La Real Sociedad peut-elle tout perdre ?

Méconnaissable depuis la reprise de LaLiga, la Real Sociedad s’écroule en championnat. Défaits à plusieurs reprises et incapables de retrouver leur rendement offensif qui éblouissait il y a encore quelques temps, les Basques perdent de précieux points. Et à l’approche de la fin de saison, ce n’est plus le moment de faire de faux pas.

Avant l’arrêt provisoire de LaLiga, la Ligue des Champions était encore un objectif réel et espéré par les joueurs de la Real. Aujourd’hui, les choses ont changé, plutôt dans un sens négatif. Avant de se déplacer à Getafe, ce lundi soir, la Real Sociedad occupe la septième place du classement et voit son avance, sur les autres concurrents, fondre petit à petit dans la course à l’Europe. Ce climat particulier de fin de saison déstabilise assurément les hommes d’Imanol Alguacil, qu’il semble plus probable de voir lutter pour une place en Europa League. Avec la finale de Copa del Rey en ligne de mire, et vu les difficultés actuelles, les Txuri-Urdin peuvent-ils tout perdre sur ces derniers matchs ?

Une dynamique inquiétante

Passée tout proche d’une défaite lors de la journée de reprise face à Osasuna (1-1), après avoir été dominée et menée, la Real Sociedad n’a pas su engranger le moindre point sur ses trois dernières rencontres. Des statistiques incroyablement inquiétantes, notamment avec les deux déroutes à Anoeta, qui témoignent d’une faiblesse importante.

Le test final - Real Sociedad de Fútbol S.A.D.
Les joueurs de la Real à l’entraînement, dans leur stade (crédit : Real Sociedad)

Ceux qui ont porté cette équipe durant les deux premiers tiers de la saison sont largement en dessous depuis la reprise, et cela a une conséquence sur les résultats. En attaque, Mikel Oyarzabal est peu visible alors que Alexander Isak et Willian José sont en concurrence pour le poste d’avant-centre, mais aucun des deux ne parvient réellement à convaincre Imanol Alguacil.

Portu se crée, quant à lui, de très bonnes occasions et dynamise le jeu offensif. De même pour Adnan Januzaj, titulaire face au Celta et auteur d’une très bonne performance. Malheureusement leur influence reste trop limitée et pas assez forte pour permettre d’inverser la tendance. En quatre rencontres, la Real n’a marqué que deux buts. Un total bien trop faible pour une équipe classée dans les meilleures attaques du championnat.

Pourtant, les Txuri-Urdin savent mettre du rythme dans leurs matchs par moments et montrent qu’ils savent encore inquiéter les défenses adverses. Mais dans le dernier geste, la finition n’y est pas et elle a pénalisé les joueurs de San Sebastián a plusieurs reprises sur les derniers affrontements.

Alavés 2-0 Real Sociedad: La Real Sociedad no vuelve del parón y ...
Vaincue 2-0 par Alavés, la Real Sociedad a perdu le dernier derby basque de la saison en Liga (crédit : El Español)

Au milieu, Martin Odegaard est en galère, beaucoup trop imprécis, tout comme Mikel Merino. Le Basque commet, anormalement, un nombre de fautes excessif depuis la reprise. Un constat qui s’applique à l’ensemble de l’équipe plus généralement. Les autres joueurs utilisés à ce poste, tels que Zurutuza, Zubimendi ou encore Igor Zubeldia, n’ont pas réussi à apporter un renouveau dans l’entre-jeu.

Enfin, défensivement, c’est là qu’on retrouve le plus gros souci de cette équipe. Une dernière ligne coupable sur beaucoup de buts concédés par la formation basque. En effet, la Real Sociedad a concédé pas moins de six pénaltys sur ses six derniers matchs de Liga. La charnière centrale, composée de Llorente et Le Normand, y est pour beaucoup dans cette affaire.

De plus, pour cette fin de saison, les Basques devront composer sans leur capitaine Illarramendi, qui a rechuté en processus de récupération (et déjà blessé depuis fin août, NDLR), et Ander Guevara. Les jeunes Luca Sangalli et Ander Barrenetxea sont eux aussi blessés, en attaque. Deux absences qui vont probablement poser problème pour la rotation et pour relancer une équipe en difficulté pour marquer.

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Jusqu’alors impressionnante, l’armada offensive de la Real connaît ses limites (crédit : Mundo Deportivo)

L’Europe, un objectif toujours possible ?

Dans le nord de l’Espagne, la grande crainte est évidemment de manquer l’Europe après avoir fait une telle saison. Quasiment irréprochable sur ces 27 premières journées, la Real Sociedad occupait une place qualificative pour la Champions League au moment de l’arrêt du championnat. Aujourd’hui, avec un match de moins, qui sera joué ce soir contre Getafe, le club est logé à la septième place. Autrement dit, une place envoyant en l’Europa League mais à l’issue de tours de qualifications.

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Avançant à un rythme bien trop lent, la Real a vu une qualification en C1 se compliquer, comptant déjà sept points de retard sur Sevilla, quatrième, et commence désormais à s’interroger sur la C3. Villarreal est cinquième, avec quatre unités de plus, suivi de Getafe à 49 points. La Real et ses 47 points sont talonnés de près par Valencia (46 points) et l’Athletic (45 points) alors que Granada (43 points) est légèrement plus en retrait. Avec seulement un point pris sur douze possibles en quatre rencontres, il faut vite repartir.

Il faut d’ailleurs préciser que leur calendrier de fin de saison va être difficile à négocier. Après le déplacement à Getafe de ce lundi 29 juin, les Basques recevront l’Espanyol. Ils affronteront ensuite, dans les dernières journées, Levante, Granada, Villarreal, Sevilla et l’Atlético, avec chaque fois une alternance domicile/extérieur.

Real Sociedad: Prieto: "Ojalá Odegaard siga un año más, le escucho ...
En parallèle, les Txuri-Urdin espèrent prolonger le prêt de Martin Odegaard la saison prochaine (crédit : Marca)

Parmi tous ces adversaires, on peut distinguer au moins cinq matchs cruellement décisifs pour l’Europe. Ce sont donc dans ces moments que la Real Sociedad devra répondre présente comme elle a su le faire auparavant. Même si la réalité sportive est plus difficile en ce moment, mathématiquement rien n’est déjà figé pour une place en Europe.

Une finale de Copa en jeu

A défaut de savoir quand se jouera cette finale, reportée pour pouvoir être jouée avec du public, on connait déjà l’adversaire des coéquipiers de Mikel Oyarzabal, qui sera l’Athletic. Le voisin, et rival basque, lutte également pour une place en compétition continentale. Mais le plus intéressant là est évidemment cette confrontation historique en finale.

Contrairement à la dynamique affichée par les deux équipes avant la trêve, l’Athletic semble aujourd’hui en meilleure forme que son adversaire direct. Les Leones se sont rapprochés des places européennes et affichent un bon état d’esprit depuis la reprise. La Real paraît plus faible à côté mais c’était bien l’inverse en mars dernier.

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Victorieuse à Mirandés, la Real Sociedad validait son billet pour la finale le 4 mars dernier (crédit : Le Soir)

Cela dit, il est encore trop tôt pour tenter de donner un favori, étant donné que les sensations des joueurs évolueront. D’autant plus qu’on ne sait pas si cette finale se jouera cette saison, apparemment non, en début de saison prochaine ou même l’année prochaine. Tout cela dépendra du retour du public dans les stades. En bref, nous sommes encore trop loin pour annoncer une équipe en meilleure posture que l’autre pour cette finale, à Sevilla.

Même si la faiblesse se fait ressentir dans les résultats de la Real, il n’est donc pas question de s’affoler. Les joueurs sont conscients de la situation, et des objectifs, et sont toujours en position européenne pour l’instant mais vont vite devoir se reprendre pour y rester. Dans une lutte qui est historiquement acharnée, les faux pas dans le sprint final ne sont pas permis. Et avec la finale de Copa Del Rey dans un coin de la tête, la Real sait qu’elle se doit de retrouver un niveau correct dans cette atmosphère du « nouveau football ».

Le bilan de la 28e journée de Liga

Très attendue, puisqu’elle marquait le retour du championnat espagnol pour la première fois depuis mars, cette 28e journée de Liga, entamée par El Gran Derbi, signifiait que la vie reprenait peu à peu son cours. Et ce fut le cas, les dix matchs de cette journée se sont déroulés sans incident majeur avec toujours autant d‘enjeux à tous les étages. Retour sur les rencontres de cette 28e journée de Primera.

Sevilla FC 2-0 Real Betis : le retour du football made in Ocampos

Un derby, deux buts, une victoire sevillista mais surtout une performance sensationnelle pour Lucas Ocampos. Qualifié d’événement mondial par Javier Tebas, ce match que tout le monde attendait depuis plusieurs jours a illustré la situation de deux équipes à la dynamique contraire.

Première rencontre pour illustrer le « nouveau football » et son protocole sanitaire si particulier, ce derby n’aura pas été le meilleur de ces dernières années mais probablement celui qui aura provoqué le plus d’excitation et d’engouement. Dans un triste Ramón Sánchez Pizjuán vide, ce sont d’abord les locaux qui se montrent les plus dangereux avec une frappe d’Ocampos s’écrasant sur la barre de Joel Robles (10′).

Les assauts Blanquirrojos vont se poursuivre avec les coups de tête de Jules Koundé (21′) puis Luuk de Jong (26′) qui frôlent à chaque fois le montant gauche du but du Betis. A l’issue de ce premier acte, les Verdiblancos sont tout simplement inexistants et débordés.

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Lucas Ocampos, sensation de la fin de saison ? (crédit : beInSports)

Au retour des vestiaires, la formation de Lopetegui accélère et vient ouvrir le score (55′) par le biais de son Argentin, sur un pénalty provoqué par Marc Bartra qui avait accroché De Jong sur corner, qui prend Robles à contre-pied. Premier but de ce retour du football en Primera.

Dépassée, la défense du Betis va concéder un deuxième but (61′) dans les minutes suivantes. C’est Fernando qui vient placer sa tête sur un nouveau corner, après que la balle ait subtilement été déviée du pied par Lucas Ocampos. Un second but encaissé sur coup de pied arrêté pour les hommes de Rubi. Dans la dernière demi-heure, le Betis va se montrer plus entreprenant, notamment avec les entrées de Lainez et Joaquín, mais sans véritablement inquiéter Vaclík. Affichant un visage terriblement inquiétant, les Verdiblancos s’inclinent donc dans le derby et permettent au Sevilla FC de consolider sa troisième place.

Résumé du match (11 juin 2020, 22h)

Granada CF 2-1 Getafe CF : l’Europe et le rêve andalou

Dans une des affiches les plus alléchantes de ce week-end, c’est finalement l’équipe madrilène qui s’est inclinée après avoir pourtant mené durant une bonne partie de la rencontre. Une défaite dérangeante pour Getafe mais un succès de prestige pour Granada.

En effet, en début de soirée, sous la chaleur andalouse, ce sont les hommes de José Bordalás (devenu au passage l’entraîneur ayant dirigé le plus de matchs dans l’histoire du Getafe CF, NDLR) qui ouvrent le score avec un golazo magnifique de Timor (19′) après une passe intelligente de Cucurella ! Une enroulée puissante qui achève sa course dans la lucarne de Rui Silva.

Durant la première période, David Soria a à peine à s’employer pour saisir quelques ballons mais rien de bien dangereux. Néanmoins, face aux offensives du Granada, les Azulones reculent et finissent par concéder l’égalisation sur un contre-son-camp de Djené. Le central togolais est surpris de voir le ballon rebondir devant lui pensant que Soria s’en était saisi.

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Toute la joie de David Timor, auteur d’un but somptueux (crédit : Mundo Deportivo)

Paniqués et probablement inquiétés des attaques grandissantes du Granada CF, David Soria et ses coéquipiers vont se faire renverser. C’est Carlos Fernández, à l’issue d’une bonne percée, qui profite d’une boulette inhabituelle du gardien espagnol, qui avait relâché un ballon, pour venir l’allumer et mettre son équipe devant au tableau d’affichage (78′). Au final, la persévérance des Andalous aura payé alors qu’ils ne sont plus qu’à deux points de l’Europe !

Résumé du match (12 juin 2020, 19h30)

Valencia CF 1-1 Levante UD : quand la folie s’empare du money-time

Pour le second derby de cette 28e journée, l’importance de gagner pour le Valencia CF était fondamentale. Au terme d’une rencontre équilibrée et qui s’est enflammée sur la fin, c’est un partage des points à Mestalla.

Relativement calme, le premier acte de ce match n’a permis à aucune des deux équipes de se détacher de l’autre avec beaucoup de déchet technique dans le jeu. Seule la frappe de Carlos Soler (28′) venant fracasser le montant de Aitor Fernández est à signaler parmi les rares offensives de cette première période.

Le match va s’animer après la pause, comme dans la plupart des rencontres de cette journée de reprise. C’est d’abord la frappe de Rodrigo (66′), qui oblige le portier du Levante à s’incliner pour sortir un bel arrêt, qui intervient avant l’expulsion de Roger Martí (73′). L’attaquant Granota avait alors été averti une seconde fois après sèchement tamponné le jeune Hugo Guillamón.

Levante: Toca suplir el gol de Roger en el Levante | Marca.com
L’expulsion de Roger a marqué un tournant du match (crédit : Marca)

Finalement, ce sont les joueurs Chés qui vont marquer en premier (89′) grâce à leur numéro 19, Rodrigo Moreno, venant couper au premier poteau un centre à ras de terre de José Luis Gayà. Mais le match n’est pas terminé, au contraire. Sur l’ultime coup franc du match, Rúben Vezo est accroché par Mouctar Diakhaby à l’entrée de la surface de réparation. Un pénalty donc, aisément transformé par Gonzalo Melero (98′), entré en jeu. Un nul logique sur le fond mais au goût de défaite pour le VCF, dont les supporters ont exprimé leur colère auprès de leur central responsable du pénalty.

Résumé du match (12 juin 2020, 22h)

RCD Espanyol 2-0 Deportivo Alavés : le match du déclic ?

Très vite en infériorité numérique, le Deportivo Alavés a souffert durant toute la rencontre sans même pouvoir tirer une seule fois. Un succès qui fait la joie de l’Espanyol, de nouveau dans l’espoir de pouvoir se maintenir.

C’est une vingtaine de minutes que le match va prendre un tournant différent, jusqu’alors assez calme et équilibré. Sur un ballon en profondeur lancé par la défense barcelonaise, Fernando Pacheco manque complètement sa sortie et se saisit du ballon dans l’arc de cercle de sa surface, se voyant logiquement expulsé (18′). Cette exclusion donne donc l’occasion à Roberto, gardien remplaçant du Deportivo Alavés, de pouvoir s’illustrer à de nombreuses reprises.

Le gardien viendra d’abord réaliser un beau double arrêt face à Wu Lei (29′), puis un nouveau, cette fois-ci en s’illustrant avec un sauvetage réflexe sur le retourné de Adrián Embarba (42′). Impressionnant jusque là, avant de finir par céder sur un coup de tête rageur de Bernardo Espinosa (45+2′), juste avant la pause.

Bernardo Espinosa anotó gol en el triunfo del Espanyol ante el Alavés
Dominant largement la rencontre, l’Espanyol a enfin été récompensé de ses efforts (crédit : Revista Semana)

Et puis, quelques secondes après avoir débuté la seconde période, l’Espanyol va inscrire un second but par Wu Lei qui se présente en face à face devant Roberto (47′). L’attaquant chinois avait été complètement oublié de la défense basque. La fin de match sera plutôt calme malgré les deux tentatives des Pericos (52′ et 80′), respectivement captées et détournées par Roberto, important dans ce match. Le tout avant que Sergi Dader vienne manquer le cadre sur une offrande de RDT (88′). Avec cette victoire, l’Espanyol reprend confiance et peut espérer un déclic dans le but de se maintenir.

Résumé du match (13 juin 2020, 14h)

RC Celta 0-1 Villarreal CF : entre exultation et colère

Proche d’obtenir un point cruellement important pour son maintien, le Celta s’est finalement effondré dans le temps additionnel après avoir longtemps tenu face à une équipe de Villarreal énergique.

La première action du match est à mettre au profit de la formation valencienne avec un premier tir de Gerard Moreno, renvoyé par la défense, et surtout suivi d’un second de Santi Cazorla, bloqué net par Rubén Blanco (15′). Dans la minute suivante, le sous-marin jaune accélère et Vicente Iborra voit sa puissante frappe, venant d’un centre de Mario Gaspar, être détournée par les mains fermes de Rubén (16′).

Les assauts s’enchaînent de la part du Villarreal CF et les Galiciens ne cessent de reculer, se reposant sur leur gardien, comme l’a prouvé la belle incursion dans la surface de Gerard Moreno (35′) mais qui n’a pas pu cadrer. En seconde période, la défense du Celta est mise à mal par le rush de Chukwueze (66′) avant de subir la percée de Carlos Bacca (86′), qui avait pourtant mis à terre Rubén Blanco, voyant son tir raser le poteau.

Samu parachuta al Villarreal en Vigo - Valencia City
Héroïque pendant 90 minutes, Rubén Blanco a finalement dû s’incliner en toute fin de rencontre (crédit : ValenciaCity)

Submergés et sans cesse en train de reculer, le Celta va craquer. Et c’est de Manu Trigueros que va venir la solution. Après une nouvelle intervention du portier galicien dans les pieds de Bacca, Manu Trigueros va finalement récupérer ce ballon et le propulser dans les cages (93′) après qu’il ait été dévié par la jambe de Jeison Murillo. Un résultat qui fait les faveurs du Villarreal CF, exultant, pour la course à l’Europe mais qui enfonce le Celta, abasourdi, dans la lutte pour le maintien.

Résumé du match (Samedi 13 juin, 17h)

CD Leganés 1-2 Real Valladolid : un maintien aux trajectoires différentes

C’était LE match du maintien de cette journée de reprise, dans ce sprint final encore tant indécis, dans lequel deux formations luttent pour rester dans l’élite du football espagnol. Ambitieux mais peu réaliste, le CD Leganés a finalement fini par être puni.

En même temps, il faut dire qu’il y a difficilement pire comme scénario que celui d’encaisser un but dès les premières minutes pour une erreur… Pourtant, c’est une mésentente totale entre le portier Pichu Cuéllar et son défenseur, Chidozie Awaziem, qui a permis à Enes Ünal (2′) d’ouvrir le score. Un ballon qu’aucun des deux protagonistes n’a pris mais poursuivi avant finalement qu’il finisse dans le but.

Voulant repartir de l’avant, Leganés a tenté quelques incursions à l’image de Kévin Rodrigues (11′) ou Guido Carillo (43′) mais avec un cruel manque de précision et de rigueur. Peu présent offensivement, l’équipe de Sergio va doubler la mise grâce à Rubén Alcaraz, tout heureux de marquer (54′) en voyant le ballon boxé par Pichu Cuéllar, atterrir devant lui après qu’un de ses coéquipiers ait manqué sa reprise.

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La gaffe défensive des Madrilènes aura permis à Ünal d’inscrire son cinquième but de la saison (crédit : Pucela Fichajes)

Insistant pour marquer, les Pepineros vont finalement obtenir un pénalty en raison d’une faute de Mohammed Salisu sur Roger Assalé. L’homme des coups de pieds arrêtés et prêté par le Real, Óscar Rodríguez, ne se fera pas prier pour venir tromper Masip (83′). Motivé mais peu transcendant, Leganés s’incline finalement et peut avoir des regrets en sachant que le maintien sera de plus en plus difficile à acquérir.

Résumé du match (13 juin à 19h30)

RCD Mallorca 0-4 FC Barcelona : déjà du lourd pour la reprise

Un match avec un semblant d’incertitude qui s’est en réalité très vite décidé entre deux formations dont l’objectif est le maintien pour les locaux et évidemment, le titre pour les visiteurs a conclu ce samedi soir. Au final, le suspens n’aura pas duré.

C’est seulement après quelques secondes que Arturo Vidal a pu venir crucifier (1′) Manolo Reina d’un cabezazo très bien placé sur un centre millimétré de Jordi Alba. Le travail de Frenkie de Jong sur l’action du but est également à souligner. Mallorca ne baisse pas les bras, comme tout au long du match, et rétorque avec une frappe enroulée de Kubo à l’entrée de la surface mais sortie par les gants de Ter-Stegen (21′).

Avec idées mais sans organisation, les Bermellones perdent rapidement le ballon et encaissent un second but (37′), après plusieurs erreurs, inscrit par Martin Braithwaite d’une puissante reprise, son premier avec le Barça. Le Danois va obtenir une nouvelle occasion de but mais sortie du bout du pied par Manolo Reina (58′) alors que Ante Budimir avait tenté sa chance vers les cages blaugranas quelques minutes plus tôt (48′).

Mallorca 0 - Barcelona 4: resumen, resultado y goles - AS.com
De retour avec un nouveau look, Messi continue d’être demandé par les supporters… même à huis clos ! (crédit : AS)

A son tour, le jeune Ronald Araújo va venir inquiéter les cages majorquines en frappant sur le poteau sur un centre de Sergi Roberto (59′). Enfin, c’est Jordi Alba qui va venir crucifier Manolo Reina après un caviar de Messi en profondeur (78′) suivi d’un nouveau but de ce dernier (90+3′). Une victoire logique mais un score dur pour une équipe de Mallorca qui sera restée motivée et qui devra continuer son combat pour se maintenir.

Résumé du match (13 juin 2020, 22h)

Athletic Club 1-1 Atlético de Madrid : le nul qui n’arrange absolument personne

Attendu comme un véritable duel pour l’Europe, ce partidazo a finalement vu l’Athletic et l’Atlético se neutraliser logiquement en se répondant coup pour coup dans un San Mamés vide et, inhabituellement mais logiquement, muet.

Dominés pendant le premier quart d’heure du match dans ce premier match du dimanche, les Basques subissent dans un premier temps les offensives des Colchoneros. Après avoir alarmé les buts gardés par Unai Simón avec une frappe de Carrasco (12′), l’Atleti recule et concède deux occasions importantes dans le domaine aérien… toutes détournées par l’incroyable Jan Oblak. La première est signée Iñaki Williams (25′) sur un centre de Capa, et la seconde de Yeray après un bon ballon de Muniain (32′).

Avec ce gros temps fort, les Leones en profitent pour ouvrir la marque grâce à leur capitaine Iker Muniain, plaçant un extérieur subtil, aidé par Thomas Partey, sur une passe de Yuri Berchiche (36′). Mais la réplique des Colchoneros ne se fait pas attendre. Après une mauvaise relance de Yeray, Koke et Diego Costa se jouent de la défense basque pour venir remettre les compteurs à égalité (39′) et battre Unai Simón.

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Iker Muniain a célébré son but en hommage des personnes décédées du coronavirus (crédit : Deia)

La deuxième période sera, pour une fois, plus apaisée mais tout de même agitée sur la fin. Renan Lodi et Santiago Arias obligent en effet le dernier rempart de l’Athletic à venir réaliser un double arrêt (79′), premièrement sur le centre-tir enroulé du Brésilien, avant de sauver ses cages en se relevant rapidement pour faire barrage au Colombien de l’Atlético. A l’issue de la rencontre, c’est donc un match nul qui n’avantage ni les Lions pour la course à l’Europa League, ni les Colchoneros pour se qualifier en Champions League.

Résumé du match (14 juin 2020, 14h)

Real Madrid 3-1 SD Eibar : la qualité madrilène a surpassé l’envie basque

Attendu pour répondre à son rival barcelonais, qui avait déroulé la veille, le Real Madrid n’a pas déçu. Une victoire sans trembler au profit de la formation d’Eibar, dans une situation bien différente.

Comme à l’image du Barça, le club madrilène a voulu suivre le même début de match. A savoir une ouverture du score très tôt dans le match, ici grâce à Toni Kroos reprenant sans contrôle un ballon expédié directement dans la lucarne de Dmitrovic (3′). Un but cependant contesté pour une minime position de hors jeu de Karim Benzema, non signalée par l’arbitrage vidéo. Pourtant peu dangereux, le Real va surtout se montrer réaliste et inscrire le second but (30′) du match grâce à Sergio Ramos. Monté aux avants-postes, le capitaine Merengue n’avait plus qu’à pousser le ballon au fond des filets après le service d’Eden Hazard.

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Malgré leur envie forte de lutter, les Armeros ont craqué face à la force collective du Real (crédit : Libertad Digital)

L’addition va s’alourdir avec un troisième but, signé Marcelo, envoyant un ballon flottant, mal dégagé par la défense, dans le petit filet de Marko Dmitrović. Avant la mi-temps, le portier serbe va néanmoins réaliser un bel arrêt (45+2′) sur une reprise de Rodrygo. Le Real va ensuite lever le pied et Eibar va en profiter avec Edu Expósito obligeant Thibaut Courtois à s’employer magnifiquement bien à deux reprises (48′ et 56′). Dans la foulée, Sergi Enrich va même venir déposer un ballon sur la barre du portier belge (58′).

Juste après cela, Eibar va enfin trouver la faille et marquer (59′). C’est Pablo de Blasis qui s’exécute avec une reprise, déviée par le dos de Pedro Bigas, qui viendra tromper Thibaut Courtois sur qui la balle aura doucement rebondi. Après ça, plus grand chose n’empêchera Madrid de sceller le score de ce match et de poursuivre le Barça. Eibar se devra de rebondir vite pour son maintien.

Résumé du match (14 juin 2020, 19h30)

Real Sociedad 1-1 CA Osasuna : le coup d’arrêt txuri-urdin

Avec comme objectif de terminer quatrième pour voir la Champions League lors de la prochaine saison, la Real Sociedad a vu hier ses plans être compliqués par la très bonne équipe d’Osasuna. Tenaces et entreprenants, les Rojillos ont fait caler la Real dès la reprise.

Dans ce que l’on pourrait une surprise de la rentrée, ce sont les Txuri-Urdin qui vont se distinguer les premiers dans une rencontre presque ennuyeuse par moments. Aritz Elustondo récupère un ballon en profondeur de Portu à la suite d’un coup-franc mais bute sur le pied salvateur de Rubén Martínez (25′). Un instant plus tard, Robin Le Normand, fraîchement prolongé avec la Real, touche un centre de Adrián de la main et, par conséquent, concède un pénalty que l’auteur du centre transformera dans la lucarne de Remiro (29′).

Les joueurs de Jagoba Arrasate se montrent entreprenants et s’offrent une nouvelle occasion grâce à Marc Cardona (51′) qui récupère en vitesse un ballon mais qui vient mourir à quelques centimètres. Solide, la défense navarraise va commettre une erreur qui coûte chère, laissant Oyarzabal seul de tout marquage qui ne tremblera pas pour égaliser (60′) qui avait déjà vu une de ses tentatives stoppée par Rubén auparavant (54′).

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Osasuna ne sera pas passé loin d’une belle victoire (crédit : Navarra.com)

En fin de match, Osasuna va avoir trois grosses opportunités de passer devant au tableau d’affichage mais Remiro en sauvera une première (88′) alors que les deux autres ne passeront à rien des cages du gardien basque (90′ et 92′). Un nul qui fige les positions des deux équipes au classement.

Résumé du match (14 juin 2020, 22h)

La buena operación de la journée

Très certainement à mettre au profit de l’Espanyol de Barcelona, cette journée aura permis aux Pericos de revenir à seulement trois points du Celta, premier non-relégable. Avec les défaites de tous les concurrents directs (Leganés, Mallorca, Celta, Eibar), les Catalans font un coup parfait dans l’optique du maintien même s’ils occupent toujours la dernière place du classement.

Le golazo de la journée

Difficile de faire un choix mais c’est la frappe sensationnelle de Toni Kroos qui est très certainement le plus beau but de ce week-end. Limpide et sans contrôle, elle a vu le ballon venir se loger magnifiquement bien dans les cages des Armeros. La frappe de Timor reste, quant à elle, un chef d’oeuvre également.

Cette journée de reprise nous aura permis donc de reprendre contact avec le football espagnol et ses dernières journées qui s’annoncent toujours pleines d’incertitudes. Avec les résultats, on peut, peut-être, déjà penser que cette pause aura très certainement fait du bien physiquement et moralement, ou au contraire casser la dynamique, de certaines équipes du championnat. Ces dix rencontres sont aussi l’occasion d’avoir une vision plus tranchée du huis clos dans les stades, comblé en partie par le public et l’ambiance virtuels mis en place.

Aduriz, une étoile s’éteint dans le ciel basque

« Le moment est venu de se dire au revoir et c’est la fin de ce voyage, inoubliable et merveilleux du début à la fin », tels étaient les derniers mots d’Aritz Aduriz. Le mercredi 20 mai, dans un message poignant, le mythique attaquant de l’Athletic Club annonce qu’il raccroche les crampons et qu’il ne terminera pas une saison qui se prolongera jusqu’au milieu de l’été.

Parti mais revenu, Aritz Aduriz n’aura jamais pu vraiment quitter sa maison. C’est après pas moins de quatorze ans passés chez les Leones que l’avant-centre, natif de San Sebastian, a décidé de tirer sa révérence, laissant ses admirateurs dans le plus grand des regrets. Son aventure, tout au long de sa carrière, n’aura pas été toute rose mais elle aura eu le mérite de s’achever sur une note symbolique. Vu comme un dieu vivant à San Mamés, Aduriz a également vécu des moments sous les maillots de Burgos, Valladolid, Mallorca, Valencia en revenant à plusieurs reprises sur les traces de ses débuts. Des retours réguliers à l’Athletic peut-être synonymes d’une envie profonde de finir par s’y imposer. Retour sur la carrière surprenante et atypique d’un attaquant admiré et respecté.

Aduriz inscrivait en août dernier son dernier but avec l’Athletic, une chilena à jamais gravée dans l’Histoire… (crédit : Depor)

« Globe-trotter » mais avec une âme bilbaína

Aritz Aduriz débute son parcours de footballeur à l’âge de 19 ans, au CD Aurrerá de Vitoria, dans la ville de Vitoria-Gasteiz, ville connue pour le club de foot qui y réside, Alavés. Dans une famille où le ski de fond est un sport régulièrement pratiqué, le football n’a pas tellement la côte. Pourtant, c’est la passion d’Aduriz. Il intégrera le Bilbao Athletic (équipe B de l’Athletic, NDLR) en 2002 avec quelques rares apparitions en équipe première.

Aritz Aduriz, avec le Bilbao Athletic, en 2000 (crédit : Mundo Deportivo)

En 2003, alors âgé de 22 ans, le Basque s’envole pour Burgos où il y réalise une saison correcte. Du côté du Real Valladolid lors de l’exercice suivant, alors en deuxième division, Aduriz prend de l’importance et s’affirme à son poste d’avant-centre. De retour, en 2006, dans le club où il écrira l’histoire dans le futur, le Donostiarra effectuera des premiers matchs satisfaisants, notamment en inscrivant un doublé dans un derby, avant de passer dans l’ombre de Fernando Llorente.

Attristé par le manque de confiance de sa direction, Aritz Aduriz est transféré à Mallorca pour la somme de six millions d’euros. Il y fait des prestations remarquables et se hisse dans les premières places du classement des buteurs. Le tout avant de poser ses valises à Valencia. Là-bas, il ne s’imposera jamais réellement en voyant que Roberto Soldado lui est préféré. En 2012, après avoir sillonné quelques endroits de l’Espagne, l’Athletic décide alors de repêcher l’attaquant. Un transfert critiqué et surprenant à l’époque mais encensé, voire même adulé, à l’heure où cet article est rédigé…

Aduriz et Jordi Alba, dans une équipe différente aujourd’hui, les deux hommes entretiennent une bonne relation (crédit : Zimbio)

Un symbole du football espagnol qui brise la normalité

Dans le monde du football actuel, Aduriz porte un peu cette image de contre-exemple de ce qu’est la normalité pour un joueur offensif. Et cela s’explique par ce cliché de la vieillesse et de l’âge qu’il a su briser. En effet, c’est après avoir passé la trentaine que le Zorro s’est révélé être une véritable machine pouvant atteindre plusieurs records. Une leçon notable dans une société footballistique où les regards se figent de plus en plus sur la jeunesse et ses talents, laissant parfois de côté des joueurs expérimentés qui regorgent encore de véritables qualités.

Après avoir donc été longtemps dans des situations instables, Aduriz a fait ses preuves à l’Athletic et enchaîne les bonnes performances. Au delà de ses frappes et de sa finition redoutées, c’est surtout le jeu de tête qu’il laisse émerger qui est tout simplement exceptionnel. Aritz Aduriz est d’ailleurs le deuxième joueur ayant marqué le plus de buts de la tête, 34, sur les dix dernières saisons de Liga derrière Cristiano Ronaldo et ses 49 unités.

Derrière les deux monstres que sont Messi et l’ex-Madrilène, il est difficile de se faire une place. Cependant, l’attaquant des Lions parviendra à glaner en 2015 et 2016, probablement les meilleurs moments de sa carrière, le trophée Zarra (trophée qui récompense le meilleur buteur espagnol du championnat, NDLR).

Un véritable cabezazo, face au Real, signé Aritz Aduriz ! (crédit : LaLiga)

Au fil des saisons, Aduriz cartonne et fait peur aux défenses de Liga malgré, ou plutôt grâce à son âge, à tel point qu’on le comparera régulièrement au bon vin qui se bonifie avec temps. Ou même parfois, plus surprenant, il est comparé à Benjamin Button. Le personnage principal d’un film qui naît vieux, à 80 ans, et vit sa vie à l’envers.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de la saison 2012/13 à 2016/17, il ne redescendra jamais en dessous de la barre des quatorze buts en championnat, atteignant même les vingt unités en 2016.

Des performances qui lui vaudront une reconnaissance infinie au sein de son club de cœur mais aussi dans l’ensemble de l’Espagne. En effet, en mettant un terme à sa carrière, Aduriz termine ainsi second meilleur buteur espagnol de Liga au 21e siècle avec 158 buts. Il est devancé par David Villa et ses 186 réalisations. C’est aussi le sixième meilleur buteur de Primera sur la dernière décennie.

Aritz Aduriz aura marqué contre 35 équipes différentes en Liga (janvier 2018) (crédit : Marca)

Un des moments où Aritz Aduriz a, sans doute, beaucoup fait parler de lui, c’était au moment de la SuperCopa de 2015, remportée par l’Athletic. En plus d’avoir ramené un trophée au club, le premier du siècle, il avait également signé un triplé au match aller, à San Mamés, et inscrit un but au retour, au Camp Nou !

Un trophée qu’il estime avoir mieux valorisé au fil du temps, se rendant compte de l’importance qu’il a eu auprès des supporters. Probablement, aussi, un des moments dans lequel il a prouvé que l’âge ne le freinait en aucun cas.

« Si on écrivait une histoire, un tel scénario serait impossible. Pour nous, pour tout ce que cela suppose pour l’Athletic le fait de gagner un titre, c’est la plus grande chose qui puisse arriver, surtout face au Barça »

Les déclarations d’Aritz Aduriz, à l’issue de la double confrontation
La SuperCopa, le premier et unique titre d’Aduriz dans sa carrière (crédit : Cadena SER)

Mais si Aduriz sait briller sur la scène nationale, il n’a pas de mal à le faire à l’échelle européenne. En mémoire, vous avez probablement son but contre Marseille : une superbe reprise lobée, à 35 mètres des cages, qui venait battre Steve Mandanda. Encore un but pour démontrer à quel point le goleador de l’Athletic pouvait frapper fort et à n’importe quel moment.

L’Europa League ? C’était probablement la compétition qu’Aduriz aimait le plus. En 49 matchs, il aura inscrit pas moins de 31 buts, le classant ainsi comme le troisième meilleur buteur de l’histoire de cette coupe, à égalité avec Radamel Falcao. Et puis en parlant de performances sensationnelles, Aritz Aduriz est aussi le seul joueur du format actuel à avoir inscrit un quintuplé en Europa League. C’était le 3 novembre 2016, face à Genk, et en images ça donne ça…

Un autre moment phare de la longue carrière d’Aduriz est celui de la qualification en Champions League, la deuxième du club depuis son existence. Lors de la saison 2014/15, l’Athletic parvient à se qualifier pour la phase de groupes de la plus prestigieuse des compétitions en éliminant le Napoli en barrages. Après avoir concédé le nul 1-1 en Italie, les Basques s’imposeront 3-1 au retour, notamment grâce à un doublé de l’attaquant mythique du club. Un match de plus pour écrire des nouvelles lignes de l’histoire de l’équipe rojiblanca.

Ses prestations remarquables en Europe auront largement contribué à augmenter son compteur de buts avec l’Athletic. Aujourd’hui, à l’heure des comptes, en 407 matchs officiels chez les Leones, Aritz Aduriz aura propulsé le ballon à 172 reprises au fond des filets. Une statistique qui fait de lui le septième meilleur buteur de l’histoire de la formation bilbaína.

Une de ses victimes favorites restera Ter-Stegen, un des gardiens contre lequel l’attaquant basque a le plus marqué… lui laissant quelques mauvais souvenirs !

Enfin, Aritz Aduriz a également porté à quelques reprises les couleurs de la Roja. C’est en octobre 2010 qu’il honore sa première sélection, face à la Lituanie, dans un match de qualification à l’Euro 2012. Sa première réalisation avec la sélection espagnole interviendra en novembre 2016. Alors âgé de 35 ans, il devient, et est toujours, le joueur le plus âgé à avoir marqué un but pour la Selección. Le joueur qui a crucifié pas moins de 91 gardiens différents dans sa carrière a aussi disputé une douzaine de matchs avec l’Euskal Selekzioa.

20 buts d’Aritz Aduriz avec le maillot de l’Athletic (crédit : Athletic Club)

Vous l’aurez donc compris, en plus d’être un attaquant redouté des défenses, Aritz Aduriz a aussi inscrit son nom dans l’histoire de l’Athletic, faisant de lui une légende. Notons d’ailleurs qu’il est le seul joueur du club à avoir réussi à marquer deux buts ou plus dans cinq compétitions différentes (Liga, Copa, SuperCopa, Champions League et Ligue Europa).

Un rêve inachevé

Jouer la finale de Coupe du Roi, voire même la gagner, était évidemment important aux yeux d’Aduriz. Mais en se retirant maintenant, El Zorro del Athletic manque surtout les adieux du publics de San Mamés en tant que joueur. Un rêve sur lequel, lui et les supporters doivent faire une croix. Puisque oui, brusquement, tout s’est arrêté.

Le 9 août 2019, Aritz Aduriz avait déclaré qu’il prendrait sa retraite, à l’issue de l’actuelle saison. Une semaine après cette annonce, l’avant centre zuri-gorriak venait crucifier le FC Barcelona dans les ultimes minutes de la rencontre, quelques secondes seulement après être entré en jeu sous une ovation de San Mamés. Le match d’ouverture de cette saison 2019/20 semblait déjà annoncer la couleur pour un footballeur qui n’en finissait décidément plus de surprendre.

Un dernier but digne d’une oeuvre d’art qui laissera un souvenir indélébile du joueur.
Finir sa carrière sur une telle réalisation, signe du destin ou pur hasard ? (crédit : LaLiga)

Mais dans l’après-midi du mercredi 20 mai, Aritz Aduriz publie un communiqué annonçant qu’il raccroche les crampons. Une triste nouvelle précipitée par une opération à la hanche et l’implantation d’une prothèse. En effet, victime d’une blessure à cette partie du corps en novembre dernier, et absent jusqu’en février, Aritz Aduriz avait déjà confié qu’il souffrait et que cette lésion resterait peut-être à vie.

Finalement, ce qui pouvait s’imaginer comme une dernière saison exceptionnelle, sous des cérémonies de remerciements chaleureuses, va presque virer au cauchemar du point de vue des supporters. On peut quand même logiquement supposer qu’un hommage lui sera rendu quand les aficionados viendront repeupler les stades.

Mais pour Aduriz, sa retraite n’est rien en comparaison de la crise mondiale actuelle. Lui qui avait récemment déclaré, au début du confinement en Espagne, qu’il fallait apprendre à redonner la juste valeur aux choses et qu’il fallait relativiser sur certains points. Finalement, peut-être que tout cela n’est pas si grave même si, évidemment, il regrette d’être parti de cette façon.

« Il est clair que j’aurais aimé dire adieu au football en gagnant la finale de Coupe du Roi contre la Real Sociedad, mais je n’ai pas regrets. Je ne peux pas me plaindre alors que des gens meurent et sont malades à cause de ce virus. Avec le coronavirus, le football a cessé d’être important. Et c’est normal. »

Aritz Aduriz dans une interview pour SoFoot
Samedi 22 mai, à San Mamés, Aduriz est applaudi par ses coéquipiers avant de répondre aux questions des journalistes dans un stade bien vide (crédit : Athletic Club)

Cette blessure à la hanche n’était peut-être pas anodine. Contraint de s’arrêter plusieurs mois à cause de cette dernière, elle lui a aussi rappelé qu’il était temps de s’arrêter, que son corps avait donné le maximum pour qu’il lutte, qu’il reste au niveau. Mais maintenant, il fallait mettre un terme à tout cela et Aduriz l’a très certainement compris quand il a choisi d’écouter ce que lui disait son corps.

Après tout, il n’avait pas tellement de choix même si la rumeur d’une éventuelle prolongation jusqu’en 2021 se murmurait ces dernières semaines. Aduriz a fait ce choix qui, au fond, est compréhensible malgré la tristesse qu’il a provoqué. Il abandonne à côté de lui toute une équipe, même une famille, des fans, des amis, un stade, des adversaires, une saison qui tenait encore beaucoup de suspens. Il abandonne ce qu’est réellement le football.

Toute la fierté d’un joueur avec l’âme d’un lion quitte le monde du football (crédit : Fandom)

Un véritable exemple, comme le disent certains joueurs, sur le terrain comme en dehors. Toutes ses marques de respect et d’humilité ainsi que son envie permanente de se battre et de mouiller le maillot laisseront de lui un souvenir inoubliable dans les mémoires d’une très grande partie des fans du football espagnol.

Lui qui estime avoir eu la chance d’avoir pu faire ce dont il avait envie, jouer dans son club de cœur, et qui pense que les premiers hommages qui lui ont été rendus sont plus que ce qu’il méritait. Lors de sa conférence de presse d’adieux à San Mamés, on a senti tout le plaisir, tout l’amour qu’il avait eu avec le maillot de l’Athletic, et plus généralement, dans l’ensemble de sa carrière. En remerciant toutes les personnes qui l’ont aidées à en venir à là, en s’excusant auprès des adversaires avec lesquels il n’a pas été toujours correct, Aritz Aduriz se retire mais ne perd pas le sourire, s’estimant déjà chanceux d’avoir pu faire du football son métier.

C’est donc une page, même plus que ça, un chapitre, qui se tourne dans l’histoire de l’Athletic avec le départ d’un tel élément. Combatif et solide, Aritz Aduriz renvoie aujourd’hui une image d’un joueur qui va dans le sens inverse de la grande majorité des attaquants. L’âge aura même été un tremplin dans sa longue carrière. Une carrière composée de moments magnifiques comme difficiles mais dans laquelle il a pris du plaisir. Pour lui, ce n’était ni le succès, ni les trophées et encore moins l’argent qui comptaient. Ses valeurs étaient bien différentes et simples. L’humilité, le respect, la santé, la gratitude et la gaieté de pouvoir faire au quotidien ce qu’il aimait par dessus tout : jouer au football. C’était ça qui l’importait le plus. Le monde du football perd plus qu’un joueur, il perd un homme passionné et ses valeurs qui, aujourd’hui, semblent s’oublier bien trop facilement.

Eskerrik asko Aritz…

Ces joueurs de Liga dont on parle trop peu (#1)

Ce ne sont quelques noms parmi tant d’autres, à première vue. Des noms dont on entend en réalité très peu parler. Et pourtant, ils mériteraient sans doute plus d’attention. Cet article sera l’occasion de s’intéresser, dans les différents clubs de Primera, aux joueurs trop peu médiatisés de notre beau championnat espagnol. Dans cette première partie, nous vous présenterons, en détail, cinq joueurs trop peu mentionnés que nous avons sélectionné.

Le menu de ce premier épisode nous emmènera à la découverte de joueurs dont beaucoup ont des qualités communes. A commencer par Ander Capa, le brillant latéral de l’Athletic, puis, Marc Cucurella, une des pièces maîtresses du jeu du Getafe qui fait un excellent travail sur son côté gauche, ou encore Chimy Ávila, l’intenable auteur de golazos à Osasuna. Pour terminer, nous aborderons également le cas de Darwin Machís, porteur permanent de danger sur le flan offensif du Granada, sans oublier Emerson Jr, imperturbable sur son aile droite, au Betis. C’est parti pour ce premier épisode !

Ander Capa 🇪🇸 (Athletic Club)

Installé en tant que titulaire sur le flanc droit du XI de Gaizka Garitano, Ander Capa réalise une saison admirable pour son deuxième exercice chez les Leones. Arrivé pour un montant de trois millions d’euros en provenance de la SD Eibar, au mercato estival de 2018, le natif de Portugalete a explosé sur ces derniers mois après avoir passé la saison dernière un peu plus dans l’ombre de son coéquipier, Óscar de Marcos.

Il faut dire que Capa avait des raisons d’être remarqué dès l’été dernier, notamment lors des premiers matchs de Liga. En effet, le Basque s’était hissé en tête du classement des passeurs en réalisant trois passes décisives lors des trois premières rencontres. Avec quatre unités à l’heure actuelle, Ander Capa se place parmi les latéraux droits les plus décisifs de cette Liga, derrière Daniel Wass ou Emerson, sur qui nous reviendrons un peu plus tard, entre autres.

L’arrière droit de 28 ans s’est même montré presque indispensable en inscrivant deux beaux buts cette saison, ses premiers sous les couleurs de l’Athletic. Le latéral possède de bonnes qualités offensives en partie grâce à son passage chez les Armeros. Sous Mendilibar, Ander Capa a débuté au poste d’ailier droit avant de, progressivement, en venir au poste qu’il occupe aujourd’hui.

Ander Capa inscrivait sa première réalisation chez les Zuri-gorriak d’une superbe reprise de volée pour offrir la victoire à son équipe (crédit : LaLiga)

Ce qui fait la force du défenseur rojiblanco, c’est aussi sa robustesse qui l’amène souvent à user de son physique pour attaquer. Sa vélocité, également, fait de lui un joueur redoutable comme le montre la pointe de vitesse qu’il a réalisé, une des plus grosses de la saison, à 34.5km/h. La force de frappe qu’il possède est également notable et apporte un vrai danger devant.

Agile pour centrer, Capa sait aussi défendre de manière assez virile dans ses interventions. Peut-être même un peu trop par moments puisqu’il a écopé de dix cartons jaunes cette saison (le classant ainsi comme le 5e joueur ayant pris le plus de jaunes cette saison en Liga), qui lui ont valu deux suspensions pour accumulation d’avertissements. Mais Ander Capa joue bien évidemment un rôle majeur dans la défense très solide que l’Athletic tient en ce moment.

L’arrière droit de l’Athletic a donc de nombreuses qualités, notamment sur le plan offensif. Des qualités qui lui vaudront peut être une sélection avec la Roja de Luis Enrique dans les prochains mois dans un couloir droit où la hiérarchie des joueurs semble remise en jeu, comme à beaucoup de postes.

Sevilla - Athletic: Gol de Ander Capa, en Vídeo, Jornada 19
Ander Capa célébrant son but face à Sevilla (1-1), au début du mois de janvier (crédit : El Desmarque)

Marc Cucurella 🇪🇸 (Getafe CF)

Marc Cucurella, c’est la vivacité et la tonicité. Deux atouts qui font que le milieu gauche est très dur à contenir en raison de ses mouvements, offensifs ou défensifs, constants. Principalement habitué à évoluer sur l’aile gauche du traditionnel 4-4-2 de Getafe, Cucurella peut également être positionné en tant qu’arrière gauche. A Eibar, où il était cédé la saison dernière, son talent n’avait fait que se confirmer aux yeux du public. Et aujourd’hui, de nouveau prêté une saison par le Barça, l’Espagnol joue à un niveau plus élevé. Oui, puisqu’en portant le maillot des Azulones, Cucurella dispute, par la même occasion, l’Europa League. Une compétition qui a endurci le jeune catalan et l’a fait s’améliorer.

Tenace tout en refusant de baisser les bras, Marc Cucurella fait mal sur son côté gauche. Aussi bien offensivement, avec ses nombreuses percées, que défensivement, où sa mobilité lui permet de ne pas quitter son adversaire d’une semelle. Statistiquement, le joueur apprécié par José Bordalás se montre crucial dans la conclusion des occasions grâce à ses quatre assistances et son unique réalisation cette saison en Liga.

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Marc Cucurella, dont la coiffure fait parfois sourire, sait sans doute qu’il n’est qu’au début de sa fulgurante progression (crédit : Football Addict)

Là où l’ailier crée de l’insécurité dans la défense adverse, c’est quand il vient percer dans l’axe pour ensuite lancer en profondeur les finisseurs de l’équipe madrilène. Cucurella aime partir de son côté gauche pour s’introduire petit à petit vers le cœur du terrain. C’est d’ailleurs en effectuant ce repli axial qu’il a été le plus décisif. Un replacement qu’il fait sans particulièrement utiliser les dribbles mais plutôt sa vitesse et aussi grâce à sa capacité à se faufiler entre les défenseurs rivaux.

Pour terminer de vanter les mérites du natif de Alella, dans la province de Barcelone, il faut parler de ses centres millimétrés. De véritables délices, minutieusement déposés sur la tête ou le bout du pied du buteur. Et à Getafe, les attaquants sont connus pour ne pas se faire prier quand il s’agit de conclure.

Même si ce n’est pas le poste où il joue le plus souvent, Marc Cucurella pourrait bien dépanner dans la ligne défensive blaugrana. Sur une aile gauche où Junior Firpo ne semble pas avoir convaincu et sur laquelle Jordi Alba qui vieillit, et est de plus en plus souvent victimes de blessures, le joueur de 21 ans pourrait se faire une place dans l’équipe dirigée par Quique Setién. Néanmoins, les dernières rumeurs penchaient plutôt vers le recrutement d’un nouveau latéral gauche.

Un exemple pour illustrer le déplacement crucial de Cucurella de la gauche vers l’axe
(à partir de 0:05) (crédit : LaLiga)

Rajoutons que les Catalans auraient pu le perdre l’an dernier. En effet, lors de son prêt à Eibar, le club Armero avait fait le choix de lever l’option d’achat de deux millions d’euros. Le Barça avait, auparavant, fixé une clause de rachat à quatre millions d’euros que le club a choisi d’activer aussitôt que les Basques avaient officiellement acheté l’Espagnol. Dans cette affaire, le club du Gipuzkoa a pu se faire une petite marge intéressante de deux millions d’euros ! Déjà sélectionné avec la Roja U16, U17, U19 et U21, Marc Cucurella peut rêver de porter le maillot de l’équipe senior dans le futur.

Chimy Ávila 🇦🇷 (CA Osasuna)

Un des moteurs de l’équipe gorritxoak, nous parlons bien évidemment de Chimy Ávila. Doté d’une incroyable finition et d’une agilité distinguée, le matador d’Osasuna n’en finit plus de surprendre. Et c’est sans compter sur les merveilles qu’il inscrit très souvent. L’Argentin a débarqué en Navarre cet été en étant transféré en provenance de San Lorenzo, pour la somme de 2.7 millions d’euros. Un prix qui paraît bien dérisoire quand on voit comment le buteur a explosé. Choisi et mis en confiance par la direction du club, aux trois quarts de la saison, le pari semble déjà être plus que réussi.

Ezequiel Ávila, de sa véritable identité, connaissait déjà la Liga. Effectivement, le goleador, originaire de la célèbre ville de Rosario, a évolué la saison passée sous les couleurs de Huesca, en prêt. Le club aragonais est aujourd’hui en Segunda mais Chimy, lui, continue de jouer en première division, à Osasuna, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas tendre avec les défenses…

Chimy Ávila, autor del gol: "Contento porque gracias a Dios pude ...
Chimy Ávila, toujours très expressif sur le terrain (crédit : Navarra.com)

Impliqué dans quatorze des buts Rojillos dans l’exercice en cours (neuf buts et trois passes décisives), en Liga, Chimy Ávila s’est très vite montré indispensable dans le XI de Jagoba Arrasate. La preuve ? Avec lui, Osasuna compte six victoires, cinq défaites et neuf nuls en vingt matchs. Sans lui, c’est seulement deux succès, quatre défaites et un nul en sept rencontres. Le bilan est donc nettement moins bon quand l’Argentin n’est pas sur le terrain. Osasuna, dépendant de Chimy ?

Difficile de répondre à cette problématique mais une chose est claire. Sans sa présence, l’attaque des Rojillos n’a plus autant de mordant. Un mordant que Chimy amène, justement. Appel, démarcation et finition : ce sont les trois « devoirs typiques » d’un buteur pour terminer une action au fond des filets. Mais avec le numéro neuf que porte l’avant-centre gorritxoak, on a presque l’impression de redécouvrir la finition d’un but tellement il l’accomplie magnifiquement bien.

Malheureusement, les supporters pamplonais devront patienter pour revoir leur attaquant fétiche sur la pelouse. En effet, Chimy a été victime de la pire des blessures, une rupture des ligaments croisés, au début du mois de février, qui devrait l’écarter des terrains au minimum jusqu’au mois d’août. Saison terminée probablement, mais tout dépendra de quand celle ci s’achèvera. Une absence qui fait déjà mal et qu’il faudra combler du mieux possible. Récemment, son nom a d’ailleurs été lié à de grandes écuries d’Espagne et même d’Europe, de quoi laisser penser à l’Argentin qu’il peut encore rêver plus grand…

Mais ce qui étonne toujours chez Ezequiel Ávila, c’est sa faculté à marquer des buts de n’importe quelle partie du corps et dans n’importe quelle position. Et même, à n’importe quel moment. Reprise, tête, piqué, acrobatie… Chimy donne l’impression de tout maîtriser et montre qu’il sait saisir les opportunités pour marquer !

Un golazo de l’Argentin, rien que ça (crédit : Aficionado Azul)

Darwin Machís 🇻🇪 (Granada CF)

Fraîchement de retour sur l’aridité des terres andalouses, Darwin Machís fait parler de lui à Granada. De retour, oui, puisque le Vénézuélien ne découvre pas le club. En effet, c’est de 2012 à 2018 qu’il a porté le maillot Granadista enchaînant, pendant cette période, plusieurs prêts au Portugal et en Espagne ou des titularisations avec la réserve du club. Le joueur appartenait en réalité à l’Udinese, mais qui a décidé de le laisser partir en Espagne afin qu’il s’acclimate au football européen.

En 2018, il revient à l’Udinese alors que Granada est en D2. Mais finalement, le joueur ne s’est pas imposé et a été prêté la deuxième partie de saison dernière, au Cádiz CF, avant d’acter son retour définitif au club, cette fois en Primera, l’été suivant, pour trois millions d’euros.

Lors de l’exercice en cours, Darwin Machís a pu se faire sa place dans le XI du Granada. Présent en tant qu’ailier gauche dans l’équipe de Diego Martínez, El Niño Maravilla a inscrit six buts et délivré trois passes décisives, dans le championnat espagnol. Sa rapidité et son sens du placement dans les phases offensives sont un point clé de la réussite du Granada face aux cages adverses.

A 27 ans, Darwin a été disputé 24 matchs avec la sélection vénézuélienne (crédit : Extra Venezuela)

Sur le front de l’attaque, Darwin Machís a la chance d’avoir un compagnon bien connu : Roberto Soldado. L’expérimenté buteur espagnol s’entend parfaitement avec l’ailier gauche si bien que leur duo dégage une belle complicité. Le coach Diego Martínez accorde une totale confiance dans son attaquant, parfois reconduit en tant que milieu offensif ou ailier droit. Et cela se prouve simplement puisqu’il est le joueur qui a joué le plus de matchs au club en championnat, cette saison, à égalité avec Domingos Duarte et Rui Silva.

Rusé, et même renard des surfaces, Machís sait qu’il pèse dans le jeu offensif rien que dans son placement. Il n’hésite pas à se proposer en retrait pour enrayer le marquage adverse quitte à laisser des joueurs plus défensifs monter aux avants-postes ou alors à s’exécuter sur des centres extrêmement précis. Autrement, s’approcher à petites enjambées de la surface pour commencer à percuter avant de frapper est une de ses spécialités.

Plus discret dans la première moitié de la saison, le Vénézuélien est passé dans une autre dimension ensuite. Son doublé face à Osasuna ou encore son match remarquable contre l’Espanyol sont des témoignages de son amélioration continue depuis le lancement de cet exercice 2019/20. Pour le public du Granada et ses supporters, continuer d’observer Darwin restera sans aucun doute un plaisir. Un joueur souriant, heureux et qui porte avec fierté l’écusson du club qu’on espère voir encore longtemps sur les pelouses de Liga alors que l’intérêt de plusieurs équipes prestigieuses pourrait s’accumuler prochainement autour de lui.

Placé à l’opposé de l’action, Darwin se fait discret avant de débouler dans la surface ! (crédit : Aficionado Amarillo)

Emerson Jr 🇧🇷 (Real Betis)

A l’image du style d’Ander Capa et de Marc Cucurella, Emerson Junior apporte un vrai plus à une équipe du Betis parfois trop molle. Le Brésilien possède un statut de joueur en prêt dans le club sévilllan. En effet, après avoir fait une demie-saison concluante, étant arrivé en prêt de Clube Atlético Mineiro, au Brésil, lors du mercato hivernal, Emerson a tout de suite intéressé les recruteurs du Barça qui ont déboursé douze millions d’euros pour s’acheter ses services.

Dans un couloir droit où il n’était pas destiné à avoir une place dans l’immédiat, la direction de Bartomeu a fait le choix de l’envoyer dans le sud de l’Espagne pour deux ans, le faisant revenir plus près des Pyrénées à l’été 2021. Notons d’ailleurs que c’est un prêt payant de six millions d’euros chez les Béticos. Pour préciser d’avantage, si ses possesseurs souhaitent le rappeler avant la fin de son prêt, ils seront contraints de payer le double du montant évoqué à l’instant. Estimé à trois millions quand il a débarqué en terre ibérique, il en vaudrait déjà dix-huit, en ce moment même, selon le site Transfermarkt. Une progression sur le plan financier qui concorde, sans surprise, avec un progrès remarquable sur le gazon du Benito Villamarín.

Emerson says he's ready to play for Barcelona - Barca Blaugranes
Le jeune brésilien de 21 ans est probablement une des révélations de la saison (crédit : Barca Blaugranes)

Placé en tant qu’arrière droite par Rubi, Emerson se montre tout de même précieux quand il s’agit de sauver une défense parfois en difficulté. Le latéral droit, et international brésilien, ne se livre pas et reste sur ses appuis mais éprouve parfois des difficultés à contenir les adversaires qui aiment varier les directions de leur course. Cependant, Emerson est un maître des tacles défensifs, ce qui lui permet de revenir sur ce genre d’adversaires justement. Il possède également un niveau technique que peu de joueurs défensifs du championnat ont. Assez discret sur le terrain, le défenseur Verdiblanco affiche toujours un mental combatif, ce qui lui confère un état d’esprit solide.

Concernant le plan de l’attaque, Emerson maîtrise bien les transversales renversant rapidement le jeu et parvient à distribuer de très bons ballons en profondeur, souvent à ras de terre. Son habitude à s’engouffrer proche des buts adverses pour centrer à ras de terre, en retrait, est créatrice d’actions dangereuses. De plus, il aime se positionner dans l’angle droit de la surface, en proposant une solution, pour tenter sa chance, même si ses frappes terminent rarement au fond des filets. Sa forte présence dans la zone de vérité, lors des attaques andalouses, se remarque puisqu’elle est souvent source de bonnes occasions. Emerson n’hésite pas également à déployer sa vitesse lors des contres. Les trois buts qu’il a inscrit et les cinq passes décisives qu’il a délivré en Liga sont aussi le fruit de son bon jeu de tête.

Avec un avenir qui s’inscrira sans doute dans la Seleção brésilienne, Emerson peut également espérer revêtir, dans le futur, la tunique de l’actuel Champion d’Espagne. Surtout à un poste où, là aussi, la confiance, en l’occurrence envers Sergi Roberto et Nélson Semedo ici, n’est plus la même qu’il y a encore quelques temps. En continuant sur la voie du progrès et avec de la motivation, Emerson aura sûrement la possibilité de devenir un des meilleurs à son poste en Liga et, pourquoi pas, à l’échelle continentale ou même mondiale.

Un boulet de canon signé Emerson propulsé dans les cages d’Asenjo, avec un peu de réussite
(à partir de 0:17) (crédit : LaLiga)

C’est donc la fin de notre premier épisode qui nous a emmené à la rencontre de cinq joueurs, comme l’indique le titre, dont on parle bien trop peu. Alors qu’en fait, ces footballeurs regorgent de véritables talents en eux. Pour les prochains épisodes, d’une « série » qui n’aura sans doute pas de fin (en terme de nombre d’épisodes), l’idée sera de vous faire découvrir des joueurs d’autres postes et d’autres clubs tout en décrivant principalement ce qui savent le mieux faire. En attendant le retour du football, n’hésitez pas à faire quelques recherches sur ces joueurs afin de mieux les connaître !

Huis clos jusqu’en 2021, reprise de LaLiga, décisions de l’UEFA : point sur la situation du foot espagnol

Le football espagnol, comme ailleurs, vit ses heures les plus sombres depuis un long moment. Alors que la tendance semble pencher pour un retour du public dans les stades pas avant 2021, LaLiga devrait reprendre prochainement. L’hypothèse de décaler la finale de Copa del Rey de plusieurs mois semble tout proche de devenir réalité et l’UEFA, attendue au tournant pour gérer les qualifications en Europe de la saison prochaine, a donné quelques explications de son côté. Point sur la situation du football en Espagne qui ne présage rien (ou très peu) de positif…

Plus de public dans les stades jusqu’en 2021 ?

C’est la nouvelle qui fait trembler l’Espagne. Bien qu’elle nous paraisse surréaliste, la mesure visant à interdire les spectateurs dans les stades jusqu’à janvier 2021 semble être sur le point d’être officialisée. Javier Tebas a informé les clubs qu’il y a de très fortes chances qu’ils jouent à huis clos le restant de l’année… C’est sous ordre du gouvernement espagnol que cette consigne a été transmise.

L’exécutif de Pedro Sánchez (Président du gouvernement d’Espagne, NDLR) a donné la consigne suivante aux instances du football espagnol : pas de retour des supporters dans les stades avant qu’un vaccin contre le coronavirus ait été trouvé. Et plus généralement, pas de grand rassemblement sans ce vaccin. La date provisoirement fixée serait donc un retour à la normale début 2021. Mais tout dépendra du temps que les scientifiques nécessiteront pour mettre au point un remède et des mesures qui seront mises en place dans le futur par l’Etat espagnol. Sur le territoire ibérique, le nombre de morts quotidien semble diminuer, mais sanitairement la situation n’est toujours pas au mieux alors que l’état d’alerte a récemment été prolongé jusqu’au 9 mai.

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Mestalla, un soir de Champions League… à huis clos lors de la confrontation entre Valencia et l’Atalanta (crédit : EL PERIÓDICO)

Par la même occasion, le président de LaLiga parle d’une « économie de guerre ». Ce dernier conseille aux clubs, de Primera et Segunda, de privilégier les joueurs du centre de formation et les prêts plutôt que les transferts assez coûteux. Précisons d’ailleurs que si la saison se boucle à huis clos, Tebas a estimé les pertes économiques à 350 millions d’euros. Pour certaines équipes, cette période sera difficile à vivre économiquement alors qu’une grande majorité a déjà baissé les salaires de ses joueurs et employés. Les clubs travaillent déjà à réajuster les budgets et à rembourser les abonnés.

LaLiga de retour fin mai ?

C’est le souhait de Javier Tebas : reprendre le championnat le dernier week-end de mai ou bien le premier week-end de juin. Ces dates, qui paraissaient trop prématurées il y a encore un moment, semblent aujourd’hui être correctes et réalisables grâce au huis clos qui sera instauré. Sans public, il est possible de voir la compétition reprendre malgré les avis divergents des joueurs.

Certains estiment qu’il est trop tôt pour reprendre ou que les conditions sanitaires de qualité ne sont pas garanties. D’autres pensent l’inverse et que tout se passera bien si le protocole de LaLiga est appliqué à la lettre. A Villarreal, Gerard Moreno et Pau Torres, coéquipiers, ont tous les deux parlé dans la presse quant à cette reprise avec chacun un avis opposé à l’autre. C’est pour dire comment la nouvelle fait débat.

LaLiga Santander 2019 - 20: Una alerta "desesperada" de Valladolid ...
Javier Tebas a déclaré à maintes reprises que le championnat allait se terminer (crédit : Marca)

Afin que cette reprise arrive aux dates prévues de Tebas, les joueurs, membres du staff et employés de tous les clubs de Primera et Segunda passeront des tests au coronavirus dès le mardi 28 avril et dans les jours suivants. LaLiga a remis la responsabilité de ces tests à un laboratoire privé de qualité qui approvisionne les grandes entreprises de santé. Néanmoins, c’est le gouvernement qui donnera, aux institutions, le feu vert définitif autorisant un retour de la compétition en fonction de l’évolution de la pandémie.

La finale de Copa reportée à l’année prochaine ?

Au centre des attentions au Pays Basque, la finale de Copa suscite également beaucoup d’interrogations. Luis Rubiales l’a répété et le répète encore : il veut jouer cette finale avec du public. Evidemment, une décision en influence une autre. Et si les huis clos sont maintenus jusqu’à 2021, alors cette finale de Copa devrait logiquement suivre la même voie, du moins, si la décision de Rubiales et des deux clubs (la Real Sociedad et l’Athletic, NDLR) reste la même.

Dans la semaine, on a appris que la finale de l’édition 2020 pourrait se jouer jusqu’à une semaine avant… la finale de l’édition 2021 ! Une proposition à l’honneur des clubs mais qui pose une certaine question. Qui dit 2021, dit nouvelle saison, la finale serait donc jouer avec des effectifs différents ? Un point important qui sera à méditer puisqu’il y aurait la possibilité d’avoir une finale avec deux équipes très différentes l’une de l’autre, encore plus que lors de la saison actuelle.

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A défaut de s’être jouée sur le terrain, la finale de Copa s’est « jouée » sur les balcons ! A Bilbao et Saint Sebastien, les supporters de l’Athletic et de la Real ont décoré leur balcon aux couleurs de leur club (crédit : Marca)

Cet affrontement basque historique est notamment associé à deux joueurs importants qui doivent en théorie quitter leur club à la fin de saison. Martin Ødegaard, prêté par le Real, réalise une saison sensationnelle sous les ordres de Imanol Alguacil et est l’un des auteurs de la très bonne saison de la Real Sociedad. En face, c’est Aritz Aduriz. Le vétéran de 39 ans, adulé à San Mamés, est censé se retirer à l’issue de cette saison. Mais pour les supporters Leones, ne pas pouvoir lui rendre d’hommage ni le voir jouer la finale de Copa est inenvisageable alors que l’hypothèse d’une ultime prolongation se murmure discrètement

En somme, ne pas voir jouer ces deux joueurs, piliers dans leur club, parait inimaginable et pourtant… l’avenir n’inspire rien de bon. Il faudra, en plus de cela, ajouter les possibles transferts qui pourront avoir lieu cet été. Les fins de contrat des milieux de l’Athletic, Beñat et San José, sont aussi une contrainte. Dossier énigmatique à suivre.

L’UEFA clarifie la question des Coupes d’Europe

C’était aussi une grande inconnue. Comment gérer les qualifications en Coupe d’Europe si la saison ne se termine pas ? Plusieurs hypothèses ont été émises : prendre l’indice UEFA, le classement actuel, le classement à la mi-saison ou encore les qualifiés de la saison précédente. Ces cas de figures ont tous leurs avantages et leurs inconvénients. Mais l’UEFA a donné quelques pistes à l’issue de sa réunion cet après-midi…

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Tout comme les championnats nationaux, la gestion des Coupes d’Europe est un véritable casse tête… (crédit : Le Parisien)

L’institution européenne a déclaré que les qualifications pour la Ligue des Champions et la Ligue Europe se feraient « en fonction du mérite sportif des compétitions nationales 19/20 ». En bref, cela en reviendrait à dire en fonction du classement. Le « mérite sportif » sera propre à chaque Fédération qui pourra décider de comment attribuer les places continentales.

Par exemple, en Espagne, il est évoqué la possibilité de prendre les six premiers du classement général et d’envoyer le finaliste de Coupe du Roi en C3, comme Rubiales l’a suggéré. Une décision à la guise de chaque fédération européenne donc. Cependant, l’UEFA se garde quand même un droit de veto pour refuser ou autorises un club dans trois cas de figure :

• S’il y a un sentiment d’injustice après la qualification d’un club.
• Si les clubs ont été sélectionnés selon une procédure qui n’était pas « objective, transparente et non discriminatoire« . Et donc pas selon le mérite sportif.
• Si les compétitions n’ont pas été interrompues pour des raisons valables aux yeux de l’UEFA. Comme, par exemple, arrêter un championnat sans que le gouvernement ne l’ait ordonné, etc…

Pour faire simple, l’UEFA a laissé une certaine liberté aux différentes ligues en les autorisant à choisir comment elles attribueraient leurs places européennes mais garde quand même la possibilité de faire barrage si nécessaire. A part reprendre les qualifiés de l’exercice précédent ou se baser sur l’indice UEFA, aucune possibilité n’est réellement écartée.

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Selon vous, quelle est la décision la plus logique à prendre ? (crédit : La Voix du Nord)

Et pour ce qui concerne l’édition de la saison en cours, les directives officielles n’ont pas encore été communiquées. Plusieurs moyens pour finir la compétition sont également évoqués à l’UEFA. Mais selon les médias, l’option la plus probable serait de disputer des matchs durant tout le mois d’août, avec des championnats qui se termineraient au plus tard le 31 juillet.


Vous l’aurez donc compris, la situation reste extrêmement floue en ce qui concerne le football espagnol. Chaque jour, nous en apprenons un peu plus sur le futur de la saison mais les informations, parfois, arrivent avec beaucoup de contradictions ou d’hypothèses différentes. Les Espagnols devront attendre pour retrouver l’âme chaleureuse et conviviale des stades lors des matchs de championnat ou encore pour savoir qui sera le vainqueur de la Copa del Rey. Des incertitudes à tous les étages qui font avancer un navire à la dérive dans le brouillard…

Rubiales dans la tourmente : crise en vue à la Fédération ?

L’actualité de ces dernières semaines se résume évidemment à la crise du Covid-19 qui paralyse le monde entier. En Espagne, comme dans la quasi-totalité des pays du monde, le football professionnel et amateur est à l’arrêt. Luis Rubiales, président de la Fédération Espagnole, critiqué de toutes parts, tente tant bien que mal de gérer cette crise alors qu’une véritable crise institutionnelle semble se profiler.

En ce moment, la RFEF (Fédération Espagnole, NDLR), LaLiga et l’AFE (Syndicat des Joueurs, NDLR) essuient les critiques concernant leur incapacité à collaborer dans des temps aussi difficiles que celui que nous traversons où l’unanimité se fait attendre. Le drame se ressent plus particulièrement autour de Luis Rubiales. L’actuel président de la RFEF ne semble pas être dans la meilleure posture pour aborder les élections qui auront lieu, au plus tôt, fin mai. Impliqué dans des affaires qui dégradent son image, Rubiales tente d’apporter du nouveau dans le football espagnol. Des changements qui divisent en Espagne et qui le fragilisent encore un peu plus, lui, et surtout la Fédération qui donne l’impression d’être également en difficulté.

Roja : Luis Rubiales "con dos cojones" - Furia Liga
Le bilan de l’Espagnol à la tête de la Fédération reste très mitigé (crédit : FuriaLiga)

Des changements pour sauver les meubles ?

Luis Rubiales l’a très bien compris, il ne part pas favori pour remporter les prochaines élections à la présidence de la Fédération. C’est son adversaire principal, Iker Casillas, qui est montré largement en tête dans les sondages. Pour inverser la tendance, Rubiales veut apporter divers changements concernant le football espagnol. Sachant qu’il n’a plus rien à perdre, il souhaite tenter le tout pour le tout.

Commençons par évoquer les deux principales réformes de son mandat à savoir celle de la Copa Del Rey mais aussi de la SuperCopa qui ont toutes les deux pris effet lors de cette saison 2019/20.

La réforme de la coupe nationale a plu aux amateurs de football notamment grâce à la suppression des matchs aller-retour, sauf en demi-finale, et aussi en instaurant que ce serait désormais l’équipe de la plus basse division qui jouera le match chez elle, devant son public. Alors qu’à l’heure actuelle il ne reste plus que la finale à disputer, les médias et supporters espagnols tirent un bilan positif de cette première réforme. Certains ont vu en cette réforme un retour aux valeurs du football qui mettait en avant les équipes les plus modestes. Effectivement, les gros ont chuté dans cette compétition, si bien qu’en demi-finales, nous comptions trois équipes de Primera (Real Sociedad, Granada & l’Athletic) et même le CD Mirandés, équipe de deuxième division. Vous l’avez remarqué, ni le Real, ni le Barça, ni l’Atlético ou ni le Valencia CF n’étaient là, tous éliminés auparavant. Symbole d’une réforme qui aura redonné de l’enjeu à une compétition parfois trop souvent délaissée…

Mirandes: Who are the Plucky Underdogs in the Copa del Rey Semi ...
Les joueurs du CD Mirandés célébrant leur qualification pour les demi-finales après avoir battu le Villarreal CF, le Sevilla FC ou encore le Celta (crédit : 90min)

En revanche, la réforme de la SuperCopa est nettement moins bien passée. Premièrement, c’est le format que Luis Rubiales a décidé de changer en incluant quatre équipes au lieu de deux : le vainqueur de Copa et son finaliste ainsi que le vainqueur de Liga et son dauphin. Beaucoup de médias ont critiqué ce nouveau format qui rajoutait des matchs en janvier, mois où les calendriers sont réputés pour être relativement chargés. Ce qui a également fait tâche, c’est le lieu où s’est déroulé la compétition, à savoir en Arabie Saoudite. Le pays du Golfe Persique a versé 120 millions d’euros à la RFEF pour accueillir la compétition jusqu’en 2022. Inutile d’expliquer qu’il fut difficile, voire impossible, pour les aficionados espagnols d’aller au stade pour voir jouer leur équipe aussi loin de leurs terres.

Un peu plus dans l’actualité, ce qui fait couler beaucoup d’encre et qui fait débatt en ce moment, c’est la récente proposition, cohérente pour certains, loufoque pour d’autres, visant à envoyer le finaliste de Copa del Rey en Europa League. Revenons plus en détail sur cette proposition.

Récemment, les membres de la Fédération se sont réunis afin d’établir une liste des sept équipes espagnoles qui iront en Europe si jamais la saison de Liga est annulée. La RFEF a alors décidé de prendre en compte le classement actuel qui enverrait quatre équipes en Ligue des Champions et trois en Europa League. C’est là où Luis Rubiales veut changer les choses et a proposé d’envoyer le finaliste de Copa en Europe si jamais son vainqueur y est déjà qualifié par le biais du championnat. Si jamais la saison en cours est annulée, cela signifierait que dans tous les cas l’Athletic serait en Europe la saison prochaine, puisque la Real Sociedad est déjà virtuellement qualifiée en Ligue des Champions, et ce quelque soit la résultat de la finale.

Corona Virus Outbreak makes the Copa Del Rey Final waver
Luis Rubiales posant devant le trophée de la Copa, en compagnie de Jokin Aperribay (président de la Real Sociedad) et Aitor Elizegi (président de l’Athletic) (crédit : Eng News 24)

En somme, qualifier le finaliste de Copa reviendrait à supprimer une qualification potentielle via la septième place du championnat qui était synonyme de barrage pour accéder à l’Europa League. Toujours actuellement, c’est le Valencia CF qui en ferait les frais. Il reste désormais à savoir si Rubiales souhaite appliquer ce changement uniquement pour cette saison, si elle est annulée. Rien ne dit que ce changement ne sera pas définitif au cours des futures saisons. Pour cela, il faudra très probablement se mettre d’accord avec LaLiga, ce qui ne sera pas chose facile.

Le natif de Las Palmas aura également aidé les clubs des plus basses divisions dans cette crise du Covid-19 en leur apportant des aides financières. Nous noterons aussi qu’il a œuvré, au début de saison, dans l’histoire des horaires en Liga en s’opposant à ce que des rencontres soient jouées le vendredi et le lundi. Finalement, c’est une balle au centre puisque seuls les matchs du vendredi ont été maintenus. Ceux du lundi ont disparu, au plus grand désarroi de son collègue Javier Tebas.

Des accrochages trop fréquents avec Tebas qui le décrédibilisent

Ce n’est pas nouveau, Javier Tebas, président de LaLiga, et Luis Rubiales ne s’entendent tout simplement pas. Les deux hommes n’hésitent pas à se tacler de temps en temps sur divers sujets où ils sont très souvent en opposition, comme sur l’affaire des matchs du vendredi et lundi ou bien encore, plus récemment, en ce qui concerne la reprise du championnat. Une polémique qui enfle en Espagne et qui fait chuter la côte de popularité des deux dirigeants.

Lors d’une réunion entre le Syndicat des Joueurs, la RFEF et LaLiga, il y a peu de temps, les avis divergeaient. Selon les médias, une fois le championnat repris, la Fédération souhaitait faire jouer toutes les 72 heures et LaLiga toutes les 48 heures. Le but étant de boucler rapidement la saison, tandis que l’AFE demandait de meilleures conditions pour les joueurs. Entre accusations et diffamations, les communiqués des institutions ont fusé en se rejetant la faute et en niant les faits reprochés.

LaLiga Santander: The war between Tebas and Rubiales | MARCA in ...
Luis Rubiales et Javier Tebas, deux hommes que tout oppose (crédit : Marca)

Pour couronner le tout, Luis Rubiales a enregistré et divulgué publiquement les échanges au cours de cette réunion. De quoi remettre de l’huile sur le feu quand l’AFE et LaLiga déclarent ne pas avoir été informés qu’ils étaient enregistrés alors que la Fédération affirme les avoir prévenu… Dans cette affaire, le Syndicat des Joueurs a peu existé, acceptant un coup les 48 heures proposées par Tebas, puis se disant obligé d’accepter les 72 heures de Rubiales. La situation en est donc au point mort.

« Les audios révèlent ce que l’AFE et la Liga voulaient cacher […] En aucun cas ils n’ont été manipulés ou biaisés, comme l’affirme encore une fois LaLiga à tort sans fournir aucun type de preuves »

Luis Rubiales taclant une nouvelle fois LaLiga et assurant que ces audios étaient réels (Mundo Deportivo)

Bien d’autres « petits riens » ont été une source de conflits entre Javier Tebas et Luis Rubiales. Le président de LaLiga s’est d’ailleurs dit surpris que la Fédération n’ait pas pris en compte son avis lorsqu’elle a choisi d’envoyer le finaliste de Copa en Europe, comme évoqué plus haut. Une guerre quelque peu enfantine qui semble ne pas avoir de limites.

Des accusations qui empirent la situation

En plus de cette mésentente avec LaLiga, Luis Rubiales n’est pas au bout de ses peines. En effet, au début du mois d’avril, il a été accusé d’avoir falsifié des documents concernant les futures élections à la présidence de la RFEF. Ces documents, dont on sait peu pour le moment, semblaient avoir un lien sur le nombre de personnes éligibles à voter à la Fédération et auraient pu avoir une influence directe sur le résultat de l’élection. Une affaire qui pourrait bien mettre fin aux espoirs de réélection de Rubiales…

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Suite à cette affaire, Rubiales et son avocat comparaîtront à Madrid le 21 mai prochain (crédit : 20Minutos)

Dans son mandat, l’Espagnol s’est aussi décrédibilisé avec l’ingérence des cas Lopetegui et Moreno. Le premier avait été démis de ses fonctions de sélectionneur à seulement deux jours de l’entrée en lice de l’Espagne au Mondial 2018… pour s’être engagé en tant qu’entraîneur du Real Madrid sans en avoir informé Luis Rubiales.

Et concernant Robert Moreno, histoire plus récente, il avait été renvoyé pour céder sa place à Luis Enrique. Pour rappel, l’ancien coach du Barça avait décidé de quitter son poste de sélectionneur en juin 2019, en raison du décès de sa fille. Il avait été remplacé par son adjoint, auteur de très bons résultats, jusqu’en novembre 2019, qui avait déclaré qu’il était prêt à faire un pas de côté pour qu’Enrique revienne.

En fin d’année dernière, il est renvoyé sans réel motif au lieu de reprendre son poste d’adjoint. Enrique justifiera son licenciement en affirmant qu’il avait trouvé Robert Moreno trop «ambitieux» et qu’il y voyait quelque chose de «déloyal». De son côté, Rubiales avait été soupçonné d’avoir pris une décision sportivement incohérente. Deux dossiers mal gérés qui restent en mémoire des Espagnols, rallongeant la liste des polémiques autour de ce dernier.

Robert Moreno totalise un total de quatre victoire en six matchs (crédit : futbol.com)

Tourmenté, Luis Rubiales désire donc apporter de la nouveauté dans le football espagnol pour, peut-être, essayer d’inverser la tendance grâce à un gros coup de poker et de virer en tête aux élections. Néanmoins, son mandat assez mitigé et ses problèmes en interne nuisent à son image et à celle de la RFEF. Pas toujours exemplaire dans ses fonctions, Rubiales semble avoir perdu la confiance du football amateur en Espagne et donne une trajectoire inquiétante au crédit de la Fédération. C’est également ce que l’on pourrait associer à un début de crise lorsque l’on voit l’accumulation d’histoires fâcheuses qui s’abattent sur la RFEF. Face aux critiques que les institutions essuient, et plus particulièrement la RFEF, le moment de réorganiser l’organigramme du football espagnol est peut-être arrivé…