nostalgique du football d’avant, celui qui se jouait dans la rue

« Aujourd’hui, il n’y a plus tellement d’enfants qui jouent dans la rue. Il y a des consoles de jeux, des ordinateurs, des tablettes… Les enfants quittent l’école et ne vont plus jouer dans le parc. Lorsqu’il pleut, les enfants rentrent pour ne pas attraper un rhume et aussi parce que les parents protègent davantage leurs enfants désormais. Je quittais l’école à 14h30, je rentrais à la maison pour manger et je ne revenais pas avant 20h. Je revenais avec de la boue de la tête aux pieds. Maintenant, tout se passe dans des écoles de football et sur du gazon synthétique. J’ai commencé à jouer sur un terrain que lorsque j’ai rejoint le Celta »

– Pensez-vous justement qu’on peut retrouver ce football passé d’une certaine manière ?

« C’est difficile, maintenant il y a aussi de nombreux cours l’après-midi. Quand j’étudiais, il n’y avait pas autant de cours à l’école l’après-midi, à part dans les écoles privées. Quand nous étions enfants, on passait beaucoup plus d’heures dehors et dans la rue. Maintenant aussi, il y a plus d’écoles de football et elles s’entraînent sur des terrains en gazon synthétique. Je me souviens des moments où je m’entrainais sur la plage, sur des terrains en terre battue et, quand j’avais de la chance une fois par an pendant la saison, je m’entrainais sur le terrain en herbe naturelle »

– Pensez vous faire votre retour en sélection un jour ? Lorsque vous jouez votre meilleur football, tout semble possible

« J’essaye d’y revenir et de le faire de la meilleure façon possible afin d’espérer avoir à nouveau une chance. L’espoir est la dernière chose que vous perdez. Je continuerai à me battre et je continuerai à marquer des buts pour que le sélectionneur essaie de me donner une autre chance »

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(crédit : Cadena SER)

– Avez-vous des contacts avec Luis Enrique ? Avez-vous été appelé par la Fédération ou est-ce que cela ne fait pas partie de la manière d’agir de Luis Enrique ?

« Je ne pense pas que ce soit dans sa manière d’agir. Il m’a déjà appelé à d’autres moments mais il a toujours été très proche et très exigeant, comme il l’est au quotidien. J’ai une relation avec lui comme j’en ai déjà eu avec d’autres entraîneurs auparavant »

– La concurrence est rude et le niveau de la sélection est très bon, car lors du dernier match que l’Espagne a disputé, elle était très bonne et elle a battu l’Allemagne

« En sélection, il y a toujours eu un niveau très élevé. Il y a des joueurs qui se débrouillent très bien dans leurs clubs, d’autres qui méritent des opportunités ou qui les veulent comme c’est mon cas. Mettez-vous dans la peau du coach et faites une liste de 22 ou 23 joueurs… Chacun a son avis, le sélectionneur peut vraiment appeler tout type de joueur »

– Quel joueur emmèneriez-vous avec vous aujourd’hui en sélection ?

« Hugo Mallo (latéral droit du Celta, NDLR), en récompense de ses performances lors des dernières saisons »

– Qu’est ce qu’il vous reste à faire dans le football ? Quels sont vos défis ?

« Revenir en équipe nationale et obtenir un titre avec le Celta qui remplirait la vitrine de trophées, je pense que ce serait important au niveau individuel et au niveau collectif »

Barça : comment en est-on arrivé là

A l’heure où débute la nouvelle saison, une question se pose chez les Catalans : quel visage affichera le Barca durant l’exercice 2020-21 ? A la sortie de l’été, le club est ancré dans une crise sportive, extra-sportive et identitaire et l’avenir peut sembler sombre au-dessus du Camp Nou, si rien ne change. Après avoir subi une troisième humiliation d’affilée sur la scène européenne, après avoir conclu leur première année blanche depuis 2008 et à la suite d’un mercato où les tensions joueurs/direction ont atteint leur paroxysme avec l’envie de départ de Messi, de nombreuses interrogations peuvent être émises. Pourtant, il y a quelques années encore, le club était au sommet. Comment en est-on arrivé à cette situation ?

Des recrues qui posent questions, des scandales extra-sportifs qui viennent entacher l’image du club et des tensions toujours plus vives au sein même de la direction : voilà comment on pourrait résumer aujourd’hui la gestion du club, sur ces dernières années. Au centre des critiques et dorénavant dans le viseur des socios, avec une motion de censure à son égard, Bartomeu n’a jamais paru si seul. Le Barça a souvent connu des problèmes directionnels durant son histoire et a longtemps été en retard à l’échelle internationale, mais s’en est tiré grâce à des hommes forts pour devenir l’un des clubs les plus puissants du monde. Petit résumé de la gestion du club, épicentre des maux de tête blaugranas.

De 1990 à 2010, entre âge d’or et crise : la construction d’un Barca au sommet

Dans les années 90, le Barca vit son premier âge d’or. Lluís Núñez, mythique président du club depuis 1978 (président entre 1978-2000), travaille depuis des années pour faire grandir le Barca. Dans cet optique de faire passer un cap au club (comme celui de gagner enfin la Ligue des Champions), il va nommer Johan Cruyff à la tête de l’équipe première en 1988. Dès lors, le club entraîné par sa star néerlandaise (1988-1996) est au sommet de l’Espagne avec 4 titres consécutifs entre 1990 et 1994, mais également au sommet de l’Europe : les Blaugranas remportent enfin leur première C1 en 1992, sur un missile de Koeman. En plus de gagner, le club se crée une véritable philosophie, avec un jeu tourné vers l’attaque et une confiance prononcée envers les jeunes, caractérisée par le développement de la Masia et la formation de pépites. La Dream Team impressionne tout le monde et pose les bases solides d’une identité culturelle propre au Barca et reconnue de tous.

Après le départ de Cruyff et malgré un répit sous Van Gaal (1997-2000), le club va subir une très profonde crise au début du XXIe siècle. La présidence de Gaspart (2000-2003) est un véritable échec, sur tous les plans. Au niveau du sportif, le Barca va enchaîner cinq saisons sans gagner le moindre titre (1999-2004), terminant même sur une sixième place en 2003. Quatre entraîneurs différents se succèdent durant cette période, dont le retour de Van Gaal, mais rien ne change. Sur l’aspect financier, des millions d’euros seront jetés dans des transferts afin de contrer et rivaliser avec la politique des « Galacticos » de Florentino Pérez, au Real Madrid qui, part ailleurs, impressionne le monde entier à cette époque. Cependant, bon nombre de ces transferts s’avéreront être des échecs (Rochemback, Geovanni, Petit etc…) et le club s’endette… La situation sportive et politique étant très compliquées, et la direction sous le feu des critiques, Gaspart démissionne de son poste en février 2003. Le FC Barcelone sort meurtri de ses années de présidence.

Johan Cruyff et Gaspart, deux hommes qui représentent deux périodes bien différentes l’une de l’autre. (crédit image: Penya Blaugrana de Paris)

De nouvelles élections sont organisées et Joan Laporta (2003-2010) est élu. C’est un homme politique et ancien avocat. Il apparait pour la première fois dans l’histoire du FC Barcelone à la fin des années 90, en participant à une motion de censure contre le président Núñez. A ses côtés, se trouve Sandro Rosell (vice-président 2003-05, puis président de 2010 à 2014), qui va le soutenir dans sa campagne puis devenir son vice-président à son élection. La mission de Laporta est lourde : rebâtir le FC Barcelone. Pour cela, il instaure Franck Rijkaard (2003-2008) à la tête de l’équipe, sous les conseils de Cruyff, avec qui il est très proche. Il fait également venir un certain Ronaldinho (2003-2008). La première saison est laborieuse, avec une première partie très compliquée où le Barca déçoit et se retrouve très loin du Real. Rijkaard est même menacé. Mais le travail paye et il va finalement trouver la bonne formule : le Barca finit second en fin de saison. L’entraineur néerlandais est maintenu et durant l’été 2004, le club recrute ce qui deviendra des stars du club, tels que Deco (2004-2008), Eto’o (2004-2009) ou encore Giuly (2004-2007).

La saison est une totale réussite et le Barca remporte la Liga à la fin. Fort de son succès national, l’équipe enchainera avec un second championnat de suite mais surtout, le club remportera sa deuxième Ligue des Champions en 2006 ! Le premier mandat de Laporta est une réussite sportive, économique et sociale. En l’espace de 3 ans, le Barca est au sommet de l’Europe, a comblé une partie des dettes et arrêté les transferts inutiles pour instaurer une réelle réussite sportive. Le club a même dans son effectif le Ballon d’Or 2005. L’équipe voit également éclore un certain Lionel Messi. Le seul point noir est le cas Rosell. En 2005, le vice-président démissionne à la surprise générale de son poste et devient l’un des principaux opposants à Laporta durant le reste du mandat.

Histoire du FC Barcelone Saison 2005/2006 - FC Barcelona Clan
Le Barça remporte sa seconde ligue des champions face à Arsenal (crédit image : fcbarcelonaclan.com)

Laporta est réélu en 2006. Son second mandat commence de manière difficile : le Barca perd la Liga en 2007 et 2008. Pire, le club ne gagne aucun trophée durant l’année 2008 ! L’équipe est à bout de souffle et doit gérer des problèmes extra-sportifs, avec Ronaldinho notamment. Laporta est en danger et certains journaux demandent même sa démission. Une motion de censure est lancée à son égard par Rosell, mais n’aboutit pas (seuls 60% des socios votent contre son éviction, 66% étant nécessaire, NDLR).

L’été 2008 fait office de grand ménage : Rijkaard est démis de ses fonctions, Ronaldinho et Deco quittent le club. Laporta va alors nommer Pep Guardiola (2008-2012) à la tête de l’équipe première. L’arrivée du Catalan, alors entraineur de l’équipe B, va marquer un tournant dans l’histoire du club et la suite, tout le monde la connait : l’équipe réalise un sextuplé inédit en 2009. Le Barca joue son meilleur football et impressionne le monde entier. Messi remporte même quatre Ballons d’Or de suite, entre 2008 et 2012. Au niveau du contenu proposé, ce Barca devient une référence, avec un jeu de position parfaitement maitrisé inspiré de Cruyff et un « tiki-taka » reconnu de tous. Le club s’appuie également sur son centre de formation, la Masia : énormément de joueur sont formés au club et de nombreux nouveaux jeunes font régulièrement leurs apparitions avec l’équipe première. La consécration arrive en 2010 lorsque 3 Masians sont placés sur le podium du Ballon d’Or, une performance inouïe (Messi – Xavi- Iniesta).

L’été 2010 marque la fin du mandat de Laporta, ne pouvant pas se présenter trois fois consécutives. Ses années à la tête du club sont glorieuses : il a réussi à redresser le club d’une situation désastreuse, par des choix forts, un recrutement intelligent et une confiance en ses entraineurs. Il installe une politique sportive basée sur le long terme : le Barca achète des joueurs jeunes, des talents à progresser sur plusieurs années (Ronaldinho, Eto’o, etc…) et mise également sur son centre de formation, avec un effectif en grande parti formé à la maison. Laporta part en plein âge d’or avec un travail reconnu par beaucoup. Au cours de son mandat, le club remporte notamment deux Champions League et quatre fois la Liga, les revenus ont augmenté de 300% et le nombre de socios du club a explosé !

Joan Laporta, le président qui a relancé le Barca ! (crédit image :football365.fr)

Les années Rosell-Bartomeu : un changement de politique sportive qui interroge.

L’été 2010 est marqué par la victoire de l’Espagne à la Coupe du Monde. Si à Barcelone on se félicite qu’autant de joueurs formés ou jouant au club soient présents dans cette équipe, l’évènement de l’été correspond surtout au changement de président. C’est Sandro Rosell est élu en juin 2010 et devient le 39ème président de l’histoire du club. Il a donc anciennement travaillé sous Laporta, qu’il a soutenu durant les élections de 2003 et est même devenu son vice-président : il est le n°2 du club.

Rosell était notamment fortement impliqué dans le recrutement de Ronaldinho. Mais en juin 2005, celui-ci avait démissionné avec fracas de son poste. Il était en désaccord profond avec Laporta sur le recrutement de Eto’o ou le maintien de Rijkaard par exemple. A partir de cet instant, il est devenu le principal opposant à Laporta : il ne cessera de critiquer son ancien président et c’est même lui qui lance la motion de censure contre Laporta en 2008. Rosell a une image « d’anti-Cruyff » auprès de certains supporters. Son arrivée au pouvoir va marquer le début d’un changement de politique sportive au sein de la direction.

Ancien vice-président, Rosell accède dorénavant au poste de président (crédit image : Eurosport)

La première grande décision que va prendre Rosell est au niveau du sponsor. A partir de 2011, le maillot du Barca sera sponsorisé par « Qatar Fondation », à la hauteur d’un montant de 30 millions d’euros par saison, jusqu’en 2016. Une décision qui peut paraître anodine pour n’importe quel club, c’est un nouveau sponsor, mais qui est une décision historique pour le Barca. En effet, depuis sa création en 1899, le maillot blaugrana n’a jamais abordé un sponsor ! Une exception dans le football. Mieux, c’est même le Barca qui va donner de l’argent ! Si le club n’avait jamais reçu d’argent de la part d’un sponsor pour son maillot, l’UNICEF apparaît fièrement sur la tunique depuis 2006.

Le Barca fait donc don d’une somme de 1,5 million d’euros par an à l’UNICEF ainsi que 0,7 % des revenus de sa fondation, pour imiter les états européens qui se sont engagés à reverser ce pourcentage de leur PIB à la campagne Millenium des Nations Unies, contre la pauvreté et pour l’éducation. Un accord qui correspond parfaitement avec le slogan de l’entité, « Més que un club », et qui est l’une des grandes réussites de Laporta.

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Accord historique entre le Barca et Qatar Foundation (crédit image : Sport24)

Cette décision de prendre un sponsor est dûe à l’augmentation des dettes du Barca (qui atteignent des montants records, notamment à cause d’une dernière saison 2009-10 catastrophique de Laporta sur l’aspect financier, NDLR), mais également tout simplement pour se mettre au niveau de la « norme européenne » des autres clubs et ainsi être capable de rivaliser économiquement avec les autres cadors. Même si au niveau financier, cela paraissait inévitable, cette décision suscite des controverses, auprès des supporters les plus attachés au club notamment.

« Je suis totalement contre l’idée de mettre de la publicité sur le maillot. C’est une solution de facilité. C’est unique au monde. Personne n’a réussi à garder intact son maillot dans toute l’histoire, et d’un seul coup, ça devient celui qui rapporte le plus. Cela vaut-il le coup de vendre cette singularité pour 6 ou 7% de son budget ? »

La réaction de Johan Cruyff, entièrement opposé à ce projet

Cependant, Rosell se fiche de l’avis du Néerlandais, avec qui il est en désaccord. Par ailleurs, Cruyff, nommé président d’honneur par Laporta lors de son départ, quittera ce poste quelques mois après l’arrivée du nouveau président.

Sur un plan sportif, les années sous la présidence Rosell sont excellentes. Le Barca remporte 9 trophées avec l’équipe première, dont notamment une Champions League, en 2011, contre Manchester United, match qui est souvent considéré comme l’apogée du Barca de Guardiola. Après le départ de celui-ci en 2012, Tito Vilanova est nommé (adjoint de Guardiola depuis 2007, NDLR). Malgré une humiliation face au Bayern en demi-finale, l’équipe réalise une excellente saison, égalisant notamment le record de points en championnat réalisé par le Real Madrid de Mourinho, en 2012 (100 pts). Malheureusement, à la suite de gros soucis de santé, Vilanova renonce à son poste d’entraineur. Tata Martino lui succède.

L'ancien entraîneur du Barça Tito Vilanova est mort
Tito Vilanova, ancien entraîneur du Barca en 2012-13, est décédé le 25 Avril 2014 d’un cancer. Il est à jamais dans les cœurs blaugranas ! (crédit image: lejdd.fr)

La saison 2013-14 est fatale pour Rosell. En cause ? Le transfert de Neymar. En effet, à l’été 2013 le club recrute la pépite de Santos contre, officiellement, 57 millions d’euros. Mais, en janvier 2014, l’Audiencia Nacional, tribunal de Madrid, ouvre une enquête pour « délit contre le Trésor public et fraude fiscale » contre le FC Barcelone, dans le cadre du transfert de Neymar. Ce dossier est ouvert à la suite une plainte d’un des socios du club. Quelques jours plus tard, Rosell démissionne de son poste.

En effet, cette enquête révèlera que ce transfert est bel et bien entaché de corruption et autres combines. Le transfert aurait en réalité couté plus de 83 millions d’euros. Ce chiffre reste encore flou mais certaines sources, comme El Mundo, affirme même qu’il serait de 95 millions d’euros ! Ce qui est sûr, c’est que de l’argent a été versé frauduleusement à Neymar, à son père ainsi qu’à la société « Neymar § Neymar ». En 2017, Delcir Sonda, le patron de l’entreprise qui gérait auparavant les droits de la société Neymar, affirmait même que le Brésilien devait signer au Real et qu’il a signé au Barca grâce à l’argent de Rosell.

« Neymar a atterri au Barça parce que Sandro Rosell a soudoyé son père. C’est le délit de corruption entre particuliers que nous dénonçons »

Quoi qu’il en soit, c’est une affaire qui a sali l’image du club et qui lui a posé des problèmes avec la justice durant plusieurs années. Par ailleurs, quelques semaines plus tard, le Barca est interdit de recrutement pour l’été 2015 par suite d’infractions relatives aux transferts de mineurs… Un bourbier de scandales touche le club catalan au cours de cette période.

À la suite de la démission de Rosell, Bartomeu prend le relais jusqu’aux prochaines élections. Ancien responsable de la section basket entre 2003 et 2005, il démissionne lors de cette dernière année, comme Sandro Rosell qu’il va suivre.

Par la suite, il sera nommé vice-président par celui-ci et prendra naturellement sa succession après sa démission. Son mandat court jusqu’en 2016, mais Bartomeu convoquera des élections anticipées dès 2015 qu’il remportera. Pour beaucoup de supporters, il surfe sur les résultats de l’équipe pour être réélu. Quoi qu’il en soit, Bartomeu est dorénavant président jusqu’à l’été 2021.

Bartomeu prend la succession de Rosell suite à la démission de celui-ci (crédit image: Marca)

Bartomeu est aujourd’hui sous le feu des critiques de tous les supporters Blaugranas. Considéré comme l’un des pires présidents du Barca par certains, il est sous la menace d’une motion de censure, qui a atteint plus de 20 000 votes, ce qui est historique. Mais qu’à t-il fait pour en arriver là ? Ce qui est avant tout reproché, c’est sa politique de transferts.

En effet, depuis l’arrivée de Rosell, un changement de politique sportive important va marquer le club, au niveau du recrutement notamment. Depuis 2010, le Barca est le second club qui a dépensé le plus d’argent dans les transferts, là est la subtilité. La direction va investir dans des joueurs assez chers mais qui vont performer tout de suite (car ce sont des joueurs déjà complets), au lieu de développer de jeunes joueurs.

Le but est d’obtenir des résultats très rapidement car ils permettent une rentrée d’argent plus rapide et plus conséquente, donc une marge de manœuvre plus large pour la Junta en place. Ce choix de dépenses va concorder avec l’augmentation de la puissance financière du Barca, dû aux très bonnes performances réalisées ces dernières années mais aussi avec l’arrivé du sponsor depuis 2011. On ne peut nier que le Barca peut maintenant beaucoup dépenser car le club est une force économique qui ne cessera de croitre durant la décennie.

Les Barcelonais vont ainsi se concentrer sur des recrutements de joueurs qui ont une très forte valeur sportive mais surtout, une très forte valeur marketing. C’est donc ainsi que huit des dix plus gros transferts de l’histoire du club vont avoir lieu sous la présidence Bartomeu. Mais si c’est une stratégie qui pourrait à première vue paraitre payante, elle va se transformer en véritable catastrophe. D’une part, car ces arrivées ne seront pas faites de manières intelligentes et en fonction des besoins de l’équipe mais surtout car une grande partie seront des « flops », et donc considérés comme des pertes d’argent.

Tout en haut de la liste de ces transferts colossaux, on retrouve Griezmann, Coutinho et Dembélé. Si ce dernier nous fait lever de notre canapé par son talent à chaque fois qu’il joue, ses problèmes physiques récurrents et son faible nombre de matchs ne permettent pas encore de le considérer comme un transfert réussi au vu de la somme investit (105M€ + 40M€ de bonus). Griezmann (120M€), apparait aujourd’hui encore comme une erreur de casting et Coutinho (120M€ + 40M€) fût un échec sur le plan sportif (mauvais positionnement sur le terrain notamment) avant d’être prêté au Bayern, puis revenir cet été. Malgré cela, il y a l’espoir que la situation change et que ces 3 transferts aient vocation à réussir dans les prochaines années, avec un nouveau système tactique qui permet de faire jouer les trois ensemble dans des conditions optimales, comme essaie de mettre en place Koeman par exemple. En revanche, cela ne changera rien aux sommes colossales perdues dans les autres transferts soit incompréhensible soit « flops » ou soit erreur de casting du Barca sous Bartomeu : Arda Turan (34M€), Aleix Vidal (17M€), André Gomes (35M€), Paco Alcacer (30M€), Deulofeu (12M€), Marlon (5M€), Malcom (40M€), Semedo (36M€), Yerry Mina (11M€), Firpo (18M€), Douglas (4M€), Denis Suarez (12M€) , etc… Pour une majorité de supporters, le Barca renie ses principes en dépensant autant dans des transactions de joueurs.

Figure 3: investissements en indemnités de transfert par club, millions € (2010-2019)
Le classement des clubs ayant investi le plus en indemnités de transfert,en millions d’euros, depuis 2010. (source: Rapport mensuel de l’Observatoire du football CIES n°47 – Septembre 2019)

Si certains transferts ont été sauvés grâce à une plus-value lors de la vente, il n’en demeure pas moins que ce sont des déceptions qui ont empêché d’investir plus intelligemment sur le moment. Ce recrutement excessif a également handicapé le Barca au niveau financier. L’argent étant dépensé tellement vite et la masse salariale du club étant tellement importante, que le club se retrouve dans une situation où il n’a plus d’argent pour recruter, comme on l’a encore vu cet été, ou pour réaliser des projets comme rénovation du Camp Nou par exemple). Le tout malgré une puissance financière importante et des chiffres de revenus historiques pour le club (900M€ de revenu en 2019, NDLR) . Un paradoxe qui plonge le club dans une crise économique…

L’explosion de la masse salariale du Barca en chiffre. (crédit image: Goal.com)

Ce tournant assez abrupte dans la politique de transferts va contraster avec ce qu’il s’est passé lors des années précédentes et notamment participer à ce que beaucoup de supporters considèrent également comme l’un des principaux problèmes aujourd’hui : la mauvaise gestion et utilisation de la Masia. Cette stratégie va aboutir à la chute de ce qui a fait la renommée du club ces dernières années : l’intégration puis la titularisation de joueurs formés à la Masia. En exemple et en image du contraste du changement de l’utilisation de la Masia, Vilanova aligne en 2012 contre Levante un onze exclusivement composé de joueurs issus de la Masia, alors que Valverde aligne en 2018 un onze composé sans un seul joueur formé au club. Cela s’explique par plusieurs facteurs. Déjà, l’arrivée de ces joueurs réduit l’intégration de nouveaux jeunes au sein de l’effectif première, car ces derniers ne performent pas aussi vite que des joueurs déjà confirmés.

« Barcelone a atteint un tel niveau de jeu qu’il n’y a pas de place pour essayer de voir si cela fonctionne. Les joueurs doivent être extrêmement talentueux avant de pouvoir intégrer l’équipe. Si l’équipe A était moins forte, cela serait plus facile »

Les propos de Rakitic, en 2018, sur la place accordée aux jeunes joueurs au sein du club

Ce niveau d’exigence plus élevé plairait à beaucoup, mais énormément de Blaugranas considèrent l’intégration de jeunes comme quelque chose d’essentiel et surtout qui fait partie de l’identité du club. Cela pose donc question, depuis Roberto, plus aucun jeune formé à la Masia ne s’est installé durablement dans l’équipe première, même s’il y a des motifs d’espoir avec Fati et Riqui Puig pour les prochaines années. Mais cette diminution d’intégration de jeunes masians pousse donc de plus en plus de joueurs à quitter le Barca une fois leur formation terminée pour être sûr d’aller chercher du temps de jeu dans d’autres clubs, qui leur promettent une intégration plus rapide au monde professionnel.

Par ailleurs, ce choix d’achat massif se ressent également dans les sections jeunes et la réserve du Barca. Beaucoup de joueurs ont été achetés pour le Barca B, dans le but d’améliorer l’effectif et les faire monter. Or, non seulement beaucoup ont été des échecs et n’ont jamais intégré la A (ou sont simplement partis), mais surtout cela a renforcé ce sentiment d’abandon des jeunes et le Barca B, qui pendant longtemps était un tremplin pour les jeunes masians afin d’intégrer la A. La réserve a en effet toujours eu un rôle primordial car elle permettait aux jeunes d’entreprendre une formation à un niveau élevé avant d’espérer évoluer en équipe première. Même pour des rôles de doublures en A, le club s’appuyait sur sa réserve. Aujourd’hui la direction s’oriente plutôt vers des achats extérieurs et délaisse sa cantera.

En 2012, Vilanova aligne un onze 100% Masia ! Une époque qui parait bien lointaine… (crédit image : BeSoccer.com)

Pour conclure, le Barca a donc vécu une décennie bien différente que la précédente. En plein âge d’or il y a encore 10 ans, le club est aujourd’hui dans la tourmente avec une direction qui pose question. Entre achats massifs, Masia délaissée et scandales extra-sportifs, le duo Rosell-Bartomeu est aujourd’hui dans le viseur d’une majorité des supporters pour sa gestion du club. 

Une crise identitaire qui empêche le club d’avancer ?

Les choix douteux de la direction font donc énormément débat et instaure un climat hostile sur le Camp Nou. Mais au-delà de ces problèmes directionnels, l’un des gros ennuis du Barca ces dernières années est le jeu proposé par l’équipe pendant les matchs. En effet, celui-ci est qualifié d’ennuyant et ne collerai pas avec l’identité du club. Mais qu’est-ce que cela veut vraiment dire ? On ne peut nier que le Barca a cette étiquette de club qui joue un beau football et qui est agréable à regarder, et ce n’est pas une image totalement infondée tant le Barca nous a ébloui ces dernières décennies.

Tout commence à la fin des années 80, en 88 pour être plus précis. Le Barca sort d’une saison catastrophique et vit une crise intense, le club est dans ce que beaucoup considèrent comme la pire période de son histoire. Dans ce chaos ambiant, la direction va être prise à parti et pointée du doigt dans un évènement qui marquera les esprits : « la mutinerie l’Hesperia ». Lors de la fin de saison, les joueurs du Barca organisent une réunion où ils demandent la démission de Núñez, le président en place. Une prise de parole très forte où ils accusent la direction de ne pas respecter le club et réclament une augmentation salariale. Núñez, majoritairement soutenu par les socios, ne quittera pas son poste mais une révolution complète aura lieu. Près de 14 joueurs quittent l’effectif sous fond de désaccord avec la direction, Luis Aragonés n’est plus l’entraîneur et surtout, Johan Cruyff arrive sur le banc blaugrana. Pour rappel, le Néerlandais a porté la tunique azulgrana en tant que joueur entre 1973 et 1978, il est arrivé pour une somme record à l’époque et est reparti avec le titre de légende. L’arrivée de Cruyff changera le club à jamais.

Hendrik Johannes Cruijff, dit Johan Cruyff. (crédit image : Eurosport)

Au niveau du palmarès déjà, avec 11 trophées remportées dont la prestigieuse C1. Mais surtout, il a bâti une conception du football qui restera reine au Barca pendant longtemps et qui est aujourd’hui ancrée dans l’ADN du club. Cette conception s’appuie sur un football où le résultat pur et dur n’est pas l’essentiel, mais où la manière dont on obtient ce triomphe prime.

Pour obtenir cette formule-là, il va avant tout s’appuyer sur des joueurs sans qualités physiques particulières mais qui maniaient le ballon avec brio. Il ne se souciait non plus de la petite taille de ses milieux, critère qui était mal vu à l’époque. Ces joueurs de qualités que Cruyff a, soit recruté à son arrivée, soit cherché à la Masia lui ont permis d’avoir une équipe forte et dominatrice avec le ballon. Il a ensuite placé ces joueurs dans un système tactique innovant : le 3-4-3. Le but est de densifier le milieu de terrain afin d’accentuer cette maîtrise de la balle mais également d’obliger l’équipe à jouer plus haut et occuper toute la largeur du terrain.

Cette composition est un dérivé du 4-3-3 qu’il a connu à l’Ajax et est révolutionnaire dans une époque où le 4-4-2 prime. De nombreux supporters ne comprenait pas l’utilité d’avoir autant d’attaquants et si peu de défenseurs.

« Il y avait un tableau noir et il a dessiné trois défenseurs, quatre milieux de terrain, deux ailiers et un avant-centre. Nous nous sommes tous regardés et on s’est demandé ce que c’était que ce truc. Et surtout comment on pouvait jouer avec seulement trois défenseurs. Il a mis en place une nouvelle façon de jouer au football en Espagne. C’était une révolution »

Eusebio Sacristán, ancien milieu du Barca (1988-1995), sur la tactique de Cruyff, dans une interview pour FourFourTwo

Il a utilisé ce schéma lors de la majorité de son passage en Catalogne, qui déviait aussi en 4-3-3. Dans ce schéma, les joueurs sont toujours en mouvement, le but étant de toujours proposer une solution au porteur du ballon. Les transmissions sont rapides, dans le bon tempo et si possible vers l’avant. La défense à trois est également compensée par un pressing intense à la perte du ballon.

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Le 3-4-3 de Cruyff en 1992 (crédit image: tompaynefootball.wordpress.com)

C’est cette originalité qui va donner au Barca de l’époque cette impression de proposer un jeu spectaculaire. Dans un temps où la défense était la base du jeu de l’équipe, Cruyff bouleversera cela avec un système et des principes innovants tournés vers l’attaque ! C’est la révolution Cruyff. Cette idée d’un football offensif et spectaculaire fera naître le mouvement Cruyffiste, c’est-à-dire un mouvement qui idéalise les principes du Néerlandais comme étant la manière la plus juste de jouer au football. A partir de ce moment, le Barca voudra appliquer cette philosophie aux génération futures et incorporera les principes de ce dernier comme étant la base du jeu blaugrana. De nombreux entraîneurs s’identifieront aux principes d’El Flaco et ce sera notamment ce sur quoi s’appuieront Rijkaard et Guardiola pour construire leur jeu. Toutefois, si la base de leur tactique repose sur les grandes idées de Cruyff, elle n’est pas exactement identique à celle du mythique entraîneur. En effet, avec le temps la signification du mouvement a évolué et aujourd’hui il est trop souvent utilisé à tort. Ce qui est, à l’heure actuelle, réclamé par les supporters n’est plus du tout la même chose qu’à l’époque.

Mais revenons en à cette situation actuelle, où ce qui est vu sur le terrain fait l’objet de nombreux débats. En effet, le jeu que propose le Barca depuis 3 ans notamment est bien loin de ce que l’on voyait encore il y a quelques temps et cela dérange. C’est une équipe qui pratique un jeu plus défensif, moins possessif et qui subit beaucoup. Le 4-4-2 de Valverde ou le 4-3-3 bien trop stérile de Sétien en sont les exemples. Et cela agace une grande majorité des supporters. Ce jeu très loin des standards habituels du club et cette incapacité à renverser la tendance montrent un problème plus profond : le club a du mal à se réinventer. Le Barca semble plonger dans ce que l’on peut qualifier comme une crise identitaire : comment doit jouer cette équipe ?

Pour y répondre, il y a différentes écoles. On peut déjà exclure ceux qui ne jurent que par les résultats : un Barca qui gagne sans satisfaire, ça ne marche pas pour l’opinion publique. Le club a comme une obligation de proposer du « beau jeu » en raison de son passé et toute la tension que l’on a ressenti sous Valverde prouve que cette pression existe. Si on exclut les deux humiliations, ce qui a été principalement reproché a Valverde est la manière de jouer de son équipe. Un jeu aux aspects trop défensifs avec un entraineur qui pose comme base de départ un 4-4-2 (ou 4-3-1-2), incapable de changer durant le match. Si certains sont relatifs et essaient d’expliquer ce choix (effectif de mauvaise qualité, tentative de combler les errances défensives, NDLR), il n’est clairement pas possible de tenter de mettre en place ce type d’approche et la fracture entre les supporters et Valverde que l’on a ressenti l’a démontrée. Plus généralement, le monde du football et du journalisme qualifiait le jeu de Valverde comme étant à l’antithèse de ce que doit proposer le club. Un devoir de bien jouer qui est ancré dans la tête de beaucoup de personne. Et qui est nocif pour le club ?

Le Barca de Valverde, un Barca jugé trop défensif avec des choix qui posent questions chez les supporters (crédit image : barcelonaanalysis.com)

On a ensuite les puristes, ceux qui ne jurent que par Cruyff et Guardiola. Ces deux entraineurs représentent les deux âges d’or du club, il est donc naturel de s’y rattacher et les prendre comme point de référence. Mais plusieurs questions se posent alors. Tout d’abord, n’est-il pas utopique de penser que le Barca retrouvera un jour le niveau de 2008-2012 ? Cela parait en effet compliqué. Et puis surtout, même si cela représente des belles années, cela ne représente pas toute l’histoire du club. En effet, il n’y a pas une seule façon de gagner mais plusieurs. Evidemment, il peut y avoir une base commune qui sert de socle aux différentes tactiques mais ce n’est pas forcément un jeu strictement identique qui doit à chaque fois être mis en place.

C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé au Barca. Le club a gagné cinq Ligue des Champions avec quatre entraineurs différents. Et si les quatre coachs utilisaient comme base commune quelques principes et idées de jeu de Cruyff, le fond était différent. Le Barca de Cruyff ne jouait pas de la même façon que celui de Rijkaard, qui ne pratiquait pas le même football que celui de Guardiola et qui ne jouait lui-même pas de la même façon que celui d’Enrique ! C’est dans cette direction que le club devra aller : reprendre le fond mais changer la forme ? Il ne faut pas appliquer toujours les mêmes principes à des époques différentes. Le football évolue, mais il faut également ne pas oublier ce qui a fait la réussite du club. Il faut simplement évoluer de manière intelligente et ainsi, l’entité blaugrana pourra se réinventer, avec Koeman par exemple.

En conclusion, le Barca reste aujourd’hui, indéniablement, un des clubs les plus puissants au monde. La base de supporters reste énorme et le club continue d’attirer autant d’amoureux du football. Mais les temps sont troubles et la mauvaise gestion du club depuis une dizaine d’années vient installer un climat anxiogène autour de l’édifice catalan. La saison qui arrive s’annonce dors et déjà comme un tournant pour les Barcelonais. Déjà, parce qu’il devient impératif de relever le niveau de jeu sur le terrain, mission accordée à Koeman, mais surtout car le président va changer. Les élections approchent et Bartomeu ne pourra pas se représenter. La mission du prochain président sera donc lourde : changer de cap et rebâtir sur des bases nouvelles ou alors suivre la continuité de ce que l’on voit. Laporta ou Font qu’importe, l’un des deux aura l’avenir crucial du Barca entre ses mains.

Rubiales dans la tourmente : crise en vue à la Fédération ?

L’actualité de ces dernières semaines se résume évidemment à la crise du Covid-19 qui paralyse le monde entier. En Espagne, comme dans la quasi-totalité des pays du monde, le football professionnel et amateur est à l’arrêt. Luis Rubiales, président de la Fédération Espagnole, critiqué de toutes parts, tente tant bien que mal de gérer cette crise alors qu’une véritable crise institutionnelle semble se profiler.

En ce moment, la RFEF (Fédération Espagnole, NDLR), LaLiga et l’AFE (Syndicat des Joueurs, NDLR) essuient les critiques concernant leur incapacité à collaborer dans des temps aussi difficiles que celui que nous traversons où l’unanimité se fait attendre. Le drame se ressent plus particulièrement autour de Luis Rubiales. L’actuel président de la RFEF ne semble pas être dans la meilleure posture pour aborder les élections qui auront lieu, au plus tôt, fin mai. Impliqué dans des affaires qui dégradent son image, Rubiales tente d’apporter du nouveau dans le football espagnol. Des changements qui divisent en Espagne et qui le fragilisent encore un peu plus, lui, et surtout la Fédération qui donne l’impression d’être également en difficulté.

Roja : Luis Rubiales "con dos cojones" - Furia Liga
Le bilan de l’Espagnol à la tête de la Fédération reste très mitigé (crédit : FuriaLiga)

Des changements pour sauver les meubles ?

Luis Rubiales l’a très bien compris, il ne part pas favori pour remporter les prochaines élections à la présidence de la Fédération. C’est son adversaire principal, Iker Casillas, qui est montré largement en tête dans les sondages. Pour inverser la tendance, Rubiales veut apporter divers changements concernant le football espagnol. Sachant qu’il n’a plus rien à perdre, il souhaite tenter le tout pour le tout.

Commençons par évoquer les deux principales réformes de son mandat à savoir celle de la Copa Del Rey mais aussi de la SuperCopa qui ont toutes les deux pris effet lors de cette saison 2019/20.

La réforme de la coupe nationale a plu aux amateurs de football notamment grâce à la suppression des matchs aller-retour, sauf en demi-finale, et aussi en instaurant que ce serait désormais l’équipe de la plus basse division qui jouera le match chez elle, devant son public. Alors qu’à l’heure actuelle il ne reste plus que la finale à disputer, les médias et supporters espagnols tirent un bilan positif de cette première réforme. Certains ont vu en cette réforme un retour aux valeurs du football qui mettait en avant les équipes les plus modestes. Effectivement, les gros ont chuté dans cette compétition, si bien qu’en demi-finales, nous comptions trois équipes de Primera (Real Sociedad, Granada & l’Athletic) et même le CD Mirandés, équipe de deuxième division. Vous l’avez remarqué, ni le Real, ni le Barça, ni l’Atlético ou ni le Valencia CF n’étaient là, tous éliminés auparavant. Symbole d’une réforme qui aura redonné de l’enjeu à une compétition parfois trop souvent délaissée…

Mirandes: Who are the Plucky Underdogs in the Copa del Rey Semi ...
Les joueurs du CD Mirandés célébrant leur qualification pour les demi-finales après avoir battu le Villarreal CF, le Sevilla FC ou encore le Celta (crédit : 90min)

En revanche, la réforme de la SuperCopa est nettement moins bien passée. Premièrement, c’est le format que Luis Rubiales a décidé de changer en incluant quatre équipes au lieu de deux : le vainqueur de Copa et son finaliste ainsi que le vainqueur de Liga et son dauphin. Beaucoup de médias ont critiqué ce nouveau format qui rajoutait des matchs en janvier, mois où les calendriers sont réputés pour être relativement chargés. Ce qui a également fait tâche, c’est le lieu où s’est déroulé la compétition, à savoir en Arabie Saoudite. Le pays du Golfe Persique a versé 120 millions d’euros à la RFEF pour accueillir la compétition jusqu’en 2022. Inutile d’expliquer qu’il fut difficile, voire impossible, pour les aficionados espagnols d’aller au stade pour voir jouer leur équipe aussi loin de leurs terres.

Un peu plus dans l’actualité, ce qui fait couler beaucoup d’encre et qui fait débatt en ce moment, c’est la récente proposition, cohérente pour certains, loufoque pour d’autres, visant à envoyer le finaliste de Copa del Rey en Europa League. Revenons plus en détail sur cette proposition.

Récemment, les membres de la Fédération se sont réunis afin d’établir une liste des sept équipes espagnoles qui iront en Europe si jamais la saison de Liga est annulée. La RFEF a alors décidé de prendre en compte le classement actuel qui enverrait quatre équipes en Ligue des Champions et trois en Europa League. C’est là où Luis Rubiales veut changer les choses et a proposé d’envoyer le finaliste de Copa en Europe si jamais son vainqueur y est déjà qualifié par le biais du championnat. Si jamais la saison en cours est annulée, cela signifierait que dans tous les cas l’Athletic serait en Europe la saison prochaine, puisque la Real Sociedad est déjà virtuellement qualifiée en Ligue des Champions, et ce quelque soit la résultat de la finale.

Corona Virus Outbreak makes the Copa Del Rey Final waver
Luis Rubiales posant devant le trophée de la Copa, en compagnie de Jokin Aperribay (président de la Real Sociedad) et Aitor Elizegi (président de l’Athletic) (crédit : Eng News 24)

En somme, qualifier le finaliste de Copa reviendrait à supprimer une qualification potentielle via la septième place du championnat qui était synonyme de barrage pour accéder à l’Europa League. Toujours actuellement, c’est le Valencia CF qui en ferait les frais. Il reste désormais à savoir si Rubiales souhaite appliquer ce changement uniquement pour cette saison, si elle est annulée. Rien ne dit que ce changement ne sera pas définitif au cours des futures saisons. Pour cela, il faudra très probablement se mettre d’accord avec LaLiga, ce qui ne sera pas chose facile.

Le natif de Las Palmas aura également aidé les clubs des plus basses divisions dans cette crise du Covid-19 en leur apportant des aides financières. Nous noterons aussi qu’il a œuvré, au début de saison, dans l’histoire des horaires en Liga en s’opposant à ce que des rencontres soient jouées le vendredi et le lundi. Finalement, c’est une balle au centre puisque seuls les matchs du vendredi ont été maintenus. Ceux du lundi ont disparu, au plus grand désarroi de son collègue Javier Tebas.

Des accrochages trop fréquents avec Tebas qui le décrédibilisent

Ce n’est pas nouveau, Javier Tebas, président de LaLiga, et Luis Rubiales ne s’entendent tout simplement pas. Les deux hommes n’hésitent pas à se tacler de temps en temps sur divers sujets où ils sont très souvent en opposition, comme sur l’affaire des matchs du vendredi et lundi ou bien encore, plus récemment, en ce qui concerne la reprise du championnat. Une polémique qui enfle en Espagne et qui fait chuter la côte de popularité des deux dirigeants.

Lors d’une réunion entre le Syndicat des Joueurs, la RFEF et LaLiga, il y a peu de temps, les avis divergeaient. Selon les médias, une fois le championnat repris, la Fédération souhaitait faire jouer toutes les 72 heures et LaLiga toutes les 48 heures. Le but étant de boucler rapidement la saison, tandis que l’AFE demandait de meilleures conditions pour les joueurs. Entre accusations et diffamations, les communiqués des institutions ont fusé en se rejetant la faute et en niant les faits reprochés.

LaLiga Santander: The war between Tebas and Rubiales | MARCA in ...
Luis Rubiales et Javier Tebas, deux hommes que tout oppose (crédit : Marca)

Pour couronner le tout, Luis Rubiales a enregistré et divulgué publiquement les échanges au cours de cette réunion. De quoi remettre de l’huile sur le feu quand l’AFE et LaLiga déclarent ne pas avoir été informés qu’ils étaient enregistrés alors que la Fédération affirme les avoir prévenu… Dans cette affaire, le Syndicat des Joueurs a peu existé, acceptant un coup les 48 heures proposées par Tebas, puis se disant obligé d’accepter les 72 heures de Rubiales. La situation en est donc au point mort.

« Les audios révèlent ce que l’AFE et la Liga voulaient cacher […] En aucun cas ils n’ont été manipulés ou biaisés, comme l’affirme encore une fois LaLiga à tort sans fournir aucun type de preuves »

Luis Rubiales taclant une nouvelle fois LaLiga et assurant que ces audios étaient réels (Mundo Deportivo)

Bien d’autres « petits riens » ont été une source de conflits entre Javier Tebas et Luis Rubiales. Le président de LaLiga s’est d’ailleurs dit surpris que la Fédération n’ait pas pris en compte son avis lorsqu’elle a choisi d’envoyer le finaliste de Copa en Europe, comme évoqué plus haut. Une guerre quelque peu enfantine qui semble ne pas avoir de limites.

Des accusations qui empirent la situation

En plus de cette mésentente avec LaLiga, Luis Rubiales n’est pas au bout de ses peines. En effet, au début du mois d’avril, il a été accusé d’avoir falsifié des documents concernant les futures élections à la présidence de la RFEF. Ces documents, dont on sait peu pour le moment, semblaient avoir un lien sur le nombre de personnes éligibles à voter à la Fédération et auraient pu avoir une influence directe sur le résultat de l’élection. Une affaire qui pourrait bien mettre fin aux espoirs de réélection de Rubiales…

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Suite à cette affaire, Rubiales et son avocat comparaîtront à Madrid le 21 mai prochain (crédit : 20Minutos)

Dans son mandat, l’Espagnol s’est aussi décrédibilisé avec l’ingérence des cas Lopetegui et Moreno. Le premier avait été démis de ses fonctions de sélectionneur à seulement deux jours de l’entrée en lice de l’Espagne au Mondial 2018… pour s’être engagé en tant qu’entraîneur du Real Madrid sans en avoir informé Luis Rubiales.

Et concernant Robert Moreno, histoire plus récente, il avait été renvoyé pour céder sa place à Luis Enrique. Pour rappel, l’ancien coach du Barça avait décidé de quitter son poste de sélectionneur en juin 2019, en raison du décès de sa fille. Il avait été remplacé par son adjoint, auteur de très bons résultats, jusqu’en novembre 2019, qui avait déclaré qu’il était prêt à faire un pas de côté pour qu’Enrique revienne.

En fin d’année dernière, il est renvoyé sans réel motif au lieu de reprendre son poste d’adjoint. Enrique justifiera son licenciement en affirmant qu’il avait trouvé Robert Moreno trop «ambitieux» et qu’il y voyait quelque chose de «déloyal». De son côté, Rubiales avait été soupçonné d’avoir pris une décision sportivement incohérente. Deux dossiers mal gérés qui restent en mémoire des Espagnols, rallongeant la liste des polémiques autour de ce dernier.

Robert Moreno totalise un total de quatre victoire en six matchs (crédit : futbol.com)

Tourmenté, Luis Rubiales désire donc apporter de la nouveauté dans le football espagnol pour, peut-être, essayer d’inverser la tendance grâce à un gros coup de poker et de virer en tête aux élections. Néanmoins, son mandat assez mitigé et ses problèmes en interne nuisent à son image et à celle de la RFEF. Pas toujours exemplaire dans ses fonctions, Rubiales semble avoir perdu la confiance du football amateur en Espagne et donne une trajectoire inquiétante au crédit de la Fédération. C’est également ce que l’on pourrait associer à un début de crise lorsque l’on voit l’accumulation d’histoires fâcheuses qui s’abattent sur la RFEF. Face aux critiques que les institutions essuient, et plus particulièrement la RFEF, le moment de réorganiser l’organigramme du football espagnol est peut-être arrivé…